felix auger-aliassime thumbs up to crowd after quarter-finals

Félix Auger-Aliassime n’est pas le premier joueur, et ne sera assurément pas le dernier, à perdre après avoir détenu une balle de match dans un quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem. Cependant, cela n’enlève rien à la douleur d’avoir été à un coup de la victoire et de devoir, une heure et 15 minutes plus tard, serrer la main du gagnant au filet.

En avance par deux manches à une et 5-4 dans la quatrième, Auger-Aliassime a eu une balle de match alors que Daniil Medvedev (2e) servait à 30-40. Le longiligne Russe avait réussi à réduire l’écart après avoir concédé les deux premières manches, mais le jeu agressif et contrôlé d’Auger-Aliassime en fond de terrain il avait apparemment permis de garder une longueur d’avance et d’être en mesure de récolter les fruits de ses efforts sur la balle de match. L’occasion s’est toutefois envolée en un clin d’œil sur un premier service de Medvedev à 213 km/h au revers du Canadien qui n’a pu le remettre en jeu.

« Je me suis demandé où servir, au T ou sortant? », a mentionné Medvedev. « J’ai décidé de faire un service sortant que j’ai réussi. Une chance, parce que c’est plus difficile au deuxième service. Tu te demandes si tu dois y mettre la gomme ou être plus prudent. Ta main tremble un peu plus que sur une première balle — tu la claques et tu pries pour qu’elle soit bonne. »

Au jeu suivant, Auger-Aliassime pensait avoir gagné son service pour faire 6-5 quand il a laissé passer un revers de Medvedev qui semblait sortir du court, mais qui a atterri sur la ligne latérale. Cela a porté le pointage à égalité et deux points plus tard, prenait le service du Canadien avant de remporter le sien pour niveler la marque à deux manches partout.

Photo: Martin Sidorjak

Il a dû être déçu de ne pas concrétiser cette balle de match à la quatrième manche, et la déception a sans doute été encore plus grande dans la cinquième lorsqu’il a raté trois balles de bris au deuxième jeu, puis une autre au huitième jeu ainsi que deux autres au dernier jeu alors que le Russe servait pour le match à 5-4, 15-40.

Dans l’ensemble, Auger-Aliassime n’a concrétisé aucune de ses six balles de bris dans le cinquième acte, tandis que Medvedev a été l’ultime opportuniste — 1/1 — en profitant d’un piètre troisième jeu d’Auger-Aliassime qui a commencé et s’est terminé par une double faute.

Medvedev a remporté cette bataille de quatre heures et 42 minutes dès sa première balle de match lorsqu’Auger-Aliassime a commis une erreur du revers. Le pointage final de ce duel passionnant était de 6-7(4), 3-6, 7-6(2), 7-5 et 6-4.

Medvedev, qui n’a jamais peur de créer la controverse, a suscité des réactions négatives de la part de certains spectateurs lorsqu’il a révélé, lors de son entrevue d’après-match sur le court, ce qu’il pensait lorsqu’il tirait de l’arrière par deux manches. « Il me dominait et je ne savais pas vraiment quoi faire. Je ne sais pas si les gens vont aimer ça, mais je me suis dit : “Que ferait Novak (Djokovic) ?” ».

On a pu entendre des huées provenant des gradins lorsqu’il a expliqué comment il s’y est pris pour orchestrer une remontée. « Je vais le faire travailler. S’il veut gagner, il doit se battre jusqu’au dernier point. Cela a fonctionné. J’ai réussi à élever mon niveau, surtout au jeu décisif. Lorsqu’ils ont fermé le toit, j’ai senti que la dynamique de mon jeu changeait. J’ai senti que ma balle traversait mieux le terrain et que je servais mieux. »

Photo: Martin Sidorjak

Malgré une foule réduite en raison des restrictions sanitaires en lien avec la COVID-19, l’ambiance au Rod Laver Arena était électrique et bruyante, la majorité des spectateurs appuyant Auger-Aliassime, alors que plusieurs d’entre eux découvraient le genre de tennis inspiré que le Montréalais de 21 ans pouvait produire.

