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||PARIS

Il y a quelques générations, gagner 12 titres à Roland-Garros comme vient de le faire Rafael Nadal était tout à fait inimaginable. En 1981, Bjorn Borg a conquis Roland-Garros pour la sixième fois et l’on pensait alors qu’il faudrait beaucoup de temps, voire jamais, pour égaler le record du légendaire Suédois. Toute suggestion selon laquelle un joueur pourrait doubler le nombre de titres de Borg sur la terre battue parisienne aurait simplement été considérée comme une hérésie.

Mais le triomphe de 6-3, 5-7, 6-1 et 6-1 de l’Espagnol de 33 ans aux dépens de Dominic Thiem dimanche dernier à Roland-Garros l’a hissé au-dessus de tout autre joueur, homme ou femme, dans l’histoire du tennis en matière de victoires de simple en Grands Chelems.

Les 11 trophées de Margaret Court aux Championnats d’Australie (1960-1966) et aux Internationaux d’Australie (1969-70-71-73) ont été surpassés, même si le nombre de titres de Court est douteux parce que ces tournois ne comportaient pas une participation internationale légitime et que la taille des tableaux pouvait être aussi petite que de 32 joueuses.

Parmi les autres joueurs dominants les plus célèbres que Nadal a éclipsés en simple, on retrouve Martina Navratilova (9) et Roger Federer (8), tous les deux à Wimbledon.

Mauricio Paiz

En 15 éditions de Roland-Garros, Nadal n’a subi que deux défaites — aux mains du Suédois Robin Soderling en huitième de finale en 2009 et contre Novak Djokovic en quart de finale en 2015. En 2016, il avait déclaré forfait après son match de deuxième tour en raison d’une blessure au poignet.

Thiem aurait sans doute pu faire mieux dimanche s’il n’avait pas dû terminer sa longue demi-finale contre Djokovic le samedi, perdant ainsi une journée de congé avant la finale. Affronter Superman Nadal sur la terre battue quand on n’est pas à un niveau de forme et de repos optimal est évidemment un handicap important.

Il y a quatre ans, à Montréal, dans le cadre de la Coupe Rogers, après avoir perdu en quart de finale de Roland-Garros contre Djokovic alors qu’il tentait de récolter sa 10e couronne, Nadal avait confié ceci à un journaliste : « Je ne gagnerai peut-être plus jamais (de titres) à Roland-Garros. »

Dans toute sa modestie, le Roi de la terre battue s’était sous-estimé, mais il ne pouvait peut-être pas s’imaginer à l’époque qu’il n’était qu’aux quarts du chemin vers une douzaine de titres sur l’argile rouge emblématique de Paris.

Ashleigh Barty (ci-dessus à l’entraînement avant le tournoi) est l’une des championnes de Roland-Garros les plus populaires des dernières années.

De septembre 2014 à juin 2016, l’Australienne s’était accordé un temps d’arrêt du tennis pour se retrouver. Elle a joué au cricket professionnel pour une équipe de Brisbane tout en continuant de pratiquer le tennis avec son entraîneur.

« Je ne sais même pas si je serais ici à vous parler aujourd’hui si je n’avais pas pris de pause », confiait Barty aux journalistes, samedi. « C’est évidemment une partie de ma vie que j’avais besoin de gérer et j’ai l’impression que c’est la meilleure décision que j’ai prise à l’époque, et celle de revenir au jeu était encore meilleure. »

Son deuxième rang mondial est remarquable étant donné qu’elle était 325e il y a moins de trois ans, à la fin de 2016. Cette année, elle possède une fiche de 31 victoires et 5 défaites, elle a remporté le titre de l’Open de Miami en mars et a joué un rôle important dans les six matchs de l’équipe australienne de la Fed Cup. En novembre, l’Australie accueillera la France et tentera de mettre la main sur un septième titre de la Fed Cup.

Barty a également marqué un point pour les joueuses de taille modeste. À 5 pieds 5, elle se joint à la championne de Roland-Garros de l’an dernier, Simona Halep (5 pieds 6) pour prouver que le succès au tennis d’est pas nécessairement réservé aux femmes de 6 pieds.

FERNANDEZ AU SOMMET À PARIS

Mauricio Paiz

Samedi dernier, Leylah Annie Fernandez s’est précipitée sur le trophée junior de Roland-Garros en prenant la mesure de l’Américaine Emma Navarro, 18 ans, en des comptes de 6-3 et 6-2.

