Personne – pas même Willie Renshaw à l’âge de pierre du tennis à Wimbledon entre 1881 et 1889, ou, plus récemment, Pete Sampras et Roger Federer au All England Club – n’a remporté plus de sept fois le même tournoi du Grand Chelem.

Rafael Nadal est l’exception – sa feuille de route comprend neuf trophées de Roland-Garros entre 2005 et 2014. La seule année où le titre lui a échappé est en 2009 alors qu’il souffrait d’une blessure au genou qui l’a empêché de participer à Wimbledon et qu’il était distrait par la séparation de ses parents (qui se sont réconciliés depuis).

Pour mieux expliquer sa domination sur la terre battue de Paris, sachez qu’en 2008 et en 2010, il a conquis le titre sans perdre une seule manche. Lors de la finale de 2010, il a eu raison de Robin Soderling en des comptes de 6-4, 6-2 et 6-4, vengeant ainsi la défaite qu’il avait subie aux mains du Suédois l’année précédente en huitième de finale – cela reste d’ailleurs son seul revers à Roland-Garros, car il possède une impressionnante fiche de 66 victoires et 1 défaite.

Au cours de cette décennie de tournois, il n’a disputé que deux matchs de cinq manches; un contre John Isner au premier tour en 2011, et un autre face à Novak Djokovic lors de la demi-finale de 2013 – un duel joué sur deux jours qui s’est terminé 6-4, 3-6, 6-1, 6-7(3) et 9-7.

À la veille de l’édition 2015 de Roland-Garros, qui commence dimanche, la question que l’on doit se poser est si les réalisations précédentes de Nadal l’aideront à surmonter sa forme actuelle pour le deuxième Grand Chelem de l’année.

Histoire de comparer, il y a dix ans, le jeune de 18 ans avait amorcé Roland-Garros fort de ses trois titres européens sur terre battue – Monte-Carlo (Guillermo Coria), Barcelone (Juan Carlos Ferrero) et Rome (Guillermo Coria).

Aujourd’hui, Nadal, qui célèbrera son 29e anniversaire de naissance le 3 juin, n’a remporté aucun trophée en quatre tournois européens sur terre battue et détient une maigre fiche de 10 victoires et 4 défaites – Monte-Carlo (demi-finale contre Novak Djokovic), Barcelone (2e match contre Fabio Fognini), Madrid (finale contre Andy Murray) et Rome (quart de finale contre Stan Wawrinka).

La défaite la plus surprenante est celle de 7-6(7) et 6-2 de vendredi dernier face à Wawrinka, un joueur contre lequel il possédait une fiche de 12-1, son seul revers étant survenu en finale des Internationaux d’Australie de 2014 alors qu’il était blessé au dos.

Au tennis, comme dans tous les autres sports, la différence entre une victoire et une défaite tient à très peu de choses. C’est intéressant de constater que Nadal a été incapable de gagner la première manche contre Wawrinka, à Rome, après avoir mené 6-2 au jeu décisif. Cela rappelle l’avance de 6-2 d’Andy Roddick au jeu décisif de la deuxième manche de la finale de Wimbledon en 2009 alors qu’il avait empoché la manche initiale.

Neuf fois sur dix, Nadal (c. Wawrinka) et Roddick (c. Federer) auraient gagné le jeu décisif et fort probablement le match. Dans le cas de Nadal, s’il avait vaincu Wawrinka, il aurait affronté Federer en demi-finale – et tout le monde connait sa prééminence sur le Suisse, principalement sur l’argile.

Le dernier « si » est que s’il avait battu Federer, Nadal aurait été opposé à Djokovic en finale, à Rome – une dernière mise à niveau avant Roland-Garros.

Il faut admettre que Wawrinka a magnifiquement bien joué contre Nadal, à Rome, et que c’est lui qui a gagné plutôt que Nadal qui a perdu, contrairement à la piètre performance de l’Espagnol dans la défaite de 6-3 et 6-2 aux mains de Murray, à Madrid.

