Photo: Mauricio Paiz

Quelles étaient les probabilités — cinq Canadiens au tableau principal d’un Masters 1000 qui ne soit pas disputé au Canada ? Puis deux Canadiens s’affrontant pour la première fois au tour initial. Mais attendez, le gagnant de ce duel jouera contre le meilleur Canadien de tous les temps — du moins en matière de classement.

C’est exactement ce qui s’est produit mercredi après que Vasek Pospisil et Félix Auger-Aliassime se soient qualifiés et que le tirage au sort les ait placés l’un contre l’autre — et qu’au deuxième tour, le gagnant croise le fer avec Milos Raonic, 32e tête de série, qui bénéficie d’une exemption au premier tour.

Les Français utilisent l’expression « Franco-Français » pour qualifier des affrontements entre deux des leurs. Les Canadiens devront peut-être en trouver une aussi.

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Ce scénario a vu le jour après qu’Auger-Aliassime se soit qualifié pour son premier tableau principal de l’ATP grâce à un gain de 2-6, 7-6 (4) et 6-3 aux dépens du Slovaque Norbert Gombos pour le plus grand plaisir de la foule rassemblée dans les gradins du Court 9.

Au milieu de la troisième manche, on a pu entendre une dame d’un âge certain dire à ses amis à l’extérieur du court « Oh ! Du magnifique tennis — un jeune de 17 ans ! »

Ce joueur de 17 ans est Auger-Aliassime et l’enthousiasme envers le jeune Canadien et son immense potentiel a contribué à électriser le stade d’une capacité de 1 400 personnes.

« C’était fantastique », confiait Auger-Aliassime. « Ce n’est pas une grande enceinte, mais c’était chaleureux. Tout le monde est près de toi et je pouvais les entendre m’encourager. Disputer un match de soirée devant une foule comme ça était extraordinaire. Et c’était tout un match – j’ai mal commencé, mais j’ai réussi à gagner la deuxième manche et j’ai joué mon meilleur tennis en troisième manche – il y a eu de tout. »

Auger-Alassime a mis un peu de temps à allumer les moteurs, mais il est parvenu à renverser à faire tourner le vent contre Gombos, un joueur puissant occupant le 144e rang mondial. Cela a bien plu à son entraîneur Fred Fontang. « C’est un match dans lequel il était dépassé par la puissance et le talent de son adversaire », mentionnait Fontang. « Ce qui me plaît est que Félix a réussi à trouver des solutions. Il a terminé en force et avait une bonne attitude — il est resté concentré et physiquement alerte. Il a trouvé les moyens de s’en sortir et c’est très encourageant. »

Quelles ont été les solutions ? « Son rival avait un bon rythme et Félix était un peu débordé. Il a su comment faire déplacer l’autre gars un peu plus, varier la hauteur de ses coups et, en défensive en fond de terrain, garder la balle en jeu et rester solide. Son service s’est aussi amélioré au fil du match. Il a survécu à plusieurs égalités à la deuxième manche. Il s’est accroché et a été récompensé. »

Auger-Aliassime a fourni une évaluation un peu plus concise, indiquant « j’ai tranquillement été capable d’entrer dans le match pour finalement exploser dans la troisième manche. »

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Fontang, coentraîneur avec Guillaume Marx, les deux de Tennis Canada, mentionnait que cette alternance d’entraîneurs permet d’éviter la stagnation chez leur joueur. Le Français, âgé de 47 ans, était auparavant l’entraîneur de Pospisil et après le match, quand un journaliste lui a demandé quel était le prochain adversaire de Félix au tableau principal, il a fait une pause, a souri et a répondu « Vasek » avec une étincelle amusée dans les yeux. « C’est assez spécial pour moi », a-t-il ajouté. « Que le meilleur gagne. »

« Cela devait arriver un jour ou l’autre », a réagi Auger-Aliassime. « Si je ne me trompe pas, il a déjà affronté Denis (et perdu 6-3, 6-3) dans un Challenger (Guadalajara, Mexique) l’an dernier. C’est spécial — Vasek et Milos sont des gars que je regardais jouer quand j’étais plus jeune. Ils étaient des modèles pour les jeunes Canadiens. C’est excitant de disputer mon premier Masters, j’ai vraiment hâte. »

