Felix and Rublev walking on opposite direcions

Photo : TennisTV

La séquence victorieuse de Félix Auger-Aliassime a pris fin le 20 février, sur le court intérieur de Marseille, en France, lorsqu’il a été battu en finale par le Russe Andrey Rublev, septième joueur mondial, 7-5 et 7-6 (4). Un match dont vous aurez les détails ici.

Rublev prenait ainsi sa revanche sur celui qui l’avait vaincu en demi-finale du tournoi intérieur de Rotterdam, aux Pays-Bas, la semaine précédente. 

Si on additionne tous ses matchs de simple depuis le début de 2022, y compris ceux de la Coupe ATP, c’est avec un bilan de 15-4 que Félix quittait Marseille avant de s’accorder une pause (il s’est désisté du tournoi de Dubaï, le lendemain) et d’entreprendre le fameux « Doublé du soleil » (« Sunshine Double »), deux tournois américains de 10 jours chacun, à Indian Wells, en Californie, et à Miami, en Floride.  

Non seulement cette saison est très bien entamée au chapitre des victoires-défaites, mais Félix est aussi en train de devenir un des nouveaux mitrailleurs d’as du circuit, ce qui ajoute une corde d’importance à son arc. Alors qu’il affichait une moyenne de 9,5 as par match en 2021, le Montréalais présente une moyenne de près de 12, cette saison. En incluant les cinq matchs de la Coupe ATP et les 14 du circuit régulier, il a claqué 222 as en 19 matchs. Après le week-end, il était deuxième de l’ATP, derrière un certain Reilly Opelka (315) et devant John Isner (219) et Maxime Cressy (192). Pas banal ! 

Quant à Rublev, il ne connaît pas un départ trop vilain, lui non plus, avec un dossier de 9-2. Dimanche, à la suite de son triomphe en simple, il était loin d’en avoir terminé. Après une courte période de repos, il est revenu sur le terrain pour enlever le titre du double en compagnie de l’Ukrainien Denys Molchanov, grâce à un gain de 4-6, 7-5 et 10-7 aux dépens du Sud-Africain Raven Klaasen et du Japonais Ben McLachlan.   

Image : TennisTV 

Rublev est seulement le troisième joueur à s’emparer des deux titres de ce tournoi en 30 ans d’histoire. Thomas Enqvist l’a fait en 1997 avant que le Français Michael Llodra ne joue les héros devant ses compatriotes en 2010. 

Avec la réalité du tennis d’aujourd’hui, et sa spécialisation, il est rare que les joueurs accédant à la finale du simple soient également en lice pour le titre du double. Le doublé de la Tchèque Barbora Krejcikova, l’an dernier, dans un tournoi du Grand Chelem de surcroit (Roland-Garros), prend maintenant une dimension mythique. 

Ultimement, notons que le duo champion était formé d’un Russe et d’un Ukrainien, une alliance qui vaut la peine d’être soulignée en ces temps troublés où le pays de l’un vient d’envahir celui de l’autre. Le sport servant souvent à sublimer les haines territoriales entre nations voisines, on a aussi remarqué ce type de réunion russo-ukrainienne chaleureuse sur un podium lors des Jeux olympiques de Pékin qui ont pris fin le même week-end. 

Photo : Open 13 Provence

Gentil Félix 

Photo : World News Media 

Définition de « gentilhomme », dans le dictionnaire Larousse : « Homme qui montre de la délicatesse, de la prévenance et de la noblesse de sentiments dans sa conduite. » 

Félix Auger-Aliassime EST un gentilhomme. Sur un court de tennis comme à l’extérieur. N’a-t-il pas été honoré par l’organisation des Internationaux des États-Unis, en septembre dernier, pour ces qualités ?  

On l’a constaté au fil de ses premières années comme professionnel de l’ATP. Et une preuve supplémentaire en a été faite le 19 février, à Marseille. 

