Il aura fallu trois heures et 12 minutes — et huit balles de match — pour que Peter Polansky indique la sortie au Roumain Marius Copil en des comptes de 7-6(3), 6-7(5) et 7-6(12) pour ainsi remporter son match du premier tour de l’Open BNP Paribas, jeudi soir.

Un peu plus tôt, Denis Shapovalov avait aussi atteint le deuxième tour de son premier Masters 1000 non canadien grâce à un gain de 6-3 et 6-4 aux dépens du Lithuanien Ricardas Berankis.

Nous avons assisté à une séquence interminable de mini drames alors que se succédaient balle de match après balle de match au jeu décisif de la troisième manche entre Polansky et le 81e mondial Copil. Tout cela a commencé lorsque Polansky menait 6-3 – triple balle de match. Quelques-unes de ses chances ressortent du lot – un revers coupé bas de Copil alors qu’il tirait de l’arrière 7-8 et qui semblait se diriger au milieu du filet, mais qui est passé par-dessus de peur, obligeant Polansky a frappé un revers maladroit qui a terminé sa course dans le filet.

Puis, à 10-11, le Roumain a produit une deuxième balle de service fort puissante qui a menotté Polansky.

Les joueurs ont eu de longs échanges, tenant en haleine la foule pro-Polansky rassemblée dans une enceinte de 1 500 sièges. Curieusement, la dernière balle de match a été l’un des échanges les plus courts, se terminant en faveur de Polansky lorsque Copil a commis une erreur du coup droit.

Photo : Mauricio Paiz

De nature habituellement très calme sur le terrain, Polansky a laissé sortir un rugissement au moment de la victoire, a serré la main de Copil et s’est empressé d’aller rejoindre sa mère Beata et sa sœur Nicole dans les estrades.

Il fallait être dans un tout autre monde pour disputer un match aussi intense. Copil a lui aussi eu deux balles de match — à 10-9 et à 12-11 —, mais seulement après que Polansky eut laissé filer six occasions de conclure le duel.

Quel genre de conversation Polansky pouvait-il avoir avec lui-même au milieu de la folie d’un affrontement aussi émotionnel ? « Beaucoup de sacres, mais de façon positive », admettait-il en souriant. « J’essaie toujours de rester positif même quand je sacre. Cela fait seulement partie de mon vocabulaire parfois. »

« Je me disais aussi de garder la raquette haute sur son service, parce que sa deuxième balle rebondissait tellement haut et rapidement. Et sur cette deuxième balle de service qui a glissé sur la ligne, j’ai pensé que j’allais perdre la rencontre après avoir eu autant de balles de match. »

« Les coups qu’il a sortis lors des balles de match étaient simplement ridicules — le revers coupé (à 7-8) est passé à quelques millimètres au-dessus du filet. Quand je menais 6-3, il a frappé une volée incroyable, puis il y a eu cet échange où il a frappé chaque balle de toutes ses forces. Je sentais que je faisais tout le contraire, que je manquais de peu. »

Polansky est parvenu à se nourrir de l’énergie de la foule. « C’est vraiment fantastique de pouvoir compter sur l’appui de la foule dans un tournoi américain. Et ce n’est pas seulement pour mon match, car je sais que Félix (Auger-Aliassime) et Vasek (Pospisil) ont aussi leurs partisans. C’est vraiment agréable de jouer devant eux. »

Alors qu’il menait 3-2 au dernier acte, Polansky a fait appel au soigneur pour un problème de dos, mais cela ne semblait pas trop sérieux. « Il arrive parfois que mon dos barre un peu », expliquait-il. « J’avais besoin de quelques minutes pour que ça passe. J’en ai parlé au soigneur et il m’a observé une minute ou deux et j’étais prêt à continuer. »

« J’avais déjà pris des anti-inflammatoires avant le match. Il m’aurait soigné si ça ne s’était pas résorbé, mais il a voulu attendre 30 secondes parce que ce n’était qu’un spasme. »

