view of the arena in kraljevo

La capitaine de l’équipe canadienne de la Coupe Billie Jean King, Heidi El Tabakh, perd souvent la notion du temps et évoque la dernière rencontre de son équipe comme datant de deux ans. Mais elle se reprend rapidement et se rappelle qu’en fait, c’était en février 2000 à Bienne, en Suisse.

On peut pardonner à El Tabakh d’être un peu confuse en ces temps de pandémie – qui ne s’est pas fourvoyé dans les années alors que le monde continuer de stagner sous l’emprise de la Covid-19 ?

S’il y a une chose dont El Tabakh et ses joueuses peuvent s’inspirer après la défaite de 3-1 de l’an dernier à Bienne, c’est bien la formidable prestation de Leylah Fernandez, qui était alors âgée de 17 ans. En effet, elle a surpris la cinquième mondiale Belinda Bencic 6-2 et 7-6(3) lors du troisième duel pour ainsi garder les Canadiennes dans la course.

C’est tout à fait pertinent, car cette semaine, le Canada évolue à Kraljevo (environ 70 000 habitants), en Serbie, pour tenter d’obtenir une place dans les épreuves de qualification de l’an prochain en vue de participer aux Finales de la Coupe Billie Jean King de 2022, qui réuniront 12 pays.

Fernandez, qui occupe le 72e rang mondial, vient de mettre la main sur son premier titre de la WTA à Monterrey, au Mexique, et sera à la tête du contingent canadien qui se battra sur un court intérieur à Kraljevo Sport Hall. Les grandes absentes de cette rencontre sont Bianca Andreescu (blessée en finale de l’Open de Miami et qui se prépare pour la saison sur terre battue), Eugenie Bouchard (à l’entraînement pour la saison sur terre battue) et Gabriela Dabrowski (prise avec un problème persistant de fasciite plantaire et qui veut éviter de passer de l’argile au ciment avant de retourner sur la terre battue).

rebecca marino runs a drill with leylah fernandez

La lourde tâche reposera principalement sur les épaules de Fernandez, qui a fait d’énormes progrès dans le classement de la WTA et qui s’impose de plus en plus comme l’une des joueuses les plus coriaces du circuit.

« C’est une joueuse extraordinaire », mentionnait sa coéquipière Rebecca Marino, 30 ans. « Au cours des dernières années, j’ai eu la chance de m’entraîner souvent avec elle. Elle a une remarquable éthique du travail et elle prend de plus en plus de maturité. C’est une personne foncièrement gentille et très humble. Nous sommes toutes très heureuses pour elle et c’est excitant de voir quelqu’un d’aussi jeune réussir aussi bien. »

leylah fernandez prepares for volley

Marino, qui a aussi souffert d’une fasciite plantaire en 2020, a connu un bon début de saison 2021 : à Dubaï, elle s’est qualifiée pour les Internationaux d’Australie et a franchi un tour à Melbourne Park, puis elle s’est qualifiée pour le tournoi Philip Island Trophy et y a atteint le deuxième tour. Elle sera très probablement la joueuse numéro deux du simple. L’équipe est également composée de Sharon Fichman et de Carol Zhao.

Marino a disputé son premier match depuis l’Australie à Bellinzona, en Suisse, la semaine dernière. « Ce n’était pas idéal, mais il y a très peu de tournois en ce moment. » En simple, elle a été éliminée par la qualifiée italienne Lucrezia Stefanini en trois manches de 6-4, 4-6 et 7-6(4) dans des conditions très venteuses lors d’un duel qui s’est terminé à 22 h 30. En double, aux côtés de la Japonaise Yuki Naito, Marino a remporté trois matchs pour atteindre la finale.

« J’obtiens de meilleurs résultats sur les courts de surface dure, je suis donc toujours contente quand j’ai la chance de revenir sur le dur », confiait la 230e mondiale à propos de la surface à Kraljevo.

team canada chats on court in practice

Fernandez a vécu quelques déceptions lors des deux tournois auxquels elle a participé après son triomphe à Monterrey – elle s’est inclinée au premier tour des qualifications à Miami, le lendemain de sa finale au Mexique, puis a plié l’échine au deuxième tour de l’épreuve de Charleston face à la 91e mondiale Danke Kovinic. Cette défaite a mieux paru lorsque la Monténégrine, souvent blessée, a ensuite eu raison de Petra Kvitova (11e), Yulia Putintseva (31e) et Ons Jabeur (28e) en route vers la finale.

Pour les deux matchs de simple de vendredi, la Serbie enverra probablement au front ses deux meilleures joueuses, soit Nina Stojanovic (87e mondiale), 24 ans, et Olga Danilovic (162e), 20 ans. Aleksandra Krunic (220e), 28 ans (que Marino a vaincue 6-3, 3-6 et 7-5 à la Fed Cup de 2011 à Novi Sad), Ivana Jorovic (237e), 23 ans, et Lota Radivojevic, 16 ans, qui n’a pas de classement.

