Mouratoglou in player box

photo : espn

Il y a quelques semaines, l’ATP a annoncé son intention de tester les conseils (« coaching ») depuis les gradins après Wimbledon. Cet essai a commencé cette semaine aux tournois du Circuit 250 de Newport et de Bastad, et sera en vigueur pour toutes les épreuves de l’ATP jusqu’à la fin de la saison 2022, y compris aux Internationaux des États-Unis et aux Finales Nitto de l’ATP.  

Le « coaching » a été la source de bien des débats au tennis. Patrick Mouratoglou a été l’entraîneur le plus vocal en sa faveur. On se souviendra de la finale des Internationaux des États-Unis lors de laquelle Serena Williams a été punie à cause d’un signe de la main de Mouratoglou.

Il a admis qu’il lui prodiguait des conseils, mais a contesté la punition. Il a affirmé que le « coaching » était pratique courante et qu’il l’avait fait à chaque match sans se faire avertir. Les arguments de Mouratoglou sont convaincants.  

Contrôler le « coaching » est une tâche difficile pour les arbitres de chaise. Aucune règle n’empêche d’encourager et d’applaudir son joueur. Mais où se situe la limite entre les encouragements et les conseils ? De plus, le tennis est un sport international où l’on parle des dizaines de langues différentes, si bien qu’un arbitre n’est pas conscient qu’un entraîneur donne des conseils dans une langue qu’il ne connaît pas. Les arbitres ne doivent également pas agir de façon à influencer le résultat d’un match. La façon de trouver un équilibre entre cette responsabilité et l’application des violations du code de conduite diffère d’un arbitre à l’autre.

Il serait sans doute plus facile de permettre les conseils depuis les gradins, surtout si cela se produit fréquemment, de toute façon. Mais plus facile ne veut pas dire pour autant que c’est la bonne solution. De nombreux joueurs et entraîneurs aiment la tradition et veulent la conserver. L’un de ces joueurs est Nick Kyrgios, qui a répondu à la publication de Mouratoglou dans laquelle le Français félicitait l’APT pour cette initiative.  

Kyrgios a aussi des arguments convaincants. Lors d’une récente conférence de presse, Bianca Andreescu a fait remarquer qu’il n’y avait pas de temps mort au tennis et que les joueurs sont seuls avec eux-mêmes sur le terrain. Cela peut être mentalement et émotionnellement difficile. Au basketball, si une équipe marque 10 points consécutifs, l’entraîneur adverse demande un temps mort. Au tennis, si un joueur perd 10 points d’affilée, il n’y a aucun répit.  

Un temps mort ou des conseils judicieux peuvent complètement changer la dynamique et l’issue d’un jeu ou d’un match. On compare souvent les joueurs de tennis à des boxeurs ou à des guerriers qui s’affrontent dans l’arène.  

La politique sur le « coaching » mise en place aujourd’hui est un peu un mélange des deux. Elle permet les conseils depuis les gradins. Seuls les conseils verbaux sont autorisés, et ce, depuis le siège de l’entraîneur. Qui plus est, le joueur doit se trouver du même côté du terrain que son entraîneur. Il n’y aura aucun temps mort ou entretien sur le terrain.  

Cette version est-elle appelée à faire son chemin dans les règlements ? Cela pourrait être un point de départ pour l’autorisation de toutes formes de « coaching », ou mener au retour à l’interdiction en cas d’échec.  

D’autres formes de « coaching » ont déjà été testées par les principaux circuits. Il y a eu les écouteurs, les conseils sur le terrain entre les manches, etc. Dans le livre des règlements de la WTA, il y a une version des conseils sur le terrain autorisés dans tous ses tournois. Tous les règlements en matière de « coaching » présentent des avantages et des inconvénients.  

Les avantages et les inconvénients ne se limitent pas aux joueurs et aux entraîneurs. Pouvoir habiter la tête d’un entraîneur pendant un match plairait à de nombreux amateurs. Les médias ont émis l’idée d’équiper l’entraîneur d’un micro afin que les téléspectateurs puissent entendre ses commentaires en direct. D’un autre côté, il y a les amateurs qui prônent le respect des traditions.  

Il n’existe pas de consensus entre les entraîneurs, les joueurs et les partisans sur la meilleure politique à adopter. En général, ce débat a été amical et il sera intéressant de voir comment cet essai se déroulera. Différents règlements seront appliqués dans le cadre de l’Omnium Banque Nationale (ATP) et du National Bank Open (WTA). Allez faire un tour pour voir comment ça se passe et vous pourrez ainsi vous faire une meilleure opinion sur le sujet.

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