Si vous en doutiez, la popularité d’Eugenie Bouchard n’a guère souffert d’une absence de cinq ans. La preuve en a été faite lors de la première journée des qualifications de l’Omnium Banque Nationale 2023.

Le 7 août 2018, la dernière fois qu’elle s’est produite dans sa ville natale, Eugenie s’inclinait 6-2 et 6-4 au premier tour de l’OBN face à la Belge Elise Mertens. Depuis, on connaît son histoire parsemée de blessure à l’épaule et de multiples tentatives de retour.

Ainsi, cinq ans et 112 matchs plus tard, la revoici sans qu’elle ne semble avoir perdu qui que ce soit de ses fans. La marque Genie est toujours bien vivante comme on a pu le constater en voyant environ près de 6 000 spectateurs s’entasser dans les gradins du Court central pendant qu’elle livrait bataille à l’Américaine Danielle Collins, 49e joueuse mondiale et finaliste des Internationaux d’Australie en 2022.

Photo: Pascal Ratthé

Au sein de cette foule, plusieurs amateurs qui ne voulaient rien rater du retour, chez elle, de la Montréalaise.

« On l’aime, tout simplement. Elle a bien performé lors des dernières années et nous sommes heureuses d’être là pour son retour. Eugenie est un talent canadien et nous sommes là pour la soutenir », disait Marie-Ève Garant, de Québec, pour justifier sa présence dans le stade en ce samedi après-midi. Même son de cloche chez Nathalie Alain, de Mirabel. « Je suis fan d’elle. Elle est une fierté pour nous, les Québécois. Elle nous rejoint et c’est ce qui fait qu’elle est populaire. »

Mais ce n’était rien à côté de cet homme de Laval, Martin Savard, qui hurlait ses encouragements dès que la finaliste de Wimbledon de 2014 a fait son entrée. « Je suis un fan de Genie. Je la suis depuis le début de sa carrière. J’ai énormément de respect pour elle. C’est incroyable l’engouement que ça crée. Ça fait cinq ans qu’on ne l’a pas vue et j’ai réservé une paire de billets juste pour elle, aujourd’hui et demain dans l’espoir qu’elle gagne son premier match », explique-t-il.

Quant à la raison d’un tel engouement, pour une joueuse qui joue sporadiquement depuis quelques années et qui a glissé au classement, voici ce qu’il en pense. « C’est quelqu’un qui est attachant. Genie, pour moi, a toujours été une athlète de haut niveau. Et je l’admire beaucoup de s’être présentée aux qualifications et je pense qu’elle veut défendre sa notoriété. »

Pour tous ces gens, la première manche, enlevée 6-1 par Collins, s’est avérée une douche froide. Mais quand Bouchard lui a servi la même médecine (6-1), là, la foule s’est résolument excitée, espérant un dénouement positif. La réalité a rattrapé la favorite du public qui a capitulé dans la manche finale, 6-1, au bout d’une heure et 24 minutes.

Photo: Pascal Ratthé

« Un pointage classique de la WTA ! », a-t-elle lancé d’entrée en souriant. Danielle est évidemment une très bonne joueuse. Au début, je n’étais pas prête pour la rapidité et la profondeur de ses balles. Mais j’ai pu ensuite retomber sur mes pattes et j’étais heureuse de pouvoir être compétitive après une si mauvaise première manche. Et pendant la troisième, elle a élevé son niveau tout simplement. Elle est cinquantième mondiale et une rude adversaire. »

Photo: Paul Rivard

Bouchard s’est dite satisfaite de son rendement compte tenu qu’elle a peu joué au cours des derniers mois en raison, notamment, d’une légère blessure au genou. C’est lorsqu’on lui a parlé du nombre de spectateurs et de l’accueil chaleureux de cette foule qu’elle s’est dite ravie.

« Oh oui. Comme ça faisait longtemps que je n’avais pas joué ici, j’avais presque oublié à quel point c’était de jouer devant le public à Montréal. C’est très spécial. C’est quelque chose que je ne ressens nulle part ailleurs dans le monde, sauf peut-être à Toronto, bien sûr. Il y a un moment, dans la deuxième manche où on a joué quelques bons points de suite et il y avait tellement de bruit… c’était fou. Je ne m’entendais pas penser », a-t-elle dit en souriant.

En quittant le court, Bouchard a reçu une belle salve d’applaudissements.

Maintenant âgée de 29 ans, au 223e échelon de la WTA, il y a peu de chances de la voir revenir à son niveau d’antan. Mais son véritable exploit aura été de demeurer si populaire, année après année, auprès d’une foule qui avait été conquise en 2013 et 2014, alors qu’elle a imprimé son nom dans l’imaginaire collectif.

