Photo : Davis Cup

Visiblement, le drapeau canadien a un effet galvanisant, et même régénérateur pour le meilleur joueur au pays, Félix Auger-Aliassime. 

La semaine qu’il a connue en Espagne nous a montré le meilleur du tennisman de 22 ans. Et elle coïncidait avec une deuxième compétition basée sur des affrontements entre pays.  

Tout comme lors de la Coupe ATP, en janvier 2022, le Montréalais a été le grand leader du Canada dans ces succès enregistrés au cours de cette récente étape de la Coupe Davis, permettant aux nôtres d’accéder aux Finales du tournoi en novembre. 

Et dire qu’il ne devait même pas y participer.  

Ce changement de programme a été un tonique super puissant pour l’équipe nationale, en plus de servir au principal intéressé de remède miracle pour une saison qui n’était pas la plus éclatante, il faut l’avouer. 

En effet, Félix a connu une période en demi-teinte au cours des six derniers mois. Depuis ses deux finales de février (dont l’une s’est conclue par la conquête du premier titre de sa carrière), il présentait un dossier de 22 victoires et 17 défaites, ce qui n’était certes pas dans ses plans. 

Malgré son jeune âge, Auger-Aliassime a remporté plusieurs grands matchs, tous tournois confondus, et il n’a pas volé son statut de joueurs du Top 10, un statut qu’il devrait récupérer plus tôt que tard, au cours des prochaines semaines. Surtout avec ce formidable « boost » de confiance obtenu dans le cadre de la Coupe Davis. Car c’est une de ses meilleures prestations qu’il a offertes, le 16 septembre, face à Carlos Alcaraz. 

Mise en contexte :  

Le dimanche 11 septembre, Alcaraz remporte son premier titre en tournois du Grand Chelem et devient par le fait même numéro un mondial du tennis professionnel. Puis, moins de 48 heures plus tard, il débarque à Valence, site d’un des tournois à la ronde de la Coupe Davis. Valence qui n’est qu’à deux heures de voiture de sa ville natale, El Palmar, en Murcie. 

Photo : Getty 

L’adolescent est la nouvelle coqueluche mondiale. Alors, imaginez la folie chez lui. À ce moment, l’armada du tennis espagnol n’est pas menée par l’amiral Nadal, mais bien son nouveau capitaine, Carlos.  

Après qu’on lui ait accordé un repos pour la première confrontation avec la Serbie, il dispute son premier match face au Canada, face à Auger-Aliassime. Félix, le vétéran de ce duel, mais également le négligé. 

Photo : Getty 

FAA a été quasi impeccable dans la première manche si ce n’est du court, mais mortel, passage à vide au jeu décisif. Il menait 3-1, mais a perdu les six points suivants pour permettre au favori local de mettre la main sur cette manche initiale, 7-6(3).  

Mais le Québécois a fermé les vannes espagnoles pour retrouver la même confiance et la même régularité que dans la manche précédente. Une de ses deux armes favorites, son service, était au rendez-vous. Il n’a accordé la première balle de bris du match qu’à 2-1 dans la deuxième manche, après 1 h 32 de jeu.  

Il devait ensuite, à 4-4, réaliser le premier bris du duel au terme d’un jeu ou les deux athlètes gagnaient tour à tour de spectaculaires échanges, au grand plaisir de tout amateur de tennis, sur place ou devant un écran. 

Dans la troisième manche, Auger-Aliassime a réduit la foule au silence en brisant Alcaraz d’entrée. Puis, en avant 2-1 dans le quatrième jeu, il a repoussé quatre balles de bris, grâce notamment à quatre as, pour mettre fin à la menace, au terme d’un jeu de près de 12 minutes, et rassoir le public sur ses mains.  

Par la suite, il allait réaliser un autre bris, au grand dam des amateurs locaux. Puis résister à trois balles de bris de son adversaire, dans le huitième et dernier jeu pour conclure ce grand match.

Photo : Reuters 

Oui, ce (très) GRAND match. Comme Félix n’en a pas disputé depuis son triomphe de janvier en Australie à la Coupe ATP, un autre tournoi par équipe, dois-je le répéter. 

Voilà un détail qui a toute son importance puisque ce n’est pas la première fois depuis le début de cette courte, mais déjà éclatante carrière que le Montréalais sort le grand jeu lorsque l’unifolié est en jeu et que les sièges aux abords du terrain sont remplis de compatriotes hurlant leurs encouragements sur chaque point. 