Quand on lui a demandé où se situait ce match sur son échelle de folie, Polansky, 29 ans, nous rappelle sa défaite de 6-4, 3-6 et 15-13 aux mains de l’Américain Denis Kudla au deuxième tour des qualifications de Roland-Garros, en 2013, et mentionne : « celui-là était peut-être un peu plus fou, parce que c’était un Grand Chelem, mais celui-ci était de grande qualité, je vais m’en souvenir longtemps. »

Samedi, Polansky croisera le fer avec Adrian Mannarino, 20e tête de série. Le Français de 29 ans, qui occupe le 23e rang mondial, a vaincu Polansky à leurs deux affrontements précédents — au tableau de qualification de Brisbane, en 2011, et aux Internationaux d’Australie, en 2013.

Shapovalov a facilement atteint le deuxième tour en disposant de Berankis. Il a brisé le Lithuanien pour prendre les devants 4-2 dans la manche initiale après un jeu bâclé comprenant deux doubles fautes, puis a conclu à 6-3.

Deux points plus tard, au septième jeu, l’adolescent de Richmond Hill, en Ontario, a montré son brio en produisant une incroyable demi-volée en angle.

Il a amorcé le deuxième acte en ravissant le service de son rival au troisième jeu, mais a concédé le sien dès le jeu suivant sur une double faute pour ramener la marque à 2-2.

Berankis a été un peu chambranlant à 4-4, amorçant le jeu en commettant une double faute et en le terminant en sortant un revers. Shapovalov a alors servi pour le match et le seul moment excitant est survenu lorsque le Lithuanien a frappé une balle entre les jambes.

Shapovalov voudra améliorer sa fiche de six aces et sept doubles fautes s’il veut franchir d’autres étapes du tournoi. Il doit toutefois être satisfait de son taux de réussite de 88 % sur ses premières balles et de 61 % sur ses deuxièmes.

« Je me sentais bien dès l’échauffement », racontait-il. « J’ai beaucoup joué au cours des deux dernières semaines et j’ai eu de belles victoires, ce qui me met en confiance. Je suis très à l’aise — et les amateurs m’aident beaucoup. Je joue toujours bien quand j’ai l’appui de la foule. Il y a beaucoup de Canadiens, ici. Et même les Américains m’encouragent. C’est très agréable. »

Au sujet d’Indian Wells et de l’air sec du désert, il mentionnait : « J’adore les conditions. Aujourd’hui, j’ai joué à l’ombre, mais ça ne me dérange pas de jouer dans la chaleur. Elle n’est pas si accablante, parce que c’est une chaleur sèche. La balle voyage vraiment bien, mais la surface est aussi très lente. C’est un bon mélange pour moi — j’ai le temps d’exécuter mes grandes préparations et je peux également jouer de façon agressive. »

Photo : Mauricio Paiz

La seule vraie préoccupation est survenue à la fin de la première manche quand il a demandé le soigneur et qu’il a reçu un traitement (ci-dessus) sur le terrain. « Mon dos était un peu raide et j’avais besoin de le faire craquer. Ce n’est pas vraiment un problème. C’est correct, mais encore un peu douloureux. C’est juste un peu coincé. »

On pouvait cependant lire un peu d’inquiétude sur les visages de son équipe — son entraîneur physique Stefano De Pirro, sa mère Tessa Shapovalova et son entraîneur Martin Laurendeau.

« Peut-être une fois ou deux », a-t-il répondu quand on lui a demandé si cela lui était déjà arrivé. « Ce n’est pas habituel. »

Au sujet de sa mère, qui l’accompagne à Indian Wells, il dit : « évidemment, elle m’a initié au tennis. C’est grâce à elle si je suis ici aujourd’hui. Elle m’aide encore beaucoup sur le terrain et à l’extérieur. L’an dernier, elle n’a pas pu voyager beaucoup et je lui ai dit que j’aimerais qu’elle soit avec moi plus souvent cette année. J’ai de la chance qu’elle ait pu quitter les enfants, le club (TessaTennis à Concord, au nord de Toronto) pour voyager plus souvent avec moi. J’espère la voir beaucoup. Elle m’aide à me préparer pour mes tournois, pour mes matchs. Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un qui connaisse mon jeu mieux qu’elle. (Rires) Honnêtement, je crois qu’elle connaît mon jeu mieux que moi. »

Au deuxième tour, samedi, Shapovalov croisera le fer avec la 30e tête d’affiche, Pablo Cuevas, de l’Uruguay, qui a bénéficié d’une exemption au premier tour. Ce sera le premier duel entre le Canadien, 44e mondial, et Cuevas, 34e à 32 ans et père de fillettes de six mois et de trois ans.