Il a en effet été très impressionnant, restant nez à nez avec le Russe, solide comme le roc, dans les échanges en fond de terrain et démontrant la polyvalence de son jeu en remportant 41 de ses 48 montées au filet.

Photo: Martin Sidorjak

Au cours d’un changement de côté au milieu de la manche ultime, Auger-Aliassime s’est fait rebander le pied droit, mais cela n’a pas semblé être un problème quelconque.

Le match avait été interrompu à un moment clé, lorsqu’il a commencé à pleuvoir et que le toit a été fermé pendant le jeu décisif de la troisième manche, juste après que Medvedev ait obtenu un mini-bris pour mener 2-1. Lorsque le jeu a repris, il a réussi un enchaînement service-volée, puis a produit un ace pour prendre les devants 4-1. Cette avance n’a jamais été menacée et il a gagné le jeu décisif par la marque de 7-2.

Interrogé sur les conséquences de la fermeture du toit dans le jeu décisif sur le reste du match, Auger-Aliassime a répondu : « J’ai quand même eu une balle de match (à la quatrième manche), donc je ne sais pas. Je n’avais pas bien commencé le jeu décisif, mais je pense qu’il a bien joué. Je ne m’en voulais pas trop. J’ai eu des occasions dans la quatrième manche. J’ai eu des occasions dans la cinquième. 

« Le match était équilibré. Je ne pense pas que le toit m’a affecté. »

Auger-Aliassime ne s’en voulait pas trop pour les occasions ratées et a donné le crédit à Medvedev : « Je pense qu’il a mieux fait que moi dans les moments cruciaux — il a parfois été plus solide.

« Je ne peux pas regretter l’effort que j’ai fourni et les occasions que je me suis données. Je dois voir le côté positif. Bien sûr, j’aurais adoré gagner. C’est déchirant de perdre à la fin, mais c’est la vie. Je dois juste l’accepter. »

Photo: Martin Sidorjak

La façon dont il a joué dans un quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem est une confirmation supplémentaire des progrès qu’il a réalisés et de son classement (9e). « J’ai toujours cru que je pouvais accomplir ce que j’ai fait ce soir », a-t-il ajouté. « C’est la différence entre savoir que tu as cela en toi et le montrer, d’être près de la victoire — un point. »

Auger-Aliassime a joué un tennis explosif, dynamique et relativement exempt d’erreurs durant les quatre premières manches, notamment dans les deux premières, élevant son jeu à des sommets qu’il n’avait jamais atteints dans une épreuve du Grand Chelem contre un adversaire aussi bon que Medvedev.

Photo: Martin Sidorjak

« Je n’avais aucune confiance après les deux (premières) manches », a confié Medvedev. « Il (Auger-Aliassime) jouait incroyablement bien, mieux que je ne l’avais jamais vu jouer, du moins contre moi ou à l’entraînement. C’était irréel. »

Les joueurs se sont livrés à tant d’échanges époustouflants, étirant les dimensions du terrain à l’extrême, qu’on mentionne déjà que ce duel pourrait faire partie des meilleurs de l’année.  

Auger-Aliassime a été le fils prodige du tennis canadien depuis presque dix ans, depuis le début de son adolescence. Il a progressivement gravi les échelons pour se hisser dans le Top 10. Bien qu’il n’ait pas obtenu le résultat qu’il souhaitait mercredi, le calibre de tennis qu’il a démontré et le cran dont il a fait preuve pour lutter à armes égales contre un joueur de la stature de Medvedev sont assurément le prélude à des réalisations encore plus grandes sur les plus grandes scènes du sport.  

« Je vais repartir de l’Australie la tête haute », a conclu Auger-Aliassime. « Je vais aborder le reste de la saison en sachant que je peux bien jouer. Que je peux bien jouer contre les meilleurs du monde. »

felix auger-aliassime eyes down smash

Feature Photo: Martin Sidorjak

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