Rebecca Marino at the US Open 1st round

Photo : Camerawork USA

Après trois belles victoires en qualification, le tirage au sort a expédié notre résiliente Canadienne Rebecca Marino dans un duel face à la cinquième tête de série, l’Ukrainienne Elina Svitolina.  

Pas de bol, disent les Français.  

Et, comme il fallait s’y attendre, son séjour à Flushing Meadows s’est terminé par une défaite de 6-2 et 6-3 aux mains de Svitolina. Vous trouverez plus de détails en cliquant sur ce lien.

Mais revenons à la « loterie » du tirage au sort. 

Car il y a tellement d’autres situations où les nôtres, peu importe s’ils sont qualifiés ou classés loin du sommet, obtiennent un coup de main de Dame Chance.  

Même Félix Auger-Aliassime, 12e tête de série, a obtenu comme rival un qualifié du nom d’Evgeny Donskoy, un vétéran russe de 31 ans, classé 152e à l’ATP. 

La logique a été respectée et Félix a accédé au deuxième tour même s’il a dû batailler pendant quatre heures face au coriace Donskoy. Lisez le compte rendu de son match après celui de la victoire de Leylah Fernandez, survenue quelques heures plus tôt.

Felix Auger Aliassime holds his fists up after a awin
Photo : Camerawork USA

Et il y a les cas de chance extrême, soit lorsque des qualifiés se retrouvent contre leurs semblables ou, encore mieux, contre de jeunes espoirs du pays hôte ayant obtenu un laissez-passer. 

Vous imaginez un peu le soulagement du Slovaque Alex Molcan (138e mondial) qui, au lieu d’être lancé dans la fosse du lion Djokovic, s’est retrouvé opposé au Turc Cem Ilken (189e) ? 

Bon, à 26 ans, Ilken n’a de succès notable qu’un triomphe au Challenger 80 de Quimper, en France, en février 2020. Molcan, par ailleurs, a connu une belle lancée au tournoi de Belgrade (ATP250), alors qu’il a atteint la finale avant d’être battu par un certain Novak Djokovic… Et depuis le début de ce tournoi, le 24 mai, il présente un dossier de 15-4, en cinq tournois, dont trois épreuves du Circuit Challenger. 

Ah oui… en passant… c’est Ilken qui l’a emporté dans ce choc d’inconnus.  

Il y a bien un autre cas de ce genre, à New York, cette année. 

La qualifiée serbe Olga Danilovic (145e) a eu la bonne fortune de tomber sur Alycia Parks (246e), une jeune Américaine de 20 ans qui a obtenu un laissez-passer. Et, là aussi, la logique a été respectée et Danilovic l’a emporté.  

Ces quatre noms ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres qui ont tiré le bon numéro cette année.  

Tant mieux pour eux. 

Vacciné ou pas ? 

En cette période transitoire où le passeport vaccinal devient une réalité dans notre pays — comme dans plusieurs autres —, le tennis devra bientôt trancher, à sa façon, quant à cette nouvelle étape visant à réduire les risques de propagation de la COVID-19.  

Si les vedettes réfractaires comme Novak Djokovic et Stefanos Tsitsipas restent sur leurs positions, Andy Murray vient de rejoindre les Roger Federer et Rafael Nadal dans la liste des notoriétés à s’être exprimés sur les côtés positifs de la vaccination. 

Sans arguments frappants, Murray a tout de même fait part de sa position lors d’une des conférences de presse du week-end précédant le tournoi. 

Affirmant être doublement vacciné, l’Écossais a d’abord fait allusion au tournoi majeur suivant, celui de Melbourne en janvier 2022, alors que l’Australie s’apprête à resserrer les règles d’accès aux événements du genre.  

