Photo: Martin Sidorjak

Le tandem espagnol composé de Marcel Granollers et de Pedro Martinez a dominé le match de double de la Coupe Davis vendredi contre les Canadiens Félix Auger-Aliassime et Vasek Pospisil — jusqu’à ce qu’il ne le domine plus.

Auger-Aliassime et Pospisil se sont lancés dans une incroyable remontée après avoir été menés 3-5 à la manche décisive. Auger-Aliassime a d’abord servi pour faire 4-5, puis la fête a commencé, du moins pour les Canadiens. Granollers, qui avait jusque-là été la première étoile du match, a remporté le premier point alors qu’il servait pour la rencontre. Il a ensuite commis une double faute pour faire 15-15. Par la suite, Pospisil a réalisé un retour gagnant au milieu du terrain pour 15-30, Auger-Aliassime a produit un superbe retour gagnant en décroisé du coup droit pour 15-40 et Pospisil a concrétisé le bris avec un retour gagnant du coup droit le long de la ligne.

On peut facilement comprendre la stupéfaction de l’équipe espagnole devant ce revirement devant leurs partisans, à Valence.

À 5-5, Pospisil a semblé un peu vulnérable alors qu’il servait à 30-30, mais, comme il l’a fait à maintes reprises au cours du match, son service était sur la coche — dans ce cas-ci, il a produit deux aces consécutifs pour prendre les devants 6-5.

À 15-15 du jeu ultime, Granollers au service, les Espagnols ont commencé à s’écrouler sous la pression constante des retours des Canadiens. Ils ont raté des volées dans les trois derniers points pour mettre fin au match. Pointage final : 4-6, 6-4 et 7-5 pour le Canada.

Sur le dernier point, Pospisil a claqué un retour de service du coup droit sur Martinez au filet que l’Espagnol n’a pas été en mesure de remettre en jeu, mettant ainsi un terme au duel de deux heures et cinq minutes.

Plus tard, quand on lui a demandé s’il avait délibérément visé Martinez au filet sur la balle de match, Pospisil a répondu : « Non, j’ai décidé de frapper le long de la ligne et je ne savais pas de quel côté il (Martinez) avant se déplacer. Ils faisaient une formation en I, alors j’ai simplement choisi un endroit. »

Ce sont Granollers et Martinez qui ont été les plus agressifs, surtout au filet, pendant la majeure partie du match, mais ils ont fini par se heurter à l’étrange synchronisme des retours d’Auger-Aliassime et de Pospisil.

« Ce sont d’excellents joueurs, a mentionné Granollers, déçu. Ils frappent fort, ils servent bien. Je pense que nous avons disputé un bon match. Nous avons eu quelques chances à la deuxième manche avec des balles de bris au premier jeu et à 4-4. De plus, nous menions dans la troisième manche. Oui, c’est fou comme tout peut changer rapidement en double. Nous menions 5-4 et dix minutes plus tard, nous avions perdu le match. C’est le tennis, nous allons réessayer dimanche (contre la Corée du Sud). »

« J’ai dit aux gars, a confié le capitaine Frank Dancevic en parlant d’Auger-Aliassime et de Pospisil, “écoutez, ces gars (Espagnols) jouent trop bien, vous devez foncer. La seule façon de gagner ce match est de laisser aller vos coups”. Ils ont produit presque huit gros retours de suite. C’est une fin de match incroyable, une fin de journée incroyable. »

Photo: Martin Sidorjak

Lors de l’entrevue d’après-match, Auger-Aliassime, encore hébété par la victoire, a dit : « Je ne sais pas comment nous avons réussi ça. C’était un bon effort de les faire servir (à 5-4, 3e manche). Nous avons fait de très bons retours dans les trois derniers jeux. Ce n’est pas comme si leur niveau de jeu avait baissé. Nous avons trop bien joué. Nous étions dans une zone différente. Nous avons continué à y croire et à laisser aller nos coups. C’est aussi grâce à toute l’équipe. »

Pospisil a connu des hauts et des bas pendant le match, mais il a excellé au service. « Je servais incroyablement bien, a-t-il déclaré, ajoutant avec un peu d’humour : je n’arrivais pas à mettre un retour en jeu pour la première manche et demie. Au fur et à mesure que le match progressait, je retournais de mieux en mieux. Nous étions en feux lors des trois derniers jeux. »

