TV Control Room Operating

Photo : TVBEurope

Si vous lisez ce blogue, c’est que vous aimez le tennis. Et, fort probablement, vous regardez assez régulièrement des matchs sur vos écrans.

Je fais ici allusion à la télévision, bien sûr, mais aussi aux plateformes de diffusion en direct alors que plusieurs suivent les matchs sur leur ordinateur portable et même leur téléphone.

Et, à force d’en voir, vous en êtes venus à savoir ce que vous aimez et, surtout, ce que vous n’aimez pas.

J’aimerais savoir ce que vous aimez, ou pas, lorsque vous regardez un match. N’hésitez pas à m’écrire pour confirmer certains de mes points ou pour en ajouter à la liste.

Je vais donc, ici, vous faire part de ce qui représente mon modèle de retransmission idéale, tout en vous expliquant pourquoi j’apprécie, ou pas, certains éléments des productions télévisuelles offertes par les deux entreprises sous contrat avec la WTA ou l’ATP, ainsi que par les grands réseaux liés aux tournois majeurs.

Avant toute chose, et même si la présence de spectateurs dans un stade est vitale pour l’atmosphère, les organisateurs de tournois doivent faire de la satisfaction des téléspectateurs leur priorité quand vient le temps de compléter l’aménagement de l’environnement de jeu. 

Pourquoi ? Parce que le public télévisuel se compte par dizaines de millions alors que les acheteurs de billets, sur place, sont moins nombreux.

Photo : TVBEurope

AFFICHAGE

Je vais donc commencer par l’affichage. Et par les trois principales informations à connaître pour garder un minimum de suivi sur le jeu. 1) la vitesse des services, 2) l’allure du compte à rebours, et 3) la durée du match. 

Même si ces informations ne sont pas indispensables à chaque point, elles sont importantes pour l’amateur. Surtout la vitesse des services, une donnée qui permet de comprendre la tendance caractérisant la performance ou encore qui permet simplement de confirmer l’impact de la mise en jeu sur l’issue de la confrontation. Quant au compte à rebours, c’est devenu un élément important depuis son instauration, afin d’accélérer le jeu. Et ce même s’il y a un laxisme pitoyable par plusieurs officiels dans son application rigoureuse, match après match, selon la réputation de l’athlète.

J’ai trouvé l’exemple parfait (coins supérieurs de l’écran) pour ces trois notions le 9 juin dernier, en suivant le premier match de Félix Auger-Aliassime à l’Open Libema de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas.

Photo : TennisTV
Photo : TennisTV

Les deux captures d’écran vous démontrent ce qui, selon moi, devrait être la norme dans chaque stade, peu importe l’ampleur du tournoi. Un affichage électronique d’envergure et facile à repérer pour l’œil du téléspectateur.

Cela dit, il arrive — pour une raison que je ne comprends pas — que le pointage soit affiché dans le coin supérieur gauche de l’écran, comme c’était le cas à Wimbledon. 

Cette incrustation du pointage privait donc le téléspectateur d’une information qui, sans être vitale, reste tout de même importante pour l’amateur.

REPRISES

Elles sont l’élément le plus important. Mais leur diffusion et leur fréquence peuvent varier selon l’équipe de production en poste. Car il y a plusieurs producteurs dépendant des différents contrats de droits de diffusion accordés par les tournois du Grand Chelem ou par la WTA (WTATV) et l’ATP (TennisTV).

Les reprises, c’est comme un bon dessert, il ne faut pas en abuser. La diffusion du duel entre Denis Shapovalov et Oscar Otte à Stuttgart, le 9 juin dernier, est un bel exemple de reprises inadéquates. Le réalisateur s’est évertué à utiliser (et à outrance) des coups ratés. Et pas les moindres. Des balles dans le bas du filet ou plusieurs mètres à l’extérieur. Je n’avais, personnellement, jamais vu un tel étalage de reprises inutiles.

