Leylah Fernandez pumps her fist. She led Canada to victory over Chile at the United Cup on Sunday.

Photo : Martin Sidorjak

Wozniak, Raonic, Pospisil, Bouchard, Andreescu, Shapovalov, Auger-Aliassime, Fernandez, Diallo, Galarneau… 

Et Marina Stakusic. 

Cette photo illustre bien, de droite à gauche, la passation du flambeau chez Tennis Canada. Eugenie Bouchard, qui fut notre « Capitaine Canada » il y a un peu moins de 10 ans dans cette compétition entre pays, a assurément inspiré l’actuelle héroïne nationale, Leylah Annie Fernandez. Et l’exemple de la Québécoise de 21 ans est déjà à la base de l’émergence extraordinaire de Stakusic, l’autre révélation de la semaine dernière en Espagne. 

Oui, cette Ontarienne de 18 ans est la plus récente preuve du savoir-faire tennistique au Canada. Malgré la présence de joueuses aguerries comme Rebecca Marino et Eugenie Bouchard, c’est à Stakusic que la capitaine Heidi El Tabakh a confié la tâche de mener la charge en simple comme joueuse numéro deux aux Finales de la Coupe Billie Jean King.  

Photo : Cristina Quicler – AFP

Dans le Stade de la Cartuja, à Séville, l’adolescente a répondu avec succès. Classée 258e à la WTA, elle s’est farcie successivement l’Espagnole Rebeka Masarova (65e) et la Polonaise Magdalena Frech (63e) au tournoi à la ronde.  

Photo : TyC Sports 

Non seulement venait-elle d’enregistrer ses deux premières victoires contre des joueuses du Top 100, mais elle a mis la table pour des balayages successifs de 3-0 par son équipe en route vers cette demi-finale. 

Si la réalité l’a rattrapée en demi-finale contre la Tchèque Barbora Krejcikova (gagnante de tournois du Grand Chelem et 10e mondiale), Marina est revenue encore plus forte, triomphant de façon éclatante lors du match initial de la finale. Et sa rivale, la gauchère italienne Martina Trevisan (43e) était encore mieux classée que ses deux premières victimes. 

Stakusic a réussi ce défi… et fait passer Heidi El Tabakh et les autres dirigeants de TC pour des génies. 

Photo : Panoramic/Media 365 

Comment ne pas rappeler son éblouissante performance, en août dernier, ici même au pays ? Devant quelques milliers de personnes réunies sur le Court central du Stade IGA, elle avait donné la frousse à l’Américaine Alycia Parks, alors 47e mondiale, au premier tour des qualifications de l’Omnium Banque Nationale. 

Photo : Paul Rivard 
Photo : Sarah-Jade Champagne

Absente de la compétition pendant six mois en raison d’une blessure à un genou, Stakusic n’a jamais levé le pied de l’accélérateur depuis son retour. Après cette impressionnante performance à Montréal, elle a ensuite cumulé un dossier de 22-4, remportant au passage trois tournois (W25, W60, W60) avant d’enregistrer ces trois solides victoires en quatre matchs à la Coupe Billie Jean King.  

Lire aussi : Stakusic éblouit à ses débuts à la Coupe Billie Jean King 

Pour revenir à la nomenclature qui amorçait ce texte, ces noms étaient de jeunes raquettes sans expérience lorsqu’elles ont été catapultées dans la plus ancienne et prestigieuse compétition internationale de ce sport. Et elles ont toutes saisi l’occasion au bond. Et les balles… 

Chaque fois, ces vertes recrues faisaient équipe avec leurs prédécesseurs. 

Et comme ces espoirs sont forcément guidés, puis applaudis par ces vétéran(e)s qui ont un jour été à leur place, comment ne pas apprécier cette boucle qui se boucle ? 

Photo : Cristina Quicler/AFP 
Photo : Massimo Paolone/AP 

En accédant à la demi-finale, Marina, Leylah, Gabriela, Rebecca et Eugenie répétaient un exploit vieux de 35 ans. Il fallait remonter jusqu’en 1988 pour retrouver la dernière formation canadienne au carré d’as de la Coupe BJK (autrefois Fed Cup), un quatuor que l’on voit sur cette photo et formé par feue Rene Simpson, Jill Hetherington, Helen Kelesi et la capitaine Wendy Pattenden. 

Photo : Wendy Pattenden 

Autre temps, autres prix.  

Il y a 35 ans, les bourses n’étaient assurément pas les mêmes.  

Pour leur triomphe de novembre 2023, c’est un montant de 2 400 000 $ qui a été octroyé aux cinq joueuses.  

