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||2019 Austalian Open||||

Les amateurs de sport ont toujours tendance à porter des jugements sur les athlètes qui pourraient être dépassés par la nouvelle génération.

C’est un sujet d’actualité en ce moment après le Masters de Monte-Carlo où Rafael Nadal a subi un revers de 6-4 et 6-2 face à Fabio Fognini et où Novak Djokovic, qui était loin d’être au sommet de sa forme, a été éliminé 6-3, 4-6 et 6-2 par Daniil Medvedev.

Il est difficile de croire que Nadal, qui aura 33 ans en juin, et que Djokovic, 32 ans le mois prochain, sont sur le point de disparaître de la scène en tant que joueurs dominants — surtout après leur renaissance à la suite de circonstances inquiétantes. Pour Nadal, c’était en 2015 et en 2016 lorsque ses meilleurs résultats en sept Grands Chelems étaient des quarts de finale aux Internationaux d’Australie et à Roland-Garros en 2015.

La période creuse de Djokovic est survenue durant cinq Grands Chelems en 2017 et au début de 2018 alors que lui non plus ne réussissait pas à franchir les quarts de finale.

Photo: Ben Solomon

À moins d’obtenir des renseignements privilégiés, les partisans des deux vedettes et les observateurs du tennis ne peuvent qu’analyser les paroles des joueurs après leurs récentes défaites pour essayer de discerner exactement ce qui se passe.

Après son revers contre Fognini en demi-finale, Nadal a été le plus énigmatique. « Je reviens d’une période difficile en ce qui concerne les blessures », mentionnait-il après avoir disputé son premier tournoi depuis Indian Wells à la mi-mars, lorsqu’une tendinite au genou l’a contraint à jeter l’éponge avant son carré d’as contre Roger Federer.

Ce qu’il a ajouté à propos de ces « moments sombres » était plutôt inattendu. « Sur le plan mental, il n’a pas été facile d’accepter tout ce qui s’est passé. »

À la suite de sa victoire de 6-1 et 6-1 face au 22e mondial Roberto Bautista Agut au premier tour, Nadal avait admis : « Je ne peux pas faire semblant de ne pas ressentir de la douleur du tout parce que je n’y ai jamais pensé. Cela fait longtemps que les joueurs professionnels jouent dans la douleur, car cela fait partie du sport de haut niveau. J’ai donc été capable de bien bouger et d’être confiant dans ce que je faisais. »

Cela n’était évidemment pas le cas trois jours plus tard contre Fognini alors qu’il offrait une prestation décousue. Les remarques de Nadal suggèrent que quelque chose de physique et de mental, sur le terrain et à l’extérieur, l’a perturbé.

En 2009, lorsqu’il a subi une défaite surprise, en tant que quadruple champion en titre aux mains de Robin Soderling en huitième de finale de Roland-Garros, il était ralenti par une tendinite au genou qui l’a tenu à l’écart pour les deux mois suivants. Il vivait également la séparation de ses parents (qui sont revenus ensemble par la suite) et cela le dérangeait vraiment. Un membre de son équipe avait plus tard déclaré que la défaite face à Soderling était beaucoup plus due à la distraction causée par la séparation des parents que part la blessure au genou.

Cela indique bien qu’il n’est jamais facile de savoir exactement ce qui se passe dans la tête d’un joueur sur le terrain et à l’extérieur, ainsi que la façon dont cela peut affecter son jeu.

La fiche de Nadal en 2019 est de 14 victoires et 3 défaites. Mais ces trois défaites ont été mémorables et ont ébranlé sa confiance – il a été sèchement battu 6-3, 6-2 et 6-3 par Djokovic lors de la finale des Internationaux d’Australie, il s’est incliné 3-6, 7-6(2) et 7-6(6) à Acapulco par un Nick Kyrgios inspiré et a plié l’échine face à Fognini à Monte-Carlo lors d’une journée où il était loin de démontrer la forme qui lui a permis de remporter 11 couronnes dans la Principauté de Monaco.

Cette semaine, Nadal (à gauche) évolue à l’Open de Barcelone où il vise également un 12e triomphe. Il disputera son premier match mercredi contre le 63e mondial Leonardo Mayer et possède une fiche parfaite de cinq gains face à l’Argentin de 31 ans — ne lui ayant concédé qu’une seule des 14 manches qu’ils ont jouées.

« Il s’agit maintenant de me retrouver », confiait-il à ATPTour.com, lundi. « Au cours des 18 derniers mois, j’ai eu trop d’arrêts et de hauts et de bas qui n’avaient pas rapport au tennis. »

Novak Djokovic s’accorde une pause de deux semaines après sa défaite contre Medvedev en quart de finale à Monte-Carlo et effectuera un retour au jeu pour les Masters de Madrid et de Rome.

