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LONDON

Si on savait que la deuxième tournée de la 133e édition des Championnats n’allait pas être de tout repos, les amateurs canadiens étaient en droit d’espérer au moins un, sinon deux gagnants, alors qu’Eugenie Bouchard, Brayden Schnur et Denis Shapovalov entraient en action à Wimbledon.

Toutefois, les choses ont tourné au vinaigre alors que les trois Canadiens étaient éliminés dès le premier tour.

Photo : Mauricio Paiz

C’est Bouchard qui est passée la plus près de gagner. Elle n’était qu’à deux points de le faire, mais s’est inclinée 6-3, 5-7 et 8-6 face à la Slovène Tamara Zidansek, 61e mondiale. Schnur s’est bien battu contre Marcos Baghdatis, qui dispute le dernier tournoi de sa carrière, mais n’a pas réussi à remporter les points qui comptaient, pliant l’échine 6-2, 6-4 et 6-4. Shapovalov a prolongé sa série de jeu erratique et a été éliminé en des comptes de 7-6(0), 6-4 et 6-3 par le Lituanien Ricardas Berankis, 77e mondial.

Bouchard a fait preuve d’un courage admirable en comblant l’écart après avoir tiré de l’arrière 0-3 en deuxième et en troisième manche – gagnant la deuxième et se plaçant en bonne posture en menant 6-5 et 30-15 sur le service de Zidansek au 12e jeu de la manche ultime. Elle dominait les échanges et semblait avoir la Slovène de 21 ans sur la défensive. Mais une malencontreuse tentative d’amorti qui a atterri dans le filet et un coup de Zidansek qui a frôlé la ligne ont porté la marque à 6-6. Aussi improbable que cela pouvait paraître après du jeu inspiré, Bouchard a perdu 11 des 12 derniers points pour donner à Zidansek sa première victoire au tableau principal de Wimbledon.

Photo : Mauricio Paiz

« Comme je n’ai pas beaucoup joué, je manque un peu de confiance », a admis Bouchard après le duel. « J’ai disputé deux matchs en six mois (en fait, en trois mois et demi). Mes petits manques de concentration au début de la deuxième et de la troisième manche ne m’ont pas rendu la tâche facile. J’ai réussi à remonter la pente à la deuxième manche et même à la troisième. C’était vraiment serré, mais ça n’aurait même pas dû l’être. Je vais apprendre de ça. »

Un signe de ce qui pourrait être un renouveau dans l’esprit de la joueuse de 25 ans — cinq ans après sa finale à Wimbledon en 2014 — est ce qu’elle a ressenti après avoir perdu sept jeux d’affilée pour tirer de l’arrière par une manche et 3-0 dans la deuxième. « Je me souviens m’être dit : “J’y crois encore.” J’essayais vraiment de ne pas penser au pointage et d’essayer de jouer mon jeu, jouer correctement. Parce qu’en fin de compte, je sais que c’est ce qui me servira le mieux pour aller de l’avant. »

Bouchard souffrait d’un petit rhume, mardi, mais ce n’était rien comparé à sa bronchite en mars lors de l’Open BNP Paribas d’Indian Wells. Et bien qu’elle ne donne pas ça comme excuse, elle a dit que cela avait peut-être affecté son cardio.

Photo : Mauricio Paiz

Bouchard, qui avait des points à défendre après s’être qualifiée l’an passé et atteint le deuxième tour, chutera probablement du 79e au 94e échelon.

La bonne nouvelle, c’est que les prochains classements de la WTA, qui seront publiés le 15 juillet, au lendemain de la fin de Wimbledon, sont utilisés pour déterminer les inscriptions directes aux Internationaux des États-Unis. Bouchard est donc assurée d’une place au tableau principal de la dernière épreuve du Grand Chelem de l’année, qui commence le 26 août.

Elle participera maintenant au tournoi sur terre battue de Lausanne, en Suisse, à compter du 15 juillet. Il y a un an, la même semaine, elle avait atteint la demi-finale à Gstaad avant d’abandonner à 6-7(5), 0-1 contre la favorite Alizé Cornet en raison d’une blessure à l’adducteur.

