• Reilly Opelka est le plus puissant et redoutable serveur de l’ATP. Il est 18e mondial. 
  • Cameron Norrie est un véritable mur en fond de terrain. Il est 11e mondial. 
  • Casper Ruud est aussi un métronome sur la ligne de fond et possède un coup droit foudroyant. Il est 9e mondial. 
  • Carlos Alcaraz a la puissance, l’intelligence, la créativité et la fougue qui lui ont permis de gravir les échelons à la vitesse de l’éclair. Il est 6e mondial (et se dirige tout droit vers le trône…) 
  • Novak Djokovic est le meilleur relanceur du circuit. Sa rapidité, son désir de vaincre, sa faculté d’adaptation aux différentes surfaces en font le joueur complet qu’il est. Il est numéro 1 mondial. 

Et, plus près de nous… 

  • Denis Shapovalov a un talent fou, un revers de feu, un sens du spectacle et une (belle) arrogance. Il est 15e mondial. 
  • Félix Auger-Aliassime est un exemple de calme et de contrôle de soi, métronome en fond de terrain, doublé d’un excellent serveur. Il est 9e mondial. 

Déjà de jeunes vétérans, ils suivent une courbe d’apprentissage qu’on voudrait plus rapide, mais ils font indiscutablement partie de l’élite et ils nous font passer de longs et de bons moments devant nos téléviseurs, nos tablettes ou nos téléphones à suivre leurs exploits contre les grands de cette discipline. 

En amorce de cette réflexion, j’ai cueilli quelques noms dans le Top 20, chacun ayant leurs talents particuliers et le rang qu’il occupe dans la hiérarchie planétaire du tennis masculin.  

Vous aurez compris qu’ils sont bons, mais pas nécessairement dans TOUS les aspects du jeu. Sauf, peut-être, celui qui se rapproche le plus du joueur parfait, l’actuel meneur au classement, Novak Djokovic. 

Mettons de côté ce qui lui a attiré les plus vives critiques depuis deux ans, force est d’admettre que le diable d’homme est fort. Très fort. 

En retard sur tous les autres pour les raisons que l’on connaît, le Serbe est en train de tous les rattraper au point de vue de la forme optimale. Et s’il règne sur le tennis depuis maintenant 27 mois, c’est parce qu’il réussit à aligner toutes les qualités de ce sport, avec régularité de surcroît. 

Ce que, jusqu’à nouvel ordre, aucun des prétendants à la couronne n’a réussi à faire. Qu’ils soient expérimentés, légendaires ou potentiellement talentueux. 

Je reviens à nos deux jeunes Canadiens.  

Ils ont commencé l’année sur les chapeaux de roue, avec la conquête de la Coupe ATP. Puis, des deux, Félix Auger-Aliassime a gardé le cap le plus solidement, même si sa séquence lors des importants tournois d’Indian Wells et de Miami a été ratée et que son début de saison sur terre battue n’a impressionné personne. 

Photo : Getty  

La semaine dernière, nous aurions adoré que la malédiction du vendredi 13 frappe leur adversaire respectif en quart de finale du tournoi de Rome, mais qu’à cela ne tienne, ils se sont inclinés avec honneur face à deux grosses pointures. Shapovalov, 7-6 (7) et 7-5 devant Ruud et Auger-Aliassime, 7-5 et 7-6 devant le Djokovic. Et, chaque fois, nous avons eu droit à un grand spectacle.  

Les nôtres ont démontré qu’ils pouvaient lutter d’égal à égal avec la crème du tennis. Malgré sa blessure persistante au pied, l’aura de Rafael Nadal a l’heur de décourager bien des adversaires et Shapovalov a réussi à le vaincre pour la deuxième fois de sa carrière… sur sa surface de prédilection, qui plus est. 

Photo : Getty 

Bien sûr, il y aura encore trop de fautes directes, de doubles fautes, de mauvaises décisions dans le jeu de nos compatriotes, mais on sent qu’au fil des mois, des années, la part de ces actions négatives diminue au profit des éléments positifs de leur jeu. 

Si Shapo est encore un peu irrégulier, il a réussi à calmer le feu qui bouille en lui à chaque frustration et ne hurle plus comme un damné lorsqu’il est contrarié. Malgré quelques écarts du genre, à Rome, on sent qu’il se contrôle et ça paraît dans sa manière de remonter la pente lorsqu’il fait face à l’adversité. 

Quant à Félix, sa constance en fond de terrain le sert toujours bien, mais il a commencé à intégrer les amortis plus souvent à partir du tournoi italien et sa patience dans les longs échanges est de plus en plus payante. Inutile de répéter qu’il est un des plus athlétiques et rapides membres de l’ATP et ces capacités physiques en font un joueur d’exception. 

Non, il n’est pas loin le moment où nos deux lascars pourront cocher la plupart des cases dans le grand bulletin qui détermine les meilleurs.  

Et qu’ils se côtoieront régulièrement dans le Top 10. Ou même le Top 5. 

Nole vise dans le MILLE 

Photo : Getty 

Novak Djokovic se souviendra de 2022 pour plusieurs raisons.  

Si son début d’année avait des allures de cauchemar, son retour sur terre restera marqué à jamais comme l’endroit où il a atteint le cap des 1000 victoires, ce qui n’était l’œuvre que de quatre autres surdoués avant lui. 

Cet exploit est survenu en demi-finale des Internationaux d’Italie, à Rome, dernière étape préparatoire au tournoi de Roland-Garros. Il l’a enregistré aux dépens de Casper Ruud, 6-4 et 6-3. 

Le lendemain, il a engrangé la 1001e en disposant de Stefanos Tsitsipas en finale, 6-0 et 7-6(5). Ce faisant, il a ajouté un autre fait d’armes à la longue liste qui orne sa carrière, car il est devenu le premier joueur de l’histoire à remporter six tournois différents du Circuit Masters 1000 sans perdre une seule manche. 

Après un seul match disputé sur la surface dure de Dubaï, Nole s’est mis en marche avec une progression digne de lui. En un mois, il n’a cessé d’améliorer ses bilans de tournois pour accumuler une fiche de 10 victoires et 3 défaites.

Source : CoreTennis.net 

Djokovic est donc le cinquième membre de ce groupe sélect des 1000 victoires, un quintette qui, vous le devinez, ne contient que de grands noms.

Infographie : ATP   

Joueur Fiche % de victoires 

1-Jimmy Connors 1274-283 81,8 

2-Roger Federer 1251-275 81,9 

3-Ivan Lendl 1068-242 81,5 

4-Rafael Nadal 1051-212 86,6 

5-Novak Djokovic 1001-203 83  

Du lot, il faut noter le pourcentage de victoires sur le total des matchs. Nadal domine, suivi de Djokovic et de… Federer.

Photo : Getty 

Dans ce Top 5, il y a trois joueurs actifs, ce qui est plutôt remarquable. Car ils ne risquent pas d’être rejoints ou délogés de sitôt. 

Quand on pense que le plus près du groupe s’appelle Andy Murray et qu’il n’en totalise (que) 701…  

En fait, de la jeune garde, c’est Alexander Zverev, 25 ans, qui présente le plus haut total (331) par rapport à son âge. Quant à Carlos Alcaraz, qu’on devine parti pour gagner souvent et pendant longtemps, il n’est plus qu’à 939 victoires du plateau des 1000.  

On s’en reparle dans quelques années… 

Tsonga : le chant du cygne

Image : TennisTV 

Il ne cesse de le répéter, les Internationaux de France seront son dernier tournoi en carrière. Car c’est à Roland-Garros que tout a commencé pour Jo-Wilfried Tsonga. 

Quant à l’avant-dernière sortie, elle s’est déroulée 465 km au sud de Paris, le 16 mai, alors qu’il s’est incliné au premier tour du tournoi sur terre battue de Lyon face au Slovaque Alex Molcan (6-4, 6-4). 

« Roland-Garros, si je dois faire le bilan, est l’histoire de ma vie. Car à 11-12 ans, j’y ai fait mes premiers stages nationaux, disputé les championnats de France jusqu’à 14-16 ans avant d’être interne là-bas. Je connaissais chaque recoin de l’ancien stade. Roland-Garros, je pourrais presque me le tatouer sur le corps », a-t-il mentionné aux médias de Lyon, quelques jours avant, lors du tirage de ce tournoi dont il est l’ambassadeur. « Et terminer aux Internationaux de France, c’est forcément un symbole. »

Image : TennisTV

Tsonga a été honoré après le match, en compagnie de sa conjointe Noura El Swekh, son fils Sugar, sa sœur Sasha, son frère Enzo ainsi que Thierry Ascione, directeur du tournoi, mais aussi son ami, entraîneur et partenaire d’affaires dans leur projet de l’Académie « All In » à Lyon, Paris et à Nice. 

À 22 ans, Jo-Wilfried Tsonga surprenait le monde du tennis en se rendant en finale des Internationaux d’Australie de 2008. C’est le plus près qu’il se sera approché du titre d’un tournoi du Grand Chelem. Il aura notamment atteint la demi-finale de SON tournoi, à Paris, en 2013 et en 2015.  

Grimpé jusqu’au 5e rang mondial en 2012, il revendique 18 titres de l’ATP et une Coupe Davis (2017). 

Souhaitons-lui bonne chance pour son baisser de rideau. Ce colosse sympathique nous manquera. 

Isnerman : drôle de couple

Photo : Getty 

Non, Isnerman n’a rien d’un autre superhéros du genre Batman, Superman et Aquaman, ou Spider Man et Iron Man.  

C’est toutefois le surnom d’une nouvelle et… improbable équipe de double qui est passée à un cheveu de remporter le tournoi de Rome, le 15 mai. Un duo dont l’un des athlètes dépasse l’autre de 38 centimètres. Ou de 1 pi. 3 po. pour ceux qui préfèrent le système impérial. 

John Isner et Diego Schwartzman ont décidé de faire équipe pour ce dernier tournoi sur terre battue avant la levée française du Grand Chelem. Et si la photo vous amuse, il appert qu’au tennis, rarement aura-t-on vérifié l’expression « les contraires s’attirent ».  

Et sont capables de réussir.  

Dans la ville Éternelle, les Croates Mate Pavic et Nikola Mektic, eux, ne s’amusaient pas tant que ça face à cette formation dépareillée. Loin de là.  

La meilleure paire mondiale de 2021 a été poussée dans ses derniers retranchements lors de la finale avant de l’emporter en trois manches de 6-2, 6-7 (6) et 12-10 en près de deux heures de jeu. 

Il faut rappeler que Pavic et Mektic sont respectivement classés 3e et 5e en double. Schwartzman et Isner, 125e et 20e.

Photo : Twitter 

Jusque-là, on ne les avait vus se côtoyer sur un terrain que lors des poignées de mains, avant ou après leurs affrontements en simple, ou encore lors d’entraînements où les deux se prêtaient toujours de bonne grâce aux demandes de photos. Des photos qui, inévitablement, faisaient sourire.

Photo : Twitter 

À Chicago, à l’automne 2018, ils n’avaient pas manqué de dérider l’assistance lors du gala de présentation des joueurs de la Coupe Laver.

Photo : Laver Cup 

Si l’Argentin n’avait disputé que six matchs de double en 2022 (dossier de 2-4) avant Rome, il pouvait compter sur un coéquipier qui est plus que respectable dans ce type d’épreuve, car l’Américain de 37 ans joue souvent. Et il gagne souvent ! 

Cette année, Isner a participé à sept épreuves de double. Il s’est rendu en demi-finale six fois sur six dans les tournois ordinaires (l’autre compétition était la Coupe ATP), a atteint la finale une fois (Rome) et a remporté deux titres, coup sur coup, chez lui aux États-Unis (Indian Wells et Miami). 

Et, comme si ce n’était pas suffisant, il s’est forgé cet impressionnant dossier de 23-5 avec différents partenaires. CINQ pour être exact.

Photo : ATP

Outre Schwartzman, il y a eu Taylor Fritz (Coupe ATP), Jack Sock (Dallas, Indian Wells), Hubert Hurkacz (Miami et Madrid) et Hans Hach Verdugo (Acapulco). 

On le dit depuis tellement longtemps. John Isner n’est pas qu’un « servebot » ou « robot serveur ». Il est un excellent joueur, complet. 

Pour ne pas dire… un grand joueur !


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici .

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