Félix Auger-Aliassime a vécu toute une gamme d’émotions avant de venir à bout du dynamique Suédois Mikael Ymer par 6-4, 4-6, 7-6(4) et 6-1 au deuxième tour de Wimbledon, et cette expérience lui servira sûrement lorsqu’il se mesurera à Nick Kyrgios, samedi.
Mais il est probable que l’Australien de 26 ans offrira un spectacle plus constant et plus distrayant que celui auquel nous avons assisté quand Ymer a chuté et s’est blessé à la hanche gauche à 3-2 de la troisième manche, jeudi.
Ymer est tombé dans la douleur et a finalement reçu des soins sur le court, ce qui lui a permis de poursuivre le match et de prolonger la manche jusqu’au jeu décisif qu’Auger-Aliassime a dominé sur la force de ses services et de son jeu agressif.
Ce sont les services de la 16e tête de série face à un adversaire qu’il n’avait pas affronté depuis les Internationaux de tennis junior du Canada de 2014, à Repentigny, au Québec. Auger-Aliassime, qui avait célébré son 14e anniversaire de naissance quelques semaines plus tôt, avait subi une défaite de 6-2 et 6-2 contre Ymer, qui allait avoir 16 ans.
Maintenant âgé de 22, Ymer, qui occupe le 98e rang mondial, participait au tableau principal de Wimbledon pour la première fois et n’était pas considéré comme une grande menace pour Auger-Aliassime. Après un piètre premier jeu au service, le Suédois a joué du tennis inspiré, rivalisant avec Auger-Aliassime de la ligne de fond avec ses coups fluides et pénétrants.
Auger-Aliassime a remporté la première manche, mais s’est retrouvé en déficit de 2-4 à la deuxième avant de créer l’égalité à 4-4. Il a eu une balle de bris pour faire 5-4 et semblait sur le point de reprendre le contrôle. Mais il a raté un retour sur une deuxième balle, et au jeu suivant, il a commis une série de fautes qui lui ont été fatales.
La suite du match a semblé incertaine au troisième acte lorsque Ymer est tombé et s’est blessé à la hanche gauche. La capacité d’Ymer à poursuivre la bataille a été mise en doute, même après qu’il ait reçu un traitement et pris des anti-inflammatoires.
Il ne semblait pas à l’aise à la reprise, mais il a peu à peu retrouvé sa forme et a conservé son service à trois reprises pour forcer la tenue d’un jeu décisif.
Toutefois, après qu’Ymer ait perdu le jeu décisif, son esprit combatif s’est éteint et il a perdu 14 des 15 points suivants de la quatrième manche, tout en se plaignant (ci-dessus) à l’arbitre James Keothavong que le terrain était trop glissant et qu’il avait « peur » de continuer. Il était environ 20 h 30 à ce moment-là, et il restait au moins une demi-heure de clarté. Comme les officiels de Wimbledon s’efforcent toujours de respecter l’horaire du tournoi, le jeu s’est poursuivi.
On peut facilement compatir avec Ymer — il y a dix ans, Milos Raonic a glissé sur le Court 3 lors d’un duel de deuxième tour et s’est blessé à a hanche droite. Quelques semaines plus tard, il a dû être opéré et n’a pas joué pendant trois mois. On se demande encore si ses blessures subséquentes aux adducteurs, au genou, au mollet et à d’autres parties de son corps ne seraient pas des conséquences de cette blessure à la hanche.
Ymer a finalement remporté le quatrième jeu de la quatrième manche, mais cela a été sa dernière poussée — Auger-Aliassime a ensuite scellé l’issue de la rencontre, même s’il a éprouvé quelques difficultés à gagner son service pour faire 4-1.
Comme c’est le cas sur le gazon depuis le début de la saison, Auger-Aliassime a excellé au service — il a produit 19 aces et n’a commis qu’une seule double faute. De plus, il a mis en jeu 72 pour cent de ses premières balles, a gagné 80 pour cent de ses premiers services et 66 pour cent de ses deuxièmes.
Il a cependant eu un passage à vide au deuxième acte et au début du troisième où il n’a pas joué avec la même maîtrise qu’au début et à la fin du match.
Ymer a assurément eu des moments de génie dans sa production de coups et sa vitesse exceptionnelle — et on se demande pourquoi il n’est pas mieux classé que son 98e rang.
« Mikael m’a beaucoup impressionné », mentionnait Auger-Aliassime. « Il jouait vraiment très bien dès le début du match. J’ai senti que je devais travailler pour chaque point. J’ai encore bien servi aujourd’hui, ce qui m’a parfois permis de gagner mes jeux au service assez facilement. Il était solide et se déplaçait bien. Il a remis beaucoup de balles en jeu. Ce n’était vraiment pas facile. »
Auger-Aliassime a confirmé que, vers la fin du match, le Court 2 était glissant et que cela compromettait la sécurité dans les mouvements. « Il fallait rester prudent et attentif, rester concentré. Mais c’était vraiment glissant. C’est un peu plus sombre et humide à la quatrième manche. C’était super glissant. Il fallait que je fasse très attention. »
Comme c’était la fête du Canada, il s’est permis une blague à saveur canadienne : « J’aurais peut-être dû mettre mes patins à la fin, parce que c’était énormément glissant. »
Into the third round for the second time in his only two appearances at Wimbledon, Auger-Aliassime now faces Kyrgios. They have played once – on the grass at Queen’s Club in 2019 and he won a close contest 6-7(4), 7-6(3), 7-5.
