La saison 2015 est maintenant terminée pour les meilleurs joueurs canadiens, c’est donc le bon moment pour évaluer leur année.
Avertissement : Tebbutt est très exigeant envers les meilleurs joueurs du pays.
Milos Raonic
En y regardant bien, 2015 semble avoir été l’année des frustrations pour le joueur numéro un du Canada, principalement parce qu’elle avait si bien commencé.
Il avait atteint la finale de Brisbane après une superbe victoire en trois manches face au cinquième mondial Kei Nishikori, puis avait dominé le numéro deux Roger Federer durant de grands moments de la finale avant d’abdiquer en des comptes de 6-4, 6-7(2) et 6-4.
Deux semaines plus tard, aux Internationaux d’Australie, il avait été solide dans des gains aux dépens d’Illya Marchenko, Donald Young, Benjamin Becker et Feliciano Lopez avant de s’incliner 7-6(5), 6-4 et 6-2 en quart de finale face à Novak Djokovic, qui allait mettre la main sur son cinquième trophée à Melbourne.
Les six semaines suivantes ont été médiocres pour Raonic malgré de vaillants efforts dans une défaite de 3-6, 6-3, 6-4, 2-6 et 6-4 aux mains de Nishikori en Coupe Davis, en mars, à Vancouver.
Il a montré des signes positifs à Indian Wells en battant Simone Bolelli, Alexandr Dolgopolov, Tommy Robredo et Rafael Nadal – 4-6, 7-6(10) et 7-5 en quart de finale après avoir effacé trois balles de match. Il signait ainsi une première victoire contre l’Espagnol, mais subissait par la suite un neuvième revers en dix affrontements contre Federer – 7-5 et 6-4 en demi-finale.
Malheureusement, les blessures sont survenues au début de la saison printanière sur terre battue. À Monte-Carlo, il a dû abandonner son quart de finale contre Tomas Berdych en raison d’un problème au pied, puis a franchi deux tours à Madrid avant de tomber face à Andy Murray, quelque temps avant de subir une intervention chirurgicale au pied pour régler un problème de névrome de Morton – un pincement douloureux du nerf près des orteils.
Cette opération, qui a eu lieu le 13 mai à Strasbourg, en France, a compromis le reste de son année.
Il a remporté deux matchs sur le gazon du Queen’s Club et de Wimbledon, mais était souffrant après chaque tournoi et a dû faire l’impasse sur le quart de finale de la Coupe Davis à la mi-juillet à Ostende, en Belgique.
Après une période de récupération, il est revenu au jeu en août, un peu rouillé, et a plié l’échine trois fois consécutives contre les gros serveurs – à la Coupe Rogers de Montréal (Ivo Karlovic), à Cincinnati (Feliciano Lopez) et au troisième tour des Internationaux des États-Unis contre Lopez alors qu’il était ennuyé par des douleurs au dos.
Trois semaines après sa défaite à Flushing Meadows, il était assez remis pour remporter son seul titre de l’année au tournoi de St-Pétersbourg, en Russie, après avoir éliminé Evgeny Donskoy, Tommy Robredo, Roberto Bautista Agut et Joao Sousa, en finale.
À ses deux dernières épreuves de l’année, il a baissé pavillon face à Viktor Troicki au premier tour à Pékin, puis contre Nadal à son troisième match à Shanghai.
Ressentant à nouveau des douleurs au dos, Roanic a fait l’impasse sur la saison intérieure européenne et a terminé l’année avec une fiche de 33-16 comparativement à 49-20 en 2014.
Après avoir fini la saison 2014 au huitième rang mondial, il s’est hissé au quatrième échelon en avril 2015, mais a chuté au quatorzième rang à la fin de 2015.
Son année n’est toutefois par complètement terminée, car il doit disputer quelques matchs pour les Mavericks des Philippines (Serena Williams fait également partie de l’équipe) au début du mois de décembre dans l’International Premier Tennis League.
En résumé : Raonic n’a pris part qu’à quelques tournois alors qu’il était près de sa forme optimale, une descente vers le 14e rang n’est pas très alarmante alors qu’il se prépare à célébrer son 25e anniversaire de naissance (27 décembre).
Faits saillants de l’année : Sa première victoire aux dépens de Nadal, à Indian Wells, puis celle face à Nishikori à Brisbane et quelques moments incroyables contre Federer.
Moment sombre de l’année : Après avoir raflé le titre de St-Pétersbourg en septembre, il a joué à Pékin et a été très inefficace contre Troicki, 24e mondial.
Note: C
Eugenie Bouchard
L’année d’Eugenie Bouchard s’est déroulée en deux temps – du début jusqu’à Indian Wells, en mars, et tout le reste, qui n’a pas été très glorieux.
À la Coupe Hopman, elle a signé une victoire relativement insignifiante contre une Serena Williams épuisée par le voyage, avant de perdre en quart de finale des Internationaux d’Australie contre Maria Sharapova.
