Aerial shot of three courts next to each other

Photo : Paul Rivard

Un laissez-passer, 16 prétendantes, quatre jours de compétition. 

Oui, 16 adolescentes parmi la relève du tennis canadien qui devaient lutter pour obtenir la chance de participer aux qualifications de l’Omnium Banque Nationale (OBN). C’est ce qui s’est passé du 31 juillet au 3 août sur trois courts secondaires du Stade IGA à Montréal.  

Car loin des réflecteurs, des médias sociaux et électroniques, il y a la réalité de ces jeunes femmes rêvant de percer et d’affronter les meilleures.  

Mais chez Tennis Canada (TC), on croit que c’est ce genre de récompense qui continue de motiver les filles et qui pourrait être une motivation supplémentaire pouvant se traduire par l’ouverture de la grande porte. 

UN PRIX QUI VAUT SON PESANT D’OR 

Et c’est comme ça depuis plusieurs années, nous dit Sylvain Bruneau, consultant principal du tennis féminin de TC.  

« C’est beaucoup de monde pour un seul laissez-passer, mais on pense que c’est un bon prix à décerner, note Bruneau. On croit aussi que c’est bon pour la dynamique du groupe, car il n’y a pas que ces quatre jours de préqualifs. On a commencé par un camp d’entraînement, puis elles ont ensuite été invitées aux tournois de Saskatoon et de Granby. Et maintenant, ceci. C’est donc une formule événementielle qui a duré un mois et qui leur donne des cadres d’entraînement et de compétition. Pas de bourse, pas de point de classement, mais la chance d’évoluer en qualifications d’un important tournoi de la WTA. » 

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Au fil des ans, Bruneau a constaté que la lauréate de ces préqualifications amorcera les qualifications de l’OBN avec confiance. « Elle aura déjà quatre matchs derrière la cravate, sur le site même du tournoi. Alors que sa rivale éventuelle aura débarqué à Montréal après quelques jours d’inactivité. C’est donc un plus. » 

Ce mini-tournoi de préqualification est organisé de façon très professionnelle.  

Photo : Paul Rivard 

« Il y a des arbitres de chaise, des juges de lignes et des chasseurs de balles. Le but est de rendre l’expérience la plus réaliste possible, car l’étape suivante, pour la jeune gagnante, ce sera d’affronter une adversaire qui se situe autour de la 100e place mondiale », rappelle Bruneau, qui se fait un devoir d’assister à tous les matchs au cours des quatre jours. Car, parmi ces athlètes dépistées à un jeune âge, il y a peut-être la prochaine Bouchard, Andreescu ou Fernandez. 

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L’attribution de ce laissez-passer n’est que le début. Quelquefois, la joueuse qui l’obtient peut continuer sa route. « Pas besoin de remonter bien loin. L’an dernier, Marina Stakusic avait remporté ce mini-tournoi pour ensuite gagner son premier match des qualifications. Elle avait battu la Chinoise Xinyu Wang, 68e mondiale, et s’était inclinée par la suite face à la Tchèque Tereza Martincova (71e). C’était une formidable expérience pour elle. » 

L’Ontarienne Stakusic tentera de répéter ce petit exploit en 2023, puisqu’elle a obtenu le laissez-passer pour les qualifications. Et ce, sans disputer la finale prévue le 3 août face à l’Albertaine Mia Kupres, car le sort a voulu qu’une autre place se soit libérée et les deux joueuses se joindront à leurs compatriotes. On a donc fait l’impasse sur le dernier match de ce mini-tournoi. 

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Pour Kupres, c’est une excellente formule, puisque ce n’est pas grâce à une faveur d’un entraîneur ou de la direction de TC si elle s’y trouve. 

Photo : Sarah-Jade Champagne

« Ces rencontres aident à bâtir de la confiance au cours du tournoi. Si tu gagnes ta place là, même si tu as obtenu un laissez-passer, tu sens que tu as ta place dans le tableau parce que tu t’es battue pour y arriver… et tu t’es familiarisée avec les conditions ici. C’est assurément une sorte d’avantage pour nous », mentionne Kupres. 

AFFRONTER DES AMIES… MÊME SA SŒUR 

Bruneau rappelle aussi un des aspects particuliers de ce type de compétition. « Ces joueuses évoluent contre leurs coéquipières, dont certaines sont leurs amies proches. Et ça, ce n’est jamais facile. » 

Photo : Paul Rivard 
Photo : Paul Rivard 

Des amies… et même des sœurs ! 

