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Comment font-elles ? Comment font-ils ?
Comment ces as du tennis peuvent-ils faire des échanges de plus de 20 coups ? J’ai toujours été fasciné par la force de concentration — et la condition physique — des joueuses et des joueurs capables de répéter le même mouvement, inlassablement, en plus de tenter de changer le rythme et de déstabiliser l’adversaire pendant 20, 30, 40 ou… 80 coups ?
Et même de plus de 600 coups ? Ou même plus de… 51 000 coups ?
Non, n’ajustez pas vos lunettes, vous avez bien lu. Ces nombres astronomiques de coups de raquette réalisés dans un même échange existent bien et je vous en apporte la preuve plus bas dans ce texte.
Voyons d’abord ce qui a déclenché cette réflexion.
Le 29 novembre dernier, au tournoi ITF Buenos Aires, deux joueuses ont disputé un match de près de cinq heures. Il s’agissait du cinquième match le plus long de l’histoire du tennis féminin.
Au terme d’une bataille de 4 h 50, la Péruvienne Anastasia Iamachkine (915e) a battu l’Argentine Justina Maria Gonzalez Daniele (1681e) en trois manches de 7-5, 6-7(6) et 7-6(5). Et ce malgré un total de 25 doubles fautes par la future gagnante (à gauche ci-dessus).
Jouer pendant près de cinq heures, dans un match au meilleur de trois manches, c’est long. Très long. On imagine la durée des échanges et des jeux qui s’étiraient souvent puisqu’il y a eu un total de 45 balles de bris (25 ont été concrétisées).
Curieusement, c’est quelques mois plus tôt, le 28 août, qu’avait été disputé le quatrième match le plus long, également sur terre battue, mais au tournoi ITF du Caire, en Égypte.
Fait particulier, c’est par une manche décisive de 6-1 que l’Égyptienne Sandra Samir a disposé de la Serbe Tijana Sretenovic après que les deux joueuses se soient échangées des manches de 7-6. Vous imaginez une troisième manche de 7-6 ?
Pour le record absolu de durée au tennis féminin, il faut remonter de près de 40 ans.
C’est en 1984 qu’a eu lieu la plus longue confrontation entre deux femmes. Il s’agit de Jean Hepner (172e) et de Vicki Nelson-Dunbar (93e) qui, au premier tour d’un tournoi à Richmond, en Virginie, se sont battues pendant près de sept heures.
La victoire était allée à Nelson-Dunbar en deux manches. Oui, deux manches ! Pas trois, DEUX. La marque : 6-4, 7-6(11).
Lors du jeu décisif de la deuxième manche, Hepner menait 11-10 lorsque les deux joueuses ont établi un autre record, soit celui du plus long échange de l’histoire, que Nelson-Dunbar a gagné avant de s’écrouler victime d’une crampe après 643 coups…
Oui, un échange de 643 coups, long de 29 minutes.
Après avoir égalé le pointage à 11-11, Nelson-Dunbar a remporté les deux points suivants et le jeu décisif d’une heure 47 minutes.
Durée du match : six heures et 31 minutes.
Un match qui n’a jamais été télévisé. Alors, comment a-t-on pu s’assurer que ce record puisse être rapporté ? C’est grâce à l’initiative d’un journaliste.
John Packett suivait l’affrontement pour le journal local The Richmond Times Dispatch. Ses propos ont été rapportés par le New York Times : « Les échanges étaient si longs que je me suis mis à compter les coups. Je me suis dit : “Qui sait jusqu’où ça pourrait aller ?” »
25 ans plus tard, en 2009, Nelson-Dunbar est revenue sur le match et, en entrevue à NPR, a dit croire que certains échanges auraient pu être encore plus longs que celui rapporté par Packett. « La plupart des points ont été très longs. Il se pourrait que certains échanges aient pu être encore plus longs… »
J’ai gardé le meilleur pour la fin.
Si vous trouvez incroyable cet échange de 643 coups, sachez que ce n’est rien. Car deux joueurs amateurs ont réalisé un échange 80 fois plus long ! C’était en 2017 et leur exploit leur a ouvert les pages du Guinness World Records (livre des records Guinness).
