Il était évident que la foule avait un parti pris lorsque les Canadiens Félix Auger-Aliassime et Vasek Pospisil se sont affrontés au premier tour de l’Open BNP Paribas à Indian Wells, vendredi.

Toutefois, le volume du rugissement collectif lorsqu’Auger-Aliassime a produit un ace de 127 m/h pour effacer une balle de manche à 6-5 du deuxième acte était assourdissant. C’était comme si tous les encouragements pro-Félix refoulés avaient soudainement éclaté en un seul instant.

« En un sens, c’est à la fois effrayant et stressant », confiait le précoce Montréalais de 17 ans. « Mais c’est excitant de jouer devant autant de gens. Et c’est incroyable que l’enceinte (Court 2 – 8 000 spectateurs) ait été remplie. C’était une magnifique expérience. »

Après avoir remporté la manche initiale et effacé cette balle de manche au 12e jeu du deuxième acte, Auger-Aliassime s’est distancé de Pospisil à 4-4 du jeu décisif pour s’envoler avec une victoire de 6-2 et 7-6(4).

Photo : Mauricio Paiz

« Affronter un compatriote n’est jamais facile, mais chacun pense à sa carrière et veut gagner le match », résumait Auger-Aliassime. « C’est une bataille. Nous voulions tous les deux gagner. J’ai dû mettre mes sentiments de côté. Devant moi, il y avait un adversaire que je voulais vaincre, mais ce n’était évidemment pas facile parce que c’était Vasek. »

Pospisil, 27 ans, a confié qu’il avait éprouvé des difficultés avec le vent et la lenteur du terrain — le plus lent de tout le circuit, selon lui. Il a creusé sa tombe dès le premier jeu — concédant son service après amour mené 30-0 et perdant les deux derniers points en commettant une double faute et en frappant un coup droit dans le filet.

Après cela, il a semblé qu’Auger-Aliassime avait pris les commandes de la manche — produisant de magnifiques coups droits, de puissants services et dictant le déroulement des échanges. Le scénario du deuxième acte a été différent, plus compétitif, et si Pospisil avait réussi à convertir sa balle de manche, l’issue aurait pu être tout autre. Cependant, Auger-Aliassime était le meilleur joueur des deux : il a mieux servi et a réalisé des coups importants aux moments opportuns. Les chiffres ne révèlent pas toujours tout, mais il a remporté plus de points que Pospisil — 25-17 à la première et 47-42 à la deuxième manche. Il a également produit 11 aces comparativement à deux pour Pospisil et a converti deux de ses quatre balles de bris alors que son rival a fait chou blanc à ses trois occasions.

Photo : Mauricio Paiz

« Toute la pression était évidemment sur mes épaules », a admis Pospisil. « Je joue bien depuis le début de l’année, j’ai gagné des tonnes de matchs sur le Circuit Challenger et je me suis très bien débrouillé en Australie. Il a connu un mauvais début d’année et manquait de confiance. Il a gagné deux matchs ici, il est détendu et n’avait rien à perdre contre moi. C’est un très bon joueur. Il a 17 ans et il joue extrêmement bien – très en forme et je savais qu’il serait difficile à battre. Et il y a un peu plus de pression… et les choses ne se sont pas passées comme prévu. »

Auger-Aliassime, qui fêtera ses 18 ans le 8 août, jour de l’anniversaire de Roger Federer, est depuis longtemps considéré comme un talent prodigieux par les intervenants de Tennis Canada qui n’ont consciemment pas précipité son développement. Mais cette époque est probablement révolue et il a fait un grand bond en avant. Après sa victoire de jeudi, Denis Shapovalov a confié qu’il ne cessait de dire à son bon ami qu’il pourrait être un joueur du Top 100 et qu’il était capable d’affronter n’importe qui.

Photo : Mauricio Paiz

On a demandé à Auger-Aliassime, qui vient de signer sa première victoire du circuit ATP en battant le 75e mondial, pourquoi il obtenait autant de succès cette semaine. « Je crois que c’est parce que je suis arrivé ici tôt pour participer au Challenger Oracle. Même si j’ai perdu au premier tour (contre le 192e Ricardo Ojeda Lara, d’Espagne), j’ai eu une bonne semaine d’entraînement, j’ai pu m’habituer aux conditions qui ne sont pas si faciles. Je pense que cela a porté ses fruits. »

Quand on lui parle du tableau d’ensemble et du fait que sa transition chez les professionnels soit survenue rapidement à un jeune âge, il répond : « Il y a eu une certaine maturation physique et du bon travail avec mes entraîneurs à Montréal. Physiquement, je me sens prêt à rivaliser avec les meilleurs dans des tournois comme celui-ci. Je crois que c’est ce qui explique cette transition rapide. De plus, c’est aussi la confiance que j’ai dans mon jeu. »

Il ne faudrait pas passer sous silence l’expérience qu’il a acquise en s’entraînant avec Federer, en décembre, à Dubaï — du moins jusqu’à ce qu’il se blesse au genou. « J’ai vraiment apprécié tout le temps que nous avons passé ensemble », mentionnait Auger-Aliassime. « Jouer avec Roger et voir de près comment il s’entraîne. Au début, je me demandais si j’allais être capable de suivre, mais à la fin, j’ai commencé à m’habituer au rythme et cela m’a beaucoup aidé. »

