Photo : Pierre-Paul Poulin / Journal de Montréal

L’ex-patron de l’élite à Tennis Canada, Louis Borfiga, à la retraite depuis un an et demi, recevra une des récompenses les plus prestigieuses de notre pays en étant décoré de l’Ordre du Canada. 

Le Monégasque d’origine sera ainsi honoré, au cours de la prochaine année, en compagnie d’une centaine d’autres personnes faisant partie des plus récentes nominations de la Gouverneure Générale Mary Simon. 

Tous les gens qui ont eu la chance de côtoyer Louis Borfiga connaissent son humilité proverbiale et sa propension à relancer les fleurs qu’il recevait du côté des personnes qui l’appuyaient ou travaillaient avec lui. On n’est donc pas surpris d’entendre la réaction qu’il a eue en recevant un courriel du bureau de la Gouverneure Générale. 

« Quand j’ai reçu ce message me demandant de téléphoner au bureau de la Gouverneure, je pensais que c’était quelqu’un qui me faisait une farce, quoi. Finalement, je me suis décidé à appeler et la dame à qui j’ai parlé m’a annoncé la nouvelle tout en me demandant si j’acceptais. Évidemment, bien sûr que j’ai accepté. » mentionne Borfiga en ajoutant qu’il a reçu cette nouvelle à la fin de novembre et qu’il avait promis de garder l’information confidentielle. 

Vous devinez facilement que cette nomination a créé une vive émotion chez ce Français qui a passé 15 années de sa vie chez nous afin d’y établir une structure de développement de l’élite tennistique. 

« Je suis évidemment très fier… et un peu étonné d’avoir été distingué d’aussi belle manière. Je suis extrêmement sensible à cette distinction, » avoue celui que le milieu appelle affectueusement Luigi et qui avoue n’avoir reçu aucun honneur de ce genre en France. 

Un parcours exceptionnel 

Louis Borfiga, rappelons-le, avait fait profiter notre pays des connaissances et méthodes d’entraînement développées auparavant à l’Institut National des Sports, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), sous l’égide de la Fédération Française de Tennis (FFT). Les Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Richard Gasquet et Gilles Simon ont été détectés, puis ont amorcé leurs carrières sous son « règne » 

Photo : Bernard Brault / La Presse 

Puis, entre 2006 et 2021, pendant son séjour ici, le Canada a vu les Eugenie Bouchard, Milos Raonic, Bianca Andreescu et Leylah Annie Fernandez participer à des finales de tournois du Grand Chelem (dont un titre par Andreescu). Les trois premiers ont atteint le Top 5 mondial à une certaine période de leur carrière. Et le Canada vient de compléter 2022 avec trois hommes et trois femmes dans les Top 100 de la WTA et de l’ATP, respectivement. Sans oublier la spécialiste du double, l’Ontarienne Gabriela Dabrowski. 

Notons que l’un de ces sept athlètes, Félix Auger-Aliassime, sixième mondial, vient de compléter une formidable saison qui l’a vu remporter quatre tournois et s’avérer le moteur de ses équipes dans trois tournois entre nations (Coupe ATP, Laver et Davis). 

D’ailleurs, Borfiga a un peu bouclé la boucle de sa formidable carrière, le 2 novembre dernier, à Paris, lorsqu’il a été vu à côté de Sam Aliassime, alors que Félix préparait une victoire qui allait lui permettre d’accéder au match suivant, face à …Gilles Simon.  

Image : TennisTV 

Le lendemain, Félix était celui qui mettait officiellement fin à la carrière de Simon. 

Semi-retraité et consultant pour la FFT, Louis Borfiga continuera d’ailleurs de suivre les Canadiens depuis son domicile en banlieue de Paris. « Ils demeurent quand même ‘mes petits’, tous ces joueurs et toutes ces joueuses. J’ai gardé des relations avec plusieurs d’entre-eux tels Bianca, Leylah, Félix, Milos, Vasek et autres. » avoue Borfiga. 

Témoignages élogieux 

Du côté de Tennis Canada, la nouvelle a été accueillie avec joie.  

L’ex-directeur de l’Omnium Banque Nationale, Eugène Lapierre, a côtoyé Borfiga durant ces quinze années et il soulignait l’impact que l’homme a eu sur notre tennis. 

« Ce n’est pas seulement la structure qu’il a améliorée. Il a changé toute la base du discours. Maintenant, on se dit que si un Serbe ou un Espagnol, ou un Sud-Américain peut atteindre les plus hauts sommets du tennis mondial, il n’y a aucune raison pour laquelle un Canadien, avec le même gabarit et les mêmes dispositions physiques et mentales ne pourraient pas faire la même chose. En deux mots, il n’y a aucune raison qui puisse nous empêcher de réussir.  

Avant, notre mentalité était basée sur le fait que le Canada était bien content de gagner deux rondes dans un tournoi international ou simplement de faire un tour en Coupe Davis ou en Fed Cup. Plus maintenant ! On démontre maintenant qu’on veut atteindre les demi-finales, les finales et même les titres. » soulignait Lapierre avec justesse.

Photo : Robert Skinner / La Presse 

De son côté, – Hatem McDadi, vice-président sénior et premier vice-président du développement du tennis à Tennis Canada, aime se remémorer un certain jour de septembre 2019 pour parler de Louis Borfiga. 

« Je me rappelle lorsque Bianca a remporté les Internationaux des États-Unis, battant Serena Williams, un samedi après-midi. Dans ce qui était presque une heure de grande écoute de week-end, il y avait près de huit millions de Canadiens à suivre le match à la télé. Ce qui est, je crois, à peu près le même nombre de gens qui avaient vu Sidney Crosby marquer ce « but en or » assurant le titre olympique à notre équipe de hockey aux Jeux de Vancouver, en 2010.  

Ça venait de transcender le tennis en apportant de la fierté à notre pays. Tout comme lorsque Mike Weir a remporté le Masters de golf. Ces exploits ont une signification pour notre nation. » 

Et comme pour appuyer ses dires, notez que le même Sidney Crosby fait partie du même groupe qui recevra l’Ordre du Canada en compagnie de 98 autres personnes, dont… Louis Borfiga.

Photo : Presse Sports / Mounic 
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