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Mardi, Bianca Andreescu, Denis Shapovalov et Vasek Pospisil ont remporté leur match du premier tour — l’une des journées les plus mouvementées de l’histoire des Canadiens aux Internationaux des États-Unis.

Andreescu, qui évolue à Flushing Meadows pour la première fois depuis son triomphe en 2019, a eu besoin de deux heures et 48 minutes pour venir à bout de la tenace Viktorija Golubic par 7-5, 4-6 et 7-5. Shapovalov a renoué avec la victoire en indiquant la sortie à Federico Delbonis en trois manches de 6-2, 6-2 et 6-3 alors que Pospisil a orchestré une superbe remontée pour prendre la mesure de Fabio Fognini 2-6, 3-6, 6-1, 6-3 et 7-6(4) devant des spectateurs passionnés.

Photo: camerawork usa

Après qu’elle ait obtenu des résultats décevants cet été sur surface — des défaites aux mains d’Ons Jabeur, 22e, à son deuxième match à Montréal, et une autre face à Karolina Muchova, 23e, à sa première sortie à Cincinnati —, on ne savait pas à quoi s’attendre de la Canadienne.

Sa volonté et sa ruse lui avaient permis de remporter plusieurs thrillers en trois manches lors de ses victoires de 2019 à l’Omnium Banque Nationale de Toronto et aux Internationaux des États-Unis. Dans la nuit de mardi à mercredi, la jeune joueuse de 21 ans a récidivé : elle était au bord du gouffre avant de venir à bout de Golubic, 45e mondiale, une Suissesse au magnifique revers à une main.

Andreescu a empoché la première et la troisième manche, toutes les deux après avoir tiré de l’arrière 4-2, grâce à ses coups explosifs et à sa témérité. Au deuxième acte, elle menait 4-3 avant de laisser filer trois jeux consécutifs, perdant l’ultime balle de manche sur une demi-volée du revers maladroitement frappée dans le filet.

À 2-2 de cette manche, Andreescu, les larmes aux yeux, a demandé l’aide du médecin. « Ma nourriture grondait dans mon estomac », a-t-elle expliqué plus tard lors de son entrevue d’après-match sur le terrain. « J’avais envie de vomir, j’avais des nausées, ce qui est très bizarre, car j’ai mangé il y a cinq heures déjà. »

Photo : camerawork usa

Lors de visites successives du médecin, elle a reçu des comprimés qui ont rapidement fait effet. « Je me suis sentie très bien après quelques jeux », rassurait-elle.

On a eu l’impression que si elle parvenait à atteindre son meilleur niveau, ou à s’en approcher, elle pourrait prendre le contrôle du match — même si, à de nombreux moments, il semblait possible que cela ne se produise pas. Quand elle est au sommet de sa forme, Andreescu est sans doute aussi bonne que les deux grandes championnes des dernières années, Ashleigh Barty et Naomi Osaka.

Elle n’est pas encore revenue à ce niveau, mais à certains moments, elle a montré sa rare capacité à produire des coups gagnants dévastateurs. On a eu droit à un de ces coups dans le tout dernier jeu du match quand, menée 30-15 sur le service de Golubic, elle a matraqué un revers en croisé gagnant qui était hors de portée de la Suissesse totalement dépassée. Deux points plus tard, deux fautes directes de Golubic, et Andreescu arrachait la victoire et assurait sa place au deuxième tour contre l’Américaine Lauren Davis, 98e mondial, qui ne sera pas en mesure de défier la puissance d’Andreescu comme Golibic a pu le faire. Elle devra plutôt espérer que sa ténacité et sa vitesse de déplacement seront suffisantes pour tenir tête à la championne de 2019.

Photo: camerawork usa

Andreescu n’a pas disputé de tournois en 2020 et jusqu’à présent en 2021, seule sa finale de l’Open de Miami en avril mérite d’être mentionnée.

« C’est très émouvant », a-t-elle déclaré après sa victoire. « Je n’étais pas ici en 2020. J’ai eu mon lot de difficultés au cours de la dernière année. Je pense à tous ces combats et au fait que tout cela en vaut la peine. Gagner à nouveau sur ce terrain est absolument incroyable. »

À propos de ce qu’elle venait de vivre contre une Golubic pleine de ressources, elle a admis : « Il y a eu des bas tout au long du match, mais je me suis battue comme une folle et je suis simplement super excitée. »

Après avoir géré des blessures et la COVID-19 au printemps, Andreescu a affirmé être en pleine forme après cette bataille éreintante et épuisante sur le plan émotionnel. « Honnêtement, je me sens bien, j’ai beaucoup travaillé ma condition physique. Je pense que j’aurais pu disputer une autre manche. »  

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Il y a déjà une liste de jeux décisifs de la cinquième manche (et de la troisième chez les femmes) palpitants à cette édition 2021 des Internationaux des États-Unis et le petit bijou que nous ont offert Pospisil et Fognini mardi se classe tout en haut de cette liste.

Le dénouement du match semblait improbable lorsque Fognini a facilement remporté les deux premières manches. Toutefois, Pospisil a brisé l’Italien de 34 ans dès le premier jeu du troisième acte pour déclencher un revirement de situation — et à partir de là, il était sur sa lancée. Il a empoché la troisième manche 6-1, et à quatrième avec un bris à 5-3 avant de servir.

