Davis Cup World Group Qualifing 1997
Cela peut sembler étrange aujourd’hui de penser que Daniel Nestor est tout sauf une légende sportive canadienne, une icône, un pionnier. Pourtant, en 1992, le Canadien n’était qu’un simple adolescent classé au 238e rang mondial qui tentait de faire sa marque sur le circuit de l’ATP.
Pour cette rencontre du premier tour du Groupe mondial de la Coupe Davis contre la Suède, à Vancouver, Nestor était le joueur numéro 2 de simple d’Équipe Canada après Grant Connell, de la Saskatchewan, qui occupait alors le 76e rang mondial. Quelques mois avant cette rencontre, le jeune joueur de 19 ans s’était incliné au deuxième tour des Championnats canadiens à Mississauga, en Ontario.
De l’autre côté du filet, l’équipe suédoise comptait des vedettes dans ses rangs, notamment le 15e mondial Magnus Gustafsson, qui avait fait partie du Top 10 quelques mois plus tôt, et le numéro un mondial Stefan Edberg — déjà quintuple champion de Grands Chelems.
Pas de pression, les gars…
Malgré son statut de négligé, le Canada a étonnamment bien amorcé la rencontre. En effet, Connell, qui se mesurait à Gustafsson, a remporté un jeu décisif chaudement disputé avant de s’imposer face au Suédois en des comptes de 7-6(5), 6-4 et 6-4.
Cela signifie qu’une victoire de Nestor contre Edberg permettrait au Canada de prendre une confortable avance de 2-0 après la première journée de la compétition.
La foudre pourrait-elle vraiment frapper deux fois ?
Cela ne semblait pas vouloir être le cas après le premier acte. Après avoir concédé la manche 6-4, il semblait, selon toute vraisemblance, que l’adolescent allait offrir une belle opposition avant de finalement plier l’échine.
Mais Nestor avait une autre idée en tête.
Le jeune joueur a fait preuve d’un immense sang-froid pour riposter et remporter la manche suivante 6-3. Cela a manifestement Edberg qui n’a pas mis de temps à gagner le troisième acte 6-1, se plaçant ainsi à une manche de la victoire.
Nestor a alors défié les probabilités en empochant la manche 6-3 pour ainsi forcer la tenue d’une cinquième manche décisive.
Au huitième jeu, le Canadien servait pour le match à 5-2. Il a commencé cette partie en produisant un ace, mais Edberg s’est appuyé sur son expérience pour se forger deux balles de bris. C’est sur une faute directe de Nestor au coup droit que le Suédois est parvenu à réduire l’écart.
Cependant, le jeu de Nestor était empreint d’une détermination sans faille — une détermination que les amateurs de tennis canadiens allaient apprivoiser au cours des 26 prochaines années de sa brillante carrière.
Lors d’un dixième jeu très serré, les deux joueurs ont tout donné avant de se retrouver à égalité. Un puissant service de Nestor retourné dans le filet par Edberg donnait au Canadien une autre occasion de signer la victoire.
Cette fois, il n’allait pas laisser filer sa chance.
Un service au coup droit d’Edberg que le Suédois a retourné avec une balle haute à la droite de Nestor. Le Canadien, qui était déjà à mi-chemin entre la ligne de fond et le filet, a guidé un habile revers le long de la ligne, hors de portée de son rival, pour sceller la plus douce des victoires.
« Et voilà ! », a crié un commentateur.
« Incroyable ! », a ajouté l’autre. « Oh Mon Dieu ! »
Les spectateurs se sont levés d’un bloc pour couvrir l’adolescent d’applaudissements. Nestor a filé directement vers le banc où il a été accueilli par des entraîneurs et des coéquipiers enthousiastes.
« C’est une sensation extraordinaire », commentait Nestor, épuisé, lors de l’entrevue d’après-match. « C’est un travail d’équipe. Les gars étaient derrière moi et ils m’ont permis de croire que je pouvais gagner ce match. »
Malgré l’avance du Canada de 2-0 grâce au triomphe historique de Nestor, l’équipe s’est finalement inclinée 3-2 aux mains des Suédois. L’incroyable prestation du jeune Canadien restera toutefois gravée dans la mémoire des amateurs de tennis canadiens comme l’une des grandes surprises sportives du pays.
Dans une vidéo célébrant le 20e anniversaire de ce match, Edberg a déclaré : « Tu m’as vraiment pris par surprise, Daniel. Me battre en cinq manches était vraiment tout un exploit à l’époque. La Suède a finalement remporté la rencontre 3-2, mais c’était le début d’une formidable carrière pour toi. Représenter le Canada pendant 20 ans est aussi un exploit. Un exploit dont tu peux être très fier. »
(Photo: ITF/Jean Nichols)