Après une défaite aux mains de Mona Barthel à Anvers et une blessure à l’avant-bras, Bouchard a dominé ses deux premiers matchs à Indian Wells – 6-2 et 6-2 face à la 122e Lucie Hradecka et 6-3 et 6-2 contre Coco Vandeweghe – sous l’œil attentif de son nouvel entraineur Sam Sumyk.
Ce qui est survenu par la suite reste un grand mystère. En effet, elle est tombée 6-7(5), 7-5 et 6-4 en huitième de finale face à l’Ukrainienne Lesia Tsurenko, 85e mondiale issue des qualifications.
Tout a chamboulé à partir de ce moment : des défaites contre la 113e Tatjana Maria, à Miami, et la 66e Lauren Davis, à Charleston.
« J’ai été un peu hésitante durant le match », admettait-elle après son revers contre Tsurenko. « Je crois avoir perdu un peu de ma confiance après cela même si ce n’était qu’une défaite. Par la suite, la confiance n’y était pas à Miami (Maria) et à Charleston (Davis). »
La confiance et le sang-froid qui avaient marqué ses succès de 2014 en Grands Chelems – une finale à Wimbledon et des demi-finales à Melbourne et à Roland-Garros – avaient fait place aux doutes et à la perplexité.
Les mois se sont écoulés – mai, juin, juillet, août – et Bouchard s’enlisait dans sa léthargie. Il y a eu également un problème de cheville en avril et une deuxième déchirure abdominale qui a saboté son Wimbledon. À l’instar de Raonic, elle n’aurait probablement pas dû y jouer, mais pas facile à faire quand tu as été finaliste l’année précédente.
Entre le mois de mars et les Internationaux des États-Unis, Bouchard a réussi à gagner trois matchs – contre Zarina Dyas à Rome, Alison Riske à Eastbourne et Kataryna Bondarenko à Cincinnati, mais sa piètre fiche n’était que de 3-15.
Il y a eu la séparation avec Sumyk après Wimbledon, la collaboration temporaire avec le Serbe Marko Dragic pour la Coupe Rogers de Toronto et une consultation avec le légendaire Jimmy Connors avant Flushing Meadows.
Qui sait pourquoi tout ceci s’est produit? Il y a toutefois eu un rayon de soleil à New York. Après des victoires au premier et au deuxième tour des Internationaux des États-Unis contre Riske et Polona Hercog, Bouchard a brillé de tous ses feux au troisième tour contre l’ex-numéro dix mondiale Dominika Cibulkova.
Sans crier gare, elle avait l’air de la joueuse des beaux jours, arrachant un gain de 7-6(9), 4-6 et 6-3 à la redoutable Slovaque en deux heures et 48 minutes.
Tout à coup, tout semblait possible et une présence en demi-finale n’était pas à écarter.
Cependant, un match de double mixte non judicieux avec Nick Kyrgios plus tard en soirée et une chute dans le vestiaire suivie d’une commotion ont stoppé la résurrection de Bouchard.
Personne, ni Bouchard, ni ses partisans, n’aurait pu imaginer une telle saison 2015 – des résultats bien en deçà des attentes, un dramatique déclin de la forme physique et une scène digne de Shakespeare à Flushing Meadows…
Alors qu’elle amorcera la saison 2016 au 48e rang mondial après avoir terminé la saison 2014 au 7e échelon, nous espérons tous que le duel contre Cibulkova est un avant-goût de ce que lui réserve la prochaine année.
Fait saillant de l’année : Bouchard avait retrouvé tous ses moyens contre la tenace Cibulkova dans le stade Louis-Armstrong, surprenant bien des experts par son sang-froid et sa persévérance.
Moments sombres de l’année : Comme elle avait démoli Lauren Davis 6-2 et 6-2 au troisième tour des Internationaux d’Australie de 2014, il était incompréhensible qu’elle plie l’échine 6-3 et 6-1 face à la petite Américaine, à Charleston. Sa défaite de 6-1 et 6-0 aux mains de Vinci à New Haven peut sembler pire, mais elle était probablement distraite par le fait qu’elle devait se rendre à New York en après-midi pour participer à une publicité de Nike (ci-dessus) en compagnie de légendes comme McEnroe, Sampras, Agassi, Federer et Nadal ainsi que S. Williams et Sharapova – en plus des représentants de la prochaine génération Madison Keys, Grigor Dimitrov et Kyrgios.
Note: D+
Vasek Pospisil
Vasek Pospisil a connu une très bonne saison comparativement à celle de 2014 alors qu’il était ennuyé par des douleurs au dos.
En 2015, il a pris part à 23 tableaux principaux de l’ATP et a remporté au moins un match à 17 de ces tournois.
Sa fiche est de 25-23 et il a terminé la saison au 39e rang mondial – il était 53e à la fin de 2014 et sa fiche était de 20-23.
