Photo : Australian Open
Un premier titre pour l’une, un 22e pour l’autre.
Les Internationaux d’Australie ont été conclus par le couronnement d’une nouvelle reine et d’un roi qui s’est presque créé un abonnement au trône masculin.
Mais, comme le démontrent ces parcours à sens unique dans leur tableau respectif, ils ont pleinement mérité ces trophées. En sept matchs, ils n’ont laissé qu’une miette (une seule petite manche) à tous leurs rivaux confondus.
Ça s’appelle survoler un tournoi.
Commençons par le triomphe (tant) attendu pour la Biélorusse Aryna Sabalenka, trophée qu’elle a paradé fort élégamment dans les jardins Victoria de Melbourne.
Après avoir percé en 2017 et obtenu le titre de recrue de l’année de la WTA en 2018, Sabalenka a dû attendre plusieurs années avant de justifier les énormes attentes mises en elle.
Grande et forte, elle avait tout pour soulever un jour un trophée dans un tournoi majeur. Elle a toutefois dû combattre un adversaire plus compliqué que bien des joueuses en espadrilles de l’autre côté du filet. Un caractère complexe et des émotions souvent à fleur de peau qui en faisaient tout de même une personnalité s’attirant l’affection de beaucoup d’amateurs.
Je vous invite d’ailleurs à lire mon texte à ce sujet, cette semaine, sur le site de l’Omnium Banque Nationale.
À quatre mois de son 25e anniversaire de naissance, la native de Minsk engrange donc le 12e titre de sa carrière, mais certes le plus important, et elle remonte au deuxième rang mondial, encore très loin de la meneuse Iga Swiatek. Cela dit, Aryna Sabalenka devient la 16e joueuse en 23 tournois du Grand Chelem à conquérir les grands honneurs.
Ai-je besoin de vous parler de parité, ici ? Cette parité qui ne peut que bénéficier à un sport, même si on adore développer des championnes quasi invincibles comme l’a été Serena Williams, à une certaine époque, ou comme l’ont été les légendaires membres du Big 3, pendant 20 ans.
Car, de ce côté, cette parité se fait attendre comme en font foi les noms de Djokovic, Nadal et Federer figurant sur 64 des 78 derniers trophées attribués en tournois majeurs. Une famine sportive de 20 années alors que seulement 10 autres joueurs se sont arraché les 14 autres trophées, entre juillet 2003 et janvier 2023.
Et puisqu’il est question du Big 3, voici celui qui est en voie de s’échapper du trio et de s’adjuger le fameux acronyme G.O.A.T. (Greatest Of All Time).
Deux jours auparavant, Djokovic était passé au premier rang dans l’histoire du Grand Chelem avec une 33e participation à la finale (une de plus que Federer). En battant Tsitsipas, le Serbe venait de se joindre à Rafael Nadal au sommet des détenteurs de titres du GC avec 22.
Plus jeune membre du désormais Big 2, le Serbe le plus célèbre de la planète n’a que 35 ans et sa forme physique nous laisse croire qu’il prendra seul la tête en 2023 pour ne plus jamais la céder.
Tout ça après une année 2022 où il a été privé de 2000 points à Wimbledon, et d’un potentiel de 5 000 points supplémentaires parce les Internationaux d’Australie et des États-Unis lui ont été interdits — tout comme les importants tournois d’Indian Wells et de Miami — en raison des interdictions reliées à la pandémie en Amérique et en Océanie. Ce qui devait lui faire perdre son premier rang mondial et le faire chuter au huitième échelon.
Qu’à cela ne tienne, le diable d’homme a colmaté la brèche, réparé le tout et a reconquis le titre de numéro un en exactement sept mois et demi.
Djokovic est certes un personnage clivant, toujours au troisième et dernier rang au classement de l’affection que les amateurs de sports décernent aux membres du Big 3. Mais on ne pourra nier qu’il résiste admirablement à l’incroyable pression qui le submerge.
