Emma Raducanu hits a backhand

Photo : WTA

À Indian Wells, on attendait avec impatience l’entrée en scène des deux récentes finalistes des Internationaux des États-Unis.

Toutefois, Emma Raducanu, la championne, et Leylah Annie Fernandez, la prétendante, ont connu des sorts différents. La première se faisant montrer la sortie en moins d’une heure et demie et la seconde poursuivant son chemin vers les tours suivants.

Expérience ? Maturité ? Difficile à dire. Mais pour Raducanu, ce fut toute une déception. Face à la 100e joueuse mondiale, Aliaksandra Sasnovich, l’adolescente britannique a été remise à niveau. Et sèchement de surcroit. Une défaite de 6-2 et 6-4, en 1 h 26.

Je l’écrivais la semaine dernière, faisant allusion à Fernandez, après cette émergence stupéfiante, le « vrai travail » commence pour ces jeunes surdouées. Car les membres régulières du Top 50 de la WTA s’ajustent à ces nouvelles venues et elles entendent leur mener la vie dure. C’est ce qu’a constaté Emma.

Inversement, le premier match de Leylah à Indian Wells, s’est déroulé sans accroc et la logique a été respectée avec un gain de 6-2 et 6-3, en 1 h 21, face à la Française Alizé Cornet, 64e au classement.

Par la suite, contre la Russe Anastasia Pavlyuchenkova (13e), la Québécoise a encore fait une démonstration de sa résilience en comblant un déficit pour enlever la victoire 5-7, 6-3 et 6-4, au bout de 2 h 43. Ce faisant, Fernandez en était à sa cinquième victoire face à une joueuse du Top 20 depuis le 3 septembre dernier.

Stoppée au quatrième tour, Fernandez a fait face à une 44e joueuse mondiale, Shelby Rogers, qui jouait par moment comme une 4e mondiale, 6-2, 1-6, 7-6 (4). Après de mauvaises manches de part et d’autre, Fernandez n’a pas à rougir d’avoir perdu le set ultime, long de 1h.25m., au terme d’une âpre et spectaculaire bagarre.

Great sportsmanship from Fernandez after her loss to Shelby Rogers
Photo: BNP Paribas Open

Mais revenons à Raducanu. Après cette sortie expéditive de la nouvelle « darling » du tennis mondial, il n’a fallu que très peu de temps pour que les analystes pointent du doigt le changement d’entraîneur de l’adolescente anglaise.

Ou plutôt… LES changements d’entraîneurs.

C’est le respecté Nigel Sears (beau-père d’Andy Murray) qui a accompagné Emma au cours de sa poussée révélatrice à Wimbledon. Puis, au U.S. Open, elle était dirigée par Andrew Richardson qui avait aussi été son entraîneur au cours des années précédentes.

À Indian Wells, c’était Jeremy Bates, ancien numéro un de Grande-Bretagne à la fin des années 1980 et actuel entraîneur de la LTA (Lawn Tennis Association), qui lui donnait un coup de main. Une autre courte association puisque Bates est engagé pour la suite avec une autre Britannique, Katie Boulder.

Cela dit, deux jours avant son match initial dans le désert californien, la jeune joueuse semblait plutôt à l’aise avec cette situation, se risquant même à cette déclaration qu’on aurait cru entendre d’une athlète plus aguerrie, et rapportée par James Gray du site britannique Inews : « Ultimement, tu es seule sur le court et tu dois être ton propre entraîneur. Je suis donc à l’aise avec ça. »

Et rien ne presse, ajoutait Raducanu, mentionnant qu’elle et son équipe attendront de trouver la bonne personne pour développer une relation de confiance à long terme.

Mais après sa défaite, en conférence de presse, elle tenait un tout autre discours. « J’aimerais avoir quelqu’un près de moi, avec une grande expérience, dès maintenant. Alors si des entraîneurs expérimentés sont libres, vous savez où me trouver », a-t-elle dit avec un sourire ironique. « Alors je ne sais pas ce qui se passe. Je ne sais pas ce qui se passera ensuite. Je suis sûre que mon équipe et tout le monde essaieront et trouveront une solution. Je ne blaguais pas. Si quelqu’un connaît des entraîneurs expérimentés… »

Alors, qui sera le prochain ?

