Photo : Babolat

La destruction de raquettes par des athlètes en colère, ce n’est pas nouveau. 

Mais il y en a de plus en plus. Trop ! 

Il n’en fallait pas plus pour que cette manie s’invite à la tradition du poisson d’avril. Et, au début du mois, la compagnie Babolat a relevé le défi en publiant ce clin d’œil. 

Lors d’une mise en scène organisée au début de mars et visiblement à Indian Wells, en Californie, deux bouillants joueurs notoires, Benoît Paire et Fabio Fognini, se sont prêtés au jeu pour cette « innovation » visant à préserver l’outil de travail des acteurs du tennis professionnel. 

Photo : Babolat 

Leur sourire en disait long et visait à désamorcer la préoccupation suscitée par ces gestes, somme toute condamnables. L’a-t-on trop banalisé ? Je ne crois pas. Mais il faudra que les autorités du tennis professionnel amorcent une sérieuse réflexion quant à ces agissements d’un goût douteux et totalement évitables. 

Car il faut bien en parler.  

Dans tous les sports où ces êtres talentueux sont soumis à une énorme pression, mentale et physique, les sursauts de colère et les gestes qui en découlent se voient partout.  

Des hockeyeurs brisant leurs bâtons sur la bande ou sur la tige du filet, aux footballeurs lançant violemment leur casque sur le banc au retour d’un jeu raté ou d’un revirement coûteux, en passant par ces joueurs de baseball qui brisent leur bâton sur un genou, à moins qu’ils ne détruisent la moitié du matériel dans l’abri des joueurs. 

Sans excuser le moindre de ces gestes, tous sports confondus, il y a d’abord l’aspect du mauvais exemple lancé vers ces légions d’enfants et d’adolescents qui ont pris ces athlètes comme modèles de vie et de réussite. Ceci est d’ailleurs le principal élément des dégâts causés à l’image de l’athlète et du sport. 

Mais il y a, directement après, l’aspect des dommages collatéraux. 

Depuis l’incident qui a entraîné la disqualification de Novak Djokovic aux Internationaux des États-Unis de 2020, les cas de débordements avaient été plutôt restreints. 

Mais depuis quelque temps, ils se multiplient.  

Nick Kyrgios a lancé sa raquette au loin, quelques secondes après la poignée de main à Rafael Nadal qui venait de l’éliminer à Indian Wells. La caméra isolée nous montre ce chasseur de balle qui aurait pu être blessé par ce projectile au trajet imprévisible. 

Puis, au tournoi suivant, Jenson Brooksby commet le même genre de geste dont l’issue aurait également pu être plus sérieuse. 

Voilà qui a immédiatement suggéré à l’ancien joueur Andy Roddick, bouillant lui aussi à son époque, de faire une démonstration personnelle de la bonne technique quand vient le temps d’évacuer la pression. 

Ultimement, c’est l’explosion d’Alexander Zverev à Acapulco, le 23 février dernier, qui s’avère la plus sérieuse. Non pas qu’il faille dédramatiser les risques des gestes des deux premiers, mais Zverev a non seulement détruit sa raquette sur la chaise de l’arbitre, mais il a failli atteindre l’officiel à la jambe. Qui plus est, cette forme d’intimidation envers le représentant de l’ordre et du règlement est particulièrement inquiétante. 

En plus de sa disqualification du tournoi, et donc de la perte de ses revenus de 30 000 $, l’ATP lui a imposé une amende de 40 000 $ et une probation d’un an.   

Ils sont nombreux les joueurs qui tentent d’intimider l’arbitre de chaise ou d’avoir le dernier mot quant au motif de leur insatisfaction. Et comme ils sont les vedettes de la compétition, ils connaissent leur pouvoir et l’utilisent de manière appuyée. Souvent trop appuyée. 

Dans les heures qui ont suivi ce geste, le tournoi a disqualifié Zverev et il a été mis à l’amende. Certains avancent qu’il aurait dû être suspendu pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois afin qu’il apprenne la leçon. 

Même chose pour Kyrgios, mis à l’amende pour 25 000 $ pour son geste à Indian Wells et pour 35 000 $ supplémentaires en raison de son comportement agressif à l’endroit de l’arbitre Carlos Bernardes lors de sa défaite aux mains de Jannik Sinner. 

Bon. Des amendes pécuniaires qui représentent presque de la petite monnaie, ce ne sera jamais une grande punition, peu importe la discipline concernée. 