« INCONTESTABLEMENT UN MATCH À MAÏS SOUFFLÉ »

Photo : Mauricio Paiz

Le match de premier tour tant attendu entre Vasek Pospisil et Félix Auger-Aliassime sera présenté vendredi dans le Stade 2, vers 18 h 30, HE.

« Ce sont tous les deux des amis, je ne veux donc pas trop m’avancer sur le sujet », confiait Shapovalov. « C’est dommage de devoir affronter un autre Canadien, surtout quand nous ne sommes que cinq dans le tableau. J’ai hâte de regarder ce match. C’est incontestablement un match à maïs soufflé. Le mien sera prêt. »

Nous avons toutes les raisons de croire que les deux athlètes peuvent bien jouer — surtout après une journée de congé jeudi et après avoir gagné deux matchs de qualification cette semaine. Pospisil a disputé quatre matchs la semaine dernière au Challenger Oracle, à Indian Wells, et Auger-Aliassime a aussi beaucoup de tennis dans le corps après les tournois de Budapest, de Rotterdam, de Marseille et du Challenger Oracle.

Bien que de nombreuses personnes s’intéressent à ce duel d’un point de vue générationnel et canadien — le jeune de 17 ans, en pleine ascension, contre son compatriote bien établi de 27 ans —, un observateur impartial comme l’Autrichien Dominic Thiem, sixième mondial à 24 ans, voit les choses d’un autre œil. « Nous savons tous que Félix s’est qualifié, qu’il est jeune et très bon. C’est donc intéressant qu’il se qualifie et qu’il joue, peu importe qui il affronte. L’intérêt des autres joueurs n’est pas dans le fait que ce soit un duel canadien, mais parce qu’il est jeune et qu’il est bon. Pour plusieurs, comme moi, c’est une première occasion de regarder un de ses matchs et c’est ce qui augmente le niveau d’intérêt. »

DABROWSKI AU DEUXIÈME TOUR

Photo : Mauricio Paiz

Gabriela Dabrowski et sa partenaire chinoise Xu Yifan ont atteint le deuxième tour de l’Open BNP Paribas, jeudi, en battant l’Australienne Ashleigh Barty et l’Américaine Coco Vandeweghe par 1-6, 6-1 et [10-6].

Après un lent départ, Dabrowski et Xu ont élevé leur niveau de jeu pour triompher en 66 minutes.

L’entraîneur Scott Davidoff attribue ce lent départ à l’absence de Xu depuis un mois à cause d’un problème au dos.

Dabrowski et Xu, qui sont les troisièmes têtes de série, seront maintenant opposées à l’Américaine Nicole Melichar et à la Tchèque Kveta Peschke, qui ont éliminé les Roumaines Irina-Camelia Begu et Simona Halep en des comptes de 6-3, 1-6 et [10-3].

CARTE POSTALE D’INDIAN WELLS

Ce membre du Temple de la renommée du hockey n’aurait pu être plus détendu au Tennis Garden d’Indian Wells, mercredi. Le Finlandais Teemu Selanne, 47 ans, a terminé sa magnifique carrière dans la LNH avec 1 457 points en 1 451 parties (au 15e rang des marqueurs) avec Winnipeg, Anaheim, San Jose et Columbus. Il est propriétaire du restaurant Selanne Steak House, à Laguna Beach, en Californie, et projette d’en ouvrir un deuxième – The Penalty Box, à Orange County.

 

*Photo en vedette : Mauricio Paiz

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