« J’étais satisfait de la façon dont j’ai joué », confiait Nadal après s’être incliné face à Wawrinka. « Il a produit des coups incroyables. J’ai perdu en quart de finale, mais cela fait deux semaines que je joue bien, à part le match contre Andy Murray. Je ne joue pas mal. »

« La seule certitude et que je vais tout essayer à Paris. Je sens que je m’améliore et si je continue de m’entraîner comme je le fais en ce moment, je suis confiant. Ce qui est important est que je ne suis pas nerveux. »

« Je suis prêt à accepter le défi, mais si je ne joue pas bien (et) que je perds, la vie continue. J’ai gagné tellement de fois à cet endroit. »

Il existe deux aspects positifs pour Nadal à la veille de Roland-Garros :

  1. Grâce à ses triomphes précédents, une certaine aura l’entoure. S’il commence à gagner facilement, ses adversaires seront très conscients du joueur qu’ils affrontent et de ce qu’il a réalisé dans le passé.
  2. Il est beaucoup plus difficile de battre un joueur physique comme Nadal dans un match disputé au meilleur de cinq manches qu’au meilleur de trois manches.
Federer Djokovic
Photo: Baccara – Internazionali BNL d’Italia

On a beaucoup parlé du fait qu’à cause de son septième rang, il pourrait se mesurer à l’un des joueurs du Top 4 en quart de finale, y compris le favori Djokovic. Cependant, il n’y a qu’une chance sur quatre que cela se produise et il partirait quand même favori contre Federer, Murray (malgré le résultat à Madrid) ou Tomas Berdych. En fait, Kei Nishikori (5), Milos Raonic (6), s’il joue, et David Ferrer (8) pourraient être plus dangereux que Federer, Murray ou Berdych.

Idéalement, Nadal se retrouverait à l’opposé de Djokovic lorsque le tirage sera effectué, vendredi. Ainsi, le match ultime du 7 juin pourrait mettre en vedette un Nadal en quête d’un dixième sacre et un Djokovic à la recherche d’un premier.

Le Majorquin s’amène à Roland-Garros en santé et en bonne posture, car la pression repose sur les épaules de Djokovic dans sa quête d’un Grand Chelem de carrière.

Il semble plus probable que Nadal ait plus de chances d’ajouter une dixième couronne de Roland-Garros à sa collection, alors que Djokovic, qui aura 28 ans vendredi, pourrait voir son exploit lui glisser des mains.

En terminant, les deux dernières défaites du Serbe en Grand Chelem, aux dépens de Nishikori en demi-finale des Internationaux des États-Unis de 2014, et de Nadal en finale de Roland-Garros en 2014, se sont produites dans des conditions chaudes et humides qui semblent le priver de son énergie. Les conditions météorologiques pourraient être un facteur déterminant, mais probablement seulement contre ses plus grands rivaux, soit Nadal et peut-être Murray ou Nishikori.

Une journée fraiche et pluvieuse – et on en a vu pour la finale de Rland-Garros – pourrait également favoriser Nadal et sa facilité à retourner des balles lourdes.

Voici les cotes de la firme britannique Ladbroke pour l’édition 2015 de Roland-Garros – à vous de choisir :

Djokovic : 8/11

Nadal : 3-1

Murray : 8-1

Nishikori : 16-1

Federer : 18-1

Wawrinka : 22-1

Monfils : 50-1

Dimitrov : 66-1

Raonic : 100-1

Serena et Maria sont favorites

Maria Sharapova
Photo: Baccara – Internazionali BNL d’Italia

Serena Williams croit qu’elle a fait une erreur dans sa préparation pour Roland-Garros l’an dernier. Elle a été battue 6-2 et 6-2 au deuxième tour par Garbine Muguruza et a dit, après s’être retirée du tournoi de Rome de la semaine dernière en raison d’un inconfort au coude, qu’elle aurait dû être plus prudente avec une blessure dont elle souffrait l’an dernier avant l’épreuve de la porte d’Auteuil.

Elle mentionnait qu’elle était « vraiment blessée », qu’elle avait pris cinq jours de congé et ne s’était entraînée qu’une journée ou deux avant le début de l’édition 2014 de Roland-Garros.