Sa soudaine montée de larmes, entre les derniers jeux de sa défaite aux mains de Daniil Medvedev à Flushing Meadows en 2021, nous l’avait montré sous un jour émotif peu usuel. Quant à son effondrement aux pieds des membres de son clan, dimanche à Melbourne, il en disait long sur ce qu’il avait vécu au cours de la dernière année.
Il EST le plus grand de l’histoire. Qu’on l’aime ou pas.
Djokovic en quelques chiffres
21-1 : Fiche de manches disputées à Melbourne.
10 : Titres aux Internationaux d’Australie (1re)
22 : Titres en tournois du Grand Chelem (1er, ex aequo avec Nadal)
93 : Titres ATP et GS (4e)
12-0 : Fiche en 2023
17 : Séquence de victoires depuis le 6 novembre 2022
37-1 : Fiche depuis le 3 juin 2022 (Roland-Garros)
84-3 : Fiche aux Internationaux d’Australie depuis 2011
223-4 : Fiche en tournois du Grand Chelem depuis 2011
Le Djoker a remporté son premier titre du GC en 2008. Roger Federer en avait 12 de plus que lui.
Voyez sa progression phénoménale au cours des 12 dernières années.
Djokovic, avec 93 titres devrait (très) bientôt égaler puis dépasser Ivan Lendl au troisième rang de cette prestigieuse liste. Il ne sera plus devancé que par les 103 trophées de Roger Federer et les 109 de Jimmy Connors.
Je ne parierais pas contre lui…
Jusqu’où iront-ils ?
Je sais… je sais… Les goûts ne sont pas à discuter.
Et chaque fois que je m’exprime sur un style vestimentaire plutôt, disons, hmmm… particulier, la balle me revient à la vitesse d’un coup droit de Carlos Alcaraz.
N’empêche.
Les athlètes habillés par Nike se sont vu offrir une tenue dont les motifs dépassent probablement tout ce qu’on a vu au fil des deux dernières décennies. Et croyez-moi, l’équipementier s’est surpassé à de nombreuses reprises par le passé.
Comme d’habitude, il y a plusieurs déclinaisons, comme celles portées par Bianca Andreescu et Denis Shapovalov, au jour 1 des Internationaux d’Australie, le 16 janvier dernier. L’agression visuelle du motif était un peu moins intense, disons.
Mais l’Américain Frances Tiafoe, lui, a opté pour la totale. Camisole en prime.
Et connaissant le personnage, extroverti et amoureux des foules, le choix n’a surpris personne.
La mode au tennis a bien évolué depuis quelques décennies. Alors… imaginez depuis 100 ans.
Et le compte Twitter de @TennisLegende s’est occupé de nous le rappeler.
Sublimes photos
Vous n’avez pas à regarder ce superbe cliché bien longtemps pour reconnaître la silhouette du meilleur joueur de tennis du Canada et septième joueur mondial.
Si ce n’était du logo A3S vaguement identifiable sur sa manche gauche, nous aurions pu croire que le photographe Cameron Spencer n’avait capté que l’ombre de Félix sur la surface bleue de Melbourne.
Non, c’est bien Félix qui, lui, se trouve dans la moitié ombragée du terrain à une certaine heure du jour, pendant l’un de ses quatre matchs disputés aux Internationaux d’Australie.
Si cette photo m’a interpelée, c’est bien sûr parce qu’il s’agit de mon jeune compatriote, dans sa position typique, en attente du service rival. Mais aussi parce que, chaque semaine, on finit toujours par tomber sur ce type de photos artistiques au tennis.
Et, après Félix dans l’ombre, une semaine plus tard, c’est Stefanos baigné de soleil sur une sombre toile de fond qui a attiré mon attention. Une réalisation de Manan Vatsyayana.
Un Tsitsipas lévitant à un pied du sol au moment où il complète son superbe revers à une main. Moment de grâce où seul l’acteur apparaît en scène dans un stade, encore une fois, séparé par l’ombre et la lumière.
De la pure poésie.
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