Les suspensions restent l’outil de dissuasion le plus efficace. Car les joueurs perdent des revenus et de précieux points au classement. Avec toutes les conséquences que cela entraîne, à commencer par une perte de visibilité pour leurs précieux commanditaires. 

Les dirigeants du tennis mondial doivent faire quelque chose.  

Avant qu’une blessure grave ne survienne. 

L’ATP réagit 

Au lendemain de la rédaction de ce blogue, l’ATP rendait publique une première réaction significative quant à cette situation et entendait y remédier par une action concrète. 

« Les trois premiers mois de la saison ont été marqués par une fréquence inhabituelle d’incidents majeurs de conduite anti-sportive, ce qui inclut des épisodes d’abus verbaux et de bris de raquettes. déclarait le grand patron de l’ATP, Andrea Gaudenzi, dans une déclaration publiée par Reuters. « Nous avons vu trop de ces gestes dangereux, alors que des officiels ou des chasseurs de balles étaient des cibles potentielles et auraient pu être blessés par ce comportement agressif et irrespectueux. Ces incidents jettent une ombre sur notre sport. »  

Photo : Getty 

Dans une note envoyée à tous les membres, M. Gaudenzi, lui-même un ancien joueur, a indiqué que l’organisme allait serrer la vis aux plus dissipés d’entre-eux. 

« À l’aube de la saison sur terre battue, le département d’arbitrage de l’ATP a reçu des directives claires pour resserrer ses critères quant aux éventuelles violations de son code de conduite.  Qui plus est, nous effectuons une révision de ce code, tout comme les mesures disciplinaires afin de nous assurer que les pénalités décernées pour ses violations ainsi que pour les gestes de récidivistes soient appropriées et reflètent la réalité d’aujourd’hui. » 

Et le Président de conclure : 

Ces agissements affectent tout le monde et envoient le mauvais message à nos amateurs, particulièrement les plus jeunes d’entre eux. » 

IGA 

Photo : WTA

Rien ne semble pouvoir arrêter la tornade polonaise qui balaie le tennis féminin depuis le début de l’année. On la savait talentueuse, cette athlète de 20 ans nommée Iga Swiatek, mais elle semble avoir maintenant acquis cette confiance qui en fera une joueuse dominante pour les prochaines années. 

Swiatek a été couronnée championne du tournoi de Miami sans être inquiétée une seule fois. Elle a traversé la compétition en coup de vent, remportant ses 12 manches. Et plutôt facilement, puisqu’une seule des 12 manches a nécessité des jeux supplémentaires (7-5). Il y a également eu trois 6-0 au passage. 

L’orgueil de Varsovie vient de joindre son nom à un groupe sélect ayant remporté le fameux « Sunshine Double », comprenant les deux importants tournois américains consécutifs du printemps, soient ceux d’Indian Wells et de Miami, où une championne aura à accumuler six victoires pour soulever le trophée. Avant elle, seules Victoria Azarenka (2016), Kim Clijsters (2005) et Steffi Graf (1994/1996) avaient réussi l’exploit. 

Depuis lundi, Iga est officiellement la numéro un mondiale, une couronne laissée vacante par l’Australienne Ashleigh Barty qui a mis fin à sa carrière, une semaine auparavant. Mais si Barty avait décidé de continuer à jouer, ce n’était peut-être qu’une question de mois avant que Swiatek ne la coiffe.  

— Son début de saison phénoménal la place parmi les meneuses dans l’histoire de la WTA avec un dossier de 26 gains et 3 revers depuis le début de janvier 2022. 

Photo : AP 

– Elle caracole sur des séquences de trois titres et 17 victoires entre le 22 février et le 2 avril (37 jours). 

– Depuis qu’elle a joint la WTA, elle a gagné près de 8 matchs sur 10 (172-49 / 78 %). 

La saison de terre battue qui commence devrait aider Iga Swiatek à bonifier cette fiche déjà reluisante. Après tout, n’a-t-elle pas remporté son seul titre du Grand Chelem sur l’ocre de Roland-Garros (2020) ? 

Changement de balle 

Photo : @HerwayMagazine 

Ça a pris moins de temps que je croyais. 

Il y a une semaine, dans un segment sur Ashleigh Barty, je mentionnais que bien des gens lui prêtaient des intentions de se mettre résolument au golf et de tenter de remporter des succès dans cette nouvelle discipline. 

