August 11, 2023 Patrice Lapointe/Tennis Canada Carol Zhao Marina Stakusic

Elles se prénomment Carol et Marina.

Et elles étaient les dernières Canadiennes en lice à l’Omnium Banque Nationale 2023 quand, vers 17 h 15 ce vendredi 11 août, elles ont finalement capitulé.

Alors que les prévisions médiatiques mentionnaient les Fernandez, Andreescu (simple) et Dabrowski (double), c’est plutôt les Zhao et Stakusic qui composaient le dernier rempart canadien à tomber dans ce tournoi.

Le parcours de la recrue et de la vétérane a pris fin lorsqu’elles ont été battues en huitièmes de finale du double féminin. Et il s’en est fallu de peu pour qu’elles ne poursuivent cette quête improbable plus tard en soirée, en quarts.

Car c’est de justesse que Carol et Marina ont échappé ce match qui les opposait aux quatrièmes favorites, l’Américaine Nicole Melichar-Martinez et l’Australienne Ellen Perez. Après avoir surpris leurs rivales 6-3 dans la manche initiale, elles se sont fait remettre la monnaie de leur pièce, 6-3 également, avant de capituler dans le super bris d’égalité 10-6 au terme d’un match d’une heure et 23 minutes présenté sur le Court Rogers.

Photo: Paul Rivard

Le tandem local a réussi à enlever ce premier engagement grâce à deux bris de service contre un seul pour leurs opposantes.

S’il n’y a eu que trois bris de service au total des deux premières manches, le super bris, lui, a réservé bien des surprises aux amateurs, car 12 mini-bris ont marqué ce jeu décisif décliné en 16 points. Une chose est certaine, cette situation a permis aux supporters canadiens d’y croire jusqu’à la toute fin.

À 18 ans, et 412e au classement WTA, Marina Stakusic ne s’attendait certes pas à être de l’affiche lors de la journée du vendredi, à l’Omnium Banque Nationale de 2023.

Même en double.

Photo: Patrice Lapointe

Finaliste des préqualifications et défaite de justesse au premier tour des qualifications, l’adolescente s’est donné un boni formidable et inattendu.

Bien évidemment, les deux athlètes étaient déçues.

« C’est évident que nous sommes déçues d’avoir perdu parce que nous étions en commande du match, surtout après la première manche, mentionnait Stakusic, d’entrée. Nous avions un jeu très agressif et nous contrôlions les points. À notre première expérience ensemble, c’est bien d’avoir été les dernières représentantes canadiennes. Je crois que cette semaine a été positive. »

Puis, les deux joueuses se sont complimentées mutuellement lorsqu’il leur a été demandé si c’était l’expérimentée Zhao (244e mondiale) qui agissait un peu comme leader du duo. Avec humilité, cette dernière a laissé sa jeune partenaire répondre en premier.

Photo: Patrice Lapointe

« Ouais, j’ai assurément appris beaucoup de Carol. Elle a beaucoup d’expérience, notamment dans les matchs de double de la Coupe BJK. Je crois que nous avons toutes les deux contribué, mais j’ai appris beaucoup… elle m’a donné plusieurs conseils au cours des matchs, mentionnait Marina avant que Carol ne lui renvoie le compliment. Je dirais qu’elle n’a pas eu besoin de beaucoup de mon aide. Elle a beaucoup de maturité pour son âge. Vous savez, nous avons disputé un premier match très difficile au premier tour. Les deux rencontres ont nécessité des super jeux décisifs… des situations difficiles qu’elle a très bien gérées. »

Photo: Paul Rivard

Les deux joueuses, qui n’avaient jamais évolué ensemble et qui n’ont bénéficié que de courts entraînements pour s’acclimater, ont confirmé qu’elles ont adoré leur expérience et n’hésiteraient pas à refaire équipe si elles en ont l’occasion.

Marina Stakusic se dirige maintenant vers l’Espagne pour quelques tournois ITF et pourrait ensuite être de retour aux États-Unis, plus précisément en Californie. Quant à l’aînée du tandem, elle se dirige vers Stanford, en Californie, en vue de la semaine prochaine.

« Si je puis trouver un moyen de m’y rendre… », a-t-elle ajouté, déclenchant l’hilarité de sa jeune consœur.

Królowa Iga

Photo: Pascal Ratthé

C’est ainsi, en Polska (Pologne), qu’on nomme la jeune et célèbre compatriote de 22 ans, Iga Swiatek.

La Reine.

Et même à Montréal, peu importe s’ils sont citoyens canadiens, les Polonais d’origine n’en démordent pas. Swiatek est la meilleure joueuse du monde et, forcément la plus grande joueuse de tennis de leur histoire.

Numéro un mondiale depuis la retraite surprise d’Ashley Barty, la native de Cracovie règne sans partage sur la WTA depuis 71 semaines.

À Montréal comme ailleurs sur la planète, chaque passage de l’athlète de 22 ans suscite intérêt et admiration. Le 10 juillet, dans une reprise de la finale de Roland-Garros, la favorite de l’OBN retrouvait la Tchèque Karolina Muchova.

Photo: Pascal Ratthé

Dans les sièges les plus élevés du Stade… IGA… se trouvaient un père et son fils, clairement identifiés par leur allégeance et, forcément, leur origine. Derek Greniuk et son fils Michael, 27 ans, étaient aussi fiers que vocaux devant les prouesses de leur favorite à l’issue de la première manche avalée 6-1.

Derek, un camionneur résidant à Pierrefonds, en banlieue ouest de Montréal, est arrivé au Canada à l’âge de quatre ans. Mais des décennies plus tard, ses racines étaient bien solidement enfouies dans son être. Tout comme chez fiston.

Photo: Paul Rivard

C’était la première fois que le père avait la chance d’assister en personne à un match de son idole qu’il suit depuis ses tout débuts. Et, comme c’était l’anniversaire de son fils, il avait acheté une paire de billets pour venir encourager sa reine.

Leur reine.

Comme le père est natif de Hrubieszów, une ville de quelque 20 000 habitants dans le sud-est de la Pologne, à 6 km seulement de la frontière ukrainienne, ses propos sont devenus hésitants, émotifs, alors qu’il parlait de la proximité du conflit qui y fait rage et qui pourrait menacer les siens, là-bas.

Photo: Paul Rivard

À l’instar d’Iga Swiatek, les Polonais sourient toujours lorsqu’on leur fait remarquer que le commanditaire du Stade IGA forme le même mot que le prénom de leur chère idole. Une coïncidence qui fait bien leur affaire.

Mais ils n’ont pas toujours besoin de l’aide de Dame Chance, pour prendre leur place et imaginer que la vedette de leur pays est leur reine partout. Je prends à témoin cette subtile façon de renommer le mythique stade de terre battue de Paris, lors de la récente quête des Internationaux de France par Sa Majesté Iga Swiatek.

Iga Swiatek, reine de… Poland-Garros !

Photo: AFP
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