Le réputé Australien Darren Cahill, qui a longtemps été l’entraîneur de Simona Halep, idole de jeunesse de Raducanu ? Ou Patrick Mouratoglou, dont la principale protégée ne joue plus beaucoup et pourrait prendre sa retraite bientôt (oui, oui. Serena!) ? Ou Bates lui-même ?

Voici une liste publiée par Inews avec les cotes établies récemment par le site Betfair, quelques jours avant son match à I.W.

D’ici la fin de la saison, il lui reste quelques possibilités de tournois intérieurs à Moscou, ainsi que d’autres en Roumanie et en Autriche.

À moins qu’elle ne prenne un peu de recul pour s’entraîner et consolider cette fameuse association tant souhaitée avec une personne qui la dirigera.

Murray, à la cuillère

Cette fois, c’est Andy Murray qui a utilisé l’effet de surprise que permet le fameux service à la cuillère.

Au cours de son match de deuxième tour, à Indian Wells, face à l’Espagnol Carlos Alcaraz, l’Écossais a repoussé deux balles de bris à la deuxième manche avant de conclure le jeu par cette manœuvre qui a complètement mystifié son jeune opposant.

Et alors ? La réaction de la foule semblait être un mélange de surprise, de ravissement (on aime le bon vieux Andy) et même… d’un peu de mécontentement.

Car, le service « par en dessous » reste honni des puristes qui hurlent leur désapprobation chaque fois qu’on assiste à cette tactique.

Non, mais… quel est le problème ?

Ne disait-on pas, il y a longtemps, que l’amorti était un coup bas ? Et pourtant, il s’agit d’un coup d’attaque des plus utilisés et… admirés. C’est une frappe chirurgicale qui doit être parfaitement exécutée sinon elle se retourne habituellement contre son auteur. Trop longue, l’adversaire a une réplique facile. Trop courte, la balle aboutit dans le filet.

Alors, le service à la cuillère est de cette catégorie, selon moi.

C’est à Nick Kyrgios qu’on doit cette renaissance du geste controversé. Mais les Monica Nicolescu et Alexander Bublik en sont de fervents utilisateurs. Même Daniil Medvedev y a eu recours, en novembre 2020, en plein tournoi de fin de saison, face à Alexander Zverev.

Le site Tennishead recense ici plusieurs exemples et commentaires sur le sujet.

Si Rafael Nadal rejette la tactique avec dédain, Roger Federer lui donne sa bénédiction. Surtout, comme il dit, lorsque l’adversaire est presque dos au mur, 15 pieds derrière la ligne de fond. Même son de cloche du vénérable Ivan Lendl, qui l’a effectué avec succès, lors d’une finale sur terre battue à Forest Hills, contre Eddie Dibbs. C’était en 1982.
« Il était adossé à la clôture et je l’ai réussi », se souvient-il. « Quelle est la différence entre frapper un service suivi d’un amorti ou un service amorti, tout de suite ? Je ne vois pas de différence. Je crois que c’est une bonne stratégie. Vous les sortez de leur zone de confort. »

Sept ans plus tard, le même Lendl allait goûter à cette médecine en finale de Roland-Garros. Face à Michael Chang, il fut victime du plus célèbre service à la cuillère de l’histoire quand l’Américain de 17 ans, victime de crampes, a décidé de l’utiliser avec succès, en route vers son triomphe. Ce fut la seule fois de sa carrière qu’il l’effectua, d’ailleurs.

De retour à octobre 2021.

C’était la première fois que Murray affrontait un joueur né au 21e siècle. Le vétéran a décidé de servir une leçon au jeune homme avec ce coup venu du passé. Comme quoi, peu importe l’âge précoce de ces enfants prodiges, « on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace », dit la maxime.

Voici de quoi vous remémorer l’année non officielle du retour en force du service à la cuillère : 2019

Les puantes espadrilles d’Andy

Le 7 octobre, mon attention est attirée par cette confession d’Andy Murray sur les réseaux sociaux.

