Dès le début de son duel de troisième tour des Internationaux d’Australie, il était évident que Denis Shapovalov avait les yeux rivés sur le fameux service de Reilly Opelka.
Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, l’Américain est capable d’assommer son adversaire et de le rendre impuissant grâce à son arme fatale. Mais à l’exception de certains passages dans les deuxième et troisième manches, Shapovalov a constamment retourné les services — premières et deuxièmes balles — d’Opelka. l’empêchant ainsi de s’imposer dans le match.
Le Canadien a ainsi signé un gain de 7-6(4), 4-6, 6-3 et 6-4 pour assurer sa place en huitième de finale, une première pour le Canadien de 22 ans à Melbourne.
Le joueur qui parviendrait à faire pencher la balance en sa faveur dans l’équilibre délicat entre le service et le retour allait avoir la clé du succès — et Shapovalov a coché les cases sur les deux tableaux. Il a gagné 48 points en retour de service comparativement à 28 pour Opelka, il a mis 88 retours en jeu contre 65 pour l’Américain et a neutralisé l’autre côté du tableau des statistiques en remportant 90 points au service contre 91 pour Opelka.
Généralement, les duels entre gros serveurs se résument à quelques points seulement et cela a encore une fois été le cas. Après deux manches relativement égales, Shapovalov a produit un bris dans la troisième et la quatrième manche sans faire face à une seule balle de bris.
Le bris du troisième acte est survenu à 3-2 lorsqu’Opelka a commis une double faute à 30-30, puis a perdu le jeu sur un coup droit gagnant du Canadien. À la quatrième manche, Shapovalov a obtenu le bris au cinquième jeu, commencé par une double faute d’Opelka (sa troisième seulement du match) et terminé par une volée ratée de l’Américain.
Autrement dit, Opelka n’a jamais réussi à trouver un rythme confortable au service. Bien qu’il aurait préféré avoir de meilleures statistiques — 61 pour cent de premières balles réussies, 72 pour cent de points gagnés sur ses premiers services et 51 pour cent sur ses deuxièmes —, la qualité des retours de Shapovalov a été un facteur important.
« Tu te sens un peu comme un gardien de but qui essaie d’arrêter un lancer de pénalité, tu dois en quelque sorte deviner de quel côté le tir arrivera », expliquait Shapovalov à propos du service d’Opelka. « Au début, j’ai trouvé un rythme sur son service. J’ai pu retourner pas mal de balles, j’étais donc content. Il va frapper beaucoup de services qui sont tout simplement intouchables, mais quand tu en as la chance, tu dois essayer de mettre ta raquette dessus en espérant qu’elle atterrisse quelque part dans le terrain. C’est exactement ce que j’essayais de faire. Je me plaçais très loin en arrière du terrain pour ses deuxièmes services pour avoir un peu plus de temps pour les retourner. »
Depuis le début de la quinzaine, Shapovalov a passé 3 h 23 minutes sur le court contre Laslo Djere au premier tour, 4 h 25 minutes contre Soonwoo Kwon au deuxième tour et 3 h 02 minutes contre Opelka, vendredi. « Je commence à avoir une belle relation avec les bains de glace », a-t-il plaisanté à propos de son niveau d’énergie. « Nous sommes devenus de très bons amis. En fait, je me sentais vraiment bien le lendemain du match de cinq manches contre Kwon. J’étais donc très heureux. Un grand merci à Eddie (son physiothérapeute) de prendre bien soin de moi. »
En huitième de finale, Shapovalov croisera le fer avec Alexander Zverev (3e). L’Allemand de 24 ans mène leur face-à-face 4-2. Il s’agira d’un premier affrontement dans un tournoi du Grand Chelem.
« C’est évidemment un adversaire coriace », mentionnait Shapovalov. « Il a un très bon service. C’est un joueur complet, probablement l’un des meilleurs du monde en ce moment. Les deux fois où le j’ai battu, j’avais réussi à rester agressif, à l’exposer un peu, à le mettre sous pression. J’espère pouvoir faire la même chose et trouver un bon équilibre entre la patience et l’agressivité. »
Wally Masur, un ancien joueur australien, a décrit Shapovalov comme étant un « joueur très aventureux ».
Le duel contre Zverev devrait permettre de déterminer dans quelle mesure les Internationaux d’Australie seront excellents pour le Canadien.
Félix Auger-Aliassime tentera lui aussi d’accéder aux huitièmes de finale lorsqu’il se mesurera au Britannique Dans Evans, samedi (dans la nuit de vendredi à samedi au Canada).
Il y a un an, Evans, 24e mondial, avait eu raison d’Auger-Aliassime 6-2 et 6-3 en finale du tournoi Melbourne 2, juste avant les Internationaux d’Australie.
En 2021, le Britannique de 31 ans est passé du 33e au 25e échelon du classement mondial grâce à une fiche de 25 victoires et 23 défaites. En 2021, Auger-Aliassime comptait 38 gains et 24 revers, et s’était hissé du 21e au 11e rang mondial. Il occupe actuellement la 9e place au classement de l’ATP.
Photo de l’article : Martin Sidorjak