Si vous êtes un partisan d’Eugenie Bouchard et que vous désirez savoir où elle en est vraiment, sa défaite de 6-3, 3-6 et 6-2 aux mains de Katerina Siniakova, mardi, au premier tour des Internationaux des États-Unis, ne permet pas de tirer de nouvelles conclusions.

Une analyse froide du match pourrait cibler quelques erreurs de Bouchard au coup droit alors qu’elle servait à 3-4, 30-30 à la manche initiale. La première balle était longue et la deuxième s’est écrasée dans le filet, donnant ainsi le bris à Siniakova et le coup de pouce dont elle avait besoin pour remporter le premier acte.

Bouchard a élevé son niveau de jeu en deuxième alors que la Tchèque, 72e mondiale, était en perte de vitesse, permettant à la Montréalaise de niveler la marque après une heure et 25 minutes de lutte.

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C’est à ce moment que Siniakova s’est dirigée vers les toilettes et que Bouchard a fait appel au soigneur pour traiter des ampoules aux deux pieds — deux arrêts médicaux distincts — avant la reprise du jeu 10 minutes plus tard.

Le début de la troisième manche a été extrêmement compétitif et Siniakova a eu besoin de sept balles de brais avant de ravir le service de Bouchard pour prendre les devants 2-0. Bouchard est toutefois revenue à la charge pour ramener les pendules à l’heure, à 2-2, mais Siniakova a progressivement repris le contrôle pour sceller l’issue de la rencontre en deux heures et 14 minutes.

Ce pépin à 4-4 de la première manche et une baisse de régime lors des quatre derniers jeux du match ont fait la différence contre une joueuse coriace comme Siniakova. L’intensité et l’agressivité de la Tchèque de 20 ans égalaient celles de Bouchard, mais elle possédait une arme secrète — un revers qu’elle frappait avec une précision déconcertante.

« Plusieurs personnes disent que c’est mon meilleur coup, alors je continue de le travailler », mentionnait la sympathique Tchèque après le match.

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Sinakova, qui n’avait pas joué depuis sa finale sur la terre battue de Bastad, en Suède, au mois de juillet, a expliqué qu’elle voulait simplement passer du temps à la maison, à Hradec Kralove.

« Je me souviens d’elle, mais quand j’étais chez les juniors, elle disputait surtout des tournois professionnels », a-t-elle ajouté au sujet de Bouchard. « Je la connaissais, mais je ne l’avais jamais affrontée chez les juniors. »

Pour Siniakova, cette victoire représente son premier gain en trois tentatives aux Internationaux des États-Unis et elle était ravie de jouer dans le nouveau Grandstand.

Voici les commentaires de Bouchard sur le duel : « Je sens que je n’ai pas vraiment bien joué. Mon adversaire a probablement très bien joué et j’ai fait mon possible. J’ai lutté du mieux que j’ai pu, mais j’aurais aimé avoir eu plus de sensation sur le terrain et avoir mieux servi… des choses comme ça. »

Puis, elle a ajouté : « Je n’avais jamais joué contre elle et je ne savais pas à quoi m’attendre. Elle y allait pour tous ses coups et était très constante. Elle a évidemment mieux joué que moi aujourd’hui. »

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À la fin de sa conférence d’après-match, Bouchard a fait une remarque exprimant bien toute sa candeur.

En 2015, elle était arrivée aux Internationaux des États-Unis avec une fiche désastreuse de 3-15, un an après avoir atteint la finale de Wimbledon et s’être hissée au cinquième rang mondial.

Rien n’est plus pareil et il est évident que si Bouchard avait connu les solutions pour contrer son déclin, elle les aurait appliquées. L’adversité lui a donné une nouvelle perspective et elle offre une analyse songée de l’évolution de sa carrière. « Lors de ma percée, j’étais la joueuse négligée. Les joueuses me connaissaient peu ou n’avaient aucune idée de mon jeu. C’est un avantage pour les jeunes joueuses et cela se produit souvent. Il y a aussi le fameux “déclin de la deuxième année”. C’est peut-être difficile de produire d’excellents résultats année après année. Je ne sais pas… les choses se passent parfois ainsi. Je crois que cela survient à beaucoup de joueuses et cela m’est arrivé aussi. »

« J’ai eu d’incroyables résultats en 2014 et ce n’est pas facile de répéter cela chaque année. Je dois continuer de travailler sur ce que je peux améliorer pour essayer d’obtenir les résultats que je désire, mais je sais que les choses ne se déroulent pas toujours comme on le voudrait. »

Elle n’a donné aucune excuse pour sa prestation de mardi et a parlé de ses ampoules aux pieds. « Je ne les avais pas avant (le match). Quand il fait très chaud, je transpire parfois beaucoup et mes chaussettes deviennent très mouillées. Cette friction cause les ampoules. Cela m’était déjà arrivé. Je pense que c’est pire sur les surfaces dures. C’est un peu sensible, mais cela n’a pas affecté mon match. »

Elle a ensuite fait rire les médias lorsqu’on lui a demandé s’il était inhabituel d’avoir des ampoules aux deux pieds en répondant : « un peu, mais j’utilise mes deux pieds de la même façon. »

Sans grande surprise, les médias américains ont posé des questions sur l’action en justice de Bouchard contre l’United States Tennis Association à la suite de sa chute l’an dernier, à New York.

« J’avais évidemment des sentiments partagés en revenant ici. Il est difficile de ne pas penser aux événements de l’année dernière. Mais j’essaie de me concentrer sur le positif. J’ai également de très bons souvenirs des Internationaux des États-Unis ; j’avais très bien joué l’an dernier et j’avais bien fait l’année précédente. »

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Cette défaite aux mains de Siniakova ne devrait pas avoir trop d’incidence sur son 39e rang mondial. Elle avait 240 points de l’an dernier à défendre (ayant atteint le quatrième tour) et elle ne devrait pas chuter au-delà du 45e échelon à la publication des classements après le tournoi de New York.

Le prochain tournoi de Boucard sera la Coupe Banque Nationale, à Québec, la semaine après les Internationaux des États-Unis. Elle insiste sur le fait qu’elle est plus motivée que jamais et résume ainsi son état d’esprit : « j’aime le tennis chaque fois que je mets les pieds sur le terrain, j’adore jouer au tennis. J’adore la sensation que j’éprouve quand je frappe la balle, quand je concours et quand j’essaie de gagner. Lors de mon hiatus de quelques mois l’an dernier, j’ai réalisé à quel point j’aimais le tennis et je me suis beaucoup ennuyée de ne pouvoir jouer. Il n’y a rien d’autre que j’aimerais faire autant. »

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