Quand on lui a dit que le gagnant allait se mesurer à Raonic, Auger-Aliassime a ri en disant : « J’avais un curieux pressentiment. Avoir trois Canadiens dans la même partie du tableau et savoir que deux d’entre eux vont perdre tôt est plutôt malchanceux. Mais c’est la nature du sport. C’est excitant et je suis simplement heureux de pouvoir jouer un match comme celui-là. »

Un journaliste a mentionné à Auger-Aliassime qu’il semblait avoir grandi — la fiche du Canadien indique 6 pieds 3 pouces. Félix a répondu qu’il ne s’était pas mesuré récemment, mais qu’il était peut-être un pouce plus grand que l’été dernier.

Cela voudrait dire qu’il est de la même taille que son prochain rival, Pospisil.

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Le joueur de 27 ans, de Vancouver, n’a pas eu la partie facile au deuxième tour des qualifications contre Adrian Menendez-Maceiras. Il a connu un départ plutôt lent et semblait être l’ombre de lui-même. L’Espagnol de 32 ans a brisé le Canadien à 5-5 de la première manche et avait deux balles de manche en poche à 6-5, 40-15. Toutefois, Pospisil est monté au filet et a forcé Menendez-Maceiras à commettre une erreur sur un passing, puis a remporté le deuxième point sur une faute directe de son rival. C’était alors le début d’une séquence victorieuse de sept points qui a permis à Pospisil de prendre les devants 3-0 au jeu décisif. Il a ensuite mené 6-2 avant que Menendez-Maceiras réduise l’écart à 6-5, mais Pospisil a conclu la manche avec un service gagnant à sa quatrième balle de manche.

Le deuxième acte a été beaucoup moins dramatique et Pospisil participera au tableau principal de l’Open BNP Paribas pour la cinquième fois. Il s’était incliné au troisième tour des qualifications à ses deux premières tentatives, au premier tour du tableau principal en 2014 (Mikhail Kukushkin), avait vaincu Kukushkin en 2015 avant de plier l’échine face à Andy Murray, avait battu Jared Donaldson et avait perdu contre Gilles Simon en 2016, puis l’an dernier, il s’est qualifié, a éliminé Yen-Hsun Lu et le numéro un mondial Murray avant de subir une défaite crève-cœur de 6-7 (4), 6-3 et 7-5 face à Dusan Lajovic.

Mercredi fut une rare journée légèrement nuageuse à Indian Wells, mais vendredi, lorsque Pospisil affrontera Auger-Aliassime, il devrait faire 30 degrés et ensoleillé.

C’était très agréable à l’ombre, dans le Court 4, lorsque Polansky s’est amené en milieu d’après-midi pour croiser le fer avec le talentueux Matteo Berrettini.

Polansky n’a pas vraiment été ennuyé par son adversaire, un Italien de 21 ans, en début de match. À 4-3, il a brisé Berrettini, qui s’en est pris à une balle et a reçu un avertissement, puis a ravi le service de son rival une deuxième fois pour prendre la manche 6-3.

Par la suite, l’Italien, 108e au classement mondial, a demandé une pause-toilette, puis a brisé le Canadien dès le premier jeu du deuxième acte avant de s’envoler avec la manche.

Joueur talentueux, capable de bien servir, de produire de magnifiques volées et… d’essayer trop d’amorties, Berrettini est également hautement combustible. À la troisième manche, Polansky s’est contenté de diminuer les fautes directes en fond de terrain pour reprendre le contrôle et arracher un gain de 6-3, 1-6 et 6-3. Il accède ainsi au tableau principal d’Indian Wells pour la troisième fois de sa carrière et espère remporter son premier match.

C’est ce qu’il tentera de faire vendredi contre le Roumain Marius Copil, 81e mondial.

À propos du premier jeu de la deuxième manche contre Berrettini, Polansky mentionnait : « J’ai effacé quelques balles de bris et je crois que j’ai perdu deux points que j’aurais dû gagner, mais il a produit des coups de très haute qualité. Le deuxième bris est survenu après du jeu serré où j’ai commis quelques fautes stupides et le troisième, je savais que je n’avais aucune chance de remonter dans cette manche.

