bianca elegante forehand

Photo : Martin Sidorjak

Ce fut un match avec tellement de rebondissements qu’il est presque impossible de le décrire – mais à la fin, Tamara Zidanšek a eu raison de Bianca Andreescu (6e) en trois heures et 20 minutes en des comptes de 6-7(1), 7-6(2) et 9-7 au premier tour de Roland-Garros.

La Slovène de 23 ans mérite pleinement sa victoire, mais le résultat aurait très bien pu être différent. Andreescu menait 3-0 à la manche initiale et il semblait que son aura de championne d’un Grand Chelem se manifestait et qu’elle allait tout simplement démolir la 85e mondiale.

Mais en un clin d’œil, la marque était de 3-3, puis Zidanšek avait une balle de manche à 5-4. Andreescu l’a effacé et a finalement dominé sa rivale 7-1 au jeu décisif. L’ordre des choses semblait alors rétabli.

Zidanšek s’est ressaisie au deuxième acte et Andreescu a connu une baisse de régime, permettant à la Slovène de prendre les devants 4-2. La Canadienne a ramené les pendules à l’heure à 4-4, puis les joueuses ont conservé leur service avant de s’échanger des bris à 5-5. Contrairement à la première manche, Andreescu a mal amorcé le jeu décisif, commettant trois fautes directes pour laisser Zidanšek l’emporter 7-2.

Photo : Martin Sidorjak

Bien que le match ait commencé deux heures et sept minutes plus tôt, il ne faisait en fait que commencer.

À la troisième manche, Zidanšek menait 2-1 et 0-40 sur le service d’Andreescu, mais la septième mondiale a tenu bon. Les joueuses sont restées nez à nez jusqu’à 4-4 lorsque la situation s’est corsée. Andreescu a brisé Zidanšek pour prendre les devants 5-4 et a servi pour le match, mais a été brisée à son tour – elle a raté trois coups droits après être passée à deux points de la victoire à 30-15.

À 6-5, Zidanšek a eu une balle de match à 30-40 sur le service d’Andreescu, mais la championne des Internationaux des États-Unis de 2019 n’a pas eu froid aux yeux. Elle a réagi en frappant tous ses coups à pleine puissance pour finalement produire un superbe coup droit gagnant en croisé.

Andreescu a conservé son service pour prolonger la manche – il n’y a pas de jeu décisif à la troisième manche dans ce Grand Chelem. À 7-7, la Slovène a éprouvé des difficultés au service, mais a joué avec agressivité pour effacer deux balles de bris.

Au dernier jeu, Zidanšek a fait preuve d’un courage impressionnant en remportant deux points sur un coup droit en décroisé et une volée liftée, tandis qu’Andreescu commettait une faute directe du revers et envoyait un coup droit dans le filet sur l’ultime balle de match.

Ce match a mis en évidence un cliché du tennis : il arrive que l’on perde les pédales pendant un match, mais ce n’est pas toujours fatal. Un joueur peut rapidement se calmer et recommencer à bien jouer.

Dans ce cas-ci, cela peut s’appliquer à Zidanšek, car malgré la puissance des coups d’Andreescu, elle ne s’est jamais découragée. Quant à Andreescu, sa performance et le résultat final s’expliquent en grande partie par son manque de compétition adéquate ces dernières semaines – seulement deux matchs contre des joueuses classées au-delà du 250e rang mondial la semaine dernière à Strasbourg. Elle a eu des moments de génie, mais ce n’était pas suffisant contre une adversaire aussi tenace. Contre une Andreescu mieux préparée, Zidanšek n’aurait peut-être pas fait le poids. Mais que dire des smashs et des volées de la Slovène ? Ils étaient impeccables.

Le match s’est déroulé par une belle journée ensoleillée de 24 degrés devant suffisamment de spectateurs parisiens connaisseurs – principalement favorable à Andreescu – sur le Court 14 pour créer une ambiance animée.

Ce fut une défaite difficile pour Andreescu. Une fois de plus, elle a montré son esprit de combativité, mais il lui manquait un petit quelque chose pour franchir la ligne d’arrivée contre une rivale qui sentait sa vulnérabilité et qui s’est empressée de l’exploiter.