À Grosseto, en Italie, Simone Frediani et Daniele Pecci ont amorcé leur échange à 6 h 23 et l’ont terminé à 19 h. Ils ont frappé 51 283 coups, ce qui est de loin l’échange le plus long de l’histoire du tennis.
Pendant cette séquence de 12 heures et demie, les deux amis avaient même pensé à porter des sacs à dos remplis d’eau pour s’hydrater. Aucun détail n’a été rapporté, toutefois, quant à la façon dont ils ont évacué tout ce liquide.
Maintenant que j’ai étalé les chiffres officiels, je dois vous faire un aveu. La prestation de Frediani et de Pecci n’était tout de même pas marquée par une grande intensité. Cette courte vidéo de novembre 2017 nous prouve qu’ils avaient réduit au minimum le coefficient de difficulté de leur… exploit.
Camouflage de balle à la Ligue mondiale
Regardez bien la balle que sert Félix Auger-Aliassime. Car c’était la dernière fois que les téléspectateurs l’ont vu au cours de l’échange.
Avouez qu’un terrain jaune tirant sur l’orange, pour y jouer un sport avec des balles jaunes, ça ne semble pas l’idée du siècle.
C’est pourtant ce que les organisateurs de la nouvelle Ligue mondiale de tennis ont eu comme idée, histoire de créer le plus de « nouveautés » pour ce qu’ils ont défini comme le « Plus grand spectacle sur un court » (Greatest Show on Court).
Cette ligne de promotion peut fonctionner avec des profanes… mais encore.
On peut faire du tennis par équipe, toutes nommées en fonction des oiseaux de proie (Kites, Eagles, Falcons, Hawks) qu’affectionnent les Arabes, y incorporer du double mixte et utiliser un système de pointage particulier. Mais peut-on aller jusqu’à chercher la dernière couleur envisageable pour se différencier des autres tournois de la planète ?
Sous prétexte qu’il s’agit d’une démonstration où la majorité des participants (ou la totalité) viennent sur invitation, bien rémunérés, on les imagine mal se plaindre ou remettre en question les choix du comité organisateur.
Pour Auger-Aliassime, l’entre-saison aura été tout sauf banale.
À peine avait-il chassé les vapeurs du champagne de la Coupe Davis, qu’il était parti pour le Togo, en mission humanitaire. De l’Afrique, il a mis le cap sur le nord pour une escapade en Islande en compagnie de sa conjointe, Nina Ghaibi.
De là, retour vers le sud et les Émirats arabes unis, à Dubaï pour cette Ligue mondiale de tennis. Parenthèse des fêtes avec sa famille au Québec et ensuite, cap vers l’autre côté de la planète, l’Australie, où s’amorçait sa saison 2023 en cette première semaine de janvier.
Cela dit, ç’aura été pour Félix, Bianca et Eugenie, l’occasion de se rencontrer comme ici, lors de la journée initiale du 19 décembre.
C’est une Bianca, tout aussi jaune que le terrain (ou presque), qui est venue en compagnie de Rohan Bopanna, féliciter son compatriote après la victoire de 7-5 et 6-3 aux dépens de Nick Kyrgios.
Ou ici, de chaque côté du filet, alors que Bouchard faisait équipe avec Holger Rune, et Bianca avec Kyrgios.
En espérant que ce terrain couleur d’agrume aura permis aux nôtres de faire le plein de vitamine C en vue de la prochaine saison.
Séparés à la naissance (8)
Pour conclure, voici ma plus récente édition du segment « Séparés à la naissance » consacré à ces personnalités du tennis qui montrent une certaine ressemblance avec d’autres personnes connues, que ce soit au tennis ou ailleurs.
C’était en décembre, lors des matchs de la Coupe du monde de soccer. L’un des leaders de la France était Olivier Giroud. En le voyant filer sur le terrain — et marquer quatre buts — je ne pouvais m’empêcher d’y voir un de ses compatriotes, le tennisman Benoît Paire.
Ce que Paire avait de plus long, en bas, Giroud le portait plus long, en haut.
Deux athlètes d’élite, frères de drapeau.
Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard
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