Will Smith running with a cart full of tennis balls and the young actresses portraying Serena and Venus Williams in a scnene from the movie King Richard

Photo : King Richard (Warner Bros.)

Comment peut-on avoir suivi les sœurs Williams depuis les premières rumeurs concernant ces ados surdouées (1994) jusqu’à leurs plus récents matchs de 2021 et… être surpris et charmé par le film « La Méthode Williams » ?

Eh bien… voilà la meilleure façon de vous résumer mes sentiments au long de la projection de 2 h 20 de cette récente production hollywoodienne concernant Venus et Serena.

Je vous avais déjà fourni plusieurs détails sur ce projet de biographie cinématographique dans mon blogue du 1er septembre.

Il fallait donc constater de visu si les attentes du public, connaisseur ou pas, étaient justifiées. Force est d’admettre que oui. Un gros OUI. Une production que je n’hésite pas à qualifier de l’un des meilleurs films de tennis jamais produits.

Se laisser charmer par une production bien menée (bravo Will Smith!) est une chose. Vérifier les faits en est une autre.

Et les vérifications ont passé le test.

Presque toutes les scènes sont basées sur des faits. Notamment cette phrase célèbre, dite à sa cadette Serena, à un moment clé du film.

Octobre 1994 : Alors que Serena était frustrée de voir que toute l’attention et l’énergie étaient mises sur son aînée âgée de 14 ans, à l’aube de son tout premier tournoi professionnel, son père vient la voir pour la réconforter en lui disant que sa sœur allait devenir numéro un au monde. Puis il ajoute, solennel : « Et toi, tu seras la plus grande joueuse de toute l’histoire de ce sport. »

Tout, ou presque, dans le « plan » de cet homme intense et déterminé, s’est réalisé. Un « plan » de 78 pages qu’il avait écrit AVANT leur naissance. Car oui, Richard Williams a bel et bien désiré deux enfants de plus afin de faire fortune au tennis.

Hallucinant, dites-vous ? Au-delà du réel, ajoutez-vous ?

Et vous avez raison.

Mais il a réussi.

Bien sûr, tout n’est pas parfait dans cette production alors que sont laissées de côté quelques facettes plus rugueuses du bonhomme, notamment ses infidélités récurrentes. Mais il faut savoir que Venus et Serena Williams sont les productrices exécutives de ce qui est, il faut le dire, une « biographie autorisée ».

Cela dit, les frangines ont attendu de voir le film avant de mettre leur nom au générique. C’est ce qu’a révélé Will Smith dans une entrevue accordée à l’animateur américain Jimmy Fallon, du « Tonight Show ». Smith s’est dit terrifié durant les deux heures de la projection, attendant le verdict des filles de Richard Williams. « Ce fut les deux pires heures de ma vie. Mais apparemment, elles l’ont aimé. Car elles ont pleuré pendant tout le film », de révéler l’acteur producteur.

Mais, très franchement, on pardonnera ces « oublis » en sortant du cinéma, charmés par cette portion de la vie des deux superstars du tennis que peu de gens connaissaient à moins d’avoir lu la biographie de Richard Williams « Black and White, The Way I See It ».

Will Smith a déjà joué des personnages réels, reliés à contextes de sports (Muhammad Ali/Ali et Bennet Omalu/Concussion). Tant comme réalisateur que comme acteur, il a très bien rendu ici le Richard Williams, père aimant, mais controversé, vendeur, mais aussi obsédé par cette quête inédite et ce projet qui avait toutes les apparences d’une utopie. Il a même pris du poids pour s’approcher un peu plus de la carrure imposante de Richard Williams.

Quant aux deux jeunes vedettes qui partagent l’écran avec lui, Saniyya Sidney (Venus) et Demi Singleton (Serena), elles ne jouaient pas au tennis avant d’obtenir ce rôle et leurs progrès ont été phénoménaux si on en juge par les scènes de tennis. Particulièrement Sidney qui, gauchère naturelle, a dû apprendre à jouer de la main droite, ce qui représentait un double défi.

Des deux, Singleton est celle dont la ressemblance physique avec la jeune Serena est la plus époustouflante. Voilà qui ajoute à la crédibilité de la production, qu’on le veuille ou non.

