Au cours des prochains mois, les amateurs de tennis qui habitent de ce côté de l’Atlantique devront apprendre à se lever tôt pour regarder les meilleurs du monde.

Durant la saison européenne de terre battue menant à Roland-Garros et celle sur le gazon avant Wimbledon, bien des choses peuvent survenir avant que les gens soient sortis du lit.

Cela a vraiment valu la peine de se lever, samedi, pour voir le duel opposant Caroline Wozniacki et Simona Halep en demi-finale de Stuttgart. Ç’a été sans contredit le meilleur match féminin de l’année – avec tout le respect que l’on doit à la finale des Internationaux d’Australie entre Williams et Sharapova.

Wozniacki, qui a occupé le premier rang mondial durant 67 semaines entre 2010 et 2012 et qui a atteint deux finales des Internationaux des États-Unis, a longtemps été critiquée pour son jeu défensif – se fiant sur ses qualités athlétiques exceptionnelles et son endurance pour venir à bout de ses adversaires.

Aujourd’hui, ce style de jeu ne fonctionne plus très bien – il y a environ 15 ans, Martina Hingis l’a appris à ses dépens lorsqu’elle affrontait des frappeuses comme Serena et Venus Williams, Jennifer Capriati et Lindsay Davenport. Plus récemment, Wozniacki a appris la même leçon contre des Serena, Maria Sharapova et Petra Kvitova. Il semblait même que ses chances de remporter un titre du Grand Chelem étaient bien minces.

Caroline Wozniacki
Photo: Porsche Team Germany

C’était surprenant de voir la Danoise de 24 ans frapper avec autant d’agressivité contre Halep, qui était tout aussi puissante, produisant ainsi des échanges frénétiques – et la défensive devenant une priorité pour rester dans le point.

Vladka Uhlirova, une Tchèque de 37 ans qui habite à Londres et qui a déjà été 400e en simple (2003) et 18e en double, est une nouvelle commentatrice de TennisTV.com. Sa vaste connaissance du tennis et son enthousiasme pour le sport font vite oublier son anglais.

À un certain moment durant la demi-finale de samedi, elle s’est exclamée : « ceci est le genre de match dont tu te souviens longtemps. »

Wozniacki a vaincu 7-5, 5-7 et 6-2 et bien que la Roumaine fût ennuyée par une douleur au dos, elle a tout donné durant deux heures et 58 minutes.

La finale de dimanche entre Wozniacki et Angelique Kerber n’a pas été aussi palpitante, principalement parce que Kerber n’était pas aussi agressive que l’avait été Halep la veille. Alors qu’elle menait 5-3, il semblait que la puissance et la volonté de Wozniacki d’y aller pour chaque coup auraient raison de sa rivale. Néanmoins, Kerber, qui arborait un bandage à la cuisse droite et était visiblement fatiguée d’avoir joué sur trois continents (Charleston, Sotchi en Russie pour la Fed Cup, puis Stuttgart) en trois semaines, a démontré une volonté à toute épreuve. Elle n’a jamais baissé les bras devant ses partisans, même si elle était à deux points de la défaite à 4-5 de la dernière manche.

À la fin, Wozniacki est devenue un peu plus prudente et a multiplié les fautes directes, principalement du coup droit. Il est intéressant de remarquer que quand la fatigue s’installe à la fin des matchs, les joueuses, et les joueurs, ratent plus souvent en coup droit, car elles manquent de force et de coordination pour allonger leur corridor de frappe et ainsi garder la balle en jeu.

Voici une vidéo d’un point loufoque entre Wozniacki et Kerber lors de la demi-finale d’Indian Wells en 2013. À l’exception du dernier coup, c’était totalement différent de la majorité des échanges de dimanche.

