Denis Shapovalov hits a backhand at WImbledon

Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Ils n’étaient plus là depuis un bon bout de temps, pandémie oblige. Ni à Melbourne, ni à Flushing Meadows, mais ils y étaient à Roland-Garros et à Wimbledon.

Tout comme en fin de saison à Guadalajara et à Turin, dans le cadre des Finales de la WTA et de l’ATP.

Je parle des juges de ligne. Ces humains qui, depuis le début des tournois de tennis, doivent décider si la balle est en jeu, ou pas.

Mais cette pandémie, durant laquelle on a voulu épurer le terrain et les stades de tout porteur de virus en 2020 et pour une partie de 2021, a petit à petit été contrôlée et le tennis est lentement revenu à la normale. Pour la foule, c’est acquis. Mais pour les juges de ligne ?

Reviendront-ils un jour sur une base régulière ou bien ces systèmes électroniques ayant assuré l’intérim seront-ils utilisés de façon permanente, sonnant le glas d’un poste où l’employé était sujet à l’opprobre s’il faisait une erreur sur ces balles quasi impossibles à suivre pour l’œil humain ?

Novak Djokovic, numéro un mondial, n’a pas tergiversé longtemps et s’est dit en accord avec le remplacement des juges de ligne par le système automatisé.

« Je ne vois aucune raison justifiant la présence de juges de ligne si nous avons la technologie », déclarait Djokovic à ESPN, cette année. « Je suis pour la technologie. C’est inévitable pour l’avenir du tennis. »

Si nous voulions ajouter une touche d’ironie à cette déclaration, il serait facile de dire que l’absence de ces officiels aurait évité au Serbe sa disqualification en demi-finale des Internationaux des États-Unis de 2020, car la balle qu’il aurait frappée vers l’arrière du court, par dépit, n’aurait pas abouti sur la gorge de la juge de ligne.

Mais nous n’irons pas là. Bien sûr…

Plus sérieusement, et peu importe notre degré d’attachement aux traditions, il faut se faire à l’idée et se ranger du côté de cette opinion du Djoker, telle que relayée dans cet article de Stuart Miller, du New York Times et qui rejoint également le commentaire de Ross Hutchins, responsable du circuit, concernant le but ultime recherché. « Être le plus précis est la chose la plus importante. » Et c’est la technologie qui l’emporte.

À titre d’exemple, Hawk-Eye avance cette statistique percutante sur la fiabilité de son système. Aux Internationaux des États-Unis de 2020, la marge d’erreur du dispositif était de 3,6 millimètres. Sur un total de 225 000 décisions électroniques, ils n’ont relevé que 14 « fautes ».

Image : hawkeyeinnovations.com

Mais tous les aficionados de la raquette ne sont pas convaincus. À la mi-novembre, le collègue de Miller au New York Times, Christopher Clarey, a publié ce sondage éclair sur la question. Vous ne serez pas surpris par le résultat des 1 719 répondants.

Il y avait donc égalité entre la préférence pour un système automatisé et la présence de juges de ligne appuyés par le système automatisé.

C’est la troisième option, moins populaire, qui venait à la rescousse des humains : « Juges de ligne seulement ». Une option qui n’est viable que dans les tournois de moindres niveaux où les organisateurs n’ont pas les moyens de se doter du coûteux système.

Il faut aller lire les réactions à ce sondage éclair pour apprécier les différents et éloquents points de vue.

Comme cet intervenant qui ne croit pas que le dispositif Hawk-Eye livre un résultat fidèle à la situation puisque, dit-il, on ne voit pas une image réelle.

Il n’en fallait pas plus pour qu’un autre vienne à la défense du compétiteur de Hawk-Eye dans l’industrie, FoxTenn. Ce système joint à l’image électronique une vidéo en temps réel.

Un autre était clairement en faveur du système électronique rappelant à juste titre cette très mauvaise journée qu’avaient eue les juges de lignes lors du match opposant la Roumaine Sorana Cirstea à la Slovaque Dominika Sibulkova, à Stanford, en 2012. Cirstea, à bout de patience, avait aligné six récriminations. Toutes avec succès !

« Remplacer l’humain par l’électronique, sur un court de tennis, équivaut à remplacer les facteurs pour livrer messages et documents par le courrier électronique », a mentionné cet autre. Ça fait disparaître des emplois, ce qui est triste, mais c’est inéluctable.

Sans oublier que la plupart des arbitres de chaise furent un jour juges de ligne. Leur disparition pourrait-elle mettre en danger le développement de ces officiels haut perchés et indispensables au déroulement d’une rencontre de tennis ?

La comparaison juges/courriels, aussi drastique soit-elle peut faire sourire. Mais ce n’est pas demain la veille que les juges de ligne disparaîtront, simplement parce que ces systèmes automatisés sont hors de prix pour tous les tournois juniors, ceux de l’ITF ou encore la majorité (sinon la totalité) des Challengers.

Mais pour tous les tournois de la WTA et de l’ATP, y compris les Grands Chelems, ces personnes à l’œil vif n’en ont plus pour très longtemps. Car c’est « l’œil de faucon » qui l’emportera.

La France a son Félix

Un adolescent français est dans la mire des amateurs de tennis. Et il a réalisé un rare exploit, chez lui de surcroit.

Le 9 novembre dernier, Gabriel Debru a remporté un match face à l’Italien de 24 ans Andrea Pellegrino (220e), au premier tour du tournoi en salle de Roanne, en France.

Photo : rolandgarros.com

Il faut préciser que Gabriel n’a pas encore 16 ans. Et qu’il s’agissait d’un tournoi de niveau Challenger. Pas banale, cette victoire… à 15 ans et 10 mois !

Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Oui, bien sûr. Notre Félix Auger-Aliassime.

Félix avait même réussi l’exploit à un âge plus précoce.

La victoire du jeune homme de 6 pi. 3 po. (déjà) a fait les manchettes chez lui, notamment dans le prestigieux quotidien français L’Équipe.

Photo : Eurosport

La belle aventure de Debru s’est terminée au tour suivant, éliminé par son compatriote Hugo Grenier (184e), non sans qu’il ait accumulé ses premiers points ATP et s’être inscrit pour la première fois au classement, plus précisément au 957e échelon.

Revenons à Félix Auger-Aliassime.

Qui, lui, avait 14 ans et 11 mois quand, le 27 juillet 2015, il avait remporté un match du Challenger de Granby face à l’Australien Andrew Whittington, alors 493e mondial.

Et Félix ne s’était pas contenté de cette victoire. Il avait remis ça le lendemain en éliminant Darian King, de la Barbade, alors classé 205e, en deux manches de 7-5 et 6-3. Ce match avait donné lieu à un échange impressionnant de 43 coups (!!!), remporté par Félix, d’ailleurs, et dont j’ai retrouvé l’extrait sur cette page du site français « tennislegend.fr ».

Félix occupait alors la 1237e place mondiale. Il allait bondir au 749e échelon après ce tournoi. Et le reste, c’est de l’histoire.

Cette photo a été prise ce soir de juillet 2015, à Granby.

Young Felix AUger Aliassime jumps in the air in celebration
Photo : Sarah-Jäde Champagne

J’attire votre attention sur un détail de ce cliché.

Par un coup du sort, parfaitement inséré à l’intérieur du cadre de sa raquette, on y voit une partie du chiffre correspondant à la vélocité du service précédent, visiblement dans les environs de 140 km/hre. Or, en ne laissant paraître que le chiffre 14, la photographe Sara-Jäde Champagne venait d’immortaliser l’instant où, à 14 ans, Félix venait d’entrer dans l’histoire en devançant un autre prodige en son temps, Rafael Nadal.

Cette photo n’a cessé de me fasciner, depuis.

L’entraîneur omniprésent

Un des plus gros noms du tennis professionnel l’exigeait il y a quelques mois.

Voilà qu’un membre renommé des médias revient à la charge.

Va-t-on un jour instituer l’assistance sur le terrain (coaching) à temps complet, au tennis ? Oui, une présence constante de l’entraîneur, à chaque jeu… à chaque point, si possible.

C’était en juillet dernier. Le Grec Stefanos Tsitsipas avait exprimé cette idée sur son compte Twitter et j’avais évalué les tenants et les aboutissants d’une telle requête dans ce blogue.

En évaluant les pour et les contre d’une telle proposition — révolutionnaire dans ce sport traditionnel — j’en avais déduit que l’idée avait peu de chances d’être implantée par les circuits professionnels.

Photo : Andrew Eichenholz/ATP Tour

Pourtant, une autre personnalité du tennis vient d’effectuer un vibrant plaidoyer en faveur de l’idée. Et il l’a étayée de plusieurs données précises afin de mieux diffuser sa conception de la chose.

Il s’agit de Joel Drucker, qui a écrit pour des tas de publications au cours de sa carrière de plus de 35 années, tout en offrant ses commentaires à nombre de diffuseurs, dont Tennis Channel avec qui il collabore depuis une vingtaine d’années. Il a notamment écrit un livre intitulé « Jimmy Connors m’a sauvé la vie » en 2004.

Dans un article du 22 novembre, sur le site de Tennis Channel, le sujet a, comme prévu, engendré de multiples réactions par des personnalités comme Tracy Austin, Eugenie Bouchard, Andy Roddick et Lindsay Davenport. Vous pourrez les écouter ici :

Ultimement, Drucker parle des avantages et des désavantages liés au fait que l’athlète ne peut compter sur des conseils professionnels durant toute la durée de sa prestation, comme c’est le cas dans plusieurs sports individuels ou collectifs. Cela dit, ayant cimenté sa conviction, il croit qu’il faut regarder les choses en face et admettre que les entraîneurs prodiguent tout de même des conseils à leur joueur pendant les matchs, faisant fi des règlements.

Dans ce cas, aussi bien ouvrir la porte au coaching pendant les matchs, en tout temps.

Voici ce que Drucker a imaginé comme manuel de base pour actualiser cette idée :

  • Le joueur et l’entraîneur arriveraient sur le court ensemble.
  • L’entraîneur s’assiérait sur le banc, à côté du joueur, pour le match en entier.
  • À la fin de chaque manche, les téléspectateurs pourraient entendre la conversation entre le joueur et son entraîneur (un peu comme ça se passait à la WTA avant la pandémie, une fois par manche).
  • On permettrait les commentaires en provenance de l’entourage du joueur.
  • Il y aurait une seule pause-vestiaire par match disputé au meilleur de trois manches, avec une durée prédéterminée (5-7 minutes, selon la distance entre le court et le vestiaire). L’entraîneur pourrait accompagner le joueur.
  • Pendant toute la durée du tournoi (matchs, entraînements, repas), l’entraîneur porterait un chandail où seraient inscrits à l’arrière son nom et celui de son joueur. Pour que tous sachent qui ils sont.
  • Le circuit publierait les biographies de tous les entraîneurs de joueurs du Top 100, comprenant les faits saillants de sa carrière comme joueur (le cas échéant), quelques routines d’entraînement, les athlètes avec qui il a travaillé, etc., ce qui permettrait de mieux connaître l’entraîneur et ses idées.
  • Sur le site Web du circuit, on indiquerait la date exacte où le joueur a embauché son entraîneur, une information mise à jour dès le moindre changement.
  • Comme plusieurs tournois le font déjà, un horaire détaillé des séances d’entraînement serait fourni sur le site Web de chaque tournoi. Les noms des partenaires d’entraînement ainsi que quelques détails concernant ces derniers seraient fournis.
  • Les entraîneurs donneraient eux aussi des conférences de presse après chaque match. En guise d’expérience, le joueur et son entraîneur pourraient la donner ensemble.

Qu’en pensez-vous ?

Selon vous, il y a du bon ? On garde tout ? Ou vous ne voulez rien savoir de ces suggestions ?

J’attends vos réactions à l’une des deux adresses au bas de cette page.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

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