Tout cela était un prélude au coup de théâtre qui allait se produire au cinquième acte lorsque Fognini semblait avoir repris le contrôle du match après avoir ravi le service du Canadien pour se donner une avance de 2-0, puis de 4-1. Mais Pospisil lui a rendu la pareille pour faire 4-3 et ensuite 44. C’est alors que les choses sont devenues beaucoup plus intéressantes.

On peut dire que deux facteurs sont à l’origine de l’issue de ce duel : Pospisil a mieux servi et a été le joueur le plus agressif, et Fognini était peut-être un peu plus prêt à perdre. Et inversement, Pospisil était beaucoup plus déterminé à ne pas perdre.

Un moment clé est survenu lorsque le Canadien de 31 ans a servi pour rester dans le match à 5-6 de la manche ultime et s’est retrouvé en déficit de 0-30. Puis, une volée gagnante du revers, une faute en retour de Fognini, un ace (accompagné d’un sourire) et un autre retour manqué de Fognini et la marque était de 6-6. L’issue reposait donc sur un jeu décisif.

Pospisil a remporté le premier point sur le service de Fognini grâce à un coup droit impossible à retourner, et à partir de ce moment, il a toujours été en tête. Il s’est forgé une avance de 4-1 et, même lorsque Fognini a récupéré le mini-bris pour faire 3-4, le Canadien a immédiatement répliqué pour prendre les devants 5-3. Menant 5-4 avec deux services en poche, Pospisil a produit son 24e ace avant que l’Italien frappe un retour dans le filet pour mettre fin à une bataille qui a fait vibrer le public enthousiaste du Court 10.  

Les statistiques confirment que Pospisil a été le joueur le plus offensif — son ratio coups gagnants/fautes directes était de 40/40, alors que celui de Fognini était de 28/29.

« J’ai essayé de me ressaisir après un début plutôt chancelant », confiait Pospisil à TSN après le match. À propos de la cinquième manche : « Je jouais bien et j’essayais simplement de rester positif et d’attente la bonne occasion. J’essayais d’avoir des pensées positives et de me dire que j’aurais l’occasion de le briser. Ce n’est évidemment pas ce qui se produit chaque fois, mais je voulais me mettre dans un état d’esprit qui me donnerait la chance de renverser la vapeur et de gagner ce match. »

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Fognini était peu loquace après le match, mais a dit ceci à propos de Pospisil : « Son jeu consiste à bien servir et à frapper très fort la première balle. Il y a beaucoup de choses que je regrette aujourd’hui, alors… »

Dans la loge de Pospisil se trouvaient son entraîneur Vincent Millot, un ancien joueur français à la retraite, et le grand joueur de basketball Steve Nash. Il s’agit d’un ami et d’un compatriote de la Colombie-Britannique qui, de l’aveu de Pospisil, a créé une certaine pression (et a été une source d’inspiration) parce qu’il est un superbe athlète (deux fois joueur le plus utile de la NBA).

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Jeudi, au deuxième tour, Pospisil croisera le fer avec Illya Ivashka, 53e mondial. Il s’agirait d’un premier affrontement avec le Bélarus de 27 ans qui a remporté le premier titre de sa carrière samedi dernier à Winston Salem, en Caroline du Nord.

Pospisil participera au deuxième tour des Internationaux des États-Unis pour une quatrième année d’affilée, ce qui représente son résultat le plus régulier à une épreuve du Grand Chelem.

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Le duel entre Shapovalov et Delbonis sur le Court Louis Armstrong n’a vraiment été compétitif que jusqu’à 2-2 de la manche initiale — à partir de là, l’Argentin a concédé son service et Shapovalov a amorcé une séquence victorieuse de neuf jeux qui s’est prolongée jusqu’à 4-0 du deuxième acte.

Delbonis est l’un des joueurs qui ressemblent le plus à un robot sur le terrain et qui ne laissent transparaître aucune expression. Contre un joueur aussi enflammé que Shapovalov, il n’avait aucune chance. Il faut cependant noter que Delbonis est meilleur sur la terre battue — 23-13 sur l’argile en 2021 comparativement à 0-5 sur surface dure.

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Shapovalov a réalisé 38 coups gagnants comparativement à 11 pour Delbonis, et n’a fait face à aucune balle de bris au cours du match d’une heure et 49 minutes. Il a remporté 90 pour cent (37/41) de ses premières balles de service, mais n’a gagné que 44 pour cent (12/27) de ses deuxièmes.

« Il y a eu beaucoup de jeux serrés que j’ai réussi à gagner. Si je ne les avais pas gagnés, le match aurait été beaucoup plus long », mentionnait Shapovalov, se montrant charitable envers son adversaire. « Je suis donc heureux d’avoir su profiter de mes chances et d’être de retour ici avec tous les amateurs — c’est incroyable. »

Au deuxième tour, il aura un adversaire surprenant après que Roberto Carballes Baena ait indiqué la sortie à l’Américain Tommy Paul, 54e mondial, en des comptes de 7-6(5), 6-2, 1-6 et 6-3.

À l’instar de Delbonis, Carballes Baena, 95e, obtient plus de succès sur la terre battue et Shapovalov le sait très bien, car il a subi un revers de 7-5, 6-7(5), 6-3, 3-6 et 8-6 aux mains de l’Espagnol au deuxième tour de Roland-Garros, l’automne dernier.

Il s’était senti lésé lorsqu’un appel de ligne s’est retourné contre lui en fin de match (une reprise d’Hawk-Eye a ensuite confirmé son point de vue). Il pourrait donc avoir une motivation supplémentaire pour le match de jeudi.   

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Photo de l’article : camerawork usa

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