Elle retournera ensuite sur les courts nord-américains de surface dure pour les épreuves de Washington et de Toronto — la Coupe Rogers.

Photo : Mauricio Paiz

Alors que Bouchard et Shapovalov ont tous les deux joué sur le Court 14 (voir en haut) — au bout d’une rangée de quatre courts et bordés d’un côté par une large passerelle — Schnur était sur le Court 8. Les partisans de Baghdatis étaient particulièrement passionnés, mais cela n’a pas distrait le Canadien de sa première expérience au All England Club.

Ce qui l’a dérangé le plus, c’est son incapacité à exercer de la pression sur le service du Chypriote de 34 ans — il n’a converti qu’une seule de ses sept balles de bris, et aucune avant la dernière manche. Quant à Baghdatis, il a réussi cinq fois sur 16.

« Je pense que Marcos a joué un très bon match », mentionnait Schnur, finaliste de l’Open de New York en février dernier. « Il a très bien servi dans les moments importants, il a réalisé de beaux passings. La seule chose que je regrette c’est de ne pas m’être acc
roché un peu plus à la troisième manche. Si j’avais pu gagner cette manche, je crois que j’aurais remporté le match. Il n’avait pas l’air bien physiquement. Je suis vraiment passé très près — il s’agissait probablement de conserver mon service à 4-4 (dans la troisième manche). »

Photo : Mauricio Paiz

Schnur, qui occupe le 112e rang mondial, se dirigera maintenant vers Winnipeg pour participer au Challenger Banque Nationale la semaine prochaine dans une dernière tentative (six semaines avant la date limite d’inscription pour les Internationaux des États-Unis) pour obtenir sa place d’office au tableau principal du dernier Grand Chelem de la saison.

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il croit devoir faire à Winnipeg pour augmenter ses chances de participer à Flushing Meadows, Schnur a répondu : « Je ne vais même pas regarder ça. Je n’ai toujours pas gagné un Challenger, c’est mon objectif. Je ne vais pas regarder les points (ATP). J’ai fait ça ces deux derniers mois, en essayant de me hisser au sein du Top 100 – compter les points et tout. Ce n’est pas la bonne façon de faire et cela a paru dans mon tennis. Après New York, je me suis trop concentré sur les résultats plutôt que sur le processus. C’est comme ça pour beaucoup de joueurs qui se rapprochent du Top 100, car ils sont si près de réaliser un objectif important. On le voit, beaucoup de joueurs se rapprochent et restent autour du 100e échelon. J’ai l’impression que j’ai parcouru un bon bout de chemin pour retrouver mon niveau durant cette saison sur le gazon. »

Photo : Mauricio Paiz

La série de résultats décevants s’est poursuivie pour Shapovalov, mardi, alors qu’il a commis beaucoup trop d’erreurs durant son duel de deux heures et huit minutes face à Berankis, un joueur de 29 ans qui avait perdu ses quatre matchs précédents à Wimbledon et ne possède qu’une fiche de 2-6 au All England Club.

Le jeu décisif de la première manche a été particulièrement brutal, Shapovalov ayant donné beaucoup trop de points à son rival.

Photo : Mauricio Paiz

Il était visiblement mal à l’aise lorsqu’il s’est présenté à sa conférence d’après-match devant huit journalistes.

« Je n’ai vraiment pas bien joué aujourd’hui », a-t-il commenté. « Honnêtement, c’est assez difficile de parler de ce match parce que mon niveau n’était pas là aujourd’hui. J’ai assez bien joué au cours des deux dernières semaines, surtout à l’entraînement, mais cela n’a pas paru aujourd’hui. J’ai eu de nombreuses chances, mais je n’ai pas su en profiter. C’est à peu près tout. Je ne pense pas qu’il a incroyablement bien joué. Mon niveau n’était pas bon aujourd’hui. »

Shapovalov a eu des balles de bris sur le service de Berankis dans chaque manche, mais les a toutes ratées (0 en 5), tandis que le Lituanien en a converti deux sur cinq.

