denis wimbledon

Mercredi, Denis Shapovalov a atteint sa première demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem après une intense victoire de 6-4, 3-6, 5-7, 6-1 et 6-4 aux dépens de Karen Khachanov, à Wimbledon.

Deux des plus gros « cogneurs » se sont affrontés pendant trois heures et 25 minutes sur le Court 1 et c’est Shapovalov, 10e tête de série, qui est sorti victorieux de ce duel.

Dans le match qui a suivi sur le Court 1, Félix Auger-Aliassime semblait sur la bonne voie pour se forger une avance de deux manches à une contre Matteo Berrettini, mais l’Italien a brisé son rival dans le dernier jeu du troisième acte et s’est ensuite imposé en des comptes de 6-3, 5-7, 7-5 et 6-3.

Ce fut une défaite amère pour la 16e tête d’affiche, car, après la première manche, il était le meilleur joueur jusqu’à ce que ce bris au dernier du troisième acte change la donne, menant à la victoire de Berrettini en quatre manches.

Photo : Martin Sidorjak

Dans ce tournoi, Shapovalov n’avait pas encore affronté un joueur qui frappe aussi fort que Khachanov et qui essayait de lui faire ce qu’il essaie de faire à ses adversaires. Mais alors que le Russe avait la puissance nécessaire pour rivaliser avec Shapovalov dans les échanges — y compris un revers qu’il peut manœuvrer de manière étonnante —, il n’avait finalement pas la polyvalence nécessaire pour prolonger assez d’échanges.

Shapovalov a surmonté sa nervosité initiale pour imposer son jeu à la première manche, mais a connu une légère baisse de régime à la deuxième et le Russe de 25 ans en a profité.  

Le troisième acte a été chaudement disputé. Khachanov a effacé deux balles de bris pour égaliser à 4-4, puis a brisé Shapovalov pour faire 6-5. Il a repoussé une balle de bris avec un coup droit audacieux alors qu’il servait dans le dernier jeu avant de conclure la manche sur une erreur de Shapovalov au coup droit.

Et c’est essentiellement la dernière fois que Shapovalov a semblé vulnérable. Il a gagné la quatrième manche 6-1 avec des bris au quatrième et au sixième jeu. He took the fourth set 6-1 with breaks in the fourth in sixth games.

Au début du dernier acte, Shapovalov dominait et, même s’il a raté une occasion en or a servi à 2-2, 0-40, il a converti sa septième balle de bris — Khachanov n’en a eu aucune dans cette manche — pour prendre les devants 5-4. Il a scellé l’issue de la rencontre en cinq points sur son propre service lorsque le Russe a envoyé un revers dans le filet.

Photo : Martin Sidorjak

Au moment de la victoire, Shapovalov s’est effondré au sol et s’est empressé de dire à la foule, dans son entrevue sur le terrain : « Je veux tout d’abord vous remercier, car il y a eu tellement de moments aujourd’hui où j’ai pensé que Karen jouait trop bien et qu’il allait s’envoler avec la victoire. Mais vous m’avez aidé à continuer, vous m’avez aidé à me battre. Alors, merci beaucoup. »

Après avoir gagné la quatrième manche 6-1, Shapovalov s’est souvenu d’un autre match. « J’étais dans une position semblable contre (Pablo) Carreno Busta aux Internationaux des États-Unis (2020) », a-t-il raconté. « J’avais remporté la quatrième manche 6-0 ou 6-1, vraiment facilement. Je me suis permis de relaxer un peu, pensant que tout était sous contrôle… que j’avais le momentum. Puis le vent a rapidement tourné (contre lui). Je savais donc que je devais tout donner dans la cinquième manche aujourd’hui, que je devais me battre pour chaque point. »

« Je pense que j’ai élevé mon niveau de jeu et je suis très fier d’avoir réussi cela. »

Photo : Martin Sidorjak

Dans ce duel de bourreaux de balles, les statistiques favorisent Shapovalov — 59 coups gagnants et 48 fautes directes, comparativement à 31 coups gagnants et 50 fautes directes pour Khachanov.

« Il a beaucoup mieux servi que moi, surtout dans les moments (importants) », a mentionné Khachanov. « Je pense que pendant tout le match, mon service est la seule chose que j’aurais pu améliorer un peu. »

Shapovalov a produit 17 aces, tandis que Khachanov n’en a eu que trois.

Voici ce que Khachanov a dit à propos de Shapovalov : « C’est un joueur difficile à affronter, surtout sur le gazon, car quand il appuie sur la gâchette, sa balle rentre vraiment fort. Parfois, on ne sait même pas où se diriger. C’est un vrai cogneur. »

Shapovalov considère que c’est à sa mère Tessa qu’il doit son style de jeu si dynamique et téméraire. « Ma mère m’a toujours dit qu’en grandissant, ce serait un avantage. C’est quelque chose qui t’appartient, tu dois le garder, l’entretenir pour l’avenir. C’était énorme de sa part, parce que j’ai l’impression que beaucoup de joueurs, quand ils sont jeunes, perdent un peu de ça parce qu’ils ont peur de se faire lobber ou de perdre des points. C’est génial qu’elle ait eu cette vision pour mon jeu. »

Vendredi, en demi-finale, Shapovalov sera confronté au tennis plus nuancé, mais presque hors du commun, du numéro un mondial Novak Djokovic.