Celle qui se trouvait derrière Bruneau sur cette photo est la Montréalaise de 16 ans Naomi Xu, sœur cadette d’Annabelle Xu, 19 ans, qui vient de passer la dernière année au sein de l’équipe de l’Université de la Virginie et qui participe aussi aux préqualifs.  

Et, comme c’est souvent le cas dans les tirages au sort, il aura fallu que les deux sœurs — aux espadrilles i-den-ti-ques — s’affrontent lors du premier match de ce tournoi.  

Photo : Paul Rivard 

Un match que l’aînée a gagné 6-2 et 6-3, et ce, malgré quelques problèmes à l’épaule droite. Mais les frangines n’ont pas déçu en offrant plusieurs bons échanges. 

C’est ensemble qu’elles ont accordé l’entrevue d’après match. La première question portait sur le fait de s’affronter entre sœurs. 

Annabelle – « J’étais déçue, évidemment. Quelles sont les chances que sur les 14 autres joueuses, je tombe sur ma sœur. On s’entraîne souvent ensemble et je suis venue ici pour jouer des matchs et rencontrer d’autres adversaires. » 

Naomi – « Ma première réaction… j’ai éclaté de rire parce que c’était ironique. Je ne pensais même pas qu’on serait dans la même partie du tableau. Comme elle, je suis venue ici pour jouer contre d’autres filles. Ce n’est jamais drôle de jouer en compétition contre ta sœur… surtout quand c’est ta sœur plus âgée (rires). » 

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Annabelle était la favorite en raison de son âge et de son expérience. Les deux athlètes devaient faire attention aux pièges qui les guettaient respectivement. Annabelle ne devait pas être trop confiante tandis que Naomi ne devait pas arriver battue d’avance. 

Annabelle – « Je me suis dit dès le départ que ce serait un match contre une joueuse et non un entraînement contre ma sœur. » 

Naomi – « Je me disais que je devais avoir confiance en moi et oublier que c’était ma sœur de l’autre côté. Ce n’était pas facile parce que je veux habituellement que Annabelle l’emporte dans chaque match — contre les AUTRES joueuses — mais là, sur le terrain, je devais m’adapter. J’ai simplement tenté de jouer mon meilleur tennis. » 

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À la deuxième manche, une épaule récalcitrante a obligé Annabelle à demander la venue de la thérapeute. Pendant la pause, sa cadette tentait de rester concentrée en regardant ses notes ou encore les autres matchs.  

Était-elle inquiète ?  

Photo : Paul Rivard 

Naomi – « C’est sûr que je l’étais. D’abord j’avais vu son bandage et je savais qu’elle avait un souci à l’épaule. Puis, j’espérais qu’elle n’aggrave pas sa blessure et que notre match n’allait pas s’arrêter subitement. Sinon, j’essayais de rester concentrée. » 

L’AUTRE FERNANDEZ 

Annabelle Xu avait bien fait aux récents Championnats Banque Nationale de Granby (WTA 100) en remportant son premier match.  

Même bilan pour Bianca Fernandez, la sœur de 19 ans de Leylah Fernandez. Bianca occupe présentement le 624e rang mondial. 

Photo : Paul Rivard 
Photo : Paul Rivard 

Lors du tournoi de préqualifications, Fernandez a remporté ses deux premiers matchs avant de s’incliner au troisième tour face à Kupres en trois manches de 4-6, 7-6(1) et 6-1. 

Auparavant, Kupres avait aussi disposé de Xu 7-6(4) et 6-3. 

VALÉRIE AUSSI ! 

Lorsque Bruneau mentionnait que la tenue de ces préqualifications remontait à plusieurs années, une autre preuve nous est arrivée de la bouche même de la directrice de l’OBN, Valérie Tétreault, qui passait non loin de là. 

« Si je me souviens bien, j’ai joué les préqualifs à deux reprises », se souvient Tétreault.  

« En 2004, alors que j’avais 16 ans et que je vivais ma première expérience au tournoi de Montréal. » Je ne me souviens pas combien de matchs j’avais dû gagner, mais j’avais réussi à obtenir ce précieux laissez-passer pour les qualifs avant de m’incliner contre une joueuse américaine nommée Lyndsay Lee-Waters au 1er tour des qualifications. 

Photo : Aaron Harris/Presse Canadienne 
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