Photo: camerawork usa
Félix Auger-Aliassime a semblé perdre les pédales à la deuxième manche de sa demi-finale contre Daniil Medvedev, samedi, aux Internationaux des États-Unis.
Après avoir perdu la manche initiale à cause d’un bris à 3-3, Auger-Aliassime est revenue en force au deuxième acte. Il a brisé Medvedev pour prendre les devants 4-2 et a remporté son service pour mener 5-2 alors que le Russe avait l’air fatigué. La deuxième tête de série semblait vulnérable et véritablement déstabilisée alors qu’Auger-Aliassime avait trouvé son rythme et dominait la plupart des échanges.
Medvedev a conservé son service pour porter la marque à 3-5 et c’est là que les choses ont commencé à mal tourner pour Auger-Aliassime. Mais pas avant d’avoir deux balles de manches. Sur la première, Medvedev a frappé un puissant revers le long de la ligne qu’Auger-Aliassime a retourné dans le filet. Sur la deuxième, il a choisi de servir et de monter au filet, mais a raté sa volée.
Il a perdu les deux points suivants, le premier sur une malencontreuse tentative d’amorti que Medvedev a punie, et l’autre sur une faute directe du revers.
On ne pouvait pas le savoir à ce moment-là, mais le match avait irrémédiablement basculé, car Medvedev allait ensuite remporter 14 des 15 prochains points.
La troisième manche a été du pareil au même avec des bris au troisième et au cinquième jeu, scellant ainsi le destin d’Auger-Aliassime. La marque finale : 6-4, 7-5 et 6-2 dans un duel de deux heures et quatre minutes.
Pour les amateurs de tennis canadien, ce revirement de situation a été pénible à regarder, surtout parce qu’Auger-Aliassime aurait pu poursuivre sa remontée dans la troisième manche et au-delà s’il avait pu concrétiser l’une ou l’autre de ses balles de manche.
Ce n’est pas la façon dont on voudrait terminer sa première demi-finale en Grand Chelem, mais le mérite revient à Medvedev d’avoir su se remettre de cette accalmie dans la deuxième manche pour dominer totalement Auger-Aliassime.
Les ratios coups gagnants/fautes directes sont éloquent : celui de Medvedev était de 37/25 comparativement à 17/39 pour Auger-Aliassime. Depuis, le Russe a concrétisé ses cinq balles de bris.
Dans son entrevue d’après-match sur le court, Medvedev a parlé du soudain revirement au neuvième jeu de la deuxième manche. « Il avait deux balles de manche, alors la seule chose que je souhaitais était qu’il ne fasse pas d’ace sur la ligne pour que je puisse le faire jouer. »
À propos du jeu suivant, où il a gagné son service pour faire 5-5, Medvedev a dit : « À 5-4 (en fait à 4-5), je savais que c’était un moment important du match où je devais tout faire de mon mieux, encore plus qu’avant. Parce que c’était le moment où je pouvais le briser mentalement, et c’est ce qui est arrivé. »
Quant à Auger-Aliassime, il a résumé le match ainsi : « Honnêtement, j’ai joué aussi bien que je pouvais jusqu’à 5-3, 5-4 de la deuxième manche. Il y a eu un jeu dans la première manche où j’ai disputé d’excellents échanges, puis j’ai juste manqué quand j’essayais de monter au filet. C’est tout ce dont il avait besoin pour me briser.
« Il a extrêmement bien servi pendant tout le match, mais surtout dans la première manche. Je pense que je ne suis même pas arrivé à 30. Retourner son service était vraiment difficile aujourd’hui. »
Les statistiques de Medvedev au service ont été extraordinaires au premier acte : il a réussi 80 pour cent de ses premières balles (20/25), a gagné 80 pour cent (16/20) d’entre elles ainsi que 80 pour cent (4/5) de ses deuxièmes balles de service.
À propos de ce jeu crucial au service à 5-3 de la deuxième manche, Auger-Aliassime a mentionné : « Dans ce jeu, je lui ai donné une double faute à 30-0 et à partir de là, j’ai vraiment l’impression qu’il a tout donné. Il s’est assuré de me faire travailler — nous avons eu des échanges incroyables. J’ai raté cette volée, mais ce n’était pas une volée facile. Je pense avoir fait tout ce que je pouvais dans ce match, mais il jouait très bien. La prochaine fois, je vais essayer d’être plus fort mentalement pour ne pas échapper une manche comme ça. Tu n’as pas le droit à l’erreur contre un joueur comme lui, tu ne peux pas manquer de concentration comme je l’ai fait. Il en a profité et je n’ai pas eu d’autre chance après ça. »
Grâce à sa participation à la demi-finale, Auger-Aliassime se hissera au 11e rang mondial, à 72 points de Casper Ruud, au dixième échelon. « Je suis en bonne posture pour atteindre mon objectif du Top 10. Maintenant, je vais essayer de pousser encore plus et de rester concentré sur mon jeu. »
Son prochain tournoi sera la Coupe Laver, à Boston, du 24 au 26 septembre. Il fera partie d’Équipe monde avec Denis Shapovalov, Diego Schwartzman, Nick Kyrgios, John Isner et Reilly Opelka.
FERNANDEZ CONTRE RADUCANU
On peut affirmer sans risque de se tromper qu’il n’y a jamais eu deux joueuses aussi peu expérimentées que Leylah Fernandez (73e) et Emma Raducanu (150e) en finale d’un Grand Chelem.
À première vue, Fernandez semble plus intense et déterminée sur le court que Raducanu, qui a un comportement plus calme et moins ardent. Cette attitude pourrait-elle être un avantage, la rendre moins vulnérable à la nervosité ?
Fernandez frappe un peu plus fort et a probablement un style de jeu plus complet — sans compter qu’elle est gauchère et que Raducanu n’a pas affronté une gauchère depuis le deuxième tour des qualifications (la Géorgienne Mariam Bolkvadze).
Dans un tournoi plein de rebondissements et de surprises, il serait naïf d’imaginer qu’il est possible de prédire la gagnante. Mais si la finale suit le même scénario que nombre des matchs féminins disputés au cours de la dernière quinzaine à New York, elle devrait être un spectacle incontournable samedi, à 16 h.
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Certains se plaisent à dire que le Honey Deuce (Grey Goose) est aux Internationaux des États-Unis ce que le Mint Julep est au Derby du Kentucky.
Photo de l’article : camerawork usa