En 2021, Stojanovic possède une solide fiche de 8 victoires et 5 défaites. Il y a deux semaines, elle a atteint le troisième tour à Miami avant de déclarer forfait contre Naomi Osaka à cause d’une blessure à la cuisse droite. Depuis le début de l’année, elle a signé des gains aux dépens d’Irina-Camelia Begu (74e), Martina Trevisan (89e), Heather Watson (65e) et Putintseva (28e).

Danilovic compte 6 gains et 5 revers en 2021 et s’est qualifiée pour les Internationaux d’Australie et l’Open de Miami. On comprend pourquoi elle est si grande (1,82 m) quand on sait que son père Predrag a été l’un des meilleurs basketteurs européens des années 1990.

Elle est également la réponse à la question « Qui est la dernière joueuse à avoir battu Bianca Andreescu aux Internationaux des États-Unis ? » Elle a réussi cela en 2018, au premier tour des qualifications, alors qu’Andreescu peinait à se remettre d’une blessure au dos.

rebecca marino holding racquet in practice

La rencontre de ce week-end – deux duels de simple vendredi, deux autres samedi ainsi qu’un double – sera télédiffusée sur les ondes de Sportsnet One à compter de 8 h HE, vendredi, et se déroulera sans spectateurs dans un Kraljevo Sport Hall pouvant accueillir 4 125 personnes.

Sans le piquant de la foule partisane et les interactions entre les supporters des deux équipes, cela ne ressemblera assurément pas à la Coupe Billie Jean King (anciennement la Fed Cup) ou la Coupe Davis. « Je pense que c’est la bonne décision avec toutes les précautions que nous prenons ici », commentait El Tabakh à propos de la situation. « C’est probablement un avantage pour nous, car je sais que le public serbe peut devenir très turbulent. »

Marino ajoutait : « Elles n’auront pas leurs partisans bruyants qui essaient de nous déconcentrer. Cela nivèle un peu les chances. »

coach heidi helps out in practice

El Tabakh (ci-dessus) en sera à sa quatrième rencontre à titre de capitaine après avoir succédé à Sylvain Bruneau en 2019. À sa première rencontre, elle avait mené le Canada à une victoire de 4-0 contre les Pays-Bas, à Bois-le-Duc. Depuis, l’équipe a accumulé des défaites sur la route, notamment en République tchèque et en Suisse. « Je me sens plus en confiance après les rencontres difficiles que nous avons disputées par le passé », expliquait El Tabakh. « Je m’endurcis et je gère un peu mieux les situations stressantes. »

Il y en aura forcément ce week-end, et il y a un lien invraisemblable avec son homologue serbe, Dusan Vemic, un ancien joueur de double de l’ATP (31e mondial) qui a joué en double avec Novak Djokovic et a fait partie de son équipe d’entraîneurs. À 44 ans, il fait ses débuts en tant que capitaine et a notamment été l’entraîneur de l’équipe serbe des Jeux olympiques de 2016 de Rio.

La particularité de ce week-end sera que lorsque El Tabakh regardera le capitaine serbe au-delà de la chaise d’arbitre, elle verra un homme marié qui vit au Canada, dans la région de Toronto.

« Je le connais depuis un certain temps, il jouait en double lorsque j’étais encore sur le circuit », mentionnait El Tabakh. « C’est un bon entraîneur. Il a travaillé avec des joueuses de haut niveau comme (Andrea) Petkovic. Il a donc beaucoup d’expérience. »

« C’est sa première rencontre à titre de capitaine. Je sais comment on se sent la première fois et combien j’étais stressée et nerveuse. »

Sur son compte Twitter, Vemic se présente comme un « GURU du tennis ». El Tabakh doit donc s’attendre à quelques surprises de la part de son rusé homologue serbe. 

sharon fichman hits the practice courts

Il se peut que l’issue de la rencontre, disputée au meilleur de cinq matchs, soit décidée avant le cinquième affrontement (le double). Dans le cas contraire, le Canada fera sans doute appel à Fichman, 54e de la spécialité, qui a atteint les quarts de finale des Internationaux d’Australie en février avec la Mexicaine Giuliana Olmos. Fichman prend part à sa 29e rencontre en 16 ans de participation à la Coupe Billie Jean King. Selon les circonstances, elle pourrait être jumelée à Fernandez, Marino ou Zhao.

Le Canada occupe actuellement le 13e rang de la Coupe Billie Jean King, tandis que la Serbie est 19 e, même si les classements sont futiles dans ce qui pourrait être une rencontre hautement compétitive.

Remarque : De retour demain, après le tirage, pour vous parler des duels de vendredi.

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