“C’est un gars très difficile à jouer. On ne sait jamais ce qu’il va faire et pour un joueur de sa taille (6 pieds 4 pouces), il ramène beaucoup de balles en jeu.”

Polansky confiait qu’il voulait commencer la troisième manche en force et c’est exactement ce qu’il a fait, ravissant le service de son adversaire au troisième jeu avant de conclure le match après une bataille de deux heures et quatre minutes.

Interrogé sur le fait de jouer contre un adversaire aussi impétueux que Berrettini, il a répondu : “J’ai été surpris. Il se mettait en colère sur des points qui n’étaient pas vraiment importants. En fait, c’était bon pour moi, mais on ne sait jamais, car il peut te sortir un service canon n’importe quand et son revers coupé est extrêmement compliqué — chaque fois, il semblait vouloir frapper le haut du filet.”

Au sujet de sa participation au tableau principal, Polansky confiait : “C’est une bonne sensation. Se qualifier pour les grands tournois est toujours agréable. Je pourrais peut-être franchir quelques tours cette année. J’ai vraiment confiance en mon jeu, nous verrons donc.”

C’était avant que les qualifiés soient placés dans le tableau, mais quand on lui a parlé de la possibilité d’affronter un autre Canadien, Polansky a répondu : “Je crois que ça serait vraiment génial, en fait — un duel à saveur canadienne. Ce pourrait être dans l’un des terrains principaux. Je pense que ça pourrait être amusant.”

Cela s’est passé en milieu d’après-midi et personne ne s’attendait à ce qu’en soirée, deux matchs “canadiens” deviennent une réalité. Reste maintenant à savoir à quel point ils seront “amusants”.

ENTRÉE EN SCÈNE DE SHAPOVALOV JEUDI

Photo : Mauricio Paiz

Jeudi, au premier tour, Denis Shapovalov se mesurera à Ricardas Berankis, 106e mondial, sur le Court 2 de l’Open BNP Paribas. Ce sera le quatrième match après 11 h (14 h, HE).

Ce sera le premier duel entre le joueur de 18 ans de Richmond Hill, en Ontario, et le Lithuanien de 27 ans.

Indian Wells représente le cinquième tournoi Masters 1000 de l’ATP de Shapovalov — sa fiche est de 5-1 à la Coupe Rogers de Toronto et de Montréal au cours des deux dernières années, et il est tombé au premier tour aux Masters de Shanghai (Viktor Troicki) et de Paris (Julien Benneteau), l’automne dernier.

En mai 2016, Berankis s’était hissé au 50e échelon du classement. Il en sera à une troisième participation à Indian Wells, ayant perdu au premier tour du tableau principal en 2011 et au deuxième tour des qualifications en 2013 (6-1 et 6-2 contre Vasek Pospisil).

BOUCHARD S’ADRESSE AUX MÉDIAS APRÈS SA DÉFAITE

Photo : Mauricio Paiz

Eugenie Bouchard a disputé mercredi son premier match depuis la semaine après les Internationaux d’Australie — et depuis le règlement de son procès de deux ans et demi contre la United States Tennis Association — et elle n’a pas bien parue dans une défaite de 6-3 et 6-4 face à l’Américaine Sachia Vickery, 100e mondiale.

Il y a certains moments où elle dominait les échanges, mais l’Américain était la plus alerte et la plus solide des deux.

Après le match, Bouchard a été particulièrement volubile sur son tennis et surtout sur ce qu’elle a traversé avec son procès à New York.

Voici quelques-uns de ses commentaires sur divers sujets :

Le match de mercredi contre Vickery : “Je ne pense pas avoir été si terrible. J’essayais de faire les bonnes choses. Nous (avec son entraîneur Harold Solomon) essayons d’être plus physiques. Je joue mon meilleur tennis quand je suis physique sur tous les coups, tous les points. C’est ce que l’on travaille et c’est ce que j’ai essayé de faire. Ces changements de rythme m’ont causé quelques difficultés — quelques fautes directes. Je ne me sentais pas prête pour ce tournoi, alors c’était un peu moins mauvais que ce à quoi je m’attendais.