Son moment fort de l’année a été son parcours vers les quarts de finale de Wimbledon en éliminant Vincent Millot, Fabio Fognini, James Ward et Viktor Troicki 4-6, 6-7(4), 6-4, 6-3, 6-3. Une défaite en cinq manches en double immédiatement après son match contre Troicki a laissé Pospisil meurtri dans un revers de 6-4, 7-5 et 6-4 aux mains d’Andy Murray deux jours plus tard.
Une blessure à la main à la deuxième manche de ce duel – une contusion osseuse au poignet droit – lui a fait rater le quart de finale de la Coupe Davis en Belgique.
En 2015, Pospisil a eu moins de difficultés à rester en santé, mais il a quand même souffert de crampes au premier tour de Wimbledon contre Millot. Cependant, les crampes les plus débilitantes sont survenues lors d’une journée chaude et humide au premier tour des Internationaux des États-Unis. À la quatrième manche, Pospisil s’est littéralement écroulé sur le terrain. Il a été capable de revenir au jeu après avoir reçu des soins, mais a dû s’avouer vaincu 6-4, 3-6, 7-6(0), 6-0 et 6-1 face à l’Autrichien Andreas Haider-Maurer.
Cet automne, il a signé une fiche de 8-5 dans le cadre de cinq tournois et s’il avait remporté sa demi-finale contre Joao Sousa à Valence, il aurait eu d’excellentes chances de faire partie des têtes de série de l’édition 2016 des Internationaux d’Australie.
En double, Pospisil et Jack Sock étaient à une victoire de se qualifier pour les Finales de l’ATP World Tour, mais se sont inclinés 2-6, 6-3 et [10-5] face à Ivan Dodig et à Marcelo Melo en finale du Masters BNP Paribas de Paris.
Ils ont terminé la saison au neuvième rang, ce qui est impressionnant pour deux gars qui admettent que le double n’est pas une priorité – ils ont été couronnés champions à Indian Wells et à Pékin et étaient finalistes aux Masters 1000 de Miami et de Paris. Pospisil finit l’année au 21e rang individuel du double.
En décembre, il fera partie des Warriors du Japon dans l’International Premier Tennis League (Maria Sharapova est aussi dans cette équipe).
Fait saillant de l’année : Malgré la défaite, sa magnifique prestation sur la plus grande scène du tennis (le court central) en quart de finale de Wimbledon – sa première présence en simple – nous a permis d’admirer l’étendue de son talent.
Moment sombre de l’année : La défaite aux mains de Haider-Maurer aux Internationaux des États-Unis a été un dur coup pour Pospisil. Il a juré de trouver une solution à ses problèmes de crampes.
Note: B
Daniel Nestor
Malgré ses 43 chandelles, Nestor a connu une excellente saison.
Il a terminé l’année au 18e rang du classement individuel de double, a ajouté trois titres à sa collection et était à un gain de signer la 1000e victoire de double de sa carrière.
Nestor a amorcé l’année aux côtés de l’Indien Rohan Bopanna, remportant les trophées à Sydney et à Dubaï. Par la suite, il a disputé huit tournois avec Leander Paes, n’obtenant que de modestes résultats.
L’étincelle s’est produite lorsqu’il a fait équipe avec le Français Édouard Roger-Vasselin, dont le partenaire régulier, Julien Benneteau, était blessé. Ils ont remporté la couronne du Masters 1000 de Cincinnati en plus d’être finalistes de la Coupe Rogers et de l’épreuve de Pékin (ils ont perdu contre Pospisil et Sock).
Un élément clé pour la suite est qu’il a récolté beaucoup de points avec Roger-Vasselin lors de la deuxième moitié de la saison, ce qui est important, car il espère jouer jusqu’aux Jeux olympiques de 2016 de Rio. Ces points, environ 2 620, resteront à son classement ATP et l’aideront à se qualifier pour les Olympiques.
À l’exception de 1999 où son classement avait chuté au 27e rang, Nestor a fait partie du Top 25 durant 21 ans consécutifs depuis 1995 et il a occupé le sommet durant 113 semaines.
En décembre, il fera partie des Royals des AEU de l’International Premier Tennis League (Roger Federer est aussi dans cette équipe).
Fait saillant de l’année : La découverte d’une magnifique chimie d’équipe avec Roger-Vasselin, 31 ans. Sur le terrain, le moment fort est sans aucun doute la finale de Cincinnati alors que Nestor et le Français prenaient la mesure de Nenad Zimonjic (un ancien partenaire de Nestor) et de Marcin Matkowski en deux manches de 6-2 et 6-2.
Moment sombre de l’année : Nestor (8) et Paes (7) n’ont jamais vraiment fusionné et n’ont pas remporté une victoire à leurs quatre premiers tournois – Monte-Carlo, Barcelone, Madrid et Rome.
Note: B+
Chapeau Paris-Bercy!
Les Français sont reconnus pour leur savoir-faire et l’ont encore prouvé au Masters BNP Paribas alors que les caméras de télévision ont capté les réactions des joueurs jusqu’à la toute fin des matchs au lieu de montrer des inconnus applaudir.