En y repensant, la Lavalloise de 16 ans a réussi son test le plus difficile au premier tour lorsqu’elle a vaincu Mariia Tkacheva par 7-5 et 6-3. La Russe de 17 ans menait 5-4 au premier acte avant que Fernandez ne prenne le contrôle. À ses cinq matchs suivants, Fernandez n’a jamais concédé plus de quatre jeux par manche, n’ayant perdu en moyenne que quatre jeux par duel, et a remporté son quart de finale contre la Française Elsa Jacquemot, 16 ans, par 6-0 et 6-0.

Fernandez est devenue la première junior canadienne, fille ou garçon, à conquérir les grands honneurs de Roland-Garros et se joint à Eugenie Bouchard (Wimbledon en 2012) comme seule junior féminine canadienne à être couronnée en simple dans une épreuve du Grand Chelem.

Son émergence est une histoire de dévouement, de détermination et de persévérance familiale. Le nom Leylah vient d’une fleur — une Leila — que sa mère Irène aimait beaucoup, mais qui a choisi de l’épeler Leylah. À l’automne dernier, elle a déménagé à Boynton Beach, en Floride, pour rejoindre son père Jorge, originaire de l’Équateur, sa mère, originaire des Philippines, et sa sœur de 15 ans, Bianca. Jorge agit à titre d’entraîneur pour ses deux filles qui s’entraînent habituellement sur des courts publics en Floride.

Dans un documentaire diffusé sur les ondes de Radio-Canada, Jorge Fernandez mentionne que Richard Williams (le père de Serena et de Venus) et Yuri Sharapov (le père de Maria) sont des sources d’inspiration. « Je connais peut-être 60 % de ce que les autres entraîneurs savent », mentionne-t-il, « Mais je connais mes 60 % à 100 %. »

Jorge s’est rendu à Paris pour voir Leylah Annie remporter la finale — il arrivait du Portugal où Bianca participait à un tournoi junior. Hugo di Feo, de Tennis Canada, avait aidé Leylah Annie durant le tournoi.

Une gauchère au style de jeu agressif en fond de terrain, Fernandez, qui mesure 5 pieds 6, possède déjà un classement de la WTA (373e) et prévoit faire l’impasse sur Wimbledon pour disputer le tournoi ITF de Saskatoon (25 000 $) le mois prochain, ainsi que les épreuves Challenger Banque Nationale de Gatineau (25 000 $) et de Granby (80 000 $), au Québec.

Mauricio Paiz

Fernandez a commencé à se faire la main chez les pros et en mars, elle a pris part à deux tournois ITF à Canberra, en Australie. Elle a gagné quatre matchs lors des deux épreuves, accédant aux quarts de finale après avoir franchi les étapes de qualification.

En avril, elle faisait partie de l’équipe canadienne de la Fed Cup qui a affronté la République tchèque à Prostejov, et a tenu son bout dans une défaite de 6-4 et 6-1 aux mains de la finaliste de Roland-Garros Marketa Vondrousova.

Fernandez a impressionné sa coéquipière de la Fed Cup Gabriela Dabrowski, qui a dit : « Leylah travaille très fort, elle est très intense, mais aussi très positive sur le terrain. Par son comportement sur le terrain, tu peux voir qu’elle est sérieuse. À la Fed Cup, elle a vraiment, vraiment bien joué même si elle perdait. Elle était très proche dans beaucoup de jeux et elle a vraiment chauffé Vondrousova. Je trouvais qu’elle était capable de rester concentrée tout au long du match, ce qui est rare chez les juniors. Elle est également très gentille, c’était donc plaisant de l’avoir dans l’équipe. »

Fernandez résume ainsi son approche du tennis : « C’est très compétitif. Chaque point est important pour moi. Je joue le premier point comme si c’était le dernier. Et même si je suis sur le point de perdre, je ne baisse jamais les bras. »

ANCIENNES CHAMPIONNES JUNIORS

Mauricio Paiz

Leylah Annie Fernandez a réalisé un formidable exploit en s’adjugeant le titre junior de Roland-Garros. Toutefois, le succès chez les juniors ne garantit pas le succès chez les professionnelles.

En tenant compte de leurs résultats professionnels au cours des 25 dernières années, lequel des groupes ci-dessous est le plus fort ? La réponse à la fin du blogue.

Martina Hingis Kim Clijsters
Amelie Mauresmo Dinara Safina
Caroline Wozniacki Maria Sharapova
Ashleigh Barty Ana Ivanovic
Jelena Ostapenko Elina Svitolina

LA DOUBLE DÉCEPTION DE DABROWSKI

Mauricio Paiz

Pour la deuxième année consécutive, Dabrowski et son partenaire croate Mate Pavic sont tombés en finale du double mixte face à la Taïwanaise Latisha Chan et au Croate Ivan Dodig. Cette fois, Chan et Dodig ont gagné 6-1 et 7-6(5) alors qu’ils avaient signé un gain de 6-1, 6-7(5) et [10-8] lors du match de championnat de 2018.

