Leylah Fernandez holds her US Open runner-up plate and smiles.

Photo : Camera Work USA

Si on vous avait dit avant le début des Internationaux des États-Unis qu’une Canadienne atteindrait la finale, vous n’auriez pas trouvé cette prédiction trop audacieuse.

Bianca Andreescu était la championne en titre. Denis Shapovalov venait de participer au carré d’as de Wimbledon. Félix Auger-Aliassime était sur une lancée et semblait prêt à faire une percée.

Mais Leylah Fernandez ? La jeune joueuse de 18 ans, classée au 73e rang mondial, qui n’avait atteint qu’une seule fois le deuxième tour d’un tournoi du Grand Chelem ? Peut-être dans quelques années, mais pas en 2021.

Eh bien…

Quatre victoires aux dépens de rivales du Top 20, dont trois faisaient partie du Top 5 et deux étaient de multiples championnes de Grands Chelems, et la jeune Canadienne s’est retrouvée pour la première fois en finale d’un tournoi majeur, couronnant l’un des parcours les plus improbables de l’histoire du tennis.

La quinzaine spectaculaire de Fernandez à New York a capté l’attention et le cœur des amateurs de tennis de son pays et du monde entier.

Voici les meilleurs moments du parcours de rêve de Leylah Fernandez à Flushing Meadows.

La remontée contre Osaka

Aux yeux de bien des gens, atteindre le troisième tour des Internationaux des États-Unis aurait été une excellente performance pour la jeune Canadienne.

Et un duel dans le stade Arthur Ashe contre la championne en titre Naomi Osaka, même s’il s’agissait d’une défaite, ne pouvait être qu’une très belle occasion d’acquérir de l’expérience.

C’était déjà un scénario gagnant-gagnant, mais peu de gens pensaient que l’adolescente pouvait créer une surprise.

Toutefois, Fernandez s’est accrochée à Osaka dès le début, égalant la quadruple championne de Grands Chelems coup pour coup. Même si elle a perdu la manche initiale, l’adolescente a fait preuve de sang-froid et son niveau de jeu a prouvé que, quel que soit le résultat, elle avait sa place sur la plus grande scène.

Pourtant, il semblait que le résultat attendu était inévitable alors qu’Osaka servait pour le match à 7-5, 6-5. Ou du moins, c’est ce que la plupart des gens pensaient sauf Fernandez, qui a immédiatement ravi le service de la Japonaise avant de remporter le jeu décisif pour forcer la tenue d’une manche ultime.

L’expérience d’Osaka allait assurément prévaloir à la troisième manche, non ? Il n’y avait aucune chance que la jeune Canadienne puisse contrôler sa nervosité dans une telle occasion, n’est-ce pas ?

La pression n’aurait pas pu être plus forte pour Fernandez, qui a marqué le bris tôt dans la manche et qui n’avait plus qu’à conserver son service jusqu’à la fin pour signer le gain. Et elle l’a fait, réalisant ainsi la grande surprise du tournoi et annonçant ses couleurs au monde entier.

La double surprise de Leylah et de Carlos

La victoire de Fernandez aux dépens d’Osaka a couronné l’une des journées les plus surprenantes du tournoi. Mais si les amateurs ont dû avoir une impression de déjà-vu en ce vendredi fatidique à New York.

En effet, Fernandez était la deuxième adolescente à surprendre une troisième tête de série cette journée-là sur le court Arthur Ashe. Un peu plus tôt, Carlos Alcaraz, également âgé de 18 ans, avait indiqué la sortie à Stefanos Tsitsipas (3e) en cinq manches.

Le lendemain, les deux vainqueurs ont profité de cette coïncidence amusante pour se retrouver sur les terrains d’entraînement.

Elle en remet contre Kerber

Fernandez a probablement dupé bon nombre d’amateurs et d’experts qui la croyaient arrivée en fin de parcours au quatrième tour alors qu’elle était menée par une manche et un bris par la triple championne de Grands Chelems Angelique Kerber.

Cette bataille en huitième de finale ressemblait étrangement à celle contre Osaka, où elle a perdu une première manche serrée et s’est retrouvée en déficit d’un bris vers la fin du deuxième acte.

Elle n’allait pas réussir le coup une deuxième fois, non ?

Pourtant, le résultat a été le même qu’au troisième tour. La Canadienne a ravi le service de Kerber, a remporté le jeu décisif avant d’arracher la troisième manche.

La principale différence était dans la façon dont le troisième acte s’est déroulé. Contrairement à son duel contre Osaka, elle n’a pas eu à se battre d’arrache-pied, elle a plutôt dominé la manche, semblant avoir fait craquer Kerber sous ses assauts incessants.