Et impossible de ne pas souligner qu’il l’a fait, chaque fois, avec des partenaires différents.  

Photo : Getty 

Il est devenu LE dénominateur commun du tennis canadien. 

Quand on pense que FAA aurait pu ne pas être présent à Valence. Initialement, il n’avait pas fait part de sa disponibilité pour cette compétition, mais son élimination rapide à Flushing Meadows a probablement influencé son désir de retrouver la compétition rapidement. 

Qui sait ce qu’une telle performance peut faire pour le reste de sa saison et la suite de sa carrière. 

Car, il ne faut pas l’oublier, Auger-Aliassime affrontait un numéro un mondial… et un numéro un mondial qui n’était pas là par hasard. Carlos Alcaraz est devenu l’homme à battre de l’ATP. Qui plus est, le fait de livrer une superbe performance dans l’antre de la (nouvelle) bête, dans un pays aussi inhospitalier que l’Espagne (pour les joueurs étrangers), dans le cadre d’une compétition ou le drapeau prend tellement d’importance. 

Deux joueurs qu’on reverra souvent, comme l’a mentionné l’analyste de Sportsnet, Robert Bettauer : « Quand vous regardez ces deux joueurs, à cet âge précoce, disputer un match de cette qualité, avec une telle feuille de route, on peut se mettre à imaginer que cette confrontation pourrait être une finale d’un tournoi du Grand Chelem, à un certain moment, dans deux ou trois ans. Ces deux-là vont s’affronter souvent, c’est garanti. » 

J’ai vu plusieurs matchs d’Alcaraz, cette année, et particulièrement au cours dans sa conquête américaine. Assez pour admirer l’incroyable talent du surdoué de Murcie. Et même si ce 16 septembre, l’Espagnol n’a pas disputé son meilleur match, accumulant plus de fautes directes que de coutume, il disputait du tennis suffisamment inspiré pour justifier son statut de monarque mondial. 

Mais, pour Félix, il ne s’agissait pas du seul fait d’armes de cette campagne espagnole. Il a joint ses forces à Vasek Pospisil pour remporter les matchs de double face à la Corée du Sud et l’Espagne, procurant chaque fois le point décisif au Canada.  

Et, en guise de point d’exclamation, son match de simple contre le Serbe Miomir Kecmanovic, le 17 septembre, était une véritable leçon de tennis. Ce rival, qui l’avait vaincu deux fois sur deux depuis qu’ils ont joint l’ATP, était complètement débordé et dominé par l’excellence du Québécois. 

Photo: Martin Sidorjak

Voilà exactement ce qu’il fallait à FAA pour reprendre son ascension vers le Top 10. 

Il peut maintenant s’amuser et s’éclater dans le cadre d’une compétition qui sera formidablement médiatisée, les 23, 24 et 25 septembre, soit la Coupe Laver.  

Membre de l’Équipe Monde, Félix tentera de donner aux rouges leur première victoire en cinq éditions de ce tournoi spectaculaire. Les yeux du monde y seront tournés, comme chaque année, mais un peu plus en 2022 puisqu’il s’agit des adieux de sa grande vedette et fondateur, Roger Federer.

Rien n’arrête Gabriela ! 

Photo : Getty 

La Canadienne Gabriela Dabrowski, spécialiste du double, vient d’ajouter un nouveau titre WTA à sa collection qui en compte maintenant 12.  

Routine, pourriez-vous dire ? 

Pas vraiment puisqu’il fallait jeter un coup d’œil au nom de la partenaire. Elle est Brésilienne et s’appelle Luisa Stefani. Ça ne vous rappelle rien ? 

Photo : ELCW.ca 

Reportons-nous 12 mois en arrière. Le 10 septembre 2021 pour être précis, alors que notre compatriote disputait la demi-finale des Internationaux des États-Unis face aux Américaines Coco Gauff et Caty McNally.  

Une grave blessure au genou de Stefani dans le jeu décisif de la première manche était venue mettre un terme aux espoirs du duo. 

Photo : TSN 

Pendant la réhabilitation de sa partenaire, la vie suivait son cours pour Dabrowski. Et en 2022, c’est avec la Mexicaine Giuliana Olmos qu’elle a fait équipe. Après quelques défaites aux 1er et 2e tours de tournois en Australie et dans la péninsule arabique, le temps de trouver le synchronisme, le duo s’est envolé.

