Photo: Mathieu Bélanger

La belle aventure de Leylah Fernandez à l’Omnium Banque Nationale 2023 a pris fin de façon abrupte, jeudi soir, alors qu’elle s’est inclinée en deux manches de 6-2, 6-3 face à l’Américaine Danielle Collins.

Depuis qu’elle est arrivée à Montréal, Collins a clairement retrouvé le jeu qui lui avait permis d’atteindre la finale des Internationaux d’Australie en janvier 2022, puis de se hisser au septième rang mondial, six mois plus tard.

Après avoir évincé Eugenie Bouchard et sa compatriote Emina Betkas au cours des qualifications, la 48e joueuse mondiale a ensuite écarté de son parcours Elina Svitolina et Maria Sakkari dans le tableau principal.

Collins est sortie des blocs de départ telle une sprinteuse olympique, et ses coups, aussi précis que puissants, ont eu raison de la Montréalaise qui ne jouait pourtant pas mal du tout. Le temps de le dire – 25 minutes pour être précis – c’était un bris de service et un score de 4-1 en faveur de Collins. L’affaire allait être bouclée en une quarantaine de minutes, 6-2.

Photo: Mathieu Belanger

La Floridienne de 29 ans a poursuivi son travail systématique au cours de la deuxième manche. Bien qu’elle ait résisté aux attaques incessantes de sa rivale, Fernandez a été brisée à zéro dans le huitième jeu, permettant à Collins de servir pour le match.

L’affaire a été entendue séance tenante, cette dernière enchaînant un second jeu à zéro consécutif. Pointage final : 6-2, 6-3. Elle aura converti trois de ses 10 balles de bris tout en n’en offrant aucune à Leylah Fernandez.

Photo: Pascal Ratthé

Danielle Collins accédait ainsi aux quarts de finale qu’elle dispute vendredi après-midi face à la favorite Iga Swiatek qui l’avait précédé sur le central.

En conférence de presse, outre de bons mots pour une adversaire qu’elle respecte, Leylah a parlé des conditions différentes par rapport à ses deux premiers matchs disputés en après-midi. « Les conditions n’étaient pas idéales. Il faisait moins chaud. Mais c’était les mêmes conditions pour mon adversaire également. Et j’ai peut-être mal géré mes périodes de sommeil concernant le jeu en soirée. »

Le passage à Montréal aura tout de même permis à Leylah de retrouver de bonnes sensations. Non seulement a-t-elle réussi à créer une atmosphère excitante dans le cadre du tournoi en se rendant au jeudi soir, mais c’était aussi le premier événement de 2023 où elle collait deux victoires.

Photo: Mathieu Belanger

Elle devrait donc grimper et se retrouver tout près du Top 70, lundi, lors de la parution des prochains classements. Prochaine étape : Cincinnati.

Ce qu’elle a retenu de sa semaine ?

« La chair de poule que je ressentais chaque fois que j’entrais sur le terrain, quand le public crie mon nom. C’est mon moment préféré parce que je sais que les gens sont là non seulement parce qu’ils viennent me voir, mais parce qu’ils aiment mon jeu de tennis. Ensuite, ce sont les entraînements que j’ai eus avec mon père et avec ma sœur. J’ai pu passer quelques heures avec ma famille que je n’avais pas vue depuis longtemps. Ce sont des moments précieux pour moi. »

Attente lente

Photo: Patrice Lapointe

Comment font-elles ?

Oui, quand la pluie vient interrompre un match, deux fois plutôt qu’une. Quand la pluie vient retarder une rencontre pendant une heure… deux heures… trois heures… Comment font-elles pour passer le temps.

Pas facile pour ces athlètes de pointe, dont les routines sont réglées au quart de tour, de se voir emprisonnées dans une attente assommante et de remettre le compteur à zéro pour donner le rendement attendu et espéré.

Jeudi, Iga Swiatek et d’autres joueuses de la WTA, dont Marie Bouzkova et Daria Kasatkina (photo), ont vécu cette réalité en raison des humeurs changeantes de Dame nature.

Pour nous éclairer sur leur façon de gérer le tout, Sylvain Bruneau, consultant pour pour le tennis féminin de Tennis Canada, a accepté de nous révéler quelques détails des coulisses de la WTA

Bruneau a vécu le quotidien des stars du tennis alors qu’il parcourait le monde comme entraîneur de Bianca Andreescu en 2019. Il a accepté de nous informer sur ce sujet précis pendant que l’organisation de l’Omnium Banque Nationale vivait une deuxième interruption dans cette journée… humide.

Photo: Paul Rivard

« D’une joueuse à l’autre, ça peut changer. Certaines vont s’isoler avec leur équipe et on ne les verra pas. Si elles ont faim, elles vont s’assurer qu’un membre de leur entourage ira chercher leur plat. Donc, elles sont vraiment dans leur bulle », explique Bruneau.

« Certaines vont lire, écouter de la musique et d’autres joueront au billard ou à des jeux de société. Il y en a qui joueront même aux cartes ! Sans être négatif envers celles dont je viens de parler précédemment, celles-ci sont plus “sociables” et on les entendra rire. Ce n’est vraiment jamais pareil d’une joueuse à une autre. Parce que ça peut quand même être très long comme on l’a constaté avec Swiatek et Muchova. »

Il ne croyait pas si bien dire. Ce match, amorcé à midi trente a été conclu plus de neuf heures après, soit un peu après 21 h 30, alors qu’il a été interrompu par deux pauses totalisant six heures et 10 minutes.

Photo: Paul Rivard

Et il y a l’alimentation.

« C’est sûr qu’elles doivent faire attention au niveau de leur nutrition. Quand un match est retardé ou s’il y a eu une pause, on veut toujours manger un peu… mais pas trop… puis qu’on peut être appelée à retourner sur le terrain rapidement. »

Autre exemple concernant Leylah Fernandez, dont le match était initialement prévu à 19 h, mais qui a été décalé vers 22 h. Fernandez s’était entraînée avant la pluie, mais il lui aurait fallu une autre séance d’échauffement avant son match.

« Au moment où l’on se parle (début de soirée, pendant la deuxième pause), s’il arrête de pleuvoir, on tentera de lui sécher un terrain annexe afin qu’elle puisse frapper des balles. »

Ultimement, ces athlètes doivent pouvoir s’adapter à ces conditions changeantes. « La clé, c’est d’être flexibles et de s’adapter. Si t’es trop ancrée dans ta façon de faire et ta routine, sans être capable de t’ajuster, ça devient dérangeant. »

On peut se demander si elles passent beaucoup de temps à s’activer pour être prête.

« Ça dépend. Tu ne peux t’activer pendant trois heures. Oui, avant de sauter sur le terrain, il y aura une forme d’activation. Certaines enfourcheront un vélo stationnaire ou encore le tapis roulant. D’autres feront des “exercices de balles” avec leur entraîneur ou leur préparateur physique. Ou encore de petits mouvements de jeu de jambes avec la corde à danser ou des échelles. »

« Une chose est sûre… », ajoute-t-il, elles n’aiment vraiment pas aller sur le terrain pour une courte période et arrêter de nouveau comme Muchova et Swiatek ont dû s’astreindre à faire aujourd’hui (jeudi). Mais personne n’a de contrôle là-dessus. » Et que font-elles lorsqu’une journée est fichue en raison d’une pluie incessante ? Chose certaine, elles ne resteront pas à l’hôtel toute la journée. Ou bien elles s’entraîneront sur le site ou alors, tout simplement, l’organisation leur trouve des courts intérieurs.

Photo: Comité des Promotions / OBN 2023
Tags