Il faut aussi se rappeler que malgré ses 6 pieds et 4 pouces, il n’a que 17 ans. « Ce n’est pas facile », a-t-il dit sur la façon dont il gère les attentes avec l’aide de son entourage. « Tout va très vite. Il y a beaucoup de nouveau dans ma vie depuis les derniers mois, sur le terrain et aussi à l’extérieur. »

« Quand tu es un jeune, il y a des choses auxquelles tu dois t’habituer — tous les contrats, les médias et tout le reste », poursuivait Auger-Aliassime, photographié ci-dessus dans ce qui est sûrement le premier des nombreux points de presse importants de sa carrière. « C’est tout un processus d’apprentissage. »

« Je pense que c’est la raison pour laquelle vous n’avez pas la régularité des meilleurs joueurs, parce que vous êtes encore en train de vous adapter. »

« Le meilleur conseil est de rester dans le présent, de prendre son temps et de profiter de chaque moment. »

Photo : Mauricio Paiz

Certains de ces conseils proviennent de Fred Fontang (ci-dessus), l’entraîneur de Tennis Canada qui accompagne Félix à Indian Wells.

« Comparativement à ses autres matchs, Félix a élevé son niveau de jeu », analysait Fontang, qui avait également travaillé auprès de Pospisil durant près de trois ans. « Il a vraiment bien servi. Vasek n’a pas eu un bon début de match. Il était un peu tendu. C’est tout le contraire qui s’est produit à la deuxième manche. Félix était un peu plus nerveux et je dirais que Vasek a raté quelques occasions. J’ai trouvé cela difficile à regarder. Si Vasek gagnait, c’était bon pour lui, si Félix gagnait… bien, c’est mon joueur. »

Fontang n’était pas surpris que la foule appuie si fortement Félix. « Il possède un charisme naturel depuis qu’il est jeune. Il n’est pas extroverti ou plus discipliné, mais le voir bouger sur un terrain est spectaculaire. »

Le prochain défi d’Auger-Aliassime surviendra dimanche contre un autre Canadien Milos Raonic, qui a bénéficié d’une exemption au premier tour en vertu de son statut de 32e tête de série.

Ils n’ont jamais joué ensemble ni même vraiment travaillé ensemble sur le terrain. « Nous ne sommes pas de la même génération alors les seules fois où nous avons été sur le même terrain c’est à l’échauffement de certains tournois », expliquait Auger-Aliassime.

Raonic, 38e mondial, n’a gagné qu’un seul match de simple depuis octobre dernier – 6-1 et 7-5 face au Japonais Taro Daniel (105e), à Delray Beauch, en février, avant de perdre 6-2 et 6-4 aux mains de l’Américain Steve Johnson (51e).

Photo : Mauricio Paiz

Pospisil est plutôt optimiste sur les chances d’Auger-Aliassime contre Raonic. « Honnêtement, je pense que Félix peut lui causer des ennuis. Il a un bon jeu pour ces conditions. Il est très physique, il bouge bien et c’est très difficile de créer quoi que ce soit contre lui. Il sert bien. Il peut assurément donner du fil à retordre à Milos, surtout s’il joue comme il l’a fait contre moi. »

En ce qui le concerne, Pospisil, dont le classement devrait chuter du 75e au 79e rang après Indian Wells, il devait disputer le tournoi de Miami `dans deux semaines, mais il a surpris quelques journalistes canadiens lorsqu’il leur a dit : “Je vais peut-être aller à Drummondville pour le Challenger Banque Nationale de la semaine prochaine. Je commencerais à jouer le mercredi, ce qui me donnerait le temps de récupérer un peu. Je regarde ça en ce moment.”

Auger-Aliassime est aussi inscrit à ce tournoi affront une bourse de 75 000 $, mais ne pourra pas jouer s’il bat Raonic, dimanche, et c’est encore moins sûr s’il perd.

It has, after all, already been a pretty amazing week for the 17-year-old.

BOUCHARD ÉLIMINÉE DU DOUBLE

Photo : Mauricio Paiz

Le parcours d’Eugenie Bouchard à l’Open BNP Paribas est officiellement terminé après sa défaite en double, avec Sloane Stephens, contre Victoria Azarenka et Aryna Sabalenka (7-6(3), 3-6, [10-7]), vendredi.

Bouchard, qui occupe le 116e rang mondial, devrait recevoir un laissez-passer pour l’Open de Miami, lui évitant ainsi de devoir se soumettre au tableau des qualifications.

En passant, Bouchard, qui a joué avec une raquette Babolat pour son simple, a utilisé une Wilson pour le double.

CARTE POSTALE DE PALM SPRINGS

On ne sait pas exactement à quoi s’attendre en acceptant l’offre de ce type. Vendredi, il offrait ses services sur la Palm Canyon Drive, la rue principale de Palm Springs.

 

*Photo en vedette : Mauricio Paiz

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