Par ailleurs, vous ne verrez que rarement la reprise d’une erreur, car les diffuseurs peuvent avoir une recommandation de la part des instances du tennis de ne pas montrer trop souvent des erreurs banales, afin de « protéger » leur produit. Mais si l’erreur vient gâcher un bel échange ou encore une chance par un athlète de changer le cours du jeu, là, c’est pertinent. Si la séquence a engendré un événement rare, bizarre, voire comique, là aussi, c’est pertinent.

GROS PLANS

Les gros plans et les plans isolant les athlètes font partie intégrante du spectacle. Avec le peu d’action réelle que comporte une retransmission de deux heures, ou plus, il serait impensable de conserver le plan large principal du terrain. 

Photo : Wimbledon.com

Et, bien sûr, les plans isolés captant la tension et l’émotion, au moment immédiat où elles se produisent, sont une condition sine qua non d’une retransmission réussie.

Photo : Wimbledon.com

EMPLACEMENT DES CAMÉRAS

Même si on comprend le principe, il reste que les télédiffusions dans les grands stades n’offrent pas aux téléspectateurs une idée réelle de la vitesse des balles ou encore des effets générés par les joueurs. Plus le stade est grand, comme dans ceux du Grand Chelem ou de certains tournois de grande importance (comme, ci-dessous, à Wimbledon ou, pire, à Pékin), plus la profondeur de champ est grande, plus l’effet de réalité est modifié.

Photo : Wimbledon.com
Photo : WTATV

Les producteurs ajoutent souvent une caméra, située moins haut et moins loin, afin de donner un angle différent aux téléspectateurs pour qu’ils puissent avoir une meilleure idée de la réalité sur le terrain. 

C’est une excellente chose, sauf qu’on n’y accède qu’en de rares occasions ce qui, selon moi, est une erreur de réalisation. L’amateur adore avoir cette impression de proximité, comme s’ils vivaient la même chose que l’athlète.

Cela dit, dans de plus petits stades, la caméra étant placée plus près du terrain, l’impression est meilleure. Comme lors d’un des tournois préparatoires sur gazon anglais, à Rothesay.

Photo : TennisTV

À l’autre bout du spectre, il y a des espaces (courts secondaires) si restreints que la lentille de type grand angle est le seul choix possible. Et là, c’est l’effet contraire qui se produit et l’athlète à l’autre bout du terrain a l’air d’un Lilliputien. Il devient difficile d’avoir une réelle idée de la qualité des échanges.

Photo : WTATV

POIGNÉES DE MAIN

Vous me direz que le duel est terminé, je vous l’accorde, mais ne pas montrer à l’écran la rencontre au filet qui scelle le spectacle est un péché mortel. 

Et pourtant, ça se produit encore trop souvent.

Les poignées de mains échangées à l’issue d’un match sont plus importantes qu’on ne pourrait le croire. Quoique banales la plupart du temps, il faut la présenter. Ce que certains réalisateurs n’ont pas compris et ratent à l’occasion pour montrer une réaction de spectateurs ou de membres de la famille des gagnants éventuels.

La poignée de main peut donner des moments marquants, comme la conclusion de cette victoire de Félix Auger-Aliassime aux dépens de son idole de jeunesse Jo-Wilfried Tsonga le 17 février, à Marseille.

Photo : Tennis Channel

À l’opposé, la conclusion du match opposant le jeune et prometteur Danois Holger Rune au Norvégien Casper Ruud, le 1er juin à Roland-Garros, a fait jaser. Un producteur n’avait pas le droit de rater le comportement douteux de Rune qui, très déçu de son élimination, aurait dû féliciter plus chaleureusement et plus respectueusement son rival, membre du Top 10. Ce fut tout le contraire. Et la réaction de Ruud, hochant la tête en guise de déception face à la réaction de son adversaire, valait de l’or. 

