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Petra Kvitova of the Czech Republic

Au cours d’une année, les amateurs de tennis ont le privilège d’être témoins d’innombrables moments magiques, mais rien ne se compare aux finales du All England Lawn Tennis and Croquet Club. En effet, il n’y a que très peu d’occasions, voire aucune, dans le sport qui égalent la magnificence, l’histoire, la tradition de Wimbledon.

Ce fut donc un grand moment lorsque la Montréalaise Eugenie Bouchard est entrée sur le Court central au cœur du SW19 en tant que première Canadienne à atteindre la finale du simple d’une épreuve du Grand Chelem, le samedi 5 juillet 2014.

Le parcours de Bouchard, qui était alors âgée de 20 ans, avait croisé celui de deux des dix meilleures joueuses du monde de l’époque avant que la Canadienne prenne rendez-vous au quatrième tour avec la surprenante Alizé Cornet (25e) qui, contre toute attente, avait eu raison de la favorite Serena Williams au tour précédent.

L’adversaire de Bouchard au troisième tour représentait également un défi de taille. En effet, l’Allemande Andrea Petkovic était la 20e tête d’affiche et possédait une fiche parfaite de trois victoires contre la Canadienne, l’ayant notamment battue en deux manches à l’édition 2011 de la Coupe Rogers présentée par Banque Nationale.

Bouchard Wimbledon
Photo: REUTERS/Toby Melville

Malgré son jeune âge, Bouchard, 13e tête de série du tableau, avait fait preuve d’une très grande maturité pour venir à bout de l’Allemande en des comptes de 6-3 et 6-4 et ainsi obtenir son billet pour le quatrième tour contre Cornet, qui était gonflée à bloc après son triomphe de 1-6, 6-3 et 6-4 aux dépens de Williams.

Dans un duel beaucoup plus serré, Bouchard est parvenue à soutirer un gain de 7-6(5) et 7-5 à la Française pour accéder aux quarts de finale.

Une autre Allemande — future numéro un mondiale, triple championne de Grands Chelems et huitième tête de série du tournoi — l’y attendait : Angelique Kerber.

Évoluant sur le Court 1, Bouchard, qui avait été couronnée championne chez les juniors deux ans plus tôt, tentait d’accéder à son troisième carré d’as d’un Grand Chelem de la saison, s’étant également démarquée aux Internationaux d’Australie et à Roland-Garros.

Faisant étalage de toute sa panoplie de coups, la Canadienne a aisément indiqué la sortie à Kerber en des comptes de 6-3 et 6-4 pour mettre la table pour un affrontement avec la Roumaine Simona Halep, une autre joueuse qui deviendra numéro un et qui mettra la main sur des trophées de Grands Chelems.

Avant le match contre Halep (3e), Bouchard savait qu’une victoire la placerait face à Petra Kvitova, championne de 2011. Faire abstraction de ses deux défaites précédentes en demi-finale de tournois majeurs n’a toutefois pas dû être facile.

Heureusement pour elle, tous les astres étaient alignés.

La première manche avait été décidée par un jeu décisif. Sur la balle de manche, Bouchard avait produit un puissant coup droit dans un coin du terrain, ne laissant à Halep d’autre option que retourner une balle haute que la Canadienne s’était empressée de smasher.

Le deuxième acte avait été plus expéditif, Bouchard ayant scellé la victoire par 6-2 lorsque Halep avait été incapable de retourner un magnifique service.

La Canadienne avait alors levé les bras. Finaliste à Wimbledon. Incroyable.

C’est un Court central somptueux et plein à craquer qui avait accueilli Bouchard et Kvitova pour le match de championnat. Le gazon était impeccable.

Malheureusement pour Bouchard, la performance de Kvitova l’était tout autant. La Tchèque était dans une forme exceptionnelle et la Canadienne, qui n’avait pas encore concédé une seule manche, n’arrivait pas à la dompter.

Comme l’avait fait remarquer un commentateur : « Kvitova a réponse à tout, aujourd’hui. »

Malgré sa défaite de 6-3 et 6-0, Bouchard avait remarquablement bien représenté le Canada pendant toute la quinzaine.

Dans son entrevue d’après-match avec Sue Barker, elle s’était montrée gracieuse dans la défaite. « Tout d’abord, je voudrais féliciter Petra. Elle a magnifiquement bien joué ces deux dernières semaines. C’était vraiment difficile pour moi aujourd’hui, mais je suis fière de ce que j’ai accompli à ce tournoi. »

Le parcours de Bouchard avait ouvert la porte aux Canadiens et leur avait fait comprendre qu’ils avaient leur place au sommet du tennis. En fait, à peine deux ans plus tard, Milos Raonic imitera sa compatriote à Wimbledon, tandis qu’en 2019, Bianca Andreescu franchira une étape de plus aux Internationaux des États-Unis en devenant la première Canadienne à conquérir un titre de simple d’une épreuve du Grand Chelem.

On peut appeler ça une grande source d’inspiration.

(Photo: AP Photo/Sang Tan)

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