Les deuxièmes têtes de série ont peut-être manqué d’un peu de chance après leurs victoires de quart de finale et de demi-finale — respectivement 1-6, 7-5, [10-8] et 6-7(4), 6-1, [10-8].

Lors de la finale de cette année, deux points importants ont été remportés par Chan et Dodig au jeu décisif de la deuxième manche. À 2-2, il y a eu un échange divertissant qui s’est terminé par un revers gagnant de Dodig. Puis, lorsque Dabroswki et Pavic tiraient de l’arrière 4-2, Pavic a tenté un retour du coup droit qui a raté la cible de beaucoup.

Le Croate de 25 ans n’a pas été aussi régulier que Dodig et c’est probablement ce qui a fait la différence.

En double féminin, Dabrowski et la Chinoise Xu Yifan, qui formaient la quatrième meilleure équipe du tableau, ont franchi une étape de plus qu’en 2018, mais sont tombées 6-2, 5-7 et 7-5 en quart de finale face aux Chinoises Duan Yingying et Zheng Saisai.

Dabrowski grimpe quand même au classement et est de retour au sein du Top 10 de la spécialité (son meilleur classement à vie est le 7e rang atteint en mars 2018). Elle a empoché une somme totale de 70 250 euros (près de 80 000 $ US) pour les deux épreuves.

LE GAZON POUR LE TOP 3 CANADIEN

Cette semaine, Milos Raonic, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov participent au tournoi du Circuit 250 de l’ATP sur la pelouse de Stuttgart, en Allemagne. Raonic, Auger-Aliassime et Shapovalov sont respectivement les 6e, 7th et 8e têtes de série. C’est la première fois de l’histoire que trois Canadiens font partie des têtes d’affiche d’un tournoi ATP.

Mardi, Raonic a eu raison du qualifié australien Alexei Popyrin en trois manches de 6-7(6), 6-4 et 7-6(4). Son prochain rival sera Jo-Wilfried Tsonga, 79e mondial. Raonic possède une fiche de quatre victoires et deux défaites contre le Français et a remporté leurs quatre derniers duels depuis 2014.

Auger-Aliassime a signé sa première victoire professionnelle sur le gazon en indiquant la sortie au Letton Ernests Gulbis en des comptes de 7-5 et 6-3. « J’étais agréablement surpris, car je pensais que ce serait encore plus difficile », confiait Auger-Aliassime à propos du match et de son adaptation au gazon. « ce n’était pas facile à la première manche, mais je pense que j’ai réussi à bien servir (il a gagné 86 % de ses premières balles de service) et c’est ce qui a été la clé aujourd’hui. Les choses ont commencé à bien aller pour moi lorsque j’ai trouvé mon rythme et mis plus de retours en jeu. Je suis content de cette victoire. C’est bon d’être de retour sur le gazon après les juniors (Wimbledon en 2016) et d’obtenir un premier gain. »

Au deuxième tour, Auger-Aliassime croisera le fer avec le Français Gilles Simon, 37e mondial.

Pour la troisième fois en deux mois, Denis Shapovalov était opposé à Jan-Lennard Struff (Monte-Carlo et Roland-Garros) et a subi une troisième défaite. Le pointage était de 7-5 et 6-4 en faveur de l’Allemand.

À l’instar de Raonic et d’Auger-Aliassime, Shapovalov est inscrit au tournoi du Queen’s Club la semaine prochaine, à Londres.

CHAMPIONNES JUNIORS :


Voici la liste de tout à l’heure — quel groupe a été le plus impressionnant ?

Martina Hingis Kim Clijsters
Amelie Mauresmo Dinara Safina
Caroline Wozniacki Maria Sharapova
Ashleigh Barty Ana Ivanovic
Jelena Ostapenko Elina Svitolina

La réponse est discutable, mais le fait est que chaque joueuse du groupe de gauche a remporté le titre junior de Wimbledon alors que celles du groupe de droite étaient finalistes de Wimbledon chez les juniors.

ANA À PARIS


Comme l’indique son tweet, Ana Ivanovic était à Paris la semaine dernière. L’ex-joueuse de 31 ans a été couronnée championne de Roland-Garros il y a 11 ans, en 2008. Elle est maintenant mariée au joueur de soccer allemand Bastian Schweinsteiger et a un fils de 15 mois, Luka.

(Photos de l’article : Mauricio Paiz)

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