Ce manque de préparation est-il dû au procès ? Évidemment. J’ai eu beaucoup de pain sur la planche au cours du dernier mois. Je n’ai pas eu assez de temps pour m’entraîner. La semaine dernière, je me suis aussi fait enlever mes dents de sagesse, donc encore moins de temps pour l’entraînement. Je n’avais pas disputé un tournoi depuis Taïwan (troisième tour, première semaine de février). Toutefois, je voulais être ici pour jouer un match, peu importe. J’ai besoin de jouer beaucoup de matchs, je n’allais donc pas faire l’impasse sur ce tournoi. J’ai essayé de me battre et c’est tout ce que je pouvais faire.

Qu’as-tu appris de ton expérience du procès ? Ce fut un très long processus. Cela a duré deux ans et demi. J’ai encore l’impression de traiter l’information. Aller au tribunal est une folle expérience, assez traumatisante. J’ai encore l’impression de m’en remettre émotionnellement, mentalement, considérant que ça fait si longtemps. J’ai appris comment fonctionne le système judiciaire aux États-Unis. J’ai été patiente. Je me suis battue pour ce en quoi je crois. Je pense que tu dois te défendre dans ce monde et c’est ce que j’ai fait. J’ai obtenu justice. Je veux aller de l’avant, mais c’est difficile d’oublier cela en une semaine. Je suis donc en train d’essayer d’être heureuse et de passer à autre chose. J’en retirerai probablement beaucoup de leçons au fil des semaines — une folle expérience, c’est sûr.

Était-ce traumatisant à cause de l’événement lui-même ou de ce que tu as dû affronter au tribunal ? L’accident en soi était horrible et je ne veux plus jamais revivre cela. Simplement l’expérience des deux dernières semaines, aller au tribunal et traiter avec des avocats, avec le juge, avec le jury — toutes ces choses que l’on voit à la télévision —, mais pour une joueuse de tennis de 23 ans, ce n’est pas normal. Peu d’autres jeunes de 23 ans ont comparu devant les tribunaux, ce qui est révélateur. C’est un tout autre monde auquel je n’avais jamais pensé avant ce qui s’est produit il y a deux ans. Aller au tribunal était intéressant. C’est un peu comme à la télévision, mais un peu plus lent. Ce n’est pas dramatique chaque minute, mais il y a des moments dramatiques… et de la folie.

Photo : Mauricio Paiz

Est-ce que le fait d’avoir eu à affronter les médias toutes ces années t’a aidée lorsque tu étais à la barre ? Absolument (rires surpris des journalistes)… non, c’est sûr. Cela m’a aidée dans ma déposition il y a deux ans. J’ai tellement l’habitude d’être devant la caméra et de parler aux gens. Aussi de répondre à des questions difficiles… vous savez, mon avocat m’a dit que d’était ‘la meilleure déposition qu’il ait jamais eue’. Et il pense que j’ai été superbe à la barre aussi. J’y suis habituée… vous m’avez aidée — merci.

Et maintenant, quels sont tes plans ? Je joue en double ici avec Sloane (Stephens), puis il y a Miami — les qualifications, à moins que je reçoive un laissez-passer. En suite, ce sera Charleston et Bogota (au tableau principal des deux tournois). J’essaie simplement de participer à des tournois — pour me remettre dedans —, m’entraîner beaucoup et jouer plusieurs matchs.

Vas-tu participer à la Fed Cup (contre l’Ukraine, les 21 et 22 avril, à Montréal) ? En fait, je veux jouer. Ce serait juste après Bogota. J’aimerais vraiment jouer. Donc, si Tennis Canada veut bien de moi, je vais jouer.

CARTE POSTALE D’INDIAN WELLS

On dit que Palm Springs, Indian Wells et toutes les autres villes de la vallée de Coachella sont situées dans le désert californien. Cependant, on n’y trouve pas de chameaux ou de dunes. Voici une photo – de l’autoroute 15 entre Las Vegas et Palm Springs — qui illustre bien le paysage de la région. Bien qu’il y ait des étendues d’armoises et de sable, il a également de magnifiques montagnes.

 

Photo en vedette : Mauricio Paiz

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