Photo: Martin Sidorjak

La première édition des Finales de la Coupe Billie Jean King (anciennement la Fed Cup), qui se déroule en un seul lieu et dont les rencontres sont disputées sur une journée au meilleur de deux matchs, commence lundi à Prague avec des absences notables parmi les meilleures représentantes de la plupart des 12 pays participants.

C’est malheureux, mais pas inattendu en ces temps de pandémie de COVID-19. Le Canada, privé de ses deux joueuses les mieux classées — Bianca Andreescu (22e) et Leylah Fernandez (26e) — ne fait pas exception. Le Belarus évoluera sans Aryna Sabalenka (2e) et Victoria Azarenka (27e), l’Espagne y est sans Garbine Muguruza (5e) et Paula Badosa (13e), tandis que les États-Unis sont privés de Sofia Kenin (15e) et de Jessica Pegula (21e).

La République tchèque, pays hôte et championne à 11 reprises (cinq en tant que Tchécoslovaquie), peut compter sur la participation de Barbora Krejcikova (4e), mais devra aller au front sans Karolina Pliskova (3e) et Petra Kvitova (17e). De plus, les deux joueuses qui ont les têtes d’affiche des dernières finales de la Coupe BJK (2019) à Perth, la 92e Kristina Mladenovic (qui a contribué aux trois points du troisième sacre de la France à la Coupe BJK) et la numéro un mondiale Ashleigh Barty, font l’impasse sur la compétition.

Ces absentes ont choisi de ne pas jouer pour des raisons professionnelles et personnelles, et le capitaine intérimaire Sylvain Bruneau le comprend bien. « L’année a été difficile pour tout le monde », a-t-il mentionné. « Les conditions sur le circuit avec les bulles et tout le reste — je sais que plusieurs joueuses ont trouvé difficile de se trouver dans les bulles et en quarantaine. Je pense que beaucoup d’entre elles ont voulu tourner la page sur cette année, en espérant que ce sera plus facile en 2022. C’est dommage, car le nouveau format est vraiment intéressant, mais en même temps, je les comprends. »

Photo: Martin Sidorjak

Donnant le point de vue des joueuses, Rebecca Marino, la Canadienne la mieux classée de l’équipe (147e), a indiqué : « Je pense que nous comprenons toutes l’emploi du temps de chacune. De mon côté, je respecte les décisions prises par les meilleures joueuses, et même celles de mes coéquipières. Elles doivent faire ce qui est bon pour elles et pour leur santé. Cela signifie que nous aurons des occasions de jouer. Il y a beaucoup de profondeur dans le tennis féminin, nous aurons donc beaucoup de matchs de très haut calibre, peu importe l’équipe que nous affrontons. J’espère vraiment que les gens regarderont la compétition, car ce sera excitant de voir ce que nous pouvons faire contre toutes ces autres grandes nations. »

Le nouveau format signifie également que les équipes ne désignent leurs joueuses pour les deux duels de simple qu’une heure avant de début de la rencontre, contrairement à l’ancien format où cela se faisait lors du tirage officiel, la veille de la compétition. Marino croisera probablement le fer avec la meilleure joueuse de la France, Alizé Cornet (60e), dans une bataille opposant les numéros un des deux pays. Le deuxième simple mettra en vedette les numéros deux de chaque équipe.  

Cornet, qui est âgée de 31 ans, est connue pour être impétueuse et combative sur le court, mais cela ne fait pas peur à Marino. « Cela n’a pas d’importance pour moi », confiait la Vancouvéroise de 30 ans. « On affronte toutes sortes d’adversaires. C’est plutôt amusant quand il y a un peu de drame de l’autre côté du filet, cela veut dire que tu fais quelque chose de bien. »

Que ce soit contre Cornet, Caroline Garcia (74e) ou même Clara Burel (78e), Marino, qui mesure 1,80 m, tentera d’imposer son jeu de puissance à l’intérieur, sur une surface moyennement rapide. « Je veux être capable de conserver mon service chaque fois pour que mon adversaire commence à sentir la pression lorsqu’elle sert — un peu comme dans le tennis masculin. On s’attend à ce que les hommes défendent toujours leur service, et je veux m’inspirer de ce modèle. »

Comme source d’inspiration, elle peut repenser à sa victoire à la Coupe BJK en avril, lorsqu’elle a battu Nina Stojanovic (87e) dans le balayage de 4-0 du Canada contre la Serbie, ainsi qu’à ses performances à l’Omnium Banque Nationale, en août, alors qu’elle avait surpris Madison Keys (26e) et Badosa (31e).

Photo: Martin Sidorjak

Si Marino a eu une année bien remplie, la probable joueuse numéro deux du Canada, Françoise Abanda, qui a eu la COVID-19, n’a pas joué entre mars et juillet. « Il s’est passé des choses qui m’ont empêchée de jouer », a-t-elle expliqué samedi. À son retour, elle a bien joué lors des qualifications de l’Omnium Banque Nationale à Montréal, s’inclinant 7-6(5) et 6-4 aux mains de Garcia (63e).