Dans sa demi-finale l’opposant à Roman Safiullin, alors que le Canadien était en avant 7-6 et 3-2, le Russe expédie un coup désespéré le long de la ligne pour déjouer Auger-Aliassime. À ce moment, on voit Félix se pencher pour tenter de repérer une quelconque marque de balle et avise l’arbitre que le juge de ligne a appelé la balle à l’extérieur (ce que peu de gens avaient entendu). Mais au lieu d’engranger le premier point du sixième jeu, Félix suggère à son opposant de demander la reprise du système électronique, car il croit que la balle a touché la ligne.  

Et Félix avait raison. Et Safiullin, qui n’avait probablement pas pensé à faire une récrimination, se retrouve en avant 15-0. 

Le beau geste a immédiatement été relevé par le descripteur de TennisTV, puis relayé partout sur la planète tennis par le diffuseur qui tenait à souligner l’attitude chevaleresque de Félix. 

Il n’en fallait pas plus pour que le Québécois soit encensé sur les réseaux sociaux et que l’on offre des exemples de ce type d’esprit sportif comme celui de l’Américain Jack Sock, en 2016, alors qu’il affrontait le favori local, Lleyton Hewitt, au tournoi de Perth en Australie. 

J’ai moi-même eu le privilège d’assister à une telle démonstration en juillet 2014, alors que les Françaises Julie Coin et Stéphanie Foretz faisaient les frais de la demi-finale du Challenger de Granby.  

J’avais relaté les circonstances de ce geste sur le site du réseau TVA, pour qui je faisais la description des matchs télévisés, à cette époque. 

Non seulement Coin a-t-elle infirmé une décision du juge de ligne ET de l’arbitre de chaise, en faveur de sa rivale, mais cela a coupé court à la remontée qu’elle était en train d’effectuer dans ce match qu’elle a éventuellement perdu. 

Ce que Coin aura toutefois gagné, ce sont des légions d’admirateurs. Pour toujours. 

Compte à rebours… variable

Image : TennisTV 

L’instauration du compte à rebours, au tennis, était une des bonnes idées visant à accélérer le jeu. Au même titre que l’utilisation de plus en plus répandue du système « Hawk-Eye live ». 

Si le second, un dispositif électronique, est appliqué sans problème et remplit son mandat, le premier, opéré avec le jugement d’un humain, affiche des ratés. Et un peu trop souvent. 

Après trois ans, il y a encore trop de laxisme dans l’application de cette « shot clock ». Car malgré le principe clair, le déclenchement du décompte de 25 secondes est laissé à la discrétion des arbitres. Et plusieurs ne voient pas la chose de la même façon. 

Oui, un écran affichant ce compte à rebours de 25 secondes se trouve maintenant dans tous les stades. Sauf que son déclenchement varie selon la personne qui se trouve dans la chaise haute. Et selon l’intensité du match qui se déroule à ses pieds. Et, il faut bien l’avouer, quelquefois selon la réputation d’un ou des deux joueurs en cause.  

Félix Auger-Aliassime l’a vécu à sa façon dans la manche initiale de la finale qu’il disputait face à Andrey Rublev, à Marseille.  

Après que le Russe ait égalé le pointage à 3-3, Félix s’apprêtait à amorcer sa routine préservice que déjà il écopait d’un avertissement. Incrédule, il a d’abord souri et hoché la tête en guise de dérision puis, en réfléchissant, s’est dit que quelque chose clochait 

Image : TennisTV 

Nous sommes d’accord, FAA est un des plus lents sur le circuit lorsque vient le temps de servir. Mais l’athlète a tout de même une très bonne notion du temps quant à sa routine. Et il n’est pas normal que l’horloge soit venue à échéance alors qu’il venait à peine d’amorcer le tout.  

