Roger Federer l’a décrite comme étant « une finale de rêve vers la fin de nos carrières ».

Sa description était une évaluation personnelle du match de championnat de l’Open en salle de la Suisse entre lui et son rival de longue date Rafael Nadal, dimanche dernier.

Après la victoire de Federer de 6-3, 5-7 et 6-3, les deux grands de l’ère moderne se sont maintenant affrontés à 24 reprises, Nadal possédant une fiche de 23-11 face à Federer. Il serait surprenant qu’ils croisent le fer beaucoup d’autres fois avant que l’un deux décide d’accrocher sa raquette. Cette semaine, ils sont à l’opposé dans le tableau du Masters de Paris, mais il y a 50 % de chances qu’ils se retrouvent dans deux semaines dans le cadre du tournoi à la ronde de la Finale de l’ATP World Tour, à Londres.

Avant la finale de Bâle, on se demandait si remporter ce match – leur premier depuis les Internationaux d’Australie de 2014 –, alors que Federer espérait mettre un terme à cinq défaites de suite depuis 2012, serait plus important pour le Suisse ou pour l’Espagnol.

Federer devait ressentir beaucoup de pression à jouer à la maison et on en a eu la preuve en quart de finale contre David Goffin. Lorsque le Belge a brisé le Suisse pour prendre les devants 4-2 à la deuxième manche, Federer a perdu son sang-froid habituel et a frappé la balle loin dans les estrades, ce qui lui a valu un avertissement pour abus de balle.

Qui sait combien d’autres fois Federer pourra participer au tournoi de Bâle – ceci était son 16e – et il avait la chance, dimanche, de le gagner pour une septième fois et, peut-être encore plus important, de signer un gain à la maison face à sa bête noire.

pix2-action

Ses quatre premiers matchs à Bâle s’étaient déroulés en dents de scie. Au premier tour, Lukas Rosol a servi pour le match à la deuxième manche, puis a commis trois erreurs fatales du coup droit alors qu’il menait 4-2 au jeu décisif de la manche ultime avant de s’incliner 1-6, 7-5 et 7-6(4). Par la suite, lors de ses victoires en trois manches aux dépens de Grigor Dimitrov et de Marin Cilic, il a tiré de l’arrière par un bris dans presque toutes les manches. Même contre Richard Gasquet en demi-finale, Nadal a été mené 4-2 dans les deux manches avant d’arracher un gain de 6-4 et 7-6(6).

« J’ai vécu beaucoup d’émotions cette semaine », racontait Nadal après la finale. « J’ai dû me battre énormément dans tous les matchs. C’était une semaine importante pour moi pour la suite des choses. »

Gagner contre Federer aurait évidemment été excellent pour la confiance de Nadal, et, contrairement à son adversaire, il n’avait pas à gérer toutes demandes promotionnelles qui surviennent quand on joue à la maison. (On voit ci-dessous Diana, la sœur de Roger, dans la rangée du bas à côté de leur mère Lynette.)

pix3-fedfam

« Je suis vraiment content de la façon dont j’ai joué et ceci est une journée bien spéciale », résumait Federer. « Je sais que j’ai connu de meilleures journées au revers et qu’il en a eu de meilleures au coup droit, mais nous avons eu un duel de haute qualité qui a été divertissant et excitant pour nous aussi. La confiance va bien. C’est bien de renouer avec la victoire après Shanghai (une défaite surprise au premier tour face à Albert Ramos). »

pix4-rog-talking

Comme tous les vrais athlètes, Federer est orgueilleux et une défaite aux mains de Nadal à Bâle aurait été dévastatrice.

Il a toutefois réaffirmé sa supériorité en salle, possédant une fiche de 6-1 face à Nadal – les affrontements précédents étant survenus aux championnats de fin de saison de l’ATP entre 2005 et 2013.

pix5-rog-ballkids

Celui qui a déjà été un chasseur de balles à Bâle a célébré avec les jeunes en leur remettant des médailles après la finale. Ceci s’est déroulé après sa dixième participation à la finale de ce tournoi, ce qui représente un record de l’ATP, tous tournois confondus. Le Suisse de 34 ans semblait mieux respirer après avoir vaincu son vieil ennemi devant un public en adoration.

On s’inquiète pour Rafa

pix6-rafa-serious

On a raison de se demander si les meilleurs jours de Rafael Nadal sont derrière lui.

Pour la première fois depuis 2005 – soit 11 ans –, il n’a pas remporté un tournoi du Grand Chelem.

Même s’il a récolté des trophées sur terre battue de moindre importance à Buenos Aires et à Hambourg, le détenteur de neuf couronnes de Roland-Garros n’a pas triomphé sur l’argile durant la saison printanière européenne pour la première fois depuis 2004. Ceci est une situation déconcertante pour le « Roi de la terre ».

pix7-rafa-rog-bg

Lors des Grands Chelems de 2015, il est tombé deux fois en quart de finale – à Melbourne face à Tomas Berdych et à Roland-Garros contre Novak Djokovic – ainsi qu’au deuxième tour de Wimbledon (contre Dustin Brown) et au troisième tour de Flushing Meadows (contre Fabio Fognini).

Une des grandes inquiétudes est que malgré l’absence apparente de blessure, Nadal ne parvient pas à retrouver la forme. L’explication réside sans doute dans sa nervosité et son manque de confiance.

« Mon objectif est de retrouver mon niveau de jeu et de pouvoir vraiment rivaliser avec les meilleurs joueurs », mentionnait-il, dimanche.

