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Photo : Pascal Ratthe/Tennis Canada

Dans ce qu’elle appelle le premier chapitre de sa carrière de tennis, mais qui pourrait tout aussi bien être considéré comme une autre vie, Rebecca Marino, qui était alors âgée de 20 ans, occupait le 38e rang mondial en juillet 2011.

Une décennie plus tard, à 30 ans, il est difficile de croire qu’elle ne joue pas aussi bien après avoir atteint le troisième tour de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers, grâce à une victoire de 1-6, 7-5 et 6-4 aux dépens de la 31e mondiale Paula Badosa, mercredi, à Montréal.

Cela a été le haut fait d’une journée qui s’est terminée par une grande déception à Toronto alors que Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime tombaient au combat. Ils ont tous les deux sous-performé, Shapovalov, 5e tête de série, s’est incliné 6-1 et 6-4 face au 52e mondial Frances Tiafoe, après qu’Auger-Aliassime, 9e tête d’affiche, ait plié bagage 7-5 et 6-4 devant le Serbe Dusan Lajovic, 44e au classement de l’ATP.

Marino, qui avait surpris Madison Keys (16e) lundi soir, n’a pas très bien amorcé son duel contre Badosa, mais a trouvé ses repères à la deuxième manche. Elle a commencé à produire de puissants coups de fond, créant peu à peu des doutes dans l’esprit de l’Espagnole de 23 ans, qui est 15e (29/12) selon les résultats de 2021 de la WTA.  

Les joueuses se sont échangées des bris de service à 2-2, puis à 4-4 avant que Marino ravisse le service de Badosa pour faire 6-5 et sceller l’issue de la manche sur un revers gagnant. Il s’agissait de son 22e coup gagnant de la manche, une nette amélioration comparativement aux six qu’elle avait réalisés au premier acte.

Badosa était visiblement décontenancée et Marino s’est déchaînée dans la manche décisive, brisant à 2-1, puis laissant filer trois occasions de bris pour faire 4-1. Elle a finalement obtenu son avance de deux bris à 5-2, mais Badosa s’est ressaisie et Marino est devenue un peu plus hésitante. Alors qu’elle servait pour le match à 5-4, elle a dû faire face à deux balles de bris à 15-40. Le rêve était-il sur le point de s’effondrer — surtout qu’elle ne réussissait aucun premier service ? Mais elle a frappé un coup droit gagnant, a profité de deux fautes directes de Badosa et a remporté quatre points consécutifs. Le coup de grâce a été son 9e ace, qui a déclenché des applaudissements effrénés de la foule.

Marino a eu du mal à contenir sa joie dans son entrevue d’après-match. « C’est le meilleur moment », a-t-elle déclaré, rayonnante. « Je suis tellement heureuse de jouer au Canada — devant les fans ici à Montréal, c’est un plaisir. »

En comparant cette victoire à celle qu’elle a remportée contre Keys, Marino a dit : « Je pense que celle-ci était plus difficile, parce que tout le monde m’a vue jouer, je ne suis plus une surprise. Elle a été agressive dès le début et j’étais un peu nerveuse. Mais, gagner et atteindre le troisième tour à Montréal, c’est incroyable. »

La situation semblait peu prometteuse après la première manche de 24 minutes. « J’ai dû changer mon état d’esprit après la première manche, ce n’est vraiment pas comme ça que je voulais commencer », a admis Marino. « Honnêtement, j’étais plutôt éteinte. Mais je me suis dit : “La manche est terminée, on recommence, laisse-toi aller et on ne sait jamais ce qui peut arriver ». Et c’est à peu près comme ça que j’ai pu retourner la situation en ma faveur. »

Pour reprendre un terme popularisé par la commentatrice américaine Mary Carillo, Marino, qui mesure 1,80 m, a joué du tennis de « grande fille », laissant aller ses coups et mettant constamment de la pression sur son adversaire. Les chiffres l’ont confirmé, car elle a produit 35 coups gagnants dans les deux dernières manches, comparativement à 15 pour Badosa.

Grâce à cette victoire, elle passera de la 220e à la 175e place, ce qui représente une très belle progression en cette période de stagnation du système de classement de la WTA.

Pour grimper encore plus, elle devra se défaire de la favorite Aryna Sabalenka, qui a eu raison de Sloane Stephens 7-6(4), 4-6 et 6-4.

Photo : Peter Power/Tennis Canada

Ni Shapovalov ni Auger-Aliassime n’y ont fait allusion, mais leur piètre performance est probablement due, en partie, à la pression de bien vouloir jouer à « leur » tournoi — une épreuve importante de leur calendrier qui se situe juste en dessous des quatre tournois du Grand Chelem.

Shapovalov n’a jamais paru à l’aise contre son ami Tiafoe — perdant le deuxième jeu du match pour rapidement concéder la manche initiale 6-1 en 26 minutes dans le premier duel de la soirée sur le Court central.

