Rafa wins in Toronto - 2018

Photo: Peter Power

La victoire du golfeur Phil Mickelson dans un tournoi majeur (Championnat de la PGA), à 50 ans, a non seulement enflammé les amateurs de ce sport, mais elle a aussi lancé un tourbillon de commentaires et de comparaisons sur Twitter.

Toute comparaison étant boiteuse, surtout entre le tennis et le golf sur le plan individuel ainsi que celle entre les sports individuels et les sports collectifs, il est toujours intéressant de voir ces êtres phénoménaux réaliser de grandes performances à un âge où d’autres ont pris leur retraite depuis un bout de temps.

Ainsi, quel « vieux » sera le plus vieux à décrocher un titre majeur au tennis ?

Ça tombe bien… puisqu’ils sont nombreux, en ce début de décennie, à résister à l’usure du temps et à flirter avec le sommet de la hiérarchie.

Ils se nomment Roger Federer, Serena Williams, Rafael Nadal et Novak Djokovic.

Si les deux premiers sont à l’aube de la quarantaine (maintenant un âge plutôt avancé pour ce sport) et peinent à accumuler les succès depuis quelques années, les deux autres sont encore capables de maîtriser ces jeunes rapaces qui tentent de les évincer du grand nid pour de bon.

À la veille de Roland-Garros, Rafael Nadal se pointe en grand favori. Il célèbrera son 35e anniversaire de naissance dans la première semaine du tournoi et, s’il l’emporte, pourrait devenir le joueur le plus âgé à conquérir les grands honneurs de cette épreuve du Grand Chelem. Le détenteur du record sur l’ocre parisienne est un autre Espagnol, Andres Gimeno, qui avait 34 ans en 1972 lors de son seul triomphe en tournoi majeur (Nadal en a déjà 13 derrière la cravate !!!).

Et c’est un double record que le Taureau de Manacor pourrait épingler à ses cornes puisque s’il soulève la Coupe des Mousquetaires le 13 juin prochain, il devancera son ami Federer avec la marque absolue de 21 titres du Grand Chelem chez les hommes.

En parcourant la liste des athlètes les plus âgés à avoir triomphé dans les tournois majeurs, on se rend compte que l’année 1972 a été prolifique et que le continent australien semble se comparer à la mythique Fontaine de jouvence pour les vieux manieurs de raquettes.

Âge                             Pays               Année

Ken Rosewall          37 ans, 2 mois          Australie        1972

Roger Federer         36 ans, 5 mois          Australie        2018

Serena Williams      35 ans, 4 mois          Australie        2017

Andres Gimeno      34 ans, 10 mois        France           1972

Rafael Nadal            34 ans, 3 mois          France           2020

Novak Djokovic      33 ans 8 mois           Australie        2021

Flavia Penetta         33 ans, 7 mois          États-Unis     2015

En parcourant ce tableau, on note que Roger Federer et Serena Williams pourraient prendre la tête de ce classement en 2021. Le Suisse aura 40 ans le 8 août, l’Américaine le rejoindra le 26 septembre. Mais, dans leur cas, on conçoit que leurs chances diminuent pour toutes sortes de raisons. Outre l’âge, c’est le manque de compétition qui leur nuit le plus. Et je ne vous parle pas de la qualité des jeunes adversaires qu’ils rencontrent maintenant sur leur passage.

Ensuite, il y a les Nadal et Djokovic qui cogneront à la porte de M. Ken Rosewall, d’ici quelques années.

S’ils tiennent le coup.

Mais, n’avons-nous pas un long sifflement d’admiration pour eux, de toute façon, compte tenu de leur longévité et de leur interminable tableau de chasse ?


Les Mousquetaires du tennis

Le tournoi de Roland-Garros, deuxième levée du Grand Chelem, prend donc son envol à compter du dimanche 30 mai et il devrait y avoir des spectateurs dans les estrades. Lorsque ces amateurs pénètreront dans le périmètre du complexe de Roland-Garros, à Paris, impossible de rater LES statues.

Dans la fameuse « place des Mousquetaires », site de rassemblement des fans et lieu de visionnement des matchs sur écran géant, ces quatre colosses de bronze sont disposés également autour de la place et, vous l’auriez deviné, servent de toile de fond ou même de partenaires immobiles aux photos des amateurs.

Pourquoi ce surnom et qui étaient ces mousquetaires ?

Les mouvements de ces joueurs, armés de raquettes, évoquaient l’esprit conquérant des chevaliers de l’époque ainsi que leur maniement de l’épée. Et, surtout, comme dans le roman de l’auteur français Alexandre Dumas, ils étaient trois, initialement. C’est alors que D’Artagnan est venu à la rescousse du trio au point d’en devenir le plus célèbre.