Il y a bien sûr de nombreuses figurantes qui défilent sur les terrains de tennis, tout au long du film. Elles étaient d’ailleurs 4 000 qui ont passé l’audition.

Je dois donner une excellente note aux producteurs, car contrairement à tant de films de sport, la qualité de jeu présentée ici est l’une des plus réalistes que j’aie vues. Et comme j’ai joué au tennis et décrit du tennis toute ma vie, disons que je suis assez pointilleux sur ce point. Quant aux vedettes, ce ne sont pas des sosies, mais les courtes apparitions des John McEnroe, Pete Sampras, Jennifer Capriati et, plus longue celle-là, d’Arantxa Sanchez-Vicario, sont réussies.

Et l’Espagnole, maintes fois couronnée en tournois du Grand Chelem, ne paraît pas très bien dans le segment qui lui est consacré. Avec raison, confirme l’étude de l’exactitude des faits. On comprendra que les pauses-vestiaires récentes des Tsitsipas et Djokovic, controversées et critiquées, ne datent pas d’hier…

En terminant, et pour celles et ceux qui n’ont pas vu Richard Williams depuis plusieurs années, il est en effet sorti de la bulle médiatique après laquelle il courait tant, et ce, en raison de problèmes de santé.

Le 9 novembre dernier, il y est brièvement réapparu grâce à sa cadette. On le voit, encourageant sa petite-fille Alexis Olympia sur son tricycle, image captée par Serena. Et, sans surprise, celle-ci le qualifie de G.O.A.T. (Greatest Of All Time) sur le texte accompagnant la vidéo sur Instagram.

Une (autre) vedette de moins à Melbourne

Ajoutez le nom de Serena Williams parmi celles qui rateront le premier tournoi majeur de 2022.

Les organisateurs ont confirmé la nouvelle, le 8 décembre, sur leur compte Twitter.

« À la suite des conseils de mon équipe médicale, j’ai décidé de me retirer des Internationaux d’Australie », a déclaré Serena par voie de communiqué. « Bien que ce ne soit jamais une décision facile à prendre, je ne suis pas là où je dois être physiquement pour concourir. »

Rappelons que Williams n’a plus joué depuis sa défaite au premier tour, le 29 juin, face à la Biélorusse Aliaksandra Sasnovich, 100e mondiale cette semaine-là, en raison d’une blessure aux ischiojambiers. Serena était alors 8e au classement, elle se situe maintenant au 41e échelon.

Cette décision repousse encore un peu plus sa tentative d’égaler le record de 24 titres du G.C. appartenant à l’Australienne Margaret Court, un objectif qui semble de plus en plus illusoire compte tenu du peu de compétition à laquelle se soumet l’Américaine depuis trois ans. Depuis son revers face à Naomi Osaka en septembre 2018, elle n’a disputé que 20 tournois.

Williams se joint donc à la Canadienne Bianca Andreescu, qui avait fait part d’une décision identique, deux jours auparavant.

Chez les hommes, rappelons que Roger Federer a déjà signifié (17 novembre) qu’il ne pourrait être présent en Australie et on ne s’attend pas vraiment à le revoir avant le milieu de la prochaine saison.

Quant à Novak Djokovic, même si son nom fait partie de la liste initiale des inscriptions, il n’y a toujours pas d’assurance que le Serbe soit présent, lui qui tient toujours à garder confidentiel son statut vaccinal.

La Grande Mauresmo

Les fleurons n’arrêtent pas d’orner la carrière de la Française Amélie Mauresmo qui vient de remplacer Guy Forget comme directrice de Roland-Garros, deuxième levée du prestigieux Grand Chelem.

Photo : RolandGarros.com

En 2006, Mauresmo a remporté deux titres majeurs et passé un total de 39 semaines (en 2004 et 2006) au sommet du classement mondial.

À la retraite, elle a été conseillère de plusieurs joueuses et joueurs, accompagnant même Marion Bartoli pour son sacre à Wimbledon.