Fait incroyable, il n’a pas produit un seul coup gagnant au premier acte, mais a réussi à élever son niveau de jeu dans le deuxième. À 4-4, les deux joueurs se sont livré un duel monumental sur le service de Shapovalov. Il a effacé six balles de bris, la plupart grâce à un tennis agressif et affirmé qui a ensuite été gâché par des fautes directes, dont deux doubles fautes.  

Après avoir finalement concrétisé sa septième balle de bris, Tiafoe a semblé chancelant en servant pour la victoire et a eu besoin d’une deuxième balle de match — un service gagnant au revers — pour mettre un point final à la rencontre.

« S’il avait fallu qu’il gagne son service, j’aurais perdu la tête », a plaisanté Tiafoe plus tard à propos de l’avant-dernier jeu. « C’était fou. Je changeais souvent de place pour le retour et il ventait un peu, ce qui le dérangeait. Mais c’est un sacré joueur et il a fait quelques bons coups — de gros coups droits. »

Shapovalov n’a jamais réussi à trouver son rythme et ne s’est pas forge une seule balle de bris, tandis que l’Américain en a concrétisé 3 sur 13.

« C’était doublement difficile, je me suis battu avec le vent et Frances semblait très à l’aise dans ces conditions », a mentionné Shapovalov à Arash Madani de Sportsnet. « Journée difficile, aujourd’hui. »

Shapovalov reste optimiste à l’approche de Cincinnati la semaine prochaine, puis des Internationaux des États-Unis à compter du 30 août. « C’est le retour aux sources, travailler un peu et apprendre de ce match. Je vais parler avec mon équipe, avec mon psychologue, des choses que j’aurais pu faire autrement et apprendre de ça. »

Photo : Pascal Ratthé/Tennis Canada

La journée a commencé par la contre-performance de Auger-Aliassime sur le Court central du Sobeys Stadium. Il n’a jamais semblé à l’aise et a terminé le match avec 15 coups gagnants et 38 fautes directes (25 sur le coup droit).

À 5-5 dans la première manche, Jimmy Arias, commentateur de Sportsnet, a dit : « Jusqu’à maintenant, cette manche appartient à celui qui ne commettra pas d’erreurs — gardez simplement la balle en jeu. »

Et de fait, dès le jeu suivant, Lajovic a brisé Auger-Aliassime qui a raté un coup sur une balle de bris.

Lajovic a ensuite remporté son service et le scénario de la première manche s’est reproduit. Le Serbe n’a eu besoin que d’un bris dans le troisième jeu pour conclure le match.

« Les conditions étaient très difficiles aujourd’hui, il y avait beaucoup de vent et c’était difficile de contrôler la balle », a admis Lajovic. « Félix éprouvait beaucoup de difficulté au coup droit, il ne trouvait pas son rythme, n’arrivait pas à mettre de la profondeur dans sa balle. J’ai essayé d’en profiter. Ce n’était pas un très grand match aujourd’hui, mais j’ai pu m’adapter un peu mieux que lui. J’ai vu qu’il ressentait la pression de jouer devant son public, ce qui n’est jamais facile. »

Ce dernier point est sans doute vrai, comme le fait qu’Auger-Aliassime vient de vivre trois semaines mouvementées — les Jeux olympiques de Tokyo, Washington et l’Omnium Banque Nationale de Toronto.

« Je suis jeune », mentionnait le Canadien qui a célébré son 21e anniversaire de naissance dimanche. « C’est une bonne première expérience de jouer pendant une année comme celle-ci. La prochaine fois, je serai mieux préparé. »   

Quiz

Quiz de lundi : Parmi les joueurs de cette génération, lequel a accumulé le plus de bourses au cours de sa carrière (leur meilleur classement à vie est indiqué entre parenthèses) ?

a) Grigor Dimitrov (3)
b) David Goffin (7)
c) Kei Nishikori (4)
d) Milos Raonic (3)

Réponse : La bonne réponse est « C », Nishikori. Les gains officiels de sa carrière sont de 24 829 677 $, Raonic est à 20 218 982 $, Dimitrov à 19 724 837 $ et Goffin à 15 101 821 $.

Quiz de mercredi : Roger Federer a participé à l’Omnium Banque Nationale 12 fois et possède une fiche de 35 victoires et 10 défaites. À ses 12 participations, combien de fois a-t-il perdu contre Jo-Wilfried Tsonga ?

a) Une
b) Deux
c) Trois
d) Quatre

La réponse dans le blogue de vendredi.

PHOTO D’ARCHIVE

Voici à quoi ressemblait le Court Banque Nationale de Montréal en 2013 lorsque Vasek Pospisil (au premier plan) affrontait Radek Stepanek.

Photo de l’article : Pascal Ratthé

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