Retenez ce prénom : Marina      

Photo: Sarah-Jade Champagne

N’eut été de Genie, l’histoire du jour aurait appartenu à une adolescente ontarienne dont le prénom risque d’être aussi reconnaissable dans un avenir rapproché.

Marina Stakusic.

L’athlète de Mississauga a été plus qu’impressionnante alors qu’elle affrontait l’Américaine Alycia Parks dans ce premier tour des qualifications. Car le combat apparaissait inégal entre l’Américaine, 48e mondiale et deuxième tête de série de ces qualifications et l’Ontarienne de 18 ans, classée au 414e échelon de la WTA.

Et pourtant…

Stakusic a retourné coup pour coup et démontré de superbes qualités défensives pour faire durer des échanges brutaux face à une rivale qui semblait ne pas comprendre qui était en face d’elle tellement ses nombreuses réactions trahissaient son agacement.

Photo: Paul Rivard

Après avoir remporté la première manche 6-4, la Canadienne a vu sa rivale lui rendre la pareille dans la deuxième. Puis les spectateurs ont eu droit à une bagarre impressionnante dans la manche décisive. Les deux joueuses se sont échangées chacune deux bris de service. À 4-5, Stakusic a semblé énergisée par l’appui du public et sauvé deux balles de match.

La logique devait toutefois être respectée et c’est finalement par 7-5 que l’Américaine a conclu cette rencontre excitante après une longue bataille de deux heures et 45 minutes. Parks a claqué neuf as, mais aussi commis 17 doubles fautes. Elle a dominé 6-5 au chapitre des bris de service.

 Pour sa prestation, Marina Stakusic a été longuement applaudie, et a même eu droit à une humble haie d’honneur au sortir du court central.

Photo: Paul Rivard

Devant le nombre de demandes d’interviews, elle a même eu droit à son point de presse dans la salle réservée à cet effet… signe que sa prestation a impressionné les médias.

Même si elle était visiblement déçue du résultat, Marina devait reconnaître qu’elle avait adoré l’expérience. « J’étais très excitée de jouer ici, car je m’entraîne ici. J’étais très fière de jouer devant une telle foule. »

Ils étaient en effet quelques milliers à avoir pris place dans les estrades du court central dans le cadre de cette journée d’ouverture du tournoi. Un cadre peu habituel pour une joueuse de la relève. Qui plus est, Stakusic a dû s’absenter pendant six mois en raison d’une blessure au genou. À son retour à la compétition, elle s’est rendue en quarts de finale des Championnats Banque Nationale de Granby, s’inclinant 6-2, 6-4 face à Rebecca Marino.

Photo: Paul Rivard

Était-elle surprise de chauffer ainsi une joueuse de ce calibre ?

« Je puis me mesurer à ces joueuses, c’est sûr. Mais comme c’est mon deuxième tournoi seulement depuis janvier, oui, je suis un peu surprise quand même et j’étais contente de m’être battue ainsi contre une joueuse du Top 50. Ça me donne confiance. »

Outre les médias et les spectateurs, le consultant principal du tennis féminin de Tennis Canada, Sylvain Bruneau, a également été ravi. « Son jeu est très complet, tant offensivement que défensivement. Et il faut rappeler qu’il s’agissait seulement de son deuxième tournoi depuis janvier. C’est une excellente performance que le fait de pousser une joueuse du Top 50 de la sorte. Un match très positif ! », de dire Bruneau, le sourire aux lèvres.

Stakusic s’envolera bientôt pour l’Espagne pour y disputer des tournois de niveau W25 au cours des trois prochaines semaines.

Les autres résultats canadiens

Quatre autres Canadiennes étaient au programme de cette journée initiale.

Photo: Pascal Ratthé

La Québécoise de 19 ans, Bianca Fernandez (624e), s’est retrouvée face à la première tête de série et 46e mondiale, l’Ukrainienne Lesia Tsurenko. Dans un affrontement expéditif, la sœur cadette de Leylah Fernandez a été défaite 6-1, 6-3.

Photo: Patrice Lemieux

Katherine Sebov (144e) a suivi Bouchard sur le central pour le dernier match de la journée et elle était opposée à l’Américaine Peyton Stearns (59e). La Torontoise a remporté la manche initiale, mais n’a pu poursuivre sur cette lancée et est tombée en des comptes de 4-6, 6-3 et 6-1.

Photo: Tennis Canada

Carol Zhao (245e), elle, s’est inclinée en deux manches identiques de 6-3 face à l’Espagnole Cristina Bucsa (84e).

Photo: Patrice Lapointe

Quant à la dernière joueuse de notre relève, l’Albertaine Mia Kupres (860e), elle disputait la victoire à l’Ukrainienne Yulia Putintseva (60e). Après un début percutant, Kupres s’est inclinée 2-6, 6-2 et 6-0.

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