Mais, contrairement à l’œuvre, le quatrième mousquetaire du tennis français (Jacques Brugnon) n’était pas un héros. Il était même le moins connu, tout en ayant eu une réelle importance quant aux succès du quatuor à la Coupe Davis.

Ce sont tout de même les trois premiers, René Lacoste, Henri Cochet et Jean Borotra qui ont écumé les tournois majeurs, dont bien sûr, les Internationaux de France sur une période de 12 années (1922-1933). Ensemble, seulement à Paris, ils ont accumulé 15 présences en finale, se séparant 10 titres. Et si on accumule les finales des quatre levées du Grand Chelem, nos trois lascars s’y sont rendus 32 fois, rien de moins…

Les « 3 Mousquetaires » : Finales en Grand Chelem (simple)

Finales           Victoires         Défaites

René Lacoste                         12                       6                    6

Henri Cochet                          10                       6                    4

Jean Borotrat                         10                       7                    3

Photo: Roland-Garros – ©Ciaccia-Sport Vision

René Lacoste était certes le plus connu des quatre mousquetaires. Son nom et l’emblème de sa marque continuent d’ailleurs d’orner les vêtements de tennis des amateurs comme des professionnels. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que son surnom était, selon les différentes sources, « le Crocodile » ou « l’Alligator ». 

Mais pourquoi ce surnom, au juste ? Lors de la Coupe Davis de 1926, Lacoste a parié avec son capitaine d’alors, Pierre Gillou, qu’il gagnerait le match décisif de la compétition. Et l’objet de la gageure était… une valise en peau de crocodile !

Il y a toutefois une autre explication à ce surnom. Moins fréquemment mentionnée, elle m’a été confirmée par l’ex-tennisman français et ancien responsable de l’élite à Tennis Canada, Louis Borfiga. « En France, quand un gars était tenace et retournait systématiquement toutes les balles, on disait de lui que c’était un véritable crocodile. Et René Lacoste, eh bien, c’était ça ! », de me raconter avec son éternel sourire bon enfant cet ancien membre de l’équipe de France de la Coupe Davis.

Henri Cochet était un précurseur par son style novateur. On lui avait d’ailleurs donné le surnom de « Magicien ».

Jean Borotra, surnommé « le Basque bondissant », a découvert le tennis à 21 ans après avoir pratiqué la pelote basque (un sport intérieur ressemblant un peu au squash, mais… disons… pas mal plus compliqué). Cinq ans plus tard, Borotra remportait le tournoi de Wimbledon !

Et le dernier, Jacques Brugnon, surnommé Toto, est le moins connu des quatre puisqu’il excellait surtout en double. Il a donc tout de même été un maillon important de cette chaîne française victorieuse à la Coupe Davis.

Pendant neuf ans (1925-1933), Brugnon et ses trois acolytes ont participé à la finale de la Coupe Davis sans interruption. Ils ont accumulé six victoires, toutes consécutivement de 1927 à 1932.

Comme je l’écrivais plus haut, le plus célèbre des quatre étant René Lacoste, vous apprécierez ce reportage en l’honneur du « Crocodile » sur le site Web du tournoi.

Vous pourrez compléter votre visite du site et admirer les autres points forts de Roland-Garros dans ce court reportage en anglais.

Vous y apprendrez entre autres que l’homme en l’honneur de qui le stade est nommé, Roland-Garros, n’était pas un joueur de tennis, mais plutôt un aviateur, héros français de la Première Guerre mondiale.


Prodigieuse COCO

Coco Gauff wins Emilia-Romagna Open
Photo: Emilia-Romagna Open – Martha Magni Images

L’adolescente américaine Corie Gauff continue son inexorable progression vers les sommets du tennis professionnel féminin.

À 17 ans, « Coco » reste en phase avec sa courbe de croissance, personnelle et tennistique. Elle vient de porter sa fiche de 2021 à 23 victoires contre 9 défaites. Les cinq dernières victoires, consécutives, ont été enregistrées sur la terre battue de Parme, dans le nord de l’Italie.

Non satisfaite de remporter le deuxième titre de la WTA de sa carrière, elle a ajouté celui du double, à Parme, en compagnie de sa compatriote Caty McNally. C’était la première fois en 17 ans qu’une joueuse raflait les titres du simple et du double d’un tournoi de la WTA. La dernière était Maria Sharapova, en 2004, à Eastbourne.

C’est en sortant victorieuse de son match contre Ashleigh Barty (par abandon) le 14 mai dernier, que Coco Gauff s’est assurée de passer dans le Top 30 de la WTA, trois jours plus tard.

Prodigieuse, Coco Gauff l’est, certainement. Mais dans l’histoire, elles sont quand même 30 à l’avoir devancée dans cette statistique, comme l’indique ce tableau publié à la mi-mai par le site TennisMyLife (TML).

Gauff était d’ailleurs nommée dans un segment intitulé « À la recherche de l’enfant prodige » dans l’édition du 20 avril dernier de mon blogue. Il y était question de ces enfants prodiges qui ont marqué le tennis des 35 dernières années.

