Il est évident que Denis Shapovalov traverse une période difficile, avec une fiche d’une victoire et quatre défaites depuis les Internationaux d’Australie, et des défaites aux dépens de joueurs beaucoup moins bien classés que lui.
Cette situation est bien connue de tous sur le circuit, mais le Français Ugo Humbert a admis qu’il n’était pas au courant de la situation après avoir vaincu la 25e tête de série en deux manches de 7-5 et 6-4, vendredi. En fait, ce n’est qu’avant le match que son nouvel entraîneur, Jérémy Chardy, lui a parlé des difficultés du Canadien.
Le duel a été un drame en deux actes, entrecoupées par une pause de deux 2 h 15 en raison de la pluie. Un peu étrange pour le désert californien, mais c’est une tout autre histoire.
Les nuages noirs étaient de mauvais augure lorsque le match a commencé vers 16 heures, alors que les lumières étaient déjà allumées. La première interruption a été brève alors que Shapovalov menait 2-1 dans la manche initiale. À la reprise, il a brisé Humbert, mais le Français a immédiatement répliqué. La plus longue interruption est survenue alors que Humbert servait à 15-15 et tirait de l’arrière 2-3.
Le jeu irrégulier du Canadien a refait surface lorsque les joueurs sont revenus sur le terrain à 18 h 45. Il a commis trois doubles fautes consécutives à 4-4, mais a quand même réussi à s’en sortir.
Cependant, à 5-5, une autre double faute a donné le bris à Humbert et Shapovalov s’en est pris à sa raquette avant d’aller s’asseoir et d’indiquer à son clan — son entraîneur Peter Polansky et son physio Eddie Prommon — qu’il voulait qu’ils s’en aillent. Ce qu’ils n’ont pas fait.
Shapovalov a perdu la première manche au jeu suivant, mais semblait s’être ressaisi alors qu’il se forgeait une avance de 4-1 au deuxième acte. Il a même eu une balle de bris pour faire 5-1. Mais, comme cela est devenu une habitude, il s’est mis à commettre des fautes directes pour redonner espoir à Humbert.
« Parfois, il réalise des coups éclatants, puis il rate la balle suivante, a mentionné Humbert à propos de Shapovalov. J’ai réussi à rester concentré, à prendre mon temps. Je savais que j’aurais mes chances.
« La deuxième manche a été bizarre. On aurait dit que parfois il n’essayait même pas… mais pas tout à fait. Quand il a mené 4-1 et qu’il a eu un coup droit facile pour faire le bris et mener 5-1, il est devenu un peu tendu et a raté son coup. »
Humbert a ensuite orchestré une remontée et Shapovalov a dû avoir une impression de déjà-vu. Lorsqu’il a concédé son service pour la deuxième fois à 4-4, il ne s’est même pas assis au changement de côté, et s’est immédiatement dirigé vers le fond du terrain pour recevoir les offrandes du Français, ce qui semblait indiquer qu’il en avait assez. Sans surprise, il a perdu le match en quatre points rapides pour mettre fin au duel d’une heure et 54 minutes.
Humbert avait plusieurs raisons de se réjouir de cette victoire. Les choses n’allaient pas à son goût depuis sa réaction à un vaccin contre la COVID-19 avant les Internationaux des États-Unis de 2021. Il est ensuite progressivement entré dans une spirale, perdant complètement confiance en son tennis et en lui-même après avoir atteint le 25e rang mondial en juin 2021.
« Je suis très heureux parce que j’étais 160e en août, et maintenant je vais participer au troisième tour ici. J’ai dit à Jérémy (Chardy) que j’étais sur la bonne voie. Cela faisait longtemps que je n’avais pas battu un aussi bon joueur. »
Les amateurs du Stadium 4 étaient résolument pro-Shapovalov et le résultat doit être dévastateur pour le Canadien.
Son prochain tournoi sera l’Open de Miami, où il tentera non pas de retrouver son jeu, mais de le conserver suffisamment longtemps pour gagner des manches et des matchs. Il possède encore tous les coups et peut sans doute les frapper aussi bien que n’importe quel joueur. Cependant, il se sabote lui-même en commettant des erreurs de débutants, à commencer par des doubles fautes. Vendredi, il en a eu 14 comparativement à 3 pour Humbert.
Si Roger Federer a pu, tout au long de sa carrière, enchaîner les matchs en ne commettant qu’une ou deux doubles fautes, il n’y a pas de raison pour que Shapovalov n’ait pas une moyenne de quatre ou cinq doubles fautes par match.
Les trois autres Canadiens en simple entreront en action samedi.
Ainsi, Félix Auger-Aliassime affrontera Pedro Martinez, 120e mondial.
Il s’agira d’un premier duel entre le Canadien et l’Espagnol, qui s’était hissé au 40e échelon en mai 2022.
Ensuite, Leylah Fernandez se mesurera à l’Américaine Emma Navarro, 128e mondiale. Ce sera également une première rencontre entre les deux joueuses.
Un peu plus tard, Bianca Andreescu croisera le fer avec Peyton Stearns, une ancienne joueuse de l’Université du Texas qui occupe le 126e échelon du classement de la WTA.
Vendredi, au premier tour du double féminin, Andreescu et la Kazakhe Yulia Putintseva ont subi un revers de 7-6(3) et 6-4 aux mains de l’Américaine Nicole Melichar-Martinez et de l’Australienne Ellen Perez.