Photo : @geniebouchard 

Pour Stakusic, sa part du gâteau représente une très grosse somme, mais, tout excitant est-il, cet argent n’est que très peu en comparaison avec la formidable expérience et l’énorme dose de confiance qui auront caractérisé cette chevauchée espagnole à Séville. 

Vivement la suite. 

La (nouvelle) « Capitaine Canada » 

Photo : AFP 

Si on excepte la surprenante émergence de Stakusic, la vedette incontestable de cette conquête de la Coupe Billie Jean King est Leylah Annie Fernandez. 

Elle est invaincue en cinq matchs — quatre en simple et un en double. 

Depuis ses débuts (8 nominations), elle affiche un dossier de 12-3 en simple et de 4-0 en double.  

Elle n’a que 21 ans. Et elle est la nouvelle leader du tennis féminin canadien. 

La nouvelle « Capitaine Canada ». 

Photo : Marcelo Del Pozo/Reuters 

Après les deux années en dents de scie à la suite de sa finale aux Internationaux des États-Unis, cette réussite collective ne pourra que cimenter sa confiance et lui permettre de regagner un niveau auquel son talent, sa détermination et sa pugnacité lui permettent de rêver.  

Le Top 10 mondial.  

Contre toute attente ? Vraiment ? 

Photo : BJK Cup 

Vous l’auriez prédit ?  

Allez, soyez francs… même si vous adorez votre pays et vos athlètes, combien d’entre vous aurait prédit que les nôtres remporteraient la toute première Coupe Billie Jean King de l’histoire du Canada à sa 60e édition ? 

Et l’an dernier, vous l’aviez prédit, cette première Coupe Davis drapée de l’Unifolié ? 

Peu importe. Lorsque vient le temps des célébrations, on s’en balance.  

Et c’est là que la déclaration préférée des capitaines et autres dirigeants canadiens refait surface… et prend tout son sens. « À la Coupe BJK/Davis, tout peut arriver ! ». Bien mal pris celles et ceux qui viendraient les contredire. 

Comme l’an dernier, un certain nombre d’étoiles mondiales étaient absentes de la compétition. Mais « les absents ont toujours tort », dit la maxime. 

Photo : BJK Cup 

Un exemple : si, cette année, la Pologne n’a pu compter sur la numéro un mondiale (Iga Swiatek), c’est en raison, visiblement, de sa victoire aux Finales de la WTA, quelques jours avant, au Mexique. Certes, la proximité de ces finales (WTA et ATP) avec les Coupes BJK et Davis n’est pas idéale et le calendrier pourrait être repensé, mais ça ne doit pas assombrir la réussite des nôtres. Ou des autres. 

Lire aussi : Le Canada est seul au sommet du tennis mondial après son triomphe à la Coupe Billie Jean King

D’autre part, le Canada a gagné contre une armada tchèque ultra puissante et alignant cinq des huit meilleures joueuses de simple du pays, toutes classées dans le Top 45 mondial. Sans oublier que la victoire décisive du double, par le duo Dabrowski/Fernandez a été acquise face à la terrifiante paire de Krejcikova/Siniakova, gagnante de sept titres de tournois du Grand Chelem au cours des cinq dernières années.  

Conséquemment, mine de rien, le Canada se joint au groupe sélect des 10 autres pays ayant remporté, au moins une fois, les deux Coupes. Mais, plus rare encore, le Canada fait partie d’un ensemble, plus restreint, des pays ayant détenu les deux couronnes en même temps. 

Photos : Reuters et Tennis Canada 

On parle ici d’une certitude pour la période de deux semaines séparant leur titre du 12 novembre, et la défense du titre masculin dans la semaine se terminant le 26 novembre.  

Si Félix et sa bande parvenaient à répéter leur exploit de 2022, le Canada ferait donc partie des rares pays ayant maintenu leur emprise sur les deux trophées pendant une année complète. Il s’agit de la Fédération russe de tennis (2021), de la Tchéquie (2012), des États-Unis, 1963-1969-1978-1979-1981-1982-1990) ainsi que de l’Australie, 1964-1965-1973). 

Tout sauf banal. 

Maintenant que le Canada a développé des joueuses et des joueurs qui, tant individuellement que collectivement, peuvent rivaliser avec les meilleurs pays de ce sport, il ne nous est pas interdit de rêver à une autre grande manifestation sportive dont le prestige est loin d’être secondaire : les Jeux olympiques.  

Et ils auront lieu l’été prochain, à Paris.  

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Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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