Sous le couvert d’une sérieuse et importante révélation, Sir Andy, aussi flegmatique qu’un bon Britannique doit être (Écossais ou pas…), commence à expliquer ce qui s’est passé la veille et pourquoi il a besoin d’aide.

Puis, on apprend qu’il faisait chaud la veille (39 degrés) et que ses espadrilles en avaient souffert. « Humides et… puantes », ajoute-t-il, expliquant que, privé de balcon, il ne peut se résoudre à les laisser dans sa chambre d’hôtel.

Et là, ne pouvant s’empêcher d’en rire un peu, il explique qu’il les a laissées sous le véhicule afin de les aérer. Avant d’avouer (on la « sentait » venir, cette révélation) qu’il s’était fait chiper lesdites espadrilles lorsqu’il est retourné à sa voiture le lendemain.

Forcément, on devine qu’il veut les récupérer parce qu’il n’en a peut-être pas d’autres, aussi confortable, etc., etc. Et que les chaussures d’un pro, c’est TRÈS important. Alors il s’est décidé à se rendre à une boutique pour acheter une paire de rechange, d’une autre marque, mais, comme il le dit : « Ce n’est quand même pas la fin du monde. »

Et après 74 secondes de ces explications détaillées, nous finissons par connaître le réel motif de cet appel à tous. Car, au moment de commencer son entraînement, son physiothérapeute lui demande où est sa bague puisqu’il ne la voit pas sur sa main.

« Oh non ! » se dit Murray qui comprend l’étendue du problème. Car, depuis son mariage en 2015, il a pris l’habitude de nouer le précieux objet dans ses lacets puisqu’il ne peut la garder lorsqu’il tient sa raquette. Et cette charmante habitude venait de se retourner contre lui.

« Oui, ma bague a été volée. Inutile de vous dire que je suis dans le trouble », dit-il, retenant un sourire gêné et demandant à tous de partager ce message pour avoir une chance de récupérer l’objet sacré.

Quant aux espadrilles… puantes, on devine que le voleur pouvait bien les garder.

Coup de théâtre, deux jours plus tard, Andy réapparaît avec le sourire puis on le voit sur un égoportrait où, grimaçant, il sent une paire d’espadrille qu’on devine… nauséabonde… mais où est également attachée la fameuse bague.

Ainsi, sans dévoiler de détails ni l’identification du malfaiteur, on devine que le voleur, attendri et désireux de ne pas créer une horrible scène de couple, a décidé de rendre le fruit de son larcin.

Et le psychodrame tennistique mondial de la semaine venait de prendre fin.

Deux ex-joueuses à la description

Deux championnes de double féminin se sont à nouveau retrouvées côte à côte, mais cette fois dans un studio de télévision pour décrire des matchs dans le cadre du tournoi d’Indian Wells.

Pam Shriver et Martina Navratilova, séparément, sont analystes depuis plusieurs années à la télévision américaine. Mais lorsqu’elles ont fait équipe pour Tennis Channel au cours de l’édition 2021, il s’agissait d’une première.

Pam Shriver and Martina Navratilova in the commentators booth
Photo Susan Mullane / Camerawork USA, Inc.

On imagine leur plaisir de travailler ensemble, elles qui ont brillé en double si souvent (et si longtemps) pendant leur carrière. Sur les courts, elles ont remporté 74 titres de double, et demeurent la seule équipe à avoir remporté chaque tournoi du Grand Chelem dans la même année calendaire. Si Shriver a accroché sa raquette en 1996, Martina a joué dix ans de plus avant de se retirer.

Voilà qui n’est pas sans me rappeler que le Québec a vécu une situation semblable lorsque deux ex-joueuses de la WTA, et qui ont continué leur carrière hors court à Tennis Canada, se sont également retrouvées aux commandes lors de retransmissions à la télé francophone.

Valérie Tétreault et Marie-Ève Pelletier ont décrit, ensemble, des matchs du Challenger de Granby pour la chaîne TVA Sports, en 2017.

Photo : TVA Sports

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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