À ce sujet, Khachanov a mentionné : « Il (Shapovalov) ne l’a jamais battu. Je pense qu’ils ne se sont jamais affrontés sur le gazon. Cela dépendra évidemment de la façon dont il servira et des retours de Novak. Je pense que Novak retourne un peu mieux que moi (sourire). J’aimerais regarder ce match pour voir comment Novak va jouer contre Denis et comment Denis va jouer contre Novak. Ce sera un duel intéressant. »

Photo : Martin Sidorjak

En six tentatives — du troisième tour des Internationaux d’Australie de 2019 au tournoi à la ronde de la Coupe Laver à Melbourne, en février — Shapovalov n’a jamais vaincu Djokovic. « Les deux dernières fois, c’était très serré », indiquait Shapovalov au sujet de sa rencontre avec le quintuple champion de Wimbledon. [Cela comprend des défaites de 4-6, 6-1, 7-6(4) et de 7-5, 7-5 lors des deux dernières éditions de la Coupe Laver.] « Je me sens vraiment bien. Je me sens bien physiquement et sur le plan du tennis. Il joue évidemment très bien. Ce sera une dure bataille. Mais comme je l’ai dit, quand tu arrives sur le terrain, le pointage est 0-0. C’est un match de tennis. Tout peut arriver. Je vais me battre pour chaque point et je vais croire en moi. Je crois que j’ai ce qu’il faut pour le battre et remporter ce match. »

Djokovic, 34 ans, a offert un rapport de repérage exceptionnellement complet sur Shapovalov : « Il connaît du succès sur le circuit depuis une couple d’années. Il fait partie du Top 20, du Top 15, même si les gens s’attendaient à ce qu’il soit dans le Top 10 ou même le Top 5 et qu’il soit un des leaders de la prochaine génération, ce qu’il est. Mais il ne remportait pas les gros matchs. Il gagne en maturité, ce qui est normal, logique. Il faut s’attendre à ça de la part d’un joueur comme lui qui a un jeu très complet. Gros service, gaucher, ce qui est toujours compliqué sur des surfaces rapides. Il est à l’aise au filet. Je pense qu’il a amélioré ses déplacements et qu’il fait donc moins d’erreurs, ce qui était probablement la partie de son jeu qui l’embêtait le plus. »

Avec tout le respect que je dois aux deux autres demi-finalistes — Hubert Hurkacz et Berrettini — Shapovalov, 22 ans, a un meilleur potentiel de performance que les deux autres et est probablement le plus grand obstacle entre Djokovic et son sixième titre de Wimbledon — et son 20e en tournois du Grand Chelem.

Photo Martin Sidorjak

Défaite frustrante pour Auger-Aliassime qui a mis beaucoup de pression sur le service de Berrettini — l’Italien de 25 ans a disputé 26 points de plus sur son service (136 contre 110) qu’Auger-Aliassime. Mais c’est finalement l’issue de la troisième manche qui a été déterminante.

Auger-Aliassime est un joueur naturel et fluide, tandis que le style de Berrettini semble plus fabriqué et s’appuie sur la puissance brute de son service et de son coup droit.

Photo : Martin Sidorjak

Après un début de match empreint de nervosité, Auger-Aliassime a mieux servi et a mieux joué en fond de terrain dans la deuxième et la troisième manche contre un Berrettini qui semblait quelque peu crispé et hésitant. Mais alors qu’il a remporté son service plus facilement que Berrettini à la troisième manche, Auger — Aliassime a raté un coup droit sur le premier point du 12e jeu et a commis une double faute sur le troisième. Cela a créé une ouverture pour Berrettini qui a gagné les deux derniers points pour signer un bris crucial.

Il s’est ainsi emparé du momentum. Un bris de service au deuxième jeu de la quatrième manche a suffi à l’Italien pour s’envoler avec la victoire.

« Il y a eu des moments dans la deuxième et la troisième manche où je réussissais à retourner la plupart de ses services et à le faire jouer », analysait Auger-Aliassime. « J’avais l’impression que la pression était sur lui. Je gagnais mes services plus facilement. J’avais plus d’ouvertures sur les siens. »

À propos du tournant du match, Auger-Aliassime a mentionné : « Je pense qu’à 5-5, 40-40 dans la troisième manche, j’ai raté un revers. Il me semble que j’avais un peu le momentum, que j’avais un peu l’avantage. Mais à partir de ce moment-là, il a gagné cinq jeux consécutifs. Je pense donc avoir perdu le match à la fin de la troisième manche et au début de la quatrième. J’ai joué un mauvais jeu sur mon service. Il a effectué de beaux coups. Il a commencé à servir de mieux en mieux à la quatrième. Il était plus détendu. J’ai essayé de m’accrocher, de me battre, mais c’était trop peu trop tard. »

Photo : Martin Sidorjak

Bien qu’il aurait été formidable d’avoir Shapovalov et Auger-Aliassime au carré d’as de Wimbledon, les amateurs de tennis canadiens devraient se réjouir du succès inégalé de cette génération et de ce moment — qui se reflète dans les classements ATP en direct des meilleurs joueurs canadiens et américains.

10: Denis Shapovalov                        33e : Reilly Opelka

15e : Félix Auger-Aliassime                 34e : John Isner

22e : Milos Raonic                                40e : Taylor Fritz

Il y a quelques décennies, alors que les grands champions américains comme Stan Smith et Arthur Ashe, Jimmy Connors et John McEnroe, puis Pete Sampras et Andre Agassi dominaient le sport — et que les Canadiens peinaient à placer un joueur dans le Top 50 — l’idée que trois Canadiens puissent surclasser les meilleurs Américains aurait été absurde.   

PHOTO D’ARCHIVES

PIMM’S est la boisson traditionnelle de Wimbledon — elle se compose de liqueur à base de gin avec de la limonade et des fruits.

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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