Richard Gasquet s’est incliné dès le premier tour pour sa 20e participation à Roland Garros. /Photo prise le 30 mai 2023/REUTERS/Clodagh Kilcoyne

Les chiffres sont destructeurs. Le constat est sans appel.

Les Français ont fait patate… chez eux.

Lorsque Arthur Rinderknech s’est incliné en quatre manches devant Taylor Fritz, le soir du 1er juin, le dernier Français venait d’être éliminé du grand tournoi parisien, deuxième levée du Grand Chelem. Hommes ou femmes, il n’y en avait plus. Sur les 55 au départ des qualifications. Aucun(e) n’a accédé au troisième tour.

Vous avez bien lu. Personne. Zip. Nada !

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Comprenons-nous bien. Chaque pays organisant un ou des tournois de tennis professionnel voudra que ses athlètes aillent le plus loin possible. Le programme national tente de développer ses athlètes, organise des tournois de moindre niveau pour leur donner une compétition digne de ce nom, offre des invitations aux siens pour qu’ils aient une chance supplémentaire d’avancer.

Et, ultimement, de donner des émotions à leurs compatriotes dans les gradins ou devant leurs écrans.

Photo : nbc.ca

C’est partout comme ça, y compris chez nous, au Canada, quand nous accueillerons le monde pour l’Omnium Banque Nationale à Montréal et à Toronto, en août prochain. Imaginez lorsque vous êtes un des rares pays à organiser un Grand Chelem, comme la France. Et que vous ayez eu plus de cinq douzaines d’inscrits !

Chez les dames, il y avait 10 Françaises dans le tableau principal alors que 13 autres ont participé aux qualifications, pour un total de 23 joueuses.

Photo : Cryslène Caillaud/Panoramic

Chez les hommes, il y avait 18 Français à la ligne de départ. Ajoutons 14 autres compatriotes qui ont été stoppés dans aux qualifications, pour un total de 32 joueurs.

Ainsi, sur ces 55 représentants du pays, personne n’est parvenu à franchir le deuxième tour. Et ce malgré le fait que 32 d’entre eux font partie du Top 200 de leur circuit respectif (13 à la WTA et 19 à l’ATP).

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Ce n’est que la deuxième fois depuis 1968 qu’une telle catastrophe survient pour le tennis masculin français. L’autre, encore trop récente, est survenue en 2021. Aussi bien dire hier.

Le directeur technique national de la Fédération Française de Tennis (FFT) et ancien 17e mondial, Nicolas Escudé, a évoqué la responsabilité des joueurs. Mais l’ancien président de la FFT, Bernard Giudicelli, a tapé plus fort en parlant d’une véritable mascarade.

Photo : Fabrice H/Le Dauphiné Libéré

« Vous avez failli dans votre mission. Vous n’avez pas réussi à continuer sur une dynamique qui était de former une élite », a déclaré Giudicelli sans détour au média français Tennis Actu dans une entrevue qu’on peut entendre ici.

On peut s’attendre à une levée de boucliers par bien des entraîneurs et des athlètes après de tels propos. En effet, ils sont particulièrement insultants pour les joueuses et les joueurs qui, assurément, ont tout fait pour réussir.

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Devant ce constat, il n’en fallait pas plus pour que les médias sociaux deviennent un déversoir de sarcasmes à l’endroit du tennis français. Le compte Twitter @TennisLegende y est allé d’un clin d’œil aussi subtil que destructeur en montrant quatre Français qui, eux, accèderont au troisième tour. Le hic… ils seront assis sur une chaise haute.

Si la blague n’est pas nouvelle, selon quelques internautes, elle illustre parfaitement l’état d’esprit actuel des amateurs locaux.

Non, 2023 n’est pas une bonne année, pour reprendre le langage d’une industrie dont les Français sont fiers, la viticulture.

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La dernière timide embellie remonte à 2020, quand Fiona Ferro avait atteint les quarts de finale féminins et Hugo Gaston, lui, les huitièmes de finale du tableau masculin.

Pour un titre sur l’ocre parisienne, c’était en 1983 pour Yannick Noah, un souvenir dont on célèbre le 40e anniversaire cette année et dont il était abondamment question dans mon blogue de la semaine dernière.

