Broadcast camera in action

Photo : usine-digitale.fr

J’ai été ravi de recevoir vos commentaires à la suite de mon édition spéciale consacrée à la télédiffusion des matchs de tennis et de ce qui fait votre bonheur. Ou pas.

Après tout, n’oublions pas qu’au cours d’une année, un amateur de tennis verra très (très) peu de matchs en direct dans un stade, mais beaucoup (beaucoup) de matchs sur un des quatre écrans à sa disposition (téléphone, tablette, ordinateur, télévision).

Pour celles et ceux qui n’auraient pas vu passer ce sujet le 6 juillet dernier, c’est ici.

Service cuillère et propos de joueurs

Paula Aiken, de Vancouver, m’a fait parvenir une liste de ses impressions en neuf points, dont plusieurs rejoignaient les miennes, notamment concernant les angles des caméras au niveau du terrain ou un peu plus haut dans les estrades, par rapport à la caméra positionnée plus loin et très haut.

Un autre de ses points m’a immédiatement interpelé : 

« Je suis toujours surprise par le nombre de fois que le caméraman rate l’angle le plus important quand survient un service cuillère. La caméra nous montre le serveur en plan isolé et nous ne voyons pas la réaction du relanceur qui, ultimement, est le moment le plus intéressant du point. On comprend que ce type de service est surprenant, mais avec certains joueurs, c’est prévisible. »

Photo : Eurosport

Votre frustration est probablement ressentie par beaucoup de gens, Paula. Mais une correction et une précision s’imposent, ici. Ce n’est certes pas le caméraman, le responsable.

Disons d’abord qu’il y a des caméras qui sont braquées en permanence sur chacun des deux joueurs, en plus de la caméra captant l’ensemble du match, derrière le court, dans les gradins. Donc, l’action est disponible, tant pour le plan large englobant le terrain que pour chaque joueur en plan isolé. Ainsi, la faute n’est pas celle du caméraman, mais bien du réalisateur dans la cabine de production. C’est lui qui commande le plan de caméra que vous voyez. Une décision prise des centaines de fois à chaque match. On peut lui pardonner d’être resté trop longtemps sur le plan isolé du serveur, mais il n’a aucune excuse de ne pas avoir diffusé la reprise du plan large (tout le terrain) et même du receveur qui est également disponible. 

Photo : Tennis365

Bien sûr, avec des serveurs rapides comme Nick Kyrgios — un des principaux utilisateurs de services cuillères — le temps entre les points n’est pas suffisant pour diffuser une reprise au ralenti. Et c’est pourquoi on ne voit pas souvent ladite reprise. Toutefois, rien n’empêche de la préparer pour le retour de la pause. Même si cette reprise revenait plus tard dans le match, le public s’en délecterait.

Madame Aiken touche aussi un excellent point lorsqu’elle parle de sa frustration à ne pas entendre ce que les joueurs disent sur le terrain. Que ce soit lorsqu’ils ont ces monologues de motivation ou de frustration ou encore lorsqu’ils parlent à l’arbitre.

Photo : Tennis365

Comment ne pas espérer avoir un microphone, à longue portée, dirigé vers un personnage comme Kyrgios, un véritable verbomoteur dont la bouche se fait aller autant que la raquette. 

Mais poser la question, c’est y répondre. À moins d’instituer un système à retard de 7 à 10 secondes dans la retransmission d’un match, le diffuseur courrait le risque de laisser passer en ondes des tas de paroles peu recommandables pour des oreilles sensibles. 

Photo : AP

Lorsque le joueur est près de l’arbitre, on peut parfois entendre ses commentaires captés par les microphones disposés aux abords du terrain. C’est d’ailleurs ce qui nous a permis d’entendre les propos offensants de Daniil Medvedev lors des Internationaux d’Australie.

Les arbitres de chaise sont habitués à gérer la pression et ces superstars dont les nerfs sont tendus comme les cordages de leur raquette, mais personne n’aime se faire traiter de stupide comme Jaume Campistol l’a été par le joueur russe, ce jour-là. Ces propos n’ont pu être contrôlés par la production télé. On imagine donc que les producteurs préfèrent ne pas risquer inutilement de diffuser des paroles offensantes pour l’oreille des téléspectateurs.

Photos : AP
Photos : AP

En terminant, Paula déplore que de plus en plus de matchs soient restreints à la diffusion en « streaming ». 

« … parce qu’il n’y a aucun moyen d’enregistrer ces matchs sur mon appareil, à la maison, pour ensuite les visionner plus tard. Si TennisTV avait accès aux tournois du Grand Chelem, ça réglerait le problème. »

D’abord, réglons le cas de la télédiffusion des tournois majeurs. Ce sont des entités différentes des organisations de la WTA et de l’ATP. Et chaque tournoi gère ses droits de diffusion qu’ils vendent à prix d’or. C’est pour ça qu’il vous est possible d’enregistrer les matchs à la maison. Et c’est la raison pour laquelle ils ne sont pas présentés ailleurs, en « streaming ».

Quant à tous les autres tournois professionnels — des niveaux 250, 500 et 1000 — c’est justement avec TennisTV (ATP) et WTATV que les organisations ont des contrats. Qui plus est, la plupart des matchs en « streaming » sont disponibles en rattrapage, sur ces deux plateformes. Il suffit de fouiller dans le menu. 

Alors, Paula, ne boudez pas votre plaisir. Et si vous ratez un match, écoutez-le en différé sur l’une des deux plateformes. En dehors des matchs du Grand Chelem, bien sûr.

Commentateurs et position des caméras

Judy Farrow, de Hemmingford (sud du Québec), se définit comme une grande amatrice de tennis et était plutôt d’accord avec les points que j’ai présentés dans mon blogue du 6 juillet. Notamment sur le fait que la séquence de la poignée de main est un incontournable, tout comme l’entrevue d’après-match avec le gagnant ou la gagnante.

Comme plusieurs, Judy souhaiterait que certains commentateurs mettent la pédale douce au micro. En d’autres mots, elle trouve qu’ils parlent beaucoup trop. 

« Même si ce problème tend à diminuer, vous n’avez fait aucune remarque sur ces analystes installés dans les estrades et qui sentent qu’ils doivent nous faire une description en temps réel de ce que nous sommes déjà en train de regarder. Laissez les joueurs parler avec leur raquette et gardez vos commentaires pour un moment plus approprié. »

Ce commentaire fait écho auprès de tonnes de téléspectateurs qui n’en peuvent plus d’entendre les commentateurs faire entendre leur voix sans arrêt. Personnellement, je me le suis fait reprocher à plusieurs reprises lorsque j’étais descripteur de tennis, entre 2012 et 2020. Particulièrement pour les moments où se déroulent les échanges. Ce moment est sacré pour plusieurs d’entre vous et d’après ce que je comprends, on ne devrait jamais, JAMAIS, parler pendant le jeu. 

Et, contrairement à ce que je disais sur l’emplacement des caméras plus bas, derrière les joueurs, Judy n’est pas folle de cet angle de visionnement. Madame Farrow est consciente que la production tente de varier la qualité des images, mais elle dit ne pas bien voir l’adversaire au fond du court et, donc, n’est pas à l’aise avec cette prise de vue.

Image : Youtube

Quant aux innombrables séquences de réactions dans les gradins, Judy préférerait plus de spectateurs et moins d’incursions dans les loges de joueurs.

« On voit toujours les membres de l’entourage des joueurs, comme lors du match opposant Djokovic à Sinner, à Wimbledon. Combien de fois doivent-ils nous les montrer ? Ce ne sont pourtant pas eux qui se démènent sur le court. Aux Internationaux des États-Unis, on nous montre des gens dans les estrades, ce qui est plaisant pour les spectateurs. »

Bon point, Judy, et qui plaît probablement à plusieurs. Même si je trouve, personnellement, qu’on abuse de ces réactions de spectateurs. 

En fait, on retransmet sur les écrans géants ce qui est diffusé à la télé. Et comme tout le monde (ou presque) est excité de se voir ainsi en gros plan, il y a des réactions (même chez l’aristocratie du tennis et celle de… l’Angleterre). Oui, c’est amusant pour les gens dans le stade. Mais dans notre salon, ça devient très répétitif. 

Photo : Standard.co.uk

Trop de son d’ambiance

Quant à Anthea Booth, elle faisait remarquer une agaçante lacune relativement au son d’ambiance du diffuseur de Wimbledon.

« À ESPN, le volume du son d’ambiance est si élevé que lorsque la foule applaudit ou exulte, les propos des commentateurs se noient dans ce bruit. Ça me rend folle, car je n’entends pas les détails de leur analyse. »

Je n’ai pu publier toutes vos observations en raison de manque d’espace. Mais, en terminant, je vous remercie d’avoir ainsi réagi à ma requête. 

Même si la télédiffusion qui nous est offerte par une multitude de producteurs et d’entreprises est de plus en plus moderne, diversifiée et originale, on se rend compte qu’on peut toujours faire mieux.

Photo : usine-digitale.fr

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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