Si les sélections des capitaines se déroulent comme prévu, Abanda, 24 ans, renouera avec la Française de 28 ans en lever de rideau lundi. Il s’agira du premier match de simple de Garcia à la Coupe BJK depuis novembre 2019, lorsqu’elle a perdu 6-0 et 6-0 contre Barty lors des finales, à Perth, et avait été remplacée pour le deuxième jour. Elle avait toutefois disputé le double avec Mladenovic pour remporter le cinquième match décisif (ci-dessous, les championnes avec le capitaine Julien Benneteau).

Abanda a toujours bien fait à la Coupe BJK. À sa dernière participation, en 2019, elle a eu raison de la numéro un néerlandaise Arantxa Rus. Deux ans plus tôt, à Montréal, elle avait vaincu Yulia Putintseva (31e) et Yaroslava Shvedova (51e) dans un gain du Canada aux dépens du Kazakhstan.

« J’aurais préféré disputer plus de tournois (sept seulement), mais cette semaine est une excellente occasion de jouer quelques matchs. »

Photo: Martin Sidorjak

Si la marque est de 1-1 après les deux simples, le double tranchera l’égalité. Gabriela Dabrowski est l’as du double pour le Canada et occupe le cinquième rang de la WTA dans cette spécialité. « C’est vraiment bien que le double soit présenté après deux matchs de simple et non plus après trois ou quatre », se réjouissait-elle. « Je suis très enthousiaste à l’idée de cette perspective, car le double a maintenant beaucoup plus de poids qu’il n’en avait auparavant. »

Marino ou Carol Zhao sont les partenaires probables de Dabrowski.

Après sa rencontre face à la France, le Canada sera de retour sur le terrain le lendemain pour y affronter la Fédération russe de tennis. La FRT, comme la Suisse, est la seule équipe présente à Prague avec l’ensemble de ses joueuses les mieux classées. Elle compte notamment sur la participation de la finaliste de Roland-Garros, Anastasia Pavlyuchenkova (16e), et Daria Kasatkina (28e).

Bruneau, chef du tennis féminin professionnel et de transition de Tennis Canada, a été l’entraîneur de l’équipe canadienne de la Coupe BJK de 2004 et 2010 et son capitaine de 2010 à 2018 avant d’assumer un rôle d’entraîneur à temps plein avec Andreescu. Il aime le nouveau format. « C’est plus facile de créer des surprises dans un deux de trois que dans un trois de cinq. Je pense que cela rend chaque match encore plus important. »

Photo: Martin Sidorjak

Le fait de désigner les joueuses de simple à la dernière minute fait planer plus d’inconnues pour la préparation. Si un capitaine ne choisit pas les joueuses attendues, cela ne laisse pas beaucoup de temps pour revoir les plans de match. Marino a laissé entendre qu’avec l’aide de Bruneau et de l’entraîneur Nathalie Tauziat ainsi qu’en étudiant des vidéos, elle pense pouvoir être prête à toute éventualité.

Tous les rapports en provenance de Prague indiquent que les Tchèques ont accompli un excellent travail pour les Finales après l’annonce en août que Budapest ne pourrait pas être l’hôte de la compétition. Les Finales se déroulent à l’O2 Arena, un stade de 18 000 places, où a eu lieu la première édition de la Coupe Laver, en 2017. L’enceinte a été divisée en deux : un Court central où évoluera le Canada contre la France, lundi, et un Court 1, où il affrontera la FRT, mardi.

Conformément aux protocoles COVID-19, les règles sont très strictes et les capitaines devront porter un masque lorsqu’ils parlent aux joueuses sur le terrain.

Photo: Martin Sidorjak

Le Canada participe aux Finales de la Coupe BJK après sa victoire de 4-0 contre la Serbie, qui l’a fait grimper au 10e rang, lui donnant ainsi la dernière place dans la compétition, car le laissez-passer attribué à la Hongrie n’était plus nécessaire après le changement de site, les Tchèques n’ayant pas besoin de ce laissez-passer en vertu de leur quatrième rang.

Il n’y a donc vraiment pas de pression et les attentes sont plutôt faibles pour l’équipe canadienne, ce qui convient parfaitement à Bruneau. « Même si nous sommes l’équipe négligée sur papier, je crois que tout est possible. »

Il remplace la capitaine Heidi el Tabakh dont le mariage imminent compliquait un peu les choses — surtout qu’elle ne voulait pas courir le risque de contracter la COVID-19 pendant le voyage.  

Les rencontres contre la France et la Fédération russe de tennis seront présentées à compter de 10 h 30, heure de Prague, soit 5 h 30, HAE. Sportsnet diffuse les matchs en anglais avec Caroline Cameron et Sharon Fichman, tandis que TVA Sports diffuse en français avec Frédéric Lord et Vincent Destouches. 

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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