Cette année, une défaite en demi-finale contre Petra Kvitova à Madrid puis son retrait après un gain au deuxième tour de Rome contre Anastasia Pavlyuchenkova ne représentent pas une préparation idéale – quoiqu’elle a signé de belles victoires face à Sloane Stephens, Victoria Azarenka et Carla Suarez Navarro avant d’être éliminée à Madrid.

Maria Sharapova, championne en titre et gagnante de deux des trois dernières éditions de Roland-Garros, se présentera à Paris forte de son triomphe de 4-6, 7-5 et 6-1 face à Suarez Navarro lors de la finale de Rome.

« Je voulais disputer le plus de matchs possible en ce dernier tournoi préparatoire », confiait Sharapova. « Mission accomplie. Ce premier titre depuis Brisbane (en janvier) est très important. »

Pour quelqu’un qui, à un certain moment, ne se sentait pas à l’aise sur la terre battue, Sharapova ajoutait à sa feuille de route un 11e titre sur cette surface et un 35e à vie.

Carla Suarez-Navarro
Photo: Constantini – Internazionali BNL d’Italia

En demi-finale, Suarez Navarro avait signé une magnifique victoire de 2-6, 6-3 et 7-5 aux dépens de Simona Halep, deuxième tête de série, après s’être débarrassée de Kvitova et d’Eugenie Bouchard.

L’Espagnole de 5 pieds 4 a toujours été un peu passive, mais semble bien vieillir et commence à prendre sa place. Elle occupe actuellement un sommet personnel, soit le huitième rang.

Elle est possiblement la meneuse du peloton, derrière Williams et Sharapova, un peloton qui comprend également Halep, finaliste de l’an dernier, Kvitova, championne à Madrid, ainsi que Victoria Azarenka, dont il faut se méfier du 27e rang alors qu’elle continue son retour au jeu après qu’une blessure au pied gauche ait ruiné sa saison 2014.

Normalement, Bouchard aurait fait partie de ce groupe, surtout après sa présence au carré d’as en 2014, mais ses récents résultats ont pour le moins réduit les espoirs de la sixième mondiale.

Voici les cotes de la firme britannique Ladbroke pour le tableau féminin :

Williams : 11/4

Sharapova : 4-1

Halep : 11-2

Azarenka : 10-1

Kvitova : 12-1

Suarez Navarro : 16-1

Wozniacki : 25-1

Bouchard : 33-1.

Oups!

Regardez cette vidéo de la fin de la cérémonie protocolaire de l’Internazionali BNL d’Italia de dimanche. Novak Djokovic débouche une bouteille de champagne et le bouchon le frappe dangereusement près de l’œil. Suivez bien sa trajectoire… Quelques centimètres de plus et l’épreuve du simple masculin de Roland-Garros aurait pu être totalement différente.

Allez au bas de ce texte pour voir comment ne pas déboucher une bouteille de champagne.

ACES – 2e émission

Écoutez l’émission du 18 mai d’ACES sur les ondes de Sportsnet 590 The Fan (en anglais seulement). Les invités de Roger Lajoie et de Tom Tebbutt sont Mark Knowles et Pam Shriver.

L’affiche 2015 de Roland Garros

Roland Garros poster

En 1980, Roland-Garros a commencé à produire des affiches réalisées par des artistes internationaux bien connus. Cette tradition nous a fait découvrir des œuvres intéressantes, certaines mêmes ne contenant aucun objet de tennis. On doit l’affiche de cette année à Du Zhenjun, un artiste chinois né en 1961 qui habite à Shanghai et à Paris.

Roland Garros poster 1981

De toutes les affiches, celle de 1981 est sans aucun doute la plus populaire. Elle a été produite à l’époque où le Suédois Bjorn Borg et l’Argentin Guillermo Vilas, deux des meilleurs joueurs de terre battue, portaient les cheveux longs et un bandeau.

Remarquez que le bandeau est bleu, blanc et rouge, couleurs de la France.

N.B. Il y aura un blogue ce vendredi, en direct de Roland-Garros – analysant les épreuves de qualification et les tableaux principaux dont le tirage aura été effectué cette journée-là.

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