Chez les dames, c’était le trophée de Mary Pierce en 2000, il y a 23 ans.

Photo : Jack Guez/AFP

Et encore. Avec tout mon respect pour nos cousins, rappelons que Pierce n’avait de « français » que la nationalité de sa maman puisqu’elle était née à Montréal, puis avait grandi aux États-Unis avant de toucher à sa première raquette à l’âge de 10 ans… en Floride. Elle ne parlait pas français avant l’âge de 13 ans.

Son cas ressemble un peu à ceux de Naomi Osaka et de Maria Sharapova. Même si ces dernières sont respectivement nées au Japon et en Russie, leur vie tennistique s’est déroulée aux États-Unis bien avant qu’elles ne deviennent des adolescentes.

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Revenons à cette « annus horribilis », expression latine signifiant une année horrible (vous l’aviez deviné…) à la Porte d’Auteuil.

La frustration engendrée par une telle série d’insuccès explique facilement le comportement des Français assistant au match du dernier survivant de la nation, le 1er juin, alors qu’il affrontait le meilleur joueur américain, Taylor Fritz.

Photo : Anne-Christine Poujoulat/AFP

Arthur Rinderknech, modeste 82e mondial, portait les derniers espoirs de sa nation et venait de remporter la première manche face au Californien classé 8e à l’ATP. Et, contre toute attente, le fils du pays a enlevé la première manche 6-2, gonflant ainsi les espoirs des siens, avant de perdre les trois manches suivantes 6-4, 6-3, 6-4.

Vous devinez que ses compatriotes étaient déçus. Une déception transformée en haine, puis en harcèlement, lorsque le vilain Américain leur a dit de se la boucler lorsqu’il se préparait à servir. Et qu’il en a rajouté par la suite.

Photo : N. Luttiau/L’Équipe

Vous le devinez, l’offensive des spectateurs s’est joliment poursuivie lors de l’entrevue d’après-match, alors que l’intervieweuse française et titrée en Grand Chelem, Marion Bartoli, a péniblement tenté d’amorcer la discussion.

Peut-on blâmer la foule pour ce manque de flegme ? Ou doit-on blâmer le joueur pour tourner le fer dans la plaie française ?

La réponse : un peu des deux, selon moi.

Entretemps, on ne peut qu’espérer que le public puisse se trouver une autre catharsis que celle de huer les rivaux de leurs protégés. Dans une nation aussi friande de tennis, elle mérite mieux.

Quand tennis et gastronomie se rencontrent

Montage : Canal Plus

Et puisqu’il est question du tennis français, je vous repasse ce court montage de la chaîne locale Canal Plus, inséré dans ce blogue il y a un an.

Toujours amusantes à revoir que ces insertions visuelles de pains baguettes, fromages et bouteilles de vin, autant de symboles de la gastronomie française au quotidien.

Le retour est proche

C’est par une image toute simple que Milos Raonic a confirmé lui-même à son public qu’il effectuait son grand retour à la compétition.

Photo : Instagram/stghltc.tennis

Cette surface gazonnée est celle du Club St George’s Hill, situé en banlieue sud-ouest de la capitale, là où il s’entraîne afin de retrouver le plus rapidement possible ses sensations sur un tapis naturel ultra rapide. Mais où il a connu son plus grand succès en Grand Chelem, soit une présence en finale au tournoi de 2016.

Ici, il est photographié à l’issue d’un entraînement avec Patrick Brady, un membre de ce club.

Comme mentionné le 17 mai dans ce blogue, il est sur la liste des inscriptions du tournoi de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas*, grâce à un classement protégé (33e rang). Il y croisera notamment son jeune compatriote Félix Auger-Aliassime. 

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La semaine suivante, Raonic devrait prendre part à son deuxième tournoi préparatoire avant Wimbledon, soit les Championnats Cinch, dans le superbe Queen’s Club londonien*.  

Quant à Félix (et Denis Shapovalov), ils fouleront plutôt l’herbe de Halle, en Allemagne. 

*Remarque : Raonic n’a pas confirmé sa participation à l’un ou l’autre de ces tournois auprès de Tennis Canada.  

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Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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