« Je ne sentais pas que je jouais du très bon tennis aujourd’hui », a commenté Andreescu. « Mais en même temps, (Zidanšek) a vraiment, vraiment bien joué. Elle m’a beaucoup déstabilisée avec ses coups lourds et brossés et sa grande variété. »

Photo : Martin Sidorjak

Il n’est peut-être pas très pertinent de parler de statistiques dans un match si serré et si dépendant des émotions du moment, mais Andreescu a terminé avec 40 coups gagnants et 63 fautes directes comparativement à Zidanšek qui était à 41/46.

« Je me sentais bien physiquement », mentionnait Andreescu. « À un certain moment, j’ai commencé à être un peu fatiguée, mais je pense que cela était surtout mental, car je n’avais pas l’impression de pouvoir contrôler mes émotions aussi bien que d’habitude. »

« Je ne sais pas si c’est parce que je n’ai pas beaucoup disputé de matchs sur la terre battue. Et comme j’ai très bien joué à Strasbourg, je suis un peu surprise. Mais, oui, j’ai fait de mon mieux, mais Tamara a tout simplement vraiment bien joué. Au moins, je suis en bonne santé et j’ai pu me battre aussi fort que je le pouvais. »

L’ironie du sort a voulu que le match de lundi se déroule sur le Court 14, celui-là même sur lequel Andreescu avait remporté un match sur deux jours (5-7, 6-4, 6-4) contre la Tchèque Marie Bouzková, il y a deux ans, avant qu’un problème à l’épaule ne l’oblige à déclarer forfait pour le deuxième tour. Ce match avait été très serré, tout comme celui de lundi contre Zidanšek.

Photo : Martin Sidorjak

« Je pense que je m’étais super bien préparée pour ce tournoi », ajoutait Andreescu. « C’est pourquoi je suis si déçue. Je pensais vraiment pouvoir me rendre loin. J’essaie de ne pas avoir beaucoup d’attentes, mais c’est naturel d’en avoir. »

Elle n’était pas sûre de ses plans immédiats, mais elle est inscrite à des tournois sur gazon à Berlin puis à Eastbourne à compter de la semaine du 13 juin.

Pour l’instant, elle devra se réconcilier avec le résultat de lundi avant de célébrer son 21e anniversaire de naissance le 16 juin.  

« Le tennis me passionne. Je veux continuer à accomplir de grandes choses et à être une source d’inspiration. Je veux montrer un bon exemple pendant ces moments difficiles. C’est nul pour moi en ce moment, mais je dois apprendre de cela parce que c’est la vie. On apprend de ses erreurs. J’en ai commis quelques-unes aujourd’hui, mais ça fait partie de la vie. »

« Je veux garder la tête haute, ressentir ce que je ressens en ce moment. Je vais peut-être pleurer ce soir, mais demain est un nouveau jour. »

Photo : Martin Sidorjak

Félix Auger-Aliassime, 20e tête de série, espère mettre fin à une série noire à Roland-Garros lorsqu’il amorcera son parcours mardi contre l’Italien Andreas Seppi, 98e mondial.

Auger-Aliassime a raté le tournoi en 2019 en raison d’une blessure à l’aine subie lors de la finale de l’Open de Lyon, juste avant Roland-Garros. L’an dernier, il est tombé dès le premier tour contre Yoshihito Nishioka, 52e.

Cette année, il se présente à la porte d’Auteuil avec une modeste fiche de quatre victoires et cinq défaites sur la terre battue européenne.  

À 37 ans, Seppi participe son 63e tournoi du Grand Chelem consécutif, ce qui le place au quatrième rang derrière le recordman Feliciano López, qui en sera à une 76e épreuve du Grand Chelem.

Seppi, qui est peut-être mieux connu pour avoir éliminé Roger Federer aux Internationaux d’Australie en 2015, a dû composer avec une maladie chronique de la hanche des dernières années. Cela a limité son jeu et il a besoin de piqûres de cortisone deux fois par année, ce qui l’oblige à faire une pause d’environ trois semaines pour récupérer. Il n’avait pas prévu de jouer sur la terre battue ce printemps, mais il a changé d’avis et arrive à Roland-Garros avec un seul match sur cette surface – une défaite de 6-3 et 6-4 aux mains de Sebastian Korda au premier tour du tournoi de Parme, en Italie. Sa fiche à vie à Roland-Garros est de 11 victoires et 15 revers.

Il s’agira d’un premier duel entre Auger-Aliassime et Seppi. Ce sera le deuxième match de la journée disputé sur le Court 13. Le vainqueur affrontera le Sud-Coréen Soonwoo Kwon et le Sud-Africain Kevin Anderson.   

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