Il a ajouté : « Je suis exténué et très heureux que nous ayons gagné. »

Au début de la journée, Pospisil en réalisant une bonne performance dans une défaite de 3-6, 6-3, 6-3 aux mains de Roberto Bautista Agut. Après, il a parlé de certaines douleurs qu’il a ressenties pendant le match. « J’avais un petit quelque chose dans le bas du dos, et une sorte de spasme à gauche ou un certain inconfort dans mon muscle fessier. La différence (dans le match) était au niveau physique. Rien d’autre. Le niveau de tennis n’a pas vraiment décidé et malheureusement à la fin du match, jusqu’à 2-2 dans la troisième manche, mon corps a lâché. J’étais exténué. J’avais des crampes. Les conditions étaient lentes, très humides. C’est frustrant parce que j’avais l’impression de livrer un match de très haute qualité. »

En l’écoutant, il semblait peu probable qu’il soit ensuite physiquement capable d’être à la hauteur pour le double.

Photo: Martin Sidorjak

Le match opposant Auger-Aliassime à l’enfant prodige du tennis masculin, Carlos Alcaraz, a été le clou de la journée. L’Espagnol et le Canadien étaient tous les deux sur leur marque — bien que les statistiques d’Auger-Aliassime étaient les meilleures à la première manche. Il n’a perdu que quatre points à ses six jeux au service. Puis, après avoir obtenu un mini-bris pour mener 2-1 au jeu décisif, il avait le coup parfait pour faire 3-1, mais l’a raté. Alcaraz a ensuite dominé pour empocher la manche.

Auger-Aliassime était sur la corde raide au deuxième acte lorsqu’il s’est retrouvé face à une balle de bris à 2-3, mais s’en est sorti avec une volée liftée gagnante.

À 4-4, il a brisé Alcaraz, qui semblait vulnérable, cinq jours seulement après son triomphe à New York. Auger-Aliassime a servi pour la deuxième manche et a signé un autre bris au début du troisième engagement pour prendre les devants 4-1.

Le vent avait tourné en sa faveur, mais Alcaraz n’avait pas jeté l’éponge. Le Canadien a dû repousser quatre balles de bris au quatrième jeu avant de se diriger vers un gain de 6-7(3), 6-4 et 6-2.

Photo: Martin Sidorjak

« J’ai beaucoup de respect pour lui, mentionnait Auger-Aliassime. Gagner à New York et venir ici, sur une surface différente, de l’autre côté de l’Atlantique et de jouer à ce niveau n’est pas facile. C’est tout à son honneur, mais aujourd’hui, je pense avoir été un peu meilleur dans la troisième manche. J’ai tout donné. C’est ce qu’il faut pour battre un joueur comme lui. »

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Les statistiques étaient assez semblables, sauf qu’Auger-Aliassime a concrétisé trois de ses six balles de bris tandis qu’Alcaraz était zéro en sept. Bien qu’Alcaraz se soit révélé être un magicien de la volée, ce jour-là, Auger-Aliassime a fait mieux que lui en remportant 20 points au filet comparativement à 19 pour son adversaire.

« C’est une grande victoire pour moi, poursuivait le Canadien. Bien sûr, le soutien de l’équipe et du capitaine, ça aide vraiment dans les moments difficiles. Mais je n’allais pas laisser tomber l’équipe, j’allais tout donner du premier au dernier point. Et c’est ce que j’ai fait. »

Photo: Martin Sidorjak

« Je ne suis pas en très bonne condition physique. C’est très, très difficile. Le court est très lent. Je n’ai eu que deux jours pour adapter mon jeu à cette surface. Oui, c’était vraiment une journée difficile. Mais je dois le féliciter (Auger-Aliassime) parce qu’il a joué un match incroyable. »

Le Canada affrontera maintenant la Serbie, une équipe composée de Miomir Kecmanovic (33e), Filip

Krajinovic (41e), Laslo Djere (66e) et Dusan Lajovic (92e).

Toutes les possibilités ne sont pas officiellement connues, mais il semble que si le Canada peut gagner un match contre la Serbie – donc ne pas perdre 3-0 —, il fera partie des deux pays qui se qualifieront pour les quarts de finale de la Coupe Davis, à Malaga, en Espagne.

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