Après tout, n’avait-elle pas la « touche magique » (« Midas touch ») qui, selon sa signification mythologique, permet à une personne de réussir tout ce qu’elle entreprend ? 

Bon. C’est déjà fait. 

Barty vient de remporter son premier tournoi de golf, 10 jours après avoir ébranlé le monde par l’annonce de sa retraite.  

L’événement, disputé au club de Bookwater en banlieue d’Ipswich (ville natale de Barty), se disputait sur neuf trous. La nouvelle retraitée, qui présente une marge d’erreur de 4, a tout de même rapporté une carte de 34, devançant de deux coups sa plus proche rivale. 

Photo : Golf Australia 

Photographiée ici avec Louis Dobbelaar, champion amateur d’Australie, Barty a empoché une bourse de… 30 $, ce qui n’est manifestement pas à la hauteur des gains au tennis auxquels elle a volontairement renoncé. Mais nous savons, vous et moi, que ce n’est pas l’objectif premier de Barty. 

« J’aime le sport. Je suis une maniaque de sport comme des tas d’Australiens. Je suis attirée par ça », avait mentionné Barty lors de l’annonce de sa retraite. « J’ai toujours été une athlète qui voulait essayer différentes choses. On verra où ça me mènera. » 

VAMOS, CARLOOOOOS !!! 

Photo : ATP Tour

Une étoile est née. 

Oui, c’est un cliché, mais c’est la première expression qui m’est venue. 

On le pressentait… on le prévoyait… on s’y préparait. Mais là, vraiment, c’est confirmé. Et pour un bon bout de temps. Carlos vient d’atteindre (déjà) ce statut. 

Même s’ils ont la même nationalité et que leur éclosion est survenue à 18 ans, Carlos Alcaraz n’est pas le prochain Rafael Nadal. Il est tout simplement le premier Carlos Alcaraz.

Photo : Tennis World

Cet adolescent monte, inexorablement. Déjà talentueux, il cimente le tout dans une confiance digne d’un vétéran. Rapide, puissant, créatif, il est tout à la fois dans un mélange explosif. 

« The Full Package », dit-on en anglais. 

Pour illustrer cette solidité mentale, mentionnons que depuis le début de cette jeune carrière, il affiche un dossier de 44 victoires et 2 défaites lorsqu’il gagne la première manche (16-0 en 2022) 

En l’emportant face à Casper Ruud, il est devenu le plus jeune champion de l’histoire du tournoi de Miami. Et il a réussi là où tous ses prédécesseurs espagnols ont échoué, y compris Nadal, cinq fois. 

Même s’il a aspergé la compétition de points spectaculaires — tout comme lors de ses autres matchs depuis le début de l’année — j’ai retenu cette séquence survenue au début de son quart de finale contre Stefanos Tsitsipas. 

Très poli et respectueux, de surcroit. Dans les compliments d’usage à son rival, il a ajouté : « Et, le plus important, tu es un bon gars. C’est important d’être un bon gars et tu l’es. »  

Image : TennisTV 

Comment ne pas le trouver sympathique ? 

Nous n’avons pas fini de nous ébahir devant la fougue, le talent et le charisme du jeune prodige. 

Comme en 2005, avec un certain… Nadal. 

Séparés à la naissance (2)

Ce segment, inséré à la fin de mon blogue de la semaine dernière, a semblé vous amuser et j’ai reçu quelques suggestions par courriel.  

Comme promis, s’il m’était possible de trouver les bonnes photos justifiant vos propositions, je les publie. Et la première m’est venue de Pat Rodricks, un Montréalais d’origine qui nous lit maintenant depuis le Mexique, sa nouvelle patrie. 

Selon lui, l’ex-joueur Andy Roddick et l’acteur Sean William Scott sont des jumeaux qui s’ignorent. Mais plus maintenant… car Pat avait vu juste. Incidemment, il appert que son nom de famille et celui du tennisman devenu commentateur sont quasi identiques. Coïncidence, probablement. 

M. Rodricks n’en avait pas terminé. Il a ajouté une autre sélection plutôt intéressante. 

Selon lui, notre légendaire vedette canadienne, Daniel Nestor, ressemblait à l’acteur Jon Cryer, longtemps associé à la série « Two and a Half Men ». En faisant mes recherches, j’ai trouvé que Cryer, « avec cheveux », aurait effectivement pu être le jumeau de notre célèbre joueur gaucher. 

N’hésitez pas à m’écrire si d’autres similitudes du genre vous sautent aux yeux. 


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

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