Qualifié pour le troisième tour pour la deuxième fois en autant de participations à Wimbledon, Auger-Aliassime croisera maintenant le fer avec Kyrgios. Ils se sont affrontés une seule fois — sur le gazon du Queen’s Club en 2019 et il avait alors remporté la bataille en trois manches de 6-7(4), 7-6(3) et 7-5.
« C’est un incroyable joueur », mentionnait Auger-Aliassime à propos de l’Australien qui se décrit avec humour comme étant un « joueur à temps partiel ». « Il possède toutes les qualités d’un bon joueur, surtout sur le gazon. Il a un service formidable. Ce ne sera pas facile. Nick est un excellent joueur et il est très divertissant. Je pense qu’il est bon pour le tennis. Au cours de ces derniers matchs, il a semblé concentré sur la tâche et a bien joué. »
Kyrgios a démontré ses qualités d’amuseur lors de sa victoire de 6-4, 4-6, 3-6, 6-1 et 9-7 au premier tour contre la 21e tête de série Ugo Humbert. Il a mis la foule en liesse avec ses pitreries et son regain d’énergie après une chute apparemment désastreuse dans la dernière manche. Il est tombé à l’arrière du court et a agonisé pendant plusieurs minutes. On a cru qu’il faudrait appeler une ambulance, mais il s’est relevé en disant « bon coup » à Humbert — et était suffisamment bien pour continuer et gagner la bataille.
L’actuel numéro 60 prend toute la place dans l’arène — un peu comme John McEnroe à ses heures de gloire il y a quelques décennies —, agissant comme s’il était le seul joueur à essayer de gagner. En fait, il essayait d’attirer le plus de partisans possible à tous ses matchs, et il y parvient généralement.
Jeudi, il a également utilisé un peu de ruse après avoir repoussé une balle de manche à 5-6 dans le jeu décisif de la première manche contre Gianluca Mager. Alors qu’il servait à 8-7, il a fait semblant de faire un service par en dessous — incitant Mager à s’avancer dans le terrain pour le récupérer — avant de frapper un service conventionnel qui a soutiré à l’Italien une faute en retour.
« Je suis assez décontracté », a déclaré Kyrgios après avoir vaincu Mager 7-6(7), 6-4 et 6-4. Il a ajouté à propos du public : « Ils savent que c’est un genre de spectacle. Au final, ils veulent simplement être divertis. »
Mais les arbitres et autres officiels sur lesquels il s’est bruyamment déchaîné, ainsi que les adversaires qui doivent composer avec ses interminables diatribes, ne le qualifieraient probablement pas de « décontracté » sur le terrain.
Auger-Aliassime est prévenu.
Vendredi, dans le troisième match du Court central, Denis Shapovalov sera opposé à une légende vivante : le double champion de Wimbledon, Sir Andy Murray. Il s’agira du premier affrontement entre les deux joueurs, ainsi que de la première présence de Shapovalov sur le Central.
« Je pense que c’est toujours difficile de jouer contre Andy », commentait Auger-Aliassime. « Il ne lui rendra pas la tâche facile. D’un autre côté, Denis est mieux classé en ce moment. Je pense que sur papier, il est le favori. Mais ça ne veut pas dire grand-chose. Quand tu entres sur le Court central contre Andy Murray devant une foule partisane, tout peut arriver. Je pense que si Denis peut être agressif comme il sait le faire, s’il peut être solide au service, il devrait avoir ses chances. Je crois qu’il peut gagner ce match. Mais à cette étape du tournoi, tous les matchs sont difficiles. Nous sommes rendus au troisième tour. Il ne reste que 32 joueurs. Ce n’est jamais facile. »
Ce duel aura lieu vers midi, heure de l’Est. Auger-Aliassime a l’expérience de jouer contre Murray — il a vaincu l’Écossais 6-2, 6-3 et 6-4 au deuxième tour des Internationaux des États-Unis de 2020, dans le stade Arthur-Ashe.
Il sera intéressant de voir quels matchs masculins (trois et peut-être quatre) seront prévus sur les deux principaux terrains de Wimbledon samedi – le Court central et le Court 1, qui sont équipés d’un toit rétractable. Les candidats sont Federer – Norrie, Medvedev – Cilic, Zverev – Fritz et Auger-Aliassime – Kyrgios.
Le fait qu’il y ait actuellement 80 % de risques de pluie est d’autant plus important. Pouvoir évoluer sur ces terrains sera donc crucial pour s’assurer de profiter d’une journée de congé avant le « lundi fou » des huitièmes de finales masculines et féminines.
Federer obtiendra vraisemblablement sa place. Mais le duel entre Auger-Aliassime et Kyrgios doit également être un bon choix, du moins en ce qui concerne la billetterie. À suivre…
PHOTO D’ARCHIVES
Le vendredi 1er juillet 2016.