Bianca Andreescu a résisté à une avalanche de coups puissants de la part d’Ysaline Bonaventure pour atteindre le deuxième tour de Roland-Garros, lundi, en des comptes de 3-6, 7-5 et 6-0.

La Belge, qui mesure 1,78 m, est une catégorie de poids et de taille ou deux au-dessus d’Andreescu, et a utilisé sa puissance et ses coups de gauchère pour contrôler les échanges pendant la majeure partie des deux premières manches (une analogie à la boxe ou les combattants évoluent dans différentes catégories en fonction de leur poids).

La capacité de Bonaventure de frapper en puissance de façon constante n’a pas permis à Andreescu de déployer son habituel arsenal de coups. Elle s’est trop souvent retrouvée sur les talons.

Si on se fie au début du match, Andreescu s’attendait sans doute à une partie de plaisir contre la 168e mondiale issue des qualifications. Elle a gagné neuf des dix premiers points et était vive et précise.  

Mais soudain, comme un boxeur qui tente un coup de poing ou un frappeur de baseball qui s’élance pour réaliser un circuit, Bonaventure a commencé à connecter avec la balle avec une puissance dévastatrice et elle ne ratait plus. Elle était implacable — et cela a duré jusqu’à ce qu’elle mène 6-3, 2-0, 40-40 au service dans la deuxième manche. Si Bonaventure avait réussi à prendre une avance de 3-0, Andreescu aurait pu être éliminée du tournoi. Et son équipe de soutien (ci-dessous — l’entraîneur Sven Groeneveld, le préparateur physique Abdul Sillah et la capitaine de l’équipe canadienne de la Coupe BJK Heidi El Tabakh) avait raison de s’inquiéter.

Malgré sa frustration, Andreescu n’a jamais perdu son sang-froid et a continué de faire en sorte que Bonaventure frappe un coup de plus. La première indication réelle que la Belge de 27 ans pourrait descendre de son nuage a été lorsqu’elle a eu deux balles de bris pour prendre les devants 4-2 u deuxième acte, mais qu’elle a commis deux erreurs du revers.

Andreescu a quand même éprouvé de la difficulté à gérer la puissance et la profondeur des frappes de Bonaventure, car la Canadienne de 21 ans est habituellement celle qui dicte le jeu. En fait, Bonaventure, l’une des joueuses les plus statiques du circuit, frappait avec un tel effet d’explosion qu’Andreescu avait rarement le temps de tenter ses habituels amortis.

Elle a servi pour rester dans le match à 4-5 et a gagné son service à 30, terminant avec une magnifique volée liftée du revers.

Le vent était en train de changer de côté et, alors qu’elle servait à 5-5, Bonaventure, qui participe au tableau principal de Roland-Garros pour la première fois, a commis une double faute lors de deux des trois derniers points. Entre les deux, la Belge a demandé à l’arbitre Carlos Ramos (ci-dessus) de vérifier un coup d’Andreescu. Lorsque Ramos a déclaré que la balle avait touché la ligne, Bonaventure a peut-être pressenti la suite, et cette deuxième double faute sur la balle de bris a atterri dans le filet.

Andreescu a ensuite gagné son service à zéro pour niveler la marque à une manche partout.

Après 18 minutes, le pointage du troisième engagement, qui s’annonçait ardu pour Bonaventure contre une adversaire aussi talentueuse qu’Andreescu, était 3-0 et balle de jeu pour Andreescu lorsque la pluie est venue interrompre le match pendant deux heures et 20 minutes.

À la reprise, Andreescu a rapidement porté son avance à 4-0 avant de sceller l’issue de la rencontre après une bataille d’une heure et 59 minutes. Mercredi, au deuxième tour, la Canadienne croisera le fer avec Belinda Bencic, 14e tête de série. La Suissesse de 25 ans a eu raison de la Hongroise Réka Luca Jani, une joueuse repêchée des qualifications, en deux manches de 6-1 et 6-1, dimanche.

Le seul affrontement précédent entre les deux joueuses est survenu en 2019. Andreescu avait alors vaincu Bencic 7-6(3) et 7-5 au carré d’as des Internationaux des États-Unis.

« J’ai vraiment dû garder mon sang-froid parce qu’elle jouait super bien », a expliqué Andreescu à propos de son match de lundi. « Pour être honnête, j’avais l’impression que je faisais tout ce que je pouvais. J’essayais un tas de choses, et parfois, ton adversaire joue simplement trop bien. C’est pourquoi j’ai dû m’adapter.