Shapovalov s’est détendu au fur et à mesure que se déroulait le point de presse. Il ne comprend pas pourquoi son niveau de jeu est bon à l’entraînement, mais pas durant les matchs. Tout va bien dans sa vie en dehors des courts, mais commence à croire que ses problèmes sur le terrain sont essentiellement dans sa tête.

Depuis l’Open de Miami, en mars, la fiche de Shapovalov est de deux victoires et neuf défaites, ce qui est atypique pour le Canadien.

Il se dit prêt à parler à un spécialiste pour régler son problème. « Peut-être un psychologue, peut-être quelqu’un qui a déjà vécu cela — simplement quelqu’un à qui je peux parler », confiait-il. « Je pense que cela pourrait m’aider. Mais comme je l’ai dit, tout le monde (l’équipe) accomplit son travail. Je mets les heures qu’il faut sur le terrain. Je suis professionnel. Les entraînements se déroulent bien — nous étions dans un bon environnement, une bonne ambiance avant le tournoi. J’étais bien détendu. Le problème n’est donc pas la préparation, mais plutôt des matchs. Je veux donc trouver quelqu’un à qui parler, à qui me confier. »

Photo : Mauricio Paiz

Dans la photo ci-dessus, on voit l’équipe de Shapovalov, mardi, y compris, de gauche à droite dans la rangée du haut, son bon ami Jan Alafriz, son entraîneur Adriano Fuorivia, son physio Stefano De Pirro, et à l’extrême droite, le musicien Red Foo.

Shapovalov, qui a célébré son 20e anniversaire de naissance le 15 avril, a résumé ainsi son évolution personnelle : « Je traverse différentes phases. J’ai été un bon junior et j’ai disputé des Futures pour tenter de grimper les échelons. Et tout d’un coup, je suis partout, j’ai connu une ascension fulgurante. Je dois maintenant répéter mes exploits. Je me dis maintenant que j’ai été bon, mais je dois franchir la prochaine étape et j’éprouve quelques difficultés avec ça. Honnêtement, c’est correct de gérer ça, de suivre mon propre parcours.
J’ai l’impression que mon jeu est là, et pour moi, c’est ce qu’il y a de plus important. C’est ce à quoi je reviens tout le temps. Si je joue bien et que je me sens bien, je pense que je vais trouver une solution. Si je vais sur le terrain et que je me dis que je ne peux pas frapper un coup droit ou un revers, il y a un problème. Mais ceci, je pense qu’une fois que je l’aurai résolu, j’aurai le vent en poupe. (Rires) j’essaie de rester positif. »

Son calendrier prévoit maintenant un retour à la maison. « Je pense que pour moi, c’est juste de retourner voir ma famille, mes amis, mes chiens. Me retrouver dans ce milieu autour des gens les plus proches de moi », expliquait-il. « C’est là que je peux en quelque sorte laisser le tennis de côté et redevenir un adolescent. C’est ce que je veux, passer du temps avec mes amis, aller chez Joey’s, chez Dairy Queen — des trucs comme ça. »

Il n’a pas l’intention de disputer le tournoi de Newport dans deux semaines, disant qu’il reviendra probablement pour l’épreuve de Washington la semaine avant la Coupe Rogers de Montréal qui commence le 5 août.

LES CANADIENS MERCREDI

Photo : Mauricio Paiz

Mercredi, Milos Raonic et Félix Auger-Aliassime se suivront sur le Court 3, une enceinte pouvant accueillir 1 980 spectateurs. Raonic, 15e tête de série, croisera le fer avec le Néerlandais Robin Haase, 76e mondial, tandis qu’Auger-Aliassime, 19e tête d’affiche, affrontera le Français Coretin Moutet, 84e.

CARTE POSTALE DE WIMBLEDON

Photo : Mauricio Paiz

À l’endroit ou à l’envers, difficile de ne pas savoir qu’il y a un camion de pompier derrière vous…

(Photos : Mauricio Paiz)

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