Image : TennisTV 

Il a demandé à l’arbitre irlandais Fergus Murphy s’il avait démarré le dispositif dès que les trois balles se trouvaient dans sa main (une forme de signal non écrit, semble-t-il) et l’autre a répondu qu’il a appuyé sur le bouton dès qu’il a vu que tout était en place. Et Félix a dû retraiter, suspicieux, sans avoir gain de cause. 

En passant, Félix avait entièrement raison de se plaindre. En revisionnant toutes les situations où, sans changer de côté, Félix prenait son tour au service, il appert qu’il n’y a eu que 9 secondes entre la fin du jeu précédent et le déclenchement du décompte. À toutes les autres occasions de la première manche, Fergus Murphy avait pris entre 17 et 22 secondes. Voilà qui fait toute une différence pour un joueur hyper concentré et s’appuyant sur une routine. 

Et, comme c’est malheureusement le cas, beaucoup d’arbitres ont la fâcheuse habitude de rester sur leurs positions même lorsqu’ils ont affaire à des joueurs peu enclins à contester ou à s’obstiner. Tel que Félix Auger-Aliassime, par exemple.

Image : TennisTV 

Avant la finale du tournoi de Marseille, l’incident le plus retentissant à ce niveau était survenu en quart de finale des Internationaux d’Australie, à Melbourne, et lors du duel opposant le vétéran (et éventuel champion) Rafael Nadal et Denis Shapovalov. 

Comme c’était le cas avant l’implantation du compte à rebours, et après, l’Espagnol, avec son interminable routine de service, excédait le temps alloué. Peu importe la règle des 25 secondes, protestait le Canadien, Nadal bénéficiait toujours d’un « traitement de faveur » de la part des arbitres qui craignaient d’influencer un résultat ou tout simplement de paraître trop impopulaires aux yeux des amateurs de tennis qui admiraient le Majorquain.  

Image : SportsMax 

Shapovalov est manifestement allé trop loin en utilisant l’épithète « corrompus » pour parler de sa frustration envers les arbitres de chaise. Mais il appert qu’il avait entièrement raison sur le fond. Après sa protestation sur le court, j’ai calculé à au-delà de 50 secondes, à un certain moment, le délai entre la fin d’un point et le service de Nadal. Et l’échange précédent n’avait pas été éreintant. 

Et il est là, le problème. D’un côté, on comprendra l’officiel de laisser un peu de temps aux athlètes pour reprendre leur souffle après un marathon de 25-30 coups. Mais cette latitude amène de la négligence ou même de l’injustice dans l’application d’un règlement qui doit être juste. Chaque match… chaque tournoi… et pour chaque individu. 

Le coup de la semaine 

C’est également à Andrey Rublev que revient le coup de la semaine, au tennis. Un coup défensif transformé en coup gagnant ! 

Après avoir retourné in extremis un puissant service de Félix Auger-Aliassime, lors de la finale de Marseille, le Russe a bloqué un smash percutant dirigé vers lui pour ensuite placer la balle dans le coin droit du court. Au grand dam du Canadien. 

De quoi se demander si, plus jeune, Rublev n’avait pas été gardien de but au hockey mineur moscovite… 

Ne vous demandez pas pourquoi ce gars-là gagne aussi des tournois en double. De tels réflexes ne peuvent qu’être indispensables dans de vifs échanges à quatre. 

Le coup de l’année 

C’est toutefois à Tommy Paul que revient le coup de l’année.  

Oui, nous ne sommes qu’en février, mais avouez que ce sera difficile de surpasser ce coup réflexe de l’Américain. 

Le tout est survenu en deuxième manche d’un match de deuxième tour opposant Paul à l’Ouzbek Denis Istomin. En avant 6-2, 2-0 (30-15), Paul se fait servir un smash imparable, derrière lui.  

Imparable ? En théorie, sauf si vous avez le réflexe d’envoyer la raquette derrière le dos… avec rien à perdre. Et c’est ce qui est arrivé.  

Paul pouvait revendiquer, à ce jour, le coup le plus spectaculaire de l’année 2022.  

Admirez : 


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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