Il ne faut JAMAIS rater ces moments.

Photo : Tennis Channel

STATISTIQUES

Certaines productions proposent toutes sortes de statistiques au bas de l’écran. Et c’est, je crois, la bonne chose à faire. Car si l’amateur aime ce type d’information, il s’en trouve une valeur ajoutée. 

Dans le cas contraire, ça ne nuit pas et la diffusion se poursuit sans déranger. Peu importe si les personnes à la description en font mention, ou pas.

Qui plus est, il n’est plus rare, tant à la télé spécialisée que lors des diffusions de type « streaming », qu’on nous offre des matchs sans commentateurs. Ainsi, l’abondance de statistiques vient bonifier la diffusion. 

Parmi les statistiques les plus importantes et qui devraient apparaître de façon presque systématique, il y a le nombre d’as et de doubles fautes. On aime connaître, pour le meilleur ou pour le pire, l’état du service de son joueur favori ou des joueurs les plus dominants à ce niveau dans les circuits professionnels.

Photo : TennisTV
Photo : WTATV

Ensuite, l’amateur aime qu’on lui rappelle le nombre de bris de services (y compris le nombre d’occasions de briser). Tout comme le nombre comparatif de coups gagnants et de fautes directes. Ensuite, à l’occasion, la vitesse d’un coup gagnant ou même le nombre de révolutions par seconde des coups droits et revers quant à la capacité de brosser les balles.

ENTREVUES D’APRÈS-MATCH

Parlons maintenant de l’incontournable entrevue d’après-match avec le ou la gagnant.e. Les athlètes ne sont pas tous habiles au micro lorsque vient le temps de donner des réponses à la personne qui est chargée de mener l’interview d’après-match. D’abord, tout simplement, parce qu’il n’est pas toujours facile de livrer, à chaud, de profondes analyses sur son match, long de 60, 90 ou 120 minutes. Il faut donc que la bonne prestation vienne de la personne en face d’eux.

Mais celle ou celui qui pose les questions n’a aucune excuse quant à la teneur et la pertinence de celles-ci. Malheureusement, s’il fallait présenter un modèle de ce qu’il NE faut PAS faire, ce serait bien l’entrevue tenue après la victoire de Bianca Andreescu aux dépens de Martina Trevisan, le 21 juin dernier, à Bad Homburg, en Allemagne.

Photo : WTATV

Accueillir une gagnante en lui disant simplement : « Vous avez eu beaucoup de coups gagnants, n’est-ce pas ? » a peut-être pour but de la faire développer sur le sujet, mais ça donne souvent des réponses peu développées, sans saveur, du genre : « Euh… oui, je crois. J’en suis bien contente. ». Ensuite, des questions comme « quelle est l’importance de votre groupe dans la loge ? » ou « comment trouvez-vous notre tournoi ? » sont d’une insipidité abyssale. Que voulez-vous donc qu’elle réponde autrement que l’inévitable « ils sont formidables… sans eux, je ne pourrais accomplir tout ça » et « j’adore votre tournoi, les gens, l’endroit, etc. »

Il y a tant de choses que l’employé pourrait faire pour trouver de bonnes questions, tant sur les moments décisifs du match que sur certains coups particuliers. Il suffirait de regarder le match ou demander aux descripteurs quelques suggestions de questions. 

Non, vraiment, n’est pas intervieweur qui veut. 

Ah oui, j’oubliais. SVP, arrêtez de demander aux athlètes comment ils ou elles entrevoient leur prochain match contre les adversaires éventuels. Ils détestent ça. Ils ne diront rien qui pourrait être retenu contre eux ou qui donnerait une source de motivation aux autres. C’est une question i-n-u-t-i-l-e.

ET VOUS ?

Je le mentionnais au début de ce texte, dites-moi ce que vous en pensez. Faites-moi part de ce que vous appréciez dans la retransmission des matchs.

Ou pas.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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