Souhaits d’anniversaire d’une légende

Fernandez a célébré son 19e anniversaire de naissance entre le quatrième tour et les quarts de finale.

Le tournoi lui a offert un exemplaire dédicacé de la nouvelle autobiographie de Billie Jean King « All In ». À l’intérieur de la couverture, la légende elle-même avait écrit : « À Leylah, Joyeux 19e anniversaire. Continue de rêver grand et de chérir chaque moment ! Va jusqu’au bout ! »

Plutôt sympa comme cadeau !

De la glace dans les veines

Au moment où Fernandez affrontait Elina Svitolina en quart de finale, plus personne ne sous-estimait la Canadienne. En dominant Kerber, elle avait prouvé que sa victoire contre Osaka n’était pas le fruit du hasard et elle semblait imperméable à la pression. Ce match allait se décider sur la qualité du tennis des deux protagonistes.

Et pendant une grande partie du match, c’est Fernandez qui s’est illustrée.

Contrairement à ses deux duels précédents, la Canadienne a remporté la manche initiale en contrôlant les échanges et en déplaçant Svitolina d’un côté à l’autre du terrain.

Mais Fernandez a ensuite dû relever un nouveau défi. Pour la première fois de la semaine, elle a fait face à l’adversité en perdant la deuxième manche, ce qui n’était pas arrivé dans ses quatre matchs précédents.

À bien des égards, ce quart de finale a été le plus grand test de maturité pour la jeune joueuse. Il y avait de la pression, des attentes, et le défi de se reprendre après avoir perdu de nombreuses avances. Au troisième acte, elle menait par un bris et servait pour le match, mais a concédé son service et s’est dirigée vers le jeu décisif. Elle s’est alors forgé une avance de 4-1, mais Svitolina est revenue à la charge.

Une joueuse moins douée aurait craqué, aurait perdu son sang-froid et aurait été incapable d’oublier les occasions ratées. La plupart des joueuses se seraient probablement battues elles-mêmes à ce moment-là.

Mais Fernandez n’est pas une joueuse ordinaire.

À 5-5, l’adolescente a réalisé sa meilleure imitation de Rafael Nadal en enroulant un passing du coup droit sur la ligne pour obtenir une balle de match. Un point plus tard, elle était en demi-finale après sa victoire la plus impressionnante à ce jour.

Le sirop d’érable

Le parcours de Fernandez a été le point culminant de ce qui a été un tournoi exceptionnel pour le Canada. À eux seuls, ses résultats auraient été suffisants pour la rendre populaire… mais elle a ajouté un autre niveau de saveur canadienne pour se faire aimer des amateurs locaux, et de ceux du monde entier.

Lorsqu’on lui a demandé quelle était la clé du succès des Canadiens, elle a répondu :

« C’est le sirop d’érable ! »

Elle venait de nous donner la permission de noyer notre nourriture dans le sirop d’érable, n’est-ce pas ?

La citation est devenue virale, ce qui a conduit Auger-Aliassime, après sa propre victoire en quart de finale, à déclarer que Fernandez et lui iraient manger des crêpes avant leur demi-finale respective.

Survivre à Sabalenka au carré d’as

La demi-finale a posé le plus grand et le plus impossible des défis, car Fernandez se mesurait à la deuxième mondiale Aryna Sabalenka, qui était elle aussi en quête de sa première finale d’un Grand Chelem.

Et lorsque Sabalenka a amorcé le match en lionne, produisant neuf coups gagnants pour prendre les devants 3-0, on ne donnait pas cher de la peau de Fernandez.

Mais la Canadienne n’allait pas se contenter d’une présence au carré d’as. Elle a résisté à la tempête et s’est avérée être la plus calme des deux, retroussant ses manches pour remporter le jeu décisif du premier acte.

Comme en quart de finale, elle a concédé la deuxième manche et s’est retrouvée dans une lutte sans merci au troisième engagement. Elle a toutefois su garder son sang-froid dans les moments cruciaux, ce que son adversaire n’a pas réussi à faire. Sabalenka a gaspillé le dernier jeu en commettant deux doubles fautes et une faute directe sur la balle de match pour permettre à Fernandez d’atteindre le match ultime.

Si le match de championnat ne s’est pas terminé en faveur de la Canadienne, cela n’enlève rien à la formidable percée de Fernandez.

Son sang-froid et sa témérité laissent présager un avenir radieux pour cette jeune joueuse de 19 ans.

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