La veille de sa propre défaite, Nadal a réagi à l’élimination de Djokovic. « Cela semble toujours étrange quand Novak perd, parce qu’il est super solide. Mais nous sommes tous humains, non ? Et chaque jour, tu joues contre un adversaire qui veut gagner lui aussi. C’est comme ça que ça fonctionne. C’est du sport. »

C’est assurément la nature du sport, mais ce qui est vrai aussi ce sont les attentes que les amateurs nourrissent en fonction des performances précédentes des joueurs. Après son impressionnant triomphe aux Internationaux d’Australie en janvier, Djokovic a pris près de six semaines de congé et a semblé l’ombre de lui-même à Indian Wells (battu par Philipp Kohlschreiber à son deuxième match), à Miami (vaincu par Roberto Bautista Agut à son troisième duel) et à Monte-Carlo (éliminé par Medvedev à son troisième match).

Lors de ce dernier duel, Djokovic et Medvedev ont produit respectivement 23 et 25 coups gagnants, mais Djokovic a commis 47 fautes directes comparativement à 21 pour le Russe.

« Je n’ai manifestement pas encore… la détermination pour y aller pour mes coups dans certaines situations », admettait le champion en titre de Wimbledon, de Flushing Meadows et de Melbourne. « Trop de fautes directes. »

Il s’est ensuite montré un peu blasé à propos de ce contretemps, ajoutant : « Sur la terre battue, Roland-Garros est le but ultime et j’espère que je peux… c’est sûr que je m’attends à atteindre un sommet de performance pour ce tournoi. »

Depuis Melbourne, la fiche de Djokovic n’est que de cinq gains et trois revers, mais cela n’a pas affaibli sa confiance en lui. « Écoutez, je manque peut-être de régularité depuis les deux dernières années dans les meilleurs tournois, mais j’ai joué à du très haut niveau dans les Grands Chelems et c’est ce que j’ai l’intention de faire. »

Il semble que le passage à vide de Djokovic en 2017-2018 soit principalement lié à un problème de coude droit qui a été corrigé par une intervention chirurgicale après les Internationaux d’Australie de 2018. Cela lui a permis de retrouver la forme pour conquérir les grands honneurs de Wimbledon cinq mois plus tard.

Toutefois, il semble aussi que son attention a été distraite par des événements extérieurs. Ce n’est peut-être pas bon signe que l’ancien joueur Pepe Imaz, qui possède une académie de tennis à Marbella, en Espagne, et qui est un genre de gourou « de la paix et de l’amour », était avec Djokovic à Monte-Carlo. Imaz a été écarté de l’équipe de Djokovic lorsque Marian Vajda, son entraîneur de longue date, a accepté de revenir dans le bateau au début de l’année dernière.

« C’est toujours un ami », expliquait Djokovic à propos de la présence d’Imaz (à droite en blanc, sur la photo ci-dessus) à Monte-Carlo.

Djokovic est apparu dans des vidéos avec Imaz lorsqu’il se met à philosopher spirituellement. C’est bien beau, mais c’est peut-être un peu trop loin des choses banales comme le fait de frapper des revers et des coups droits par-dessus le filet.

Quelle que soit la raison de leur passage à vide, Nadal et Djokovic ont l’habitude de s’en sortir rapidement et de revenir à leur niveau extraordinairement élevé.
Il se pourrait bien que cela survienne très bientôt — même cette semaine pour Nadal à Barcelone —, mais le fait qu’il y ait quelques doutes à leur sujet ajoute du piquant à cette saison sur terre battue.

L’EFFERVESCENCE AUTOUR DE FÉLIX

La popularité de Félix Auger-Aliassime ne cesse de croître. Le voici ci-dessus à l’entraînement avec Frances Tiafoe à l’Open de Barcelone. Auger-Aliassime fait partie des têtes de série — 16e — d’un tournoi de l’ATP Tour pour la première fois et affrontera le 75e mondial Malek Jaziri (première rencontre) au deuxième tour, mercredi.

Voici une vidéo du site Web de l’ATP Tour.

Pour le moment, Auger-Aliassime surpasse Denis Shapovalov en termes d’attention, mais il ne faut pas oublier que Shapovalov est la neuvième tête d’affiche à Barcelone. Son premier rival sera le Chilien Christian Garin, 48emondial, mercredi.

Si Shapovalov et Auger-Aliassime remportent leurs deux premiers matchs, ils croiseront le fer en quart de finale.

IMPRÉVISIBLE FABIO

Tout le monde sait que Fabio Fognini est un joueur très talentueux — et maintenant le champion en titre de Monte-Carlo — ainsi qu’un gars un peu imprévisible. Voici une photo de la Coupe Davis de 2013 à Vancouver qui illustre bien la personnalité de l’Italien.

Photo : TennisTV.com

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