Après la défaite, Wozniacki a quand même réussi à voir le côté positif. « Je me suis sentie bien jusqu’à la fin », mentionnait-elle. « J’adore ces longs duels et si je suis capable de courir un marathon (en trois heures et 26 minutes au marathon de New York en novembre dernier), je peux disputer des matchs comme celui-là. Il nous a fallu près de trois heures, ce qui serait un excellent chrono pour un marathon. »

Même s’il reste plusieurs semaines avant Roland-Garros, il sera intéressant de voir si Wozniacki continuera son jeu agressif. Roland-Garros est de loin son pire tournoi du Grand Chelem, n’ayant jamais franchi le troisième tour, sauf en 2010 alors qu’elle était quart de finaliste. Comme elle joue mieux en attaque et en défensive, elle sera peut-être une sérieuse prétendante au titre en 2015.

Pablo, Rafa, Fabio et Kei

Photo: Barcelona Open Banca Sabadell
Photo: Barcelona Open Banca Sabadell

Kei Nishikori a défendu sa couronne de Barcelone, dimanche, battant le surprenant Pablo Andujar en deux manches de 6-4 et 6-4. Même si la finale a été chaudement disputée, on ne pouvait douter de l’issue de ce duel.

Le match le plus mémorable d’Andujar au cours de la semaine a été son triomphe de 7-6(6) et 6-3 face à David Ferrer au carré d’as. Le joueur de 29 ans (ci-dessus), originaire de Valence, provient d’une longue lignée d’Espagnols agréables à l’œil – Carlos Moya, Fernando Verdasco, Feliciano Lopez et ainsi de suite. Andujar, qui occupe actuellement le 66e rang mondial, s’était hissé au 33e échelon en 2012. Jusque-là, sa plus grande réalisation avait été de détenir deux balles de match contre Rafael Nadal, en février 2014 à Rio de Janeiro, avant de s’incliner 2-6, 6-3 et 7-6(10).

Contre Ferrer, qui l’avait facilement dominé lors de leurs trois affrontements précédents, Andujar a eu deux balles de première manche avant le jeu décisif; une effacée par un magnifique passing du revers le long de la ligne de Ferrer. Au bris d’égalité, Ferrer semblait avoir retrouvé ses repères, menant 5-1, puis 6-2. Cependant, Andujar, dont la technique est quelque peu mécanique, mais qui possède un sublime revers en décroisé, a gagné six points de suite pour enlever la manche et éventuellement le match. Ferrer, finaliste face à Nadal à Roland Garros en 2013, avait, au début de la semaine, admis qu’il rêvait de remporter l’épreuve de Barcelone.

Avant la surprise causée par Andujar, le tournoi a été secoué par la chute de Nadal, champion de Barcelone à huit reprises, au troisième tour, vaincu par Fabio Fognini en des comptes de 6-4 et 7-6(6). Pour battre Nadal sur la terre battue, ça prend un joueur habile et agressif et Fognini a vraiment été impressionnant. Évidemment, fidèle à son tempérament un peu dingue, il est tombé 6-1 et 6-3 aux mains d’Andujar le lendemain.

« Ç’a été un désastre aujourd’hui », commentait Nadal. « Fabio a mieux joué que moi et il mérite cette victoire. Je ne méritais pas de gagner. Jusqu’à ce que je trouve une solution aux hauts et aux bas que je connais cette saison, je vais continuer d’être vulnérable. »

Plusieurs personnes s’acharnent sur Nadal, mais il est bien trop tôt pour l’éliminer de la course au titre de Roland-Garros. Pensez-vous vraiment que Fognini, aussi talentueux soit-il, aurait eu raison de Nadal dans un duel disputé au meilleur de cinq manches?

Autre chose concernant Nadal : il a été surprenant d’apprendre qu’il est inscrit au tournoi sur gazon de Stuttgart immédiatement après Roland-Garros. L’idée d’ajouter une semaine entre Roland-Garros et Wimbledon était de donner aux joueurs – principalement à Nadal, Novak Djokovic et tout autre joueur accédant à la demi-finale et à la finale à Paris – le temps de décompresser avant de se préparer pour le All-England Club.

En terme de tennis, il est presque inhumain de jouer sur une surface différente trois ou quatre jours après la finale de Roland-Garros. Il y a évidemment une question d’argent, mais il pourrait être dangereux pour le Majorquin, qui sera alors âgé de 29 ans, de trop pousser la note.

  • J’avais pensé écrire qu’il sera sans doute préférable que Novak Djokovic fasse l’impasse sur l’un des deux Masters 1000 se déroulant coup sur coup à Madrid et à Rome, lorsque nous avons appris son désistement pour Madrid. Mon raisonnement était que son calendrier était très plein en mars et au début d’avril, surtout qu’il a remporté Indian Wells et Miami, et après une semaine de congé, Monte-Carlo. En jouant à Madrid et à Rome, il courrait le risque d’un épuisement physique et mental, risque qu’il ne pouvait prendre en raison de l’enjeu que représente Roland-Garros cette année. Cependant, je croyais qu’il était plus logique de jouer à Madrid au cas où il perdrait tôt et déciderait alors d’ajouter Rome. Mais il semble qu’il a besoin de repos maintenant et que disputer Rome, avoir une semaine de congé et participer à Roland-Garros soit la meilleure solution pour lui.
  • Mardi, au tournoi du Circuit 250 de l’ATP à Munich, Vasek Pospisil a subi une défaite crève-cœur de 5-7, 6-4 et 7-6(9) face à l’Autrichien Dominic Thiem, 44e mondial. Pospisil, 61e, a eu deux balles de match et en a effacé deux autres. Quant à Milos, sa blessure au pied guérit bien et il espère être prêt pour le Masters de Madrid. Eugenie Bouchard est également inscrite à cette épreuve de catégorie Premier de la WTA.
  • Quand reverrons-nous cela? Cette semaine, le sixième meilleur joueur de l’ATP est un Canadien, Milos Raonic, et la sixième meilleure joueuse de la WTA est aussi une Canadienne, Eugenie Bouchard. Pas seulement deux du Top 10 – quelque chose d’inimaginable il y a quelques années –, mais deux occupant le même échelon.

Eugenie va de l’avant

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Il existe une façon simple et rapide de désamorcer la publicité négative entourant le refus d’Eugenie Bouchard de serrer la main d’Alexandra Dulgheru lors de la photo traditionnelle du tirage officiel de la Fed Cup, il y a deux semaines, à Montréal.

Ainsi, la prochaine fois que Bouchard verra Dulgheru, probablement d’ici Roland-Garros, elle n’a qu’à sourire et à tendre la main à la gentille Roumaine. Un seul geste, agrémenté du sourire charmeur de Bouchard, et tout sera pardonné.

Alors peu importe si Bouchard se retrouve plus tard dans cette même situation, cela ne créera pas une tempête dans un verre d’eau si elle ne se soumet pas à la poignée de main traditionnelle de la Fed Cup. Tout aura été réparé par cette poignée de main à Madrid, Rome, Paris… peu importe.

En analysant les prochains mois de Bouchard, on se rend compte que ce ne serait pas si tragique que ça si cela prenait un peu de temps avant qu’elle sorte de sa torpeur. Disons qu’elle ne gagne aucun match d’ici la fin de Wimbledon – ce qui veut dire qu’elle ne défend pas les points récoltés avec le titre de Nuremberg, la demi-finale de Roland-Garros et la finale de Wimbledon (soit 2 342 des 4 122 qu’elle possède), son classement chuterait jusqu’au 28e rang, environ. Elle ferait quand même partie des têtes de série des Internationaux des États-Unis et du tableau principal de tous les tournois de l’automne, ce qui lui laisserait amplement le temps de rebâtir sa confiance et son jeu.

Évidemment, ceci est le pire des scénarios et un rappel qu’il n’y a pas encore lieu d’appuyer sur le bouton de panique.

Françoise « in English »

Le tweet suivant illustre bien les remarquables progrès réalisés par la Montréalaise Françoise Abanda dans l’apprentissage de la langue de Shakespeare.

Roger : Un dentiste avec vue panoramique

Qui ne voudrait pas de cette vue – de la chaise du dentiste de Roger Federer?

Who wouldn’t want to see this scenery – from the chair of Roger Federer’s dentist?

 

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