« À un moment donné, je me suis dit : “d’la m***”, et j’ai commencé à y aller pour mes coups parce que j’avais l’impression que c’était la seule chose que je pouvais faire. J’ai l’impression que c’est ce que je faisais au début, mais elle a compris et a commencé à faire d’autres choses.

« Mais quand je me suis vraiment engagée à être mettre de la pression, c’est là que j’ai eu l’impression qu’elle a commencé à s’énerver et j’ai alors continué à élever mon niveau de jeu. »

Quant à Bonaventure, elle avait des regrets. « C’était très compliqué mentalement parce que je savais que si je ratais les occasions que j’avais, je n’en aurais pas beaucoup d’autres. Il fallait que je continue », a-t-elle confié.

« Elle (Andreescu) a élevé son jeu et j’étais peut-être un peu moins agressive. Dans la troisième manche, elle était indiscutablement meilleure que moi. C’était plus difficile mentalement de revenir dans le match. »

Andreescu a tiré le meilleur parti des deux heures et 20 minutes de pause dues à la pluie. « Je suis allée dans le gym quelques instants. Il n’y avait pas beaucoup de joueurs. Je pense que la plupart sont allés dans les vestiaires. Je me suis reposée un peu dans le gym et ensuite je suis allée dans l’une des salles privées de physio.

« Le tournoi a fait du bon travail en créant cette petite zone. Je pense qu’il y a des lits près du transport pour se détendre. Et puis, évidemment, il y a un agréable coin salon dans les vestiaires.

« Le tournoi a fait du bon travail avec des choses comme ça. Je suppose qu’ils savent qu’il pleut souvent ici. »

À l’idée d’affronter Bencic, la médaillée d’or olympique, Andreescu a mentionné : « Je suis toujours un peu hésitante dans le premier match d’un tournoi, parce que je suis nerveuse, et que j’essaie de trouver mon rythme, de m’adapter à l’environnement, des trucs comme ça.

« J’espère donc que ce match va m’aider à me préparer pour le prochain. »

Quand on lui a demandé où elle se situait après un hiatus de six mois et alors qu’elle a maintenant disputé quatre tournois, Andreescu a répondu : « quand tu joues des matchs consécutifs, des tournois consécutifs, tu as un bon rythme. Tu apprends beaucoup de tes victoires et de tes défaites.

« Mais tu peux aussi apprendre beaucoup pendant les pauses. J’ai l’impression d’avoir acquis beaucoup de sagesse pendant ma période de repos, et je me sens plus fraiche et peut-être plus motivée.

« Je ne me compare à personne, c’est simplement ce que je ressens. Toutefois, plus je joue de matchs, plus je prends de l’élan et mieux je joue. »

Elle a eu près de deux heures de momentum lundi, comparativement à 60 minutes pour Bencic, dimanche. Le duel de mercredi pourrait montrer qui cela favorise.   

Le seul Canadien en action mardi sera Denis Shapovalov (14e). Il se mesurera à Holger Rune, 40e mondial.  

La fiche du Danois de 19 ans est de 17 victoires et 4 défaites sur la terre battue cette année, et cela comprend un titre du Circuit Challenger à Sanremo, en Italie, en avril, et un lors du tournoi ATP de Munich, il y a trois semaines.

Il s’agira d’un premier affrontement entre Rune et Shapovalov, dont les résultats avant Roland-Garros sont un deuxième tour à Madrid (défaite contre Andy Murray), un quart de finale à Rome (victoire contre Rafael Nadal et défaite face à Casper Rudd) et un revers à son premier match à Genève (contre Ilya Ivashka) la semaine dernière.

La fiche de Shapovalov est de deux victoires et trois défaites à Roland-Garros et il espérera effacer le souvenir d’une cruelle défaite de 7-5, 6-7(5), 6-3, 3-6 et 8-6 contre le 101e mondial Roberto Carballes Baena l’an dernier.

Rune, champion junior de Roland-Garros en 2019, prend part à son premier tableau principal à Paris.  

RIEN N’ÉGALE ROLAND-GARROS ET PARIS

Pas besoin de choristes et de violons pour faire ce remix — juste quelques parfums de crème glacée, du chocolat noir et blanc et quelques amandes.

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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