Photo : Archysports.com 

Des finales à Madrid et à Rome. Des demi-finales à Indian Wells, Berlin, San Jose et Toronto. Des quarts de finale à Eastbourne, Cincinnati et New York. 

Et là, dès le retour à l’action de Stefani, voilà que la paire reconstituée remporte le tournoi de Chennai. 

Dabrowski est 10e mondiale de la spécialité.  

Année après année, elle s’avère l’épine dorsale des duos qu’elle forme avec d’autres joueuses. 

Outre Olmos et Stefani, rappelons qu’elle a mérité des titres WTA aux côtés de la Japonaise Shuko Aoyama (1), la Polonaise Alicja Rosolska (1), de l’Espagnole Maria José Martinez Sanchez (1), de la Lettone Jelena Ostapenko. Et, surtout, elle revendique beaucoup de succès avec la Chinoise Yifan Xu avec qui elle a soulevé cinq trophées sur un total de huit finales. 

Photo : ESPN 

Ah oui, n’oublions jamais qu’elle a aussi deux titres de tournois du Grand Chelem en double mixte, remportés en compagnie de l’Indien Rohan Bopanna (Paris, en 2017) et du Croate Mate Pavic (Melbourne, en 2018) 

Ça ne vous rappelle personne ? Un gars qui gagnait souvent, même si le nom du ou de la partenaire changeait souvent au cours de sa carrière. 

Un certain Daniel…

Photo : ATP 

Le vrai retour de Bouchard 

Photo : WTATV 

Après plusieurs manifestations d’intentions, d’inscriptions et les reports qui ont suivi, Eugenie Bouchard a finalement effectué son retour officiel à la compétition. 

Et, peu importe les attentes de tout un chacun, ce retour doit être considéré comme convaincant. 

Genie a atteint les quarts de finale du tournoi de Chennai, en Inde, un tournoi de catégorie 250 de la WTA. Du coup, elle a grimpé de 382 rangs au classement et est passée de la 902e à la 520e place. 

Ce tournoi n’était pas son premier, toutefois. Rappelons qu’elle est revenue à la compétition à la mi-août, à Vancouver (WTA 125). Bouchard s’était alors inclinée en deux manches rapides de 6-2 et 6-2 face à Néerlandaise Arianne Hartono (166e mondiale). Même si elle évoluait au pays, cette première sortie n’a pas généré les résultats espérés. 

Dans la fournaise de Chennai, Bouchard a toutefois démontré une belle constance en fond de terrain, des qualités défensives indéniables et un très bon sens de l’anticipation. 

Elle a d’abord disposé de la Suissesse Joanne Zuger, 167e mondiale, 7-6 (4), 6-2.  

Deux jours plus tard, elle faisait face à l’Indienne Karman Thandi (359e), détentrice d’un laissez-passer et qui avait surpris la Française Chloé Paquet (109e) au premier tour. Pointage final : 6-2 et 7-6 (2) en faveur de Bouchard. 

Photo : WTATV 

Son match quart de finale, quoique convaincant sur le plan du tennis, n’a guère été agréable.  

Face à l’Argentine Nadia Podoroska, qui occupe le 298e, mais qui était au 47e échelon il y a un an et demi seulement, Bouchard a remporté la première manche facilement, 6-1, avant de voir l’autre revenir et enlever les deux autres manches 6-4, 6-2. Mais, outre une interruption de 40 minutes en raison des éclairs, c’est la chaleur humide qui s’est avérée la plus coriace adversaire de la Canadienne qui a dû faire appel aux soigneurs et thérapeutes. 

Photo : WTATV 

Malgré les conditions climatiques difficiles, Bouchard a bien tenté de disputer son match de double par la suite, mais c’était un peu, beaucoup, demander. Elle qui s’était rendue en demi-finales en compagnie de la Belge Yanina Wickmayer, a dû déclarer forfait à 3-6, 1-1.  

Cette semaine, Bouchard était inscrite au tournoi de Séoul, un autre tournoi de catégorie 250, et la tendance semble s’être maintenue. Sa défaite au premier tour doit être qualifiée d’honorable puisque celle qui l’a battue 7-6(5) et 7-6(5) est Tatjana Maria, 80e mondiale. L’Allemande avait tout de même atteint la demi-finale de la récente édition de Wimbledon. 


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici