Stefanos Tsitsipas celebrates a win with his arms up in the air

Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Stefanos Tsitsipas veut avoir accès à son entraîneur.  

Tout le temps. À CHAQUE point ! 

Vous avez bien lu. Le jeune Grec vient d’ébranler les colonnes du temple. Et il a lancé une suggestion qui a tout pour susciter un beau débat.  

En publiant cette opinion sur son compte Twitter, le matin du 18 juillet, Tsitsipas déclare que les joueurs de tennis devraient pouvoir obtenir des conseils de leur entraîneur à chaque point si possible. 

Sa requête ne sera probablement pas acceptée de sitôt, mais elle mérite qu’on analyse les tenants et aboutissants d’un changement aussi drastique. 

Commençons par un fait. Lorsqu’il dit que le tennis est le seul sport où les athlètes n’ont droit à aucun « coaching », il a totalement raison. Et ici, on parle du tennis masculin, car chez les dames, depuis 2008, la WTA a donné aux joueuses l’accès à leur entraîneur, une fois par manche, ainsi qu’entre chaque manche. Mais pas en tournois du Grand Chelem.

Stefanos Tsitsipas talking to his father and coach Apostolos Tsitsipas
Photo : Peter Staples/ATP Tour

Cette précision étant faite, quels seraient les aspects positifs et négatifs d’une telle… « révolution » ? 

On peut d’abord se demander, sans crier à l’hérésie, pourquoi ce sport est bien le seul à ne pas permettre aux participants de recevoir des conseils. Même dans l’autre sport individuel majeur, le golf, l’athlète peut compter chaque minute sur des recommandations ou des observations du cadet qui, dans les faits, est un entraîneur (et un ami… et un psychologue). Sans oublier quatre autres sports individuels comme la boxe, où le pugiliste reçoit des avis pendant l’action et, surtout, entre les rounds, ou le ski alpin, entre chaque manche d’une épreuve…ou la course (automobile et cycliste) alors que les compétiteurs sont toujours connectés à leur équipe grâce aux ondes radio.

Oui, le tennis masculin est vraiment seul dans ce domaine.  

Un point pour Tsitsipas. 

Et, un mois avant que la pandémie ne vienne mettre le sport sur pause, en février 2020, le réputé entraîneur (et commentateur télé) Darren Cahill avait lui aussi appelé à un décloisonnement de son métier, souhaitant que les athlètes puissent recevoir des conseils en tout temps, depuis le siège que les entraîneurs occupent dans les gradins. 

D’ailleurs, cet aveu survenait au moment où la WTA commençait à expérimenter ce « coaching from the box », justement à Dubaï, en février 2020. La pandémie a suspendu cette expérience, comme tous les tournois d’ailleurs, dans les semaines qui ont suivi. 

Cahill ne demandait pas non plus de pouvoir faire des dissertations complètes, mais juste de pouvoir lancer une phrase ou deux, histoire de ramener sa joueuse dans le plan de match ou de tenter de freiner une mauvaise séquence.

Autre effet collatéral d’une interdiction pour les entraîneurs, c’est qu’ils tentent quand même de diffuser des messages à leurs protégés. Les directives interdites provenant des gradins sont monnaie courante. Le cas le plus célèbre restera celui de Patrick Mouratoglou, donnant ses conseils par signes à Serena Williams, lors de la finale 2018 des Internationaux des États-Unis. Les événements qui s’en suivirent ont marqué l’histoire. Mouratoglou s’était fait prendre pour un geste que lui et des dizaines d’autres de ses semblables avaient posé à des tas d’occasions. 

Avec des amendes pouvant aller jusqu’à 5 000 $, l’ATP tente de réguler une démarche que les superstars sont prêtes à transgresser si ça peut les aider à se tirer d’un match et empocher une bourse qui leur rapporterait 100 fois plus. 

Autre point pour Tsitsipas. 

Là où la suggestion du quatrième joueur mondial relève un peu de l’utopie, c’est dans sa requête pour un accès à l’entraîneur… à CHAQUE point. Vous imaginez un peu les problèmes potentiels dans le déroulement du match, alors que le tennis tente à tout prix d’en raccourcir la durée ?  

Bien sûr, il faudrait que cette communication s’effectue dans le cadre du décompte de 24 secondes, entre la fin de chaque point et le service subséquent. Lorsque le joueur est du côté où se trouve l’entraîneur. Et, comme il n’y a pas de compte à rebours entre le premier et deuxième service, on devine un peu la longueur des remarques que les entraîneurs pourraient prodiguer entre ces deux offrandes.

Un point de moins à Tsitsipas. 

Je pense également aux retransmissions à la télé. On demande aux commentateurs de la boucler pendant les échanges, soit. Il leur reste donc 24 secondes pour analyser l’action. Mais d’autre part, on poserait assurément des microphones aux entraîneurs (comme à la WTA), car c’est aussi le but du spectacle. Entendre ces professionnels conseiller leurs athlètes reste un grand plaisir pour l’amateur (et j’en suis). 

Cela dit, il serait difficile pour les producteurs de savoir quand privilégier l’intervention de l’entraîneur et, forcément, d’empêcher les commentateurs de parler pour ne pas nous en priver. 

Un autre point d’enlevé à Stefanos. 

Et, en terminant, qu’on soit puriste ou profane, avouons qu’il y a quelque chose de fascinant à limiter les joueurs à leur seule force de caractère et leur créativité tactique pour se sortir d’un match. L’aspect non tangible de la fragilité psychologique apporte un suspense et un drame certains au déroulement des confrontations. C’est cette solidité mentale qui permet, dans un sens ou dans l’autre, à un joueur d’effectuer une remontée inédite pendant que la concentration de son rival s’écroule comme un château de cartes. Amenant ainsi un résultat imprévisible et inattendu. 

Doit-on rappeler, JUSTEMENT, la dégringolade de Tsitsipas en finale de Roland-Garros, face à Novak Djokovic, qui a surmonté un déficit de deux manches à zéro pour l’emporter.

Novak Djokovic and Stefanos Tsitsipas stand side by side with the Roland Garros winner and runner-up trophies
Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Encore un point perdu par le jeune Grec. 

Si mon compte est bon, il tire de l’arrière 3-2, dans mon évaluation.  

Mais vous avez sûrement envie de commenter vous aussi ? Seriez-vous en faveur de la suggestion de Tsitsipas ? D’une partie ? Ou carrément contre ? 

N’hésitez pas à me contacter à l’une des deux adresses au bas de cette page. 

Une médaille pour Félix ? 

Félix Auger-Aliassime pourrait bien revenir de Tokyo avec une médaille olympique au cou.  

La première raison — et elle est tout à fait logique — c’est parce qu’il y participera. 

La deuxième raison — et elle découle inversement de la première — c’est parce que beaucoup n’y participeront pas (voir la liste, plus bas). Et comme les absents ont toujours tort, blessure ou pandémie obligent, c’est qu’il y a un peu plus de place pour respirer dans le tableau. 

Et cette place, elle est créée par l’absence de cinq membres du Top 10 et, au final, 10 du Top 20. Pas banal. 

Et le fait de gagner ou de terminer dans les trois premiers dans un tournoi quand il y a beaucoup de figures manquantes ne devrait jamais enlever de lustre à l’objet brillant qu’on pourrait rapporter, pendu à son cou. 

En 1992, le Suisse Marc Rosset, modeste 44e joueur mondial, avait triomphé aux Jeux de Barcelone alors que les six premières têtes de série étaient Jim Courier, Stefan Edberg, Pete Sampras, Goran Ivanisevic, Boris Becker et Michael Chang. Pas vraiment des « deux de pique »… 

En 2016, la Portoricaine Monica Puig, 34e à la WTA, avait remporté les Jeux de Rio alors que les six têtes d’affiche étaient Serena Williams, Angelique Kerber, Garbine Muguruza, Agnieszka Radwanska, Venus Williams et Roberta Vinci. Pas des touristes non plus…

Monica Puig stands with her Olympic Gold Medal during the Rio Olympics
Photo : @WTA

Et si je dis que c’est en l’absence de grands joueurs que notre jeune prodige peut se distinguer, n’y voyez pas là un manque de foi. Un fait demeure. Hormis ses progrès phénoménaux et ses huit finales ATP, du haut de ses 20 ans, Félix a encore plusieurs petites victoires personnelles à remporter pour gagner un tournoi avec ses anciens partenaires de la « Next Gen ». 

Pour se hisser sur le podium, Félix devra produire le même niveau qui lui a permis de briller dans ces trois tournois de 2021 sur herbe et qui lui a aussi permis de se hisser au 15e rang mondial.  

Car, malgré les absents de marque, ce ne sera pas simple. S’il n’a jamais affronté Novak Djokovic, le Serbe reste un adversaire terrifiant. Pour ce qui est des autres, Félix doit trouver le moyen de solutionner les problèmes qu’ils représentent.  

Contre Tsitsipas, son dossier est de 2-4, mais il a perdu les quatre dernières confrontations. Il n’a jamais battu les Medvedev (0-1) et Rublev (0-2). Sa fiche contre Zverev est de 1-3. En revanche, il a prouvé qu’il peut battre les Hurkacz (2-0), Schwartzman (1-1) et Carreno Busta (1-0) 

Si Félix revient du pays du soleil levant avec une médaille, ce sera une autre réalisation d’un athlète aussi sympathique que talentueux et précoce.  

Déjà que, contrairement à plusieurs autres athlètes, la compétition des J.O. semble l’attirer et le fasciner au plus haut point. Il s’agit en fait de la réalisation d’un rêve pour le Québécois, tel qu’il le confirmait au journaliste Frédéric D’aigle, de La Presse Canadienne, tout récemment

En terminant, revenons à cette liste tristement longue des joueuses de la WTA et des joueurs de l’ATP qui ont déclaré forfait en vue des Jeux. Certains, en raison de la COVID-19, d’autres, en raison de blessures connues ou… récentes. 

J’avais souligné ce fait, le 18 mai dernier, dans ce blogue.  

Les semaines suivantes, dont les deux dernières, ont conforté mon assertion. 

Voici une liste, non exhaustive, des membres du Top 20 et d’autres noms connus ayant décidé de faire l’impasse sur les Jeux de la 32e olympiade (les classements sont entre parenthèses). 

ATP 

  • R.Nadal (3)
  • D. Thiem (6)
  • M. Berrettini (8)
  • R. Federer(9)
  • D. Shapovalov (10)
  • C. Ruud (14)
  • R.Bautista Agut (16)
  • Alex De Minaur (17)
  • C. Garin (19)
  • D. Goffin (20)
  • M. Raonic (22)
  • D. Evans (27)
  • S. Wawrinka (29)
  • N. Kyrgios (56)
  • R. Gasquet (59)
  • V. Pospisil (60) 

WTA  

  • B. Andreescu (5)
  • S. Halep (10)
  • V. Azarenka (14)
  • S. Williams (16)
  • A. Kerber (22)
  • Cori Gauff (25)
  • Madison Keys (26)
  • J. Konta (38) 

Les neuf originales  

Si vous ne suivez que très peu l’histoire du tennis, vous aurez peut-être été exposés à ce chapitre particulier de la création du circuit féminin de la WTA, par le biais d’un film populaire qui a été présenté en 2017, « La bataille des sexes ». 

On y relatait un duel sportif qui avait fait du bruit, en 1973, quand la meilleure joueuse mondiale, Billie Jean King (29 ans), avait relevé le défi lancé par un vétéran du nom de Bobby Riggs (55 ans). Oui, je devine que vous vous en souvenez. 

Ce qu’on y voit également, parmi les éléments secondaires du scénario, c’est ce mouvement lancé par neuf joueuses et une promotrice pour s’affranchir de l’hégémonie masculine dans l’organisation de la structure de leur sport. C’était trois ans plus tôt, en 1970, qu’avait été créé le circuit « Virginia Slims » devenu ensuite la WTA actuelle. 

Ces neuf femmes étaient donc à l’origine du tennis féminin tel que l’on connaît ainsi que de l’explosion de bourses remises lors des tournois. D’où leur surnom de « Neuf d’origine » si on en fait une traduction littérale, mais que j’aime modifier en : « Neuf originales ». 

Car, en plus d’être à « l’origine » de la démarche, il fallait qu’elles soient « originales », ces femmes, pour avoir le courage, le culot, la détermination et la résilience de s’attaquer à l’establishment patriarcal du tennis mondial de l’époque. 

C’était donc un beau moment, le 17 juillet dernier à Newport au Rhode Island, lorsque le Temple de la renommée du tennis a accueilli les neuf pionnières.  

The WTA's Original 9 in recent years
Photo : Tennis Hall of Fame 

Billie Jean King, certes la plus célèbre, a livré un discours émouvant, cédant ensuite la parole, en direct ou par vidéoconférence, aux Américaines Rosie Casals, Nancy Richey, Valerie Ziegenfuss et Julie Heldman ainsi qu’aux Australiennes Kelly Melville Reid et Judy Tegart Dalton. 

Deux autres joueuses américaines complétaient le groupe des neuf, Peaches Bartkowicz et Kristy Pigeon, mais elles n’étaient pas présentes à la cérémonie. 

Julie Heldman est la fille de feue Gladys Heldman, promotrice infatigable et fondatrice du « World Tennis Magazine » qui avait amorcé ce mouvement avec les courageuses athlètes. Elles avaient versé chacune la somme emblématique d’un dollar pour démarrer l’organisation. 

Montage of the WTA's Original 9 in 1973 and in recent years
Photos : WTA / Tennis Hall of Fame

Un résumé de leur aventure est publié sur le site du Temple.

Vous pourrez consulter le profil de ces joueuses, à cette époque, ici sur le site de la U.S.T.A. 

Puis, pour leurs discours d’intronisation, le site tennis.com en a fait ce montage d’une quinzaine de minutes.

Fascinant ! 

Appelez-moi Monfils ! Elina Monfils. 

Il y en a encore qui ne jurent que par les traditions. Au tennis et ailleurs. 

Quelle ne fut pas la surprise, en 2021, de voir une jeune femme de 25 ans changer son nom de famille pour celui de l’homme qu’elle vient d’épouser ! 

Eh bien, c’est la surprise qu’ont eue, le 17 juillet, les amateurs de tennis en ouvrant les comptes de médias sociaux de Svitol… oups, pardon, de madame Monfils. 

Tsitsipas perd la tête 

Et pour conclure une édition amorcée avec Stefanos Tsitsipas, pourquoi pas une vidéo assez surprenante du Grec alors qu’il a perdu la tête.  

La tête de sa raquette, bien sûr !  

Un incident assez rare, avouons-le… 

Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

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