Il insiste sur le fait qu’il travaillera fort durant la saison morte, mais si son problème se situe entre les deux oreilles, il est difficile de voir ce qu’il pourra faire pour cela à l’entraînement. Alors qu’il célébrera son 30e anniversaire de naissance en juin prochain, nous ne saurons si l’ancien Rafa refera surface que par ses prestations aux quatre grands tournois – à partir des Internationaux d’Australie qui commenceront le 18 janvier.

Un apogée sans euphorie

pix8-petra-maria

Les Finales BNP Paribas de la WTA à Singapour s’annonçaient décevantes dès que Serena Williams a indiqué qu’elle faisait l’impasse sur le tournoi de fin de saison doté d’une bourse de 6,5 millions de dollars.

Cependant, personne n’aurait prédit qu’Agnieszka Radwanska, qui s’est qualifiée sur le tard et qui a perdu ses deux premiers matchs du tournoi à la ronde, soulèverait le trophée à la fin de l’épreuve.

Radwanska, qui a amorcé la saison 2015 avec sa nouvelle entraîneure Martina Navratilova, n’a pratiquement rien fait de l’année et n’a certainement pas battu grand monde. Son association avec Navratilova a été de courte durée et Radwanska a piétiné jusqu’à l’automne alors qu’elle remportait les titres de Tokyo (face à Belinda Bencic, 15e) et à Tianjin (contre Danka Kovinic, 75e).

Voici les résultats de ses face-à-face de 2015 au début du mois d’octobre : 0-4 contre Garbiñe Muguruza, 0-3 contre Venus Williams, 0-1 contre Maria Sharapova, 0-1 contre Petra Kvitova, 0-1 contre Caroline Wozniacki, 0-1 contre Simona Halep et 0-1 contre Angelique Kerber.

À Singapour, elle a perdu 4-6, 6-3 et 6-4 aux mains de Sharapova qui disputait son premier match complet depuis juillet, puis elle s’est inclinée 7-6(5) et 6-4 face à Flavia Pennetta avant de finalement battre une Simona Halep aux jambes lourdes en deux manches de 7-6(5) et 6-1.

Devançant Pennetta et Halep dans son groupe, Radwanska a eu raison de Muguruza 6-2, 4-6 et 6-3 en demi-finale. L’Espagnole, qui avait signé une fiche parfaite de 3-0 au tournoi à la ronde, mais qui n’a pas eu de journées de repos parce qu’elle participait également à l’épreuve du double, était épuisée.

En finale, Radwanska a survécu à Petra Kvitova en trois manches de 6-2, 4-6 et 6-3, la puissante Tchèque, asthmatique et ressentant encore les effets de la mononucléose, s’est éteinte vers la fin du duel.

Radwanska a donc été couronnée avec un pourcentage de victoires de 60 (3-2), alors que Sharapova et Muguruza, invaincues au tournoi à la ronde, étaient à 75 pour cent (3-1).

Un tournoi de tennis couronne toujours une gagnante et Radwanska a été celle de Singapour. Il est cependant difficile de croire que la meilleure joueuse a triomphé. Le duel le plus captivant de la semaine a probablement été celui des deux meilleures (ci-dessus), soit Kvitova et Sharapova. La Tchèque a réussi à arracher un gain de 6-3 et 7-6(3) alors que Sharapova ressentait les effets de l’inaction des derniers mois.

À son premier match à Singapour, la splendide Russe avait eu raison de Radwanska en des comptes de 4-6, 6-3 et 6-4 alors que la Polonaise de 26 ans ne ressemblait vraiment pas à une championne. Les apparences sont parfois trompeuses.

Zhao brille au Challenger Tevlin

pix9-zhao

Le Challenger Tevlin, disputé la semaine dernière au Sobeys Stadium de Toronto, aura été une belle fenêtre pour y admirer le talent de Carol Zhao, une jeune joueuse de 20 ans de Richmond Hill, en Ontario. Zhao a remporté trois matchs, dont un de 6-4 et 6-3 aux dépens de l’ex-numéro 11 mondiale (2011) Shahar Peer, d’Israël, avant de tomber aux mains de la favorite et éventuelle championne Tatjana Maria, d’Allemagne.

Grâce à ses prestations, elle est passée du 399e au 341e rang mondial, ce qui fait d’elle la troisième meilleure Canadienne après Eugenie Bouchard (48e) et Gabriela Dabrowski (300e).

Une Canadienne s’est également illustrée en double au Challenger Tevlin. En effet, la Torontoise Sharon Fichman et sa partenaire américaine Maria Sanchez ont conquis les grands honneurs en prenant la mesure de l’Américaine Kristie Ahn et de la Hongroise Fanni Stollar en trois manches de 6-2, 6-7(6) et [10-6], en finale.

Juste retour des choses

pix10-bagut
Photo: ATP World Tour

Il y a deux semaines, je vous parlais des joueurs qui ont gagné et perdu des matchs en 2015 après avoir eu des balles de match. Le plus grand perdant cette année était Roberto Bautista Agut, qui a ainsi perdu quatre matchs.

La chance a toutefois souri à l’Espagnol de 27 ans lors de la demi-finale du tournoi de Valence, samedi dernier. En effet, contre l’Américain Steve Johnson, il a effacé six balles de match pour atteindre la finale.

Cette demi-douzaine de balles de match à laquelle Bautista Agut a survécu dans un gain de 4-6, 6-3 et 7-6(8) face à Johnson le place au deuxième rang, avec Jerzy Janowicz et Martin Klizan, pour le plus grand nombre de balles de match effacées dans une victoire en 2015. À la tête de la liste se trouve le Français Jérémy Chardy, qui en a miraculeusement évité sept pour éliminer John Isner en trois manches de 6-7(9), 7-6(13) et 7-6(4) en quart de finale de la Coupe Rogers de Montréal, en août.

Tags