« Je sens que je peux vivre une vie relativement normale, contrairement aux joueurs qui ne l’ont pas. C’est différent. Je suis sûr que ça va les frustrer. (…) Je suis heureux d’être vacciné. J’espère que plus de joueurs choisiront de le faire dans les prochains mois. » 

Andy Murray

En mai, Federer annonçait qu’il était vacciné. « Je suis content d’avoir pu le faire avec tous mes voyages. Je l’ai surtout fait pour les autres. Je ne veux pas la donner à quelqu’un d’autre. Il faut faire attention. » 

Puis, trois mois plus tard, Nadal ajoutait une couche. « La seule façon de mettre fin à ce cauchemar est la vaccination. Notre responsabilité, en tant qu’êtres humains, est de l’accepter. Je suis conscient qu’un pourcentage des gens souffriront des effets secondaires, mais les effets du virus sont bien pires. » 

La position de Novak Djokovic, toutefois, est connue depuis longtemps. Le numéro un mondial avait été couvert d’opprobres lorsqu’il avait organisé son « Adria Tour », l’été dernier dans les Balkans. Malgré de bonnes intentions, la compétition avait été tenue sans distanciation ni mesures de sécurité, alors que le monde n’avait toujours pas de vaccin. Ce qui lui avait valu le surnom, sur les médias sociaux, de « No-vax Djo-covid ».  

En avril, le Serbe revenait à la charge disant espérer que le vaccin ne deviendrait pas obligatoire pour les joueurs et refusait de dire s’il était vacciné ou pas. 

Quant à Tsitsipas, il n’en était pas à une contradiction près. Après avoir été un des porte-paroles d’une campagne grecque portant sur les mesures de sécurité en temps de pandémie, il a exprimé sa réticence à se faire vacciner. 

« Personne ne m’a rien dit. Personne n’a rendu la vaccination obligatoire », déclarait-il à la veille de son premier match au récent tournoi de Cincinnati. « À un moment donné, je devrai le faire, j’en suis à peu près sûr, mais jusqu’ici, ce n’est pas obligatoire pour disputer les tournois. Alors, non, je ne suis pas vacciné. » 

Cette déclaration lui est revenue en plein visage, quelques heures plus tard sur les réseaux sociaux

Quant au vétéran français Gilles Simon, un autre athlète réfractaire au vaccin, il vient de voir son rêve de participer à ses derniers Internationaux des États-Unis lui échapper puisqu’il vient de déclarer forfait en raison de problèmes liés au virus. « J’aurais pu jouer en tant que cas contact, en étant testé régulièrement. C’est pour ça que tu peux ressentir une obligation à le faire […] À la base je n’avais vraiment pas envie. Je n’ai pas très peur du Covid, en fait. Je n’en ressentais ni le besoin ni l’envie. Ça devient compliqué pour un joueur de tennis », a-t-il déclaré au quotidien L’Équipe

Que dire de plus, sinon que les athlètes du tennis figurent loin derrière leurs vis-à-vis des autres sports quand vient le temps de parler de la vaccination. 

Très loin, comme le souligne Ben Rothenberg, du New York Times

Il faudra bien que les dirigeants de la WTA et de l’ATP mettent leur poing sur la table et fassent entendre raison à leurs vedettes dont le comportement relève plus d’un égoïsme aveugle que du simple choix personnel. 

Le Roi Richard 

Ce n’est jamais facile de faire un film biographique, surtout sur une personnalité connue. Car nous sommes toujours portés à faire des parallèles entre le jeu de l’actrice ou de l’acteur et sa ressemblance avec la personne incarnée. 

Ajoutez une couche de difficulté avec les films biographiques de sport. Car en plus du problème précédent s’ajoute celui de la réalité athlétique. On en viendrait presque à se demander si on ne doit pas prendre un(e) athlète et lui enseigner l’interprétation.  

Mais, bien sûr, c’est le contraire qui est privilégié avec l’utilisation de doublures qui ont déjà pratiqué le sport en question. 

La dernière couche de difficulté, c’est lorsqu’il s’agit de sports individuels. Car il y a des limites à enseigner à un acteur ou à une actrice les mouvements de surdoués.  

Cela étant dit, j’ai très hâte de voir comment le célèbre Will Smith aura réussi à relever ces défis alors qu’il produit et joue le rôle principal dans le film portant sur Richard Williams, le père des tout aussi célèbres sœurs Venus et Serena Williams. 

« King Richard » sort à la mi-novembre et fait partie de ces « biopics » sportifs qui font la joie (et, souvent aussi, la déception) des amateurs. 

Will Smith est un habitué de films biographiques. Qu’il suffise de mentionner, en sports, Muhammad Ali (Ali-2001) et le docteur Bennet Omalu (Concussion-2015). On peut donc présumer qu’il saura cerner la personnalité de Richard Williams. 

Les filles Williams, beaucoup plus connues, sont respectivement interprétées par Saniyya Sidney (Venus) et Demi Singleton (Serena), respectivement âgées de 13 et 12 ans lors du tournage en 2020 et dont la ressemblance avec les vraies sœurettes est plus qu’intéressante.  

Williams sisters and their father in the early 1990's
Cast of the film King Richard

L’histoire de Richard Williams relèverait de ces scénarios hollywoodiens fantaisistes si ce n’est qu’il a réussi son pari insensé. Homme à la forte personnalité (c’est peu dire), il n’avait aucune expérience dans le sport, mais avait décidé que ses deux filles allaient devenir les grandes joueuses que l’on connaît alors qu’elles n’étaient âgées que de quatre ans. 

Il avait même rédigé un plan de 78 pages comportant, dans les moindres détails, l’entraînement de ses enfants. Et ce plan, il l’avait écrit… AVANT leur naissance. 

Trois décennies plus tard, elles contemplent près de 170 titres à leurs collections combinées, dont 68 triomphes en tournois majeurs, aux Jeux olympiques et à la Fed Cup (que ce soit en simple, en double ou en double mixte). Avec des gains sur le court de 136 M$. 

Des succès qui dépassent l’entendement. 

Et qui, probablement, dépassent même les prévisions les plus optimistes et provocatrices d’un père qui était quand même assez fort à ce chapitre. 

Je vous laisse sur ce court échange de la bande-annonce, alors que l’entraîneur avoue au papa sa stupéfaction devant le talent des deux filles. 

« Je crois que vous avez ici la prochaine Michael Jordan… » – Rick Macci, entraîneur. 

« Oh non, mon frère, j’ai les DEUX prochaines ! » – Richard Williams 

Les meilleurs films de tennis 

Si les films portant sur les sports d’équipe ainsi que sur la course automobile ou les sports olympiques sont légion, on ne peut en dire autant des productions sur les sports individuels comme le ski alpin, le golf et, incidemment, le tennis. 

D’ailleurs, rares sont les films biographiques portant sur les as de la raquette. Je n’en vois que deux dignes de mention, et ils sont sortis tous deux en 2017. 

En 2017, « Battle Of The Sexes » portait sur ce défi loufoque, mais hautement médiatisé, lancé par le vétéran Bobby Riggs à la vedette féminine de l’époque, Billie Jean King. Un film léger, en soit, mais sous-tendu par cette révolution d’un groupe de femmes, menées par King notamment, en quête de l’autonomie et de meilleurs revenus. Cette saga, à laquelle je consacrais un segment intitulé « Les Neuf originales » dans mon blogue du 21 juillet

Cette « autre » bataille de sexes avait mené à la création de la WTA et à une parité dans les bourses au tennis professionnel. 

Un très bon divertissement. 

L’autre, « Borg vs McEnroe » est, à mon sens, le meilleur. Il retrace la rivalité entre deux joueurs dont les tempéraments étaient aux antipodes et qui aboutira à l’un des plus grands matchs de l’histoire, sur le Court central de Wimbledon, en 1980. 

Si le choix de Shia LaBeouf dans le rôle de « Big Mac » est supportable, c’est l’acteur suédois Sverir Gudnason qui crève l’écran par sa ressemblance et le réalisme qu’il donne à son glacial compatriote surnommé à l’époque « IceBorg ». La présence forte d’un Stellan Skarsgard, dans le rôle du respecté entraîneur suédois Lennart Bergelin, ajoute à l’ensemble d’un film discret où les scènes de tennis sont acceptables (avec les difficultés qu’elles comportent).  

Et, ultimement, comment ne pas apprécier le choix de Leo Borg, le fils de l’autre, pour jouer le jeune Bjorn, s’entraînant à la balle au mur sur les portes d’un garage. Un jeune homme qui, avant de démontrer un contrôle total de ses émotions, était colérique dans l’adversité. Comme les Roger Federer et Milos Raonic, entre autres, devenus des modèles de calme et de contrôle. 

À voir : 

Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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