Elle a été une pionnière en devenant entraîneure d’un des membres de l’élite masculine du tennis, Andy Murray, en 2014 et en 2016. Puis en devenant la première femme capitaine d’une équipe de la Coupe Davis (France), sans oublier qu’elle a également été capitaine de l’équipe française de la Fed Cup (maintenant la Coupe BJK).

Maintenant, elle devient la première femme à diriger le prestigieux tournoi de son pays, peut-être la seule distinction qui manque à cette feuille de route époustouflante. Et elle est seulement la deuxième femme à être nommée directrice d’un tournoi du G.C. après la Canadienne Stacey Allaster (Internationaux des États-Unis) en 2020.

Bravo, madame !

Suggestions du temps des Fêtes

Nous approchons cette période qui sert de charnière entre deux années. Quelques semaines où vous aurez (je l’espère) un peu de temps pour vous afin de décompresser, de changer de rythme et de vous divertir.

Que ce soit pour faire un cadeau à un proche ou pour VOUS faire un cadeau… que ce cadeau se consomme en moins de trois heures (un film ou un documentaire) ou en plus de trois jours (un livre), voici quelques suggestions. En commençant par le film « King Richard » mentionné au début de ce blogue, quelques idées pour amateurs de tennis en quête de plaisir… hors court.

Citizen Ashe

Si Richard Williams semblait, de ses propres dires, en guerre avec les Blancs depuis son enfance, c’est d’une autre sorte d’activisme dont il est question, ici, quelques décennies avant que le père des sœurs Williams ne prenne d’assaut ces « country clubs blancs ».

Arthur Ashe, humble athlète afro-américain, s’est hissé vers le sommet du classement mondial (1968) avant de remporter trois titres du Grand Chelem (États-Unis/1968, Australie/1970, Wimbledon/1975). Il a donné son nom au stade offrant la plus impressionnante capacité de sièges (23 771) sur la planète, à Flushing Meadows.

Le réalisateur Rex Miller a commencé la production de ce documentaire il y a cinq ans. Il ne savait pas alors que sa sortie résonnerait de façon si pertinente, en 2021. Miller et son coréalisateur Sam Pollard ont pu compter sur des dizaines de bobines de films d’archives appartenant à TIME Magazine, vers la fin des années 1960.

Présenté en primeur au Festival du film de Telluride, en septembre, puis dans un nombre limité de salles de cinéma de New York le 3 décembre, on parle déjà d’un parfum d’Oscar enveloppant cette production sur un des grands du tennis contemporain.

Voyez la bande-annonce :

The Master

C’est un des innombrables ouvrages dédiés au « Maître » de Bâle. Écrit par le réputé journaliste du New York Times, Christopher Clarey.

Je crois que je n’ai pas à vous donner beaucoup de détails sur le sujet de ce bouquin. Si ce n’est que j’attends toujours une copie commandée à la librairie de mon quartier. En présumant qu’elle arrive à temps pour la pause des Fêtes, je me promets quelques heures au coin du feu pour déguster ce qui s’est rapidement greffé à la liste des bestsellers du NYT.

Infographie : Tennis365.com

Kevin Palmer, du site Tennis365 a réalisé cette entrevue avec l’auteur Christopher Clarey, en août dernier.

Facing Bjorn Borg

Le site Tennisnow.com a écrit un article sur ce livre et a disséminé quelques extraits des différents joueurs, dont Andre Agassi et Ivan Lendl, qui ont accepté de témoigner de leur admiration pour « IceBorg », comme on le surnommait à l’époque, mais que ses rivaux avaient aussi donné le sobriquet sans équivoque de « Assassin angélique »

http://www.tennisnow.com/News/2021/December/Book-Excerpt-Facing-Bjorn-Borg.aspx

Si sa carrière a été moins longue que celles de la plupart des légendes de ce sport, car il a pris sa retraite à 26 ans, il a tout de même remporté 11 titres majeurs avec un pourcentage de victoires quasi irréel, en tournois du Grand Chelem, de 89,8 pour cent. Trois de ces 11 championnats ont été réalisés sans céder une seule manche.

Et si vous n’êtes pas rassasiés, pourquoi ne pas faire le même exercice avec le grand adversaire de Bjorn Borg, un être beaucoup moins introverti, celui-là ?

John McEnroe.

Des heures de plaisir.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici :

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