Comparativement aux Jennifer Capriati, Martina Hingis et autres surdouées, ce n’est pas à 14 ans que Gauff a intégré le Top 30, mais trois ans plus tard. Mais, on le sait, ce phénomène ne se reproduira probablement plus jamais. Gauff, dans le tennis d’aujourd’hui, est une spectaculaire exception.

Ce titre à Parme lui permet donc d’occuper le 25e rang de la WTA depuis le 24 mai. Et ça lui permettra de faire partie des têtes de série d’un tournoi du Grand Chelem pour la première fois de sa carrière. Gauff sera la plus jeune fille à faire partie du groupe depuis Nicole Vaidisova, justement à Roland-Garros, en 2006.

Malgré l’excellente liste des participantes inscrites à Roland-Garros, peut-être devrions-nous considérer cette « ado-que-personne-n’intimide » comme une sérieuse prétendante au titre sur la terre battue parisienne dans trois semaines.

Et, mauvaise nouvelle pour ses adversaires… Gauff a fait la paix avec cette surface qui, comme c’est le cas avec bien d’autres athlètes, n’est pas la plus facile à apprivoiser.

« La terre battue vous donne juste un peu plus d’amour que les autres surfaces. Quand je reviens à l’hôtel et que je prends une douche, il y a de cette substance qui s’évacue de différentes parties de mon corps. Même plusieurs semaines après, il y a de la poussière rouge dans mes vêtements. C’est la seule chose qui m’agace. Mais, de toute évidence, je réussis bien sur cette surface. »

N’est-ce pas ce qui compte ?


« Je ne peux contrôler Dieu ! »

Photo by Ron Turenne/NBAE via Getty Images

Pendant que sa cadette Serena tente difficilement de retrouver un peu de sa superbe en vue cette 24e conquête d’un titre du Grand Chelem, Venus Williams, elle, a glissé lentement hors du Top 100 de la WTA.

L’aînée des célèbres frangines, 102e mondiale, vient de subir une quatrième défaite consécutive. En 2021, elle n’a pas réussi à franchir le deuxième tour d’un tournoi, ayant perdu cinq des sept matchs qu’elle a disputés.

À Parme, en Italie, sa récente défaite est survenue face à la Slovaque Anna-Karolina Schmiedlova (125e). Après avoir remporté la première manche 7-5, l’Américaine de 40 ans est vite tombée en déficit 0-3 et s’est fait servir un avertissement par l’arbitre, car le vent la retardait au service.

C’est alors qu’elle s’est dirigée vers la chaise de l’officiel pour lui servir une tirade digne de l’attitude princière des Williams.

« Je ne peux contrôler Dieu. Je dis simplement que le vent souffle et qu’il n’y a rien que je puisse y faire. Je ne peux contrôler Dieu. Parlez-lui ! », de conclure Venus avant de retourner vers la ligne de fond en se dandinant d’une gênante façon.

L’arbitre n’a pas parlé à Dieu, Venus n’a pas résolu son problème et une heure plus tard, elle était éliminée d’une autre compétition. Schmiedlova a prévalu 5-7, 6-2 et 6-2.


Des Canadiens aux éliminatoires de la NCAA

Après une année marquée de succès chez les Wildcats de l’Université du Kentucky, les Canadiens Liam Draxl et Gabriel Diallo ont entamé en force les éliminatoires du tennis universitaire américain (NCAA).

Liam Draxl – Photo: Grace Bradley | UK Athletics
Gabriel Diallo – Photo: UK Athletics

L’Ontarien Draxl, 1ère tête de série de ce tournoi éliminatoire, et le Québécois Diallo, 14e favori, ont remporté leurs deux premiers matchs pour accéder aux huitièmes de finale.

Notons également le succès enregistré par un autre représentant de la feuille d’érable, Alexis Galarneau des Tar Heels de North Carolina State, qui a imité ses compatriotes en accédant lui aussi au troisième tour.

Alexis Galarneau – Photo: Sarah-Jäde Champagne
Vanessa Hong loses in the NCAA Championship
Vanessa Hong – Photo: UW Athletics

Lors des matchs de huitièmes de finale mardi, puis de quarts de finale mercredi, Liam Draxl a tenu bon et disposé de ses adversaires pour accéder au carré d’as. Malheureusement, Diallo et Galarneau ont subi le sort de l’élimination dans la ronde des 16.

Chez les dames, la seule Canadienne en lice, Vanessa Wong des Huskies de l’Université de Washington, a été éliminée au premier tour.

Pour en savoir plus long sur nos espoirs canadiens évoluant au sein de la NCAA, et particulièrement ceux des Wildcats, reportez-vous à ce segment du 4 mai dernier sur ce blogue.


Vous pouvez me joindre ici :

Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard

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