Photo : Sarah-Jade Champagne / Tennis Canada
La finale de l’Omnium Banque Nationale aura une affiche plutôt inattendue pour ne pas dire rafraîchissante.
Karolina Pliskova en sera à sa première finale au Canada, mais sa feuille de route comporte des tas de succès lors de tournois importants. C’est plutôt l’identité de sa rivale qui offre une histoire peu banale.
Car, à 29 ans, Camila Giorgi, 71e mondiale en sera à sa toute première finale d’un tournoi de cette importance.
Pliskova offre une clinique
Même si elle a cédé du terrain au classement à Aryna Sabalenka, Pliskova semble avoir toujours son numéro en matchs importants et elle a répété, en mieux, le scénario de leur demi-finale de Wimbledon en disposant de la favorite 6-3, 6-4
Le suspense attendu n’a toutefois pas eu lieu, la jeune Biélorusse ayant commis beaucoup trop d’erreurs pour l’emporter. Inversement, Pliskova a été presque parfaite.
On savait que les deux plus puissantes cogneuses du tennis se retrouvaient sur le même terrain et elles ont fait honneur à leur réputation tant au niveau des as que pour leur matraquage de fond de court.
La Tchèque a pris l’initiative tôt, dans le match, brisant sa rivale dès le troisième jeu. Par la suite, elle a clairement accumulé des tas de fautes directes pendant que Pliskova livrait un jeu impeccable en plaçant la balle dans chaque ouverture. Un autre bris pour conclure et le premier set était expédié en 34 minutes, caractérisé par un total de 14 fautes directes du côté de Sabalenka.
La deuxième manche n’a pas été bien différente. Sans bris précoce, elle a tout de même été marquée par plusieurs autres fautes directes de Sabalenka. Si cette dernière a tout de même obtenu le premier bris au milieu de la manche, elle a perdu cet avantage dès le jeu suivant, se faisant briser à son tour.
« Échec et mat ! », s’est exclamé le descripteur de Sportsnet, sur le coup final. « Une performance sans faille », devait-il ajouter, avec raison, alors que Sabalenka s’est dirigée vers le centre du court, lançant rageusement sa raquette vers le banc et offrant une déplorable poignée de main (elle a à peine effleuré la main de la gagnante). Bien sûr, elle venait de passer à côté d’une belle occasion et il faudra mettre ce comportement sur le compte d’une immense déception.
Mais au-delà du pointage et des erreurs de son adversaire, Karolina Pliskova a livré une véritable clinique de coups gagnants et de contrôle tranquille portant à 2-2 son dossier face à Sabalenka.
« Je crois avoir joué intelligemment, aujourd’hui, et je me suis servi du vent tout en attendant ses erreurs. J’étais totalement concentrée et je n’ai pas commis beaucoup d’erreurs », a dit une Pliskova après le match.
Bien heureuse de disputer une première finale au Canada, Pliskova n’a pas paru inquiétée lorsqu’est venu le temps de parler de sa future adversaire (avant d’en connaître l’identité) en point de presse.
« Non, non, pas vraiment. Mais, bien sûr, je sais que j’ai perdu contre chacune d’entre elles, cette année. Tout le monde sait ça »,mentionnait-elle avec un petit sourire. « C’est une finale, nous n’avons jamais joué en finale. Je suppose que c’est un match différent que lorsque nous disputons un premier ou un deuxième tour. Je n’ai rien à perdre. (…). Je crois que j’ai joué du tennis solide, ici, cette semaine. »
Pegula à court de miracles
Si les deux autres demi-finalistes n’avaient pas le gabarit des Pliskova et Sabalenka, Jessica Pegula (5 pi 7 po) et Camila Giorgi (5 pi 6 po) n’avaient rien à leur envier en puissance. Leurs nombreux échanges, furieux et soutenus, ont soulevé plusieurs sourcils chez les amateurs et leur ont fourni un spectacle de (très) haut niveau.
Giorgi, d’une part, avait traversé le tableau principal sans céder une seule manche et trois de ses quatre victoires l’avaient été aux dépens de têtes de séries (Mertens, 9e, Kvitova, 7e, et Gauff, 15e). Tout le contraire de Pegula, qui avait dû disputer quatre duels de trois manches. Dans trois de ces quatre affrontements, elle avait perdu le premier set.
À 4-1, première manche, Jessica Pegula a dû retourner au vestiaire pour un traitement. Au retour, elle arborait un bandage au haut de la jambe droite. Cette pause n’a en rien changé l’issue du premier set que Giorgi a empoché, 6-3. Cela dit, Pegula a remporté le second par le même score grâce à un bris de service réalisé dès le deuxième jeu.
Au troisième acte, Pegula a obtenu le bris d’entrée sur une double faute de l’Italienne et on aurait pu croire à un autre miracle de sa part. Mais la suite a été dictée par la logique du corps humain et les longues batailles du tournoi venaient de rattraper l’Américaine. Elle devait être brisée à son tour au 2e jeu, avant de perdre les cinq autres. Pire, dans ses trois jeux suivants au service, Giorgi a cédé un seul petit point sur un total de 13 !
Et Giorgi venait d’atteindre la plus importante finale de sa carrière en triomphant 6-3, 3-6 et 6-1.
En point de presse, on lui a demandé à quoi elle devait sa constance des dernières semaines, elle qui n’a perdu que quatre de ses 13 derniers affrontements.
« Avec mon père (son entraîneur), nous avons travaillé sur plusieurs choses. Nous avons changé quelques éléments de mon jeu. C’est plus au niveau tactique, au niveau de la stratégie. (…) Je choisis mieux mes coups. Quand j’ai besoin de ralentir un petit peu… ou accélérer. C’est plus au niveau de la variété de mon jeu, je crois. »
Fait non négligeable, Camila Giorgi a battu Karolina Pliskova deux fois en 2020.
Mais ce n’était pas dans une finale…
Dabrowski en finale
Il y aura une Canadienne en finale de l’Omnium Banque Nationale.
Il s’agit de Gabriela Dabrowski, 15e mondiale en double. L’Ontarienne fait équipe avec la Brésilienne Luisa Stéfani (22e) et, ensemble, elles ont battu le solide duo formé des Russes Elena Rybakina (19e) et Veronika Kudermetova (16e), 6-2 et 6-3 en à peine plus d’une heure.
Leurs adversaires en finale seront la Croate Darija Jurak et la Slovène Andreja Klepac, sixièmes têtes de série du tournoi. Les deux mêmes joueuses contre qui elles se sont inclinées en finale du tournoi de San Jose, une semaine auparavant.
« Je suis évidemment heureuse de les affronter à nouveau, mais je ne veux pas voir ça comme une revanche puisque j’ai l’impression que ça apporte une touche de négativisme. J’ai juste hâte de voir si je serai capable de mettre en œuvre les leçons apprises lors de la finale de la semaine dernière et j’espère que ça fonctionnera. Nous verrons demain. »
Pour la joueuse d’Ottawa, ce sera une première finale au Canada. Déjà, samedi soir, il s’agissait également d’une première, car elle disputait un premier match sur le central, en double, en soirée de surcroit… avec des partisans.
« Je pense que les gens étaient excités que je sois la seule Canadienne encore en lice et qu’ils pouvaient encourager quelqu’un. Mais ce qui est vraiment plaisant, cette semaine, c’est qu’en raison des nombreuses communautés culturelles au Canada, des tas de gens viennent encourager toutes les joueuses. Demain, même si je suis Canadienne, je suis sûre qu’il y aura des supporters brésiliens, slovènes et croates. C’est une belle ambiance. »
Dabrowski réédite l’exploit de Helen Kelesi, seule